6. LES INDUSTRIES DE LA LANGUE
6.1 La situation actuelle
6.2 Notre plan
Le Plan d’action est fait d’un cadre d’imputabilité et de trois axes
de développement : l’éducation, les communautés et la fonction publique.
Une force d’appoint pour que ce plan réussisse vient de tous les Canadiens
qui travaillent dans ce qu’il est convenu d’appeler les industries de la
langue, notamment les interprètes et les traducteurs. Puisqu’on ne peut pas
atteindre nos objectifs sans eux, le gouvernement a déterminé quelles mesures
stratégiques pourront bénéficier à cette industrie.
Il est certain que les industries de la langue ont fourni jusqu’à
maintenant des services essentiels à la capacité du Canada de fonctionner
comme pays bilingue. En plus d’avoir rendu possible la production et la
distribution de documents officiels dans les deux langues, elles ont facilité l’accès
aux programmes gouvernementaux et contribué aux communications entre Canadiens
d’expression française et anglaise. Grâce à elles, des emplois valorisants
ont été créés et elles ont aidé les entreprises canadiennes à traiter avec
leurs partenaires dans le monde entier.
Mais il ne faut rien tenir pour acquis. La situation actuelle laisse voir
certaines lacunes.
6.1 La situation actuelle
Les industries de la langue font face à quatre principaux
défis.
1. La fragmentation des industries
L’explosion des métiers langagiers a donné lieu à une prolifération de
microentreprises dont les efforts de regroupement ne font que commencer.
Industrie Canada estime que 15 000 personnes font partie des industries de la
langue, comme travailleurs autonomes ou au sein d’entreprises employant une
poignée de spécialistes. Ainsi, la plupart des traducteurs (83 p. 100)
travaillent à leur compte ou dans des microentreprises dont les revenus annuels
n’atteignent pas 500 000 $65. Il existe peu de grosses compagnies et la
liaison entre elles est minime. Bien que des associations aient été formées,
aucune ne représente toutes les entreprises. Par conséquent, les services et
les produits des industries de la langue se transigent séparément, en lots
relativement modestes. Les partenariats qui contribueraient normalement à
renforcer le secteur lui font défaut. En mai 2002, les consultations d’Industrie
Canada sur la Stratégie d’innovation ont rassemblé plusieurs des
professionnels concernés, lors d’un symposium sur les industries de la
langue. Les participants ont mentionné cette fragmentation parmi les
difficultés auxquelles leur secteur fait face.
2. Le manque de visibilité
Les industries canadiennes de la langue sont grandement méconnues aussi bien
ici qu’à l’étranger. Leur visibilité réduite auprès du public canadien
explique en partie le fait que les jeunes, aussi bien que leurs professeurs,
orienteurs et le milieu de l’éducation dans son ensemble connaissent peu les
perspectives d’emploi dans ce domaine.
3. Une relève insuffisante
L’enjeu lié aux ressources humaines est l’un des problèmes les plus
sérieux avec lesquels sont aux prises les industries de la langue. Le comité
sectoriel de l’industrie canadienne de la traduction estime qu’il faudrait
embaucher 1 000 nouveaux traducteurs chaque année pour remplacer ceux et celles
qui partent et pour répondre à la demande croissante.
4. Des investissements en recherche-développement insuffisants
Il n’existe pas de données en matière de R-D pour les industries de la
langue. Étant donné la fragmentation qui les caractérise, les industries de
la langue n’ont ni la masse critique ni la planification et le leadership
stratégique voulus pour bénéficier d’investissements en R-D. Le secteur
privé ne dispose pas des fonds nécessaires, et le gouvernement ne s’est pas
penché sur les besoins de ce secteur.
6.2 Notre plan
Le gouvernement peut jouer un rôle de catalyseur dans le développement
économique des industries de la langue. Il a l’intention de leur fournir des
mécanismes et des outils qui les aideront à prendre en main leur croissance.
Il est temps, pour le gouvernement, de passer d’un soutien auparavant centré
uniquement sur l’achat de produits et services, à un appui qui tienne compte
davantage des forces du milieu.
RENFORCER LES LIENS ENTRE LES INDUSTRIES DE LA LANGUE ET REHAUSSER LEUR
VISIBILITÉ
Toute stratégie requiert d’abord des industries de la langue capables de
se concerter et d’agir ensemble pour obtenir plus de visibilité. Les
consultations tenues dans le contexte de la Stratégie d’innovation du
gouvernement et surtout le symposium tenu en mai 2002 représentaient l’étape
initiale : pour la première fois, les chefs de file des industries de la langue
se regroupaient afin d’examiner les obstacles à leur expansion.
Pour les aider à remédier aux problèmes de fragmentation et de relève qu’ils
ont soulevés, le gouvernement fournira 5 millions de dollars d’ici 2008 afin
de permettre la création d’une association représentative et de financer des
activités de coordination. Une telle association facilitera le réseautage
entre les entreprises des industries et d’autres partenaires des secteurs
public et privé; elle les aidera à établir des orientations stratégiques et
améliorera leur capacité de répondre à la demande croissante de produits et
services. Puisque les défis les plus importants sont la relève et le
développement des compétences, cette association élaborera des stratégies
communes de ressources humaines et mettra en oeuvre des initiatives pour
surmonter les problèmes.
Grâce à un autre investissement de 5 millions de dollars, le gouvernement
appuiera aussi le démarrage d’une initiative de mise en marché et d’image
de marque, au Canada et sur la scène internationale. Une visibilité accrue
pour les industries y attirera davantage de nouveaux talents.
AIDER À CRÉER UN CENTRE DE RECHERCHE SUR LES TECHNOLOGIES LANGAGIÈRES
Pour contrer l’insuffisance de la recherche et aider à produire de
nouvelles technologies, le gouvernement désire accroître les investissements
en recherche- développement. En y consacrant 10 millions de dollars et en
collaboration avec le Conseil national de recherches du Canada, il contribuera
à établir un centre de recherche à Gatineau (Québec) où les spécialistes
mettront leurs ressources en commun et pourront faire fructifier les
connaissances de pointe nécessaires au développement des industries de la
langue.
Ainsi, avec une association représentative, davantage de réseaux et de
coordination, un centre de recherche sur les nouvelles technologies, nos
industries de la langue seront mieux outillées pour appuyer les efforts d’un
Canada bilingue qui entend plus que jamais tirer profit de sa dualité
linguistique.
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