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Écho de la frontière

À la rencontre des gens de l'Agence des services frontaliers du Canada

Brent Hardy, agent d’exécution de la loi dans les bureaux intérieurs : « Il faut être capable de réfléchir – et d’agir – rapidement. » (Partie 2 de 2)

La plupart des Canadiens connaissent le visage familier de l’Agence des services frontaliers du Canada : les agents des services frontaliers qui les accueillent à l’aéroport ou lorsqu’ils passent la frontière en voiture. Mais saviez-vous que des agents de l’ASFC travaillent chaque jour à l’intérieur du pays, afin d’appliquer la loi sur l’immigration? Ce mois-ci Écho de la frontière s’entretient avec Brent Hardy à propos de ses 12 années de service à titre d’agent d’exécution de la loi dans les bureaux intérieurs. En fait, il avait tellement à nous raconter sur son travail à multiples facettes que nous avons dû séparer son entrevue en deux parties : voici la partie 2; pour la partie 1 de cet entretien, voir le numéro de juin de l'Écho de la frontière.

Photo de Brent HardyÉcho de la frontière : Quel genre d’aptitudes faut-il posséder pour être un bon agent d’exécution de la loi dans les bureaux intérieurs?

Brent Hardy : Il faut être capable de réfléchir – et d’agir – rapidement. Le travail peut être dangereux. Nous entrons chez des gens et exécutons des mandats, dans des foyers où se cachent des individus – peut-être armés. C’est un travail qui exige beaucoup de diligence et de vivacité d’esprit, ainsi qu’une bonne capacité d’évaluation des risques. Il faut aussi être capable de prendre de bonnes décisions en peu de temps, en disposant d’informations très restreintes.

Par ailleurs, pour un agent d’exécution de la loi dans les bureaux intérieurs, avoir de bonnes aptitudes en relations humaines est un aspect fort important. Il faut être en mesure d’intervenir dans des cas où les choses se sont aggravées, où il y a beaucoup d’émotions à l’état brut, et d’y faire face, de désamorcer la situation afin qu’elle atteigne un niveau plus raisonnable. Et je ne parle pas uniquement du travail d’escorte; il s’agit là d’aptitudes vraiment importantes dans le cas d’une enquête et de toutes les autres tâches que l’on doit accomplir.

EF : Pourriez-vous donner à nos lecteurs un exemple de situation où vous avez eu recours à vos aptitudes en relations humaines pour maîtriser une situation?

Brent : Oui. À l’époque où j’étais relativement novice dans mon métier, nous nous sommes présentés à un appartement à Vancouver, à la recherche d’un type qui était sous le coup d’une mesure de renvoi. Une femme nous a fait entrer; nous lui avons demandé où se trouvait l’individu en question, mais elle a répondu qu’elle ne le savait pas. Elle nous a laissé faire une recherche superficielle, un simple coup d’œil autour de l’appartement, puis nous sommes partis.

Mais nous soupçonnions que quelque chose clochait, et nous avons décidé de ne pas quitter les lieux. Nous avons donc attendu devant la porte et, comme nous le pensions, nous avons entendu une voix masculine dans l’appartement. Nous avons frappé de nouveau à la porte et avons ensuite entendu de nombreux bruits de déplacement. Quelques minutes plus tard, la femme a répondu à la porte. Nous lui avons dit que nous avions d’autres questions à lui poser, et elle nous a laissés entrer. Ensuite, nous l’avons tout simplement confrontée à la situation; nous lui avons dit : « Écoutez, nous sommes assez sûrs qu’il se trouve ici, et nous voudrions jeter un coup d’œil. » Assez bizarrement, elle a dit oui et nous a permis d’entrer.

Nous avons fouillé partout et l’avons trouvé, caché sous le lit. Il ne voulait pas sortir. Cet individu avait un lourd casier judiciaire, il savait que nous étions à sa recherche, il était reconnu pour avoir fui les services d’exécution de la loi dans le passé, et nous savions donc qu’il y avait un risque de problèmes.

Mais nous sommes parvenus à l’extraire de sa cachette, et l’avons emmené dans le salon. Il était à moitié habillé (torse nu) et extrêmement hostile et agité. À ce stade, nous allions probablement devoir le projeter au sol et le maîtriser de cette façon. Mon taux d’adrénaline était à son paroxysme. N’oubliez pas qu’il s’agissait de l’une de mes premières interventions du genre dans le cadre de ce travail.

Mais, à un certain point, quelque chose a cliqué en moi et j’ai tout simplement commencé à parler. C’est tout – simplement commencé à parler. Et le degré d’agitation de cet individu s’est finalement estompé jusqu’au point où nous avons pu le faire asseoir sur le divan. Nous avions aussi affaire à son épouse, elle aussi fort agitée, et vous pouvez imaginer quel aurait été son état d’esprit s’il avait fallu qu’on prenne les mesures pour maîtriser son conjoint. Il a donc fallu une quinzaine de minutes pour passer du stade d’une lutte possible à celui où le type a fini par se rendre calmement dans sa chambre à coucher, s’est habillé et nous a laissé lui passer les menottes.

EF : Qu’est-ce qui vous motive? Qu’est-ce qui vous pousse à sortir du lit le matin?

Brent : Mes collègues de travail. En général, ils sont agréables et intéressants. Ce type de travail attire une certaine personnalité – une personnalité forte. Je travaille donc avec beaucoup de gens qui ont un caractère particulier. Et peut-être bien que certains de mes collègues me perçoivent comme un type ayant un tel caractère. Je travaille avec beaucoup de gens que j’apprécie. Le travail lui-même est fantastique.

Et ceci peut paraître un peu ridicule, mais je crois que la plupart des agents d’exécution de la loi dans les bureaux intérieurs considèrent que leur emploi occupe une place importante dans l’éventail complet du système d’immigration. Notre rôle aide à préserver l’intégrité du processus d’immigration. Nous considérons notre tâche avec beaucoup de sérieux. Rares sont les gens qui, dans le type de métier que j’exerce, se présentent au travail juste pour toucher leur chèque de paye.