Les Corte Real (1500-1503)Wytfliet, Corneille (ca1599-1607). Histoire universelle des Indes occidentales [...]. Dovay: Francois Fabri, 1607. En 1500, aiguillonné sans doute par les résultats du premier voyage de Jean Cabot, le roi du Portugal, Manuel Ier attribua à Gaspar Corte Real le privilège de découvrir certaines îles et une terre ferme, et d'en tirer profit. Fils du gouverneur de Terceira, dans les Açores, Gaspard appareilla au printemps de la même année et rencontra une terre ferme dans le nord-ouest de l'Atlantique, qu'il nomma «Terra Verde» parce que ce pays «est très frais et possède de grands arbres». En mai 1501, Gaspar entreprit un second voyage avec trois navires, dont seulement deux revinrent à bon port, ramenant une cinquantaine d'indigènes embarqués contre leur gré. Le troisième navire, à bord duquel se trouvait Gaspar, ne reparut jamais. En 1502, Miguel Corte Real partit de Lisbonne à la recherche de son frère. Il ne revint pas, lui non plus. L'année suivante, Vasco Añes Corte Real partit à son tour à la recherche de ses deux frères disparus. Il rentra sans avoir retrouvé leur trace ni celle de leurs navires. Il est impossible de reconstituer l'itinéraire précis des voyages des Corte Real, mais l'on convient qu'ils atteignirent les rivages du Groenland, du Labrador et de Terre-Neuve. Ayant trouvé ces terres inhospitalières, les explorateurs portugais se désintéressèrent par la suite de cette région. Les voyages des Corte Real fournirent tout de même à l'Europe le premier rapport de nature ethnographique sur des indigènes d'Amérique du Nord, grâce à ceux ramenés au Portugal en 1501. «Je les ai vus, touchés, examinés», écrit un contemporain. Les pêcheurs portugais profitèrent aussi grandement des explorations des Corte Real. Leur activité sur les bancs de Terre-Neuve se développa à un rythme tel que dès 1506, le Portugal imposa une taxe sur les morues provenant de cet endroit.
|