Gisèle Jacob : Bonne après-midi et bienvenue donc à la célébration du 10e anniversaire du Nunavut ici à Bibliothèque et Archives Canada. Je m'appelle Gisèle Jacob et je suis présidente de la Société géographique royale du Canada et je serai votre hôte pour la journée. Avant de débuter nos activités, j'aimerais remercier notre hôte, le libraire et archiviste du Canada, Monsieur Ian Wilson, qui a organisé cette activité. Deux autres groupes ont été aussi impliqués dans la préparation de cette activité. Le Collège des Affaires publiques Arthur Kroeger de l'Université Carleton et la Revue Canadian Geographic qui est le journal de la société dont nous avons apporté plusieurs copies de notre numéro de janvier pour célébrer le 10e anniversaire du Nunavut. Assurez-vous de prendre un exemplaire de notre revue dans le foyer. Nous avons également des copies de la carte du Nunavut, tout chaud, tout frais une carte fraîchement mise à jour par rapport à celle qui figure dans le numéro de Canadian Geographic il y a 10 ans pour célébrer la création du Nunavut. Il est en anglais-inuktitut d'un côté, et français-inuktitut de l'autre côté.
Je remercie notre hôte, Bibliothèque et Archives Canada et ainsi que des organisateurs qui y ont contribué, le Arthur Kroeger College of Public Affairs de l'Université Carleton et bien sûr Canadian Geographic qui est la Revue de la Société géographique royale du Canada. J'ai mentionné que nous avons des copies du magazine dans l'entrée ainsi qu'une carte mise à jour du Nunavut. J'aimerais également remercier deux organismes qui ont appuyé l'organisation de cet événement, la fondation Walter and Duncan Gordon et la société aérienne Canadian North. J'ai maintenant l'honneur d'inviter l'aînée Suzanne Singuuri, pour procéder à l'ouverture. Cela sera suivi par la danse aux tambours exécutée par l'aîné Peter Irniq.
Suzanne Singuuri : [non traduit jusqu'à 05 48] : Cela symbolise la chaleur du soleil et son retour et le modèle présent est plus petit celui que j'avais dans ma jeunesse pour chauffer les igloos. Elle était enthousiasmée il y a quelques secondes de parler du kudlik, et elle a oublié de dire au début qu'elle est née et élevée dans un tout petit village près de Cape Dorset. De ce village, à l'âge de 8 ans, ma famille a été emmenée à un endroit très isolé au Nord de l'île Baffin. C'était une relocalisation par la compagnie de la baie d'Hudson. Le kudlik, lorsque j'étais petite fille dans le haut arctique, dans cette aire étrange et très éloignée, le kudlik était toujours allumé. On y fondait la neige, on faisait de la nourriture, on l'utilisait pour sécher les vêtements tous faits de peau, et ils séchaient très bien à la lumière et à la chaleur du kudlik. Je désire vous remercier tous de la région d'Ottawa. J'allume le kudlik ici lors de différentes ouvertures et je suis heureuse de pouvoir le faire. J'aimerais terminer maintenant en reconnaissant que nous avons beaucoup à faire cet après-midi et de choses à écouter. J'apprécie l'occasion que vous m'avez offerte de présider à l'ouverture de cérémonie du 10e anniversaire du Nunavut. En venant dans la région d'Ottawa, il y a quelques années, pour passer du temps avec mes enfants, je ne me suis jamais imaginée que je serai si rapidement acceptée et si respectée par la collectivité, notamment pour mon rôle d'allumer le kudlik, et je l'apprécie beaucoup. J'aimerais prier car c'est le processus que je suis, je prie. Où que l'on soit, on a toujours quelque chose quand on a la prière avec soi. [non traduit jusqu'à 11 :35] J'ai des endroits intéressants, des petites poches ici pour ranger mes affaires. La flamme nous honore.
Gisèle Jacob : Quelle belle façon de commencer notre après-midi ! Merci Suzanne Singuuri. Nous allons maintenant avoir une danse aux tambours exécutée par l'aîné Peter Irniq.
Peter Irniq : Merci beaucoup. Dans le dialecte de l'Arctique de l'Est, on avait des danses de tambours dans cet igloo. Les femmes faisaient le chant de la gorge et des luttes gymnastiques, mais la danse aux tambours était une façon pour nous de célébrer la belle vie que nous avions. Aujourd'hui, nous allons faire une danse aux tambours pour célébrer les 10 ans du Nunavut, chose dont nous sommes extrêmement fiers. Nous sommes libres maintenant de pratiquer notre culture, de parler notre langue, notamment les chants de gorge et la danse aux tambours. Nous sommes donc très heureux de pouvoir vous faire quelques minutes de chants, du tambour pour célébrer 10 ans de succès du Nunavut. Ma chanteuse pour cette danse est Charlotte Qamaniq, merci, qui a voyagé loin, par exemple Indianapolis où j'ai fait les danses au tambour, ici aussi à plusieurs occasions, lors d'événements importants, visant la promotion de la culture Inuit et de la langue. Amusons-nous donc aujourd'hui. Merci. (applaudissement)
(Chant et danse de tambour)
Gisèle Jacob : Merci beaucoup. J'aurais dû mentionner plus tôt que toutes ces séances sont interprétées simultanément, en anglais, français et Inuktitut. Tout ce que vous avez à faire, c'est de prendre un récepteur d'interprétation dans le hall d'entrée. Certains d'entre vous les avaient déjà, mais les autres qui n'en avaient pas, si vous en voulez, vous pouvez en prendre. Alors, nous avons beaucoup de chance aujourd'hui puisque nous avons avec nous l'honorable Paul Okalik. Je présente tout de suite mes excuses d'ailleurs parce que je sais que je vais massacrer certains des mots, certains des noms Inuit, mais c'est un honneur pour nous donc d'avoir l'honorable Paul Okalik, ex premier ministre du Nunavut et nous sommes ravis qu'il ait accepté de dire quelques mots en cette occasion.
Paul Okalik : Merci beaucoup de m'avoir invité ici et merci aussi d'avoir organisé cette célébration. Merci à tous et à toutes de participer à cette séance. Je constate aussi que mon cousin est dans la salle, notre ex député fédéral, Nancy Lindell, qui nous a beaucoup aidés. Aussi, Jose Kusugak. Je suis très heureux d'être ici parmi vous. J'ai été très heureux d'entendre mon nom être prononcé. Bon, il y aura un peu de travail à faire pour le prononcer comme il faut. Mon nom traditionnel, c'est Sukanik qui veut dire le soleil. Et d'un seul coup, c'est quelque chose de positif à mon sujet, pour une fois. Et qu'est-ce que vous voulez, on en profite quand on dit des choses positives à notre sujet. Alors je rends hommage à ma première cousine pardon, et aussi Madame Lindell, première députée et je veux dire qu'elle a été très utile, elle a beaucoup aidé notre gouvernement territorial, avec Jos Kusugak et qui a beaucoup contribué justement à assurer une transition harmonieuse, ce qui m'a beaucoup facilité les choses. Je dois dire que je viens de passer 10 années exceptionnelles. C'était en fait une chance phénoménale que j'ai eue d'avoir été premier ministre pendant cette période de 10 ans. Au début, en 99, je suis allé à Pond Inlet, j'ai été voir l'école, les étudiants, les élèves et j'ai réalisé qu'il y avait des tables et des chaises dans les couloirs, et j'ai dit : comment cela se fait? Est-ce qu'on est en train de nettoyer la salle? On m'a dit : " non, c'est ça la salle de cours ". J'ai dit, et bien dis donc, on part de loin. Mais en un an, ils ont eu une nouvelle école. Et c'est comme cela qu'on a commencé, et ces dernières années, je pense que nous avons accompli des choses très positives. Le nombre de diplômés dans nos écoles secondaires a augmenté de 50%. On a 500 jeunes qui sont au collège ou l'université, on a formé quatre avocats, il y en avait un au début. On commence à former des professionnels et notre économie avance. Donc, on a réalisé certains succès, mais évidemment, il y a encore énormément de choses à faire, et je suis très sensible à ce que font mes collègues. Voilà. Merci beaucoup.
Gisèle Jacob : J'ai le plaisir de présenter M.Ian Wilson, bibliothécaire et archiviste.
Ian Wilson : Merci beaucoup. Honorables anciens, visiteurs, mesdames et messieurs, familles, artistes, écrivains, photographes, cinéastes, tous ceux et celles d'entre vous qui êtes ici pour célébrer le 10e anniversaire du Nunavut, c'est un honneur pour nous de vous accueillir ici. Une fois, de temps en temps, la bibliothèque est impliquée dans des affaires de droit et je dois discuter avec des avocats. Récemment, on avait eu un problème et les avocats m'ont dit que notre législation adoptée en 2004 permet aux bibliothécaires et archivistes de faire quasiment tout ce qu'ils veulent. C'est un projet de loi exhaustif, et donc, je vais profiter un peu de ces pouvoirs élargis et vous dire que pour cette journée, Bibliothèque et Archives seront considérées comme une partie du Nunavut. Voilà, vous êtes chez vous ici. Considérez que vous êtes chez vous. Nous sommes heureux de vous accueillir pour célébrer ce 10e anniversaire. Bon, il faudra peut-être un peu modifier la carte au cours des années, mais on parlera bientôt justement aux spécialistes de géographie pour faire en sorte qu'un petit bout d'Ottawa justement, fasse officiellement partie du Nunavut. Nous sommes très fiers de nous réunir aujourd'hui pour célébrer le 10e anniversaire du Nunavut et pour réfléchir l'origine du territoire, à sa culture et à son avenir. Depuis sa création, le Nunavut a contribué énormément au Canada, et a contribué à notre compréhension commune partagée de l'histoire, de la diversité et du pays dans son ensemble. Comme vous le savez, en 1994, le Canada a ratifié l'accord sur les revendications territoriales du Nunavut et la loi du Nunavut qui a été mise en œuvre le 1er avril 1999. Ce jour-là, le Canada a célébré son nouveau territoire, le Nunavut, qui était le premier changement important apporté à la confédération depuis l'entrée de Terre-Neuve dans la confédération quelque 50 ans plus tôt.
La réaction des Canadiens à la création du Nunavut a été intense, résultant à la fois d'un penchant pour la nouveauté et d'une fascination pour le nord. Plus récemment, les préoccupations du public à l'égard de la souveraineté du nord et de changement climatique et de son impact sur le Nord canadien ont ramené le Nunavut sous les feux des projecteurs. Le futur des territoires est une source de souci immédiate pour ses résidants et pour les gouvernements qui représentent ces derniers, de même que pour le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les médias et la collectivité mondiale. À l'approche du 10e anniversaire du Nunavut, le 1er avril 2009, nous nous devons de profiter de cette importante occasion pour mener les discussions au sujet de la dernière décennie et réfléchir à ce que pourrait nous réserver l'avenir.
L'été dernier, Canadian Geographic a proposé à Bibliothèque du Canada de publier un numéro spécial pour collaborer et pour marquer cet anniversaire. Alors, l'histoire du Nunavut est révélée ici dans notre collection de photographies, de cartes, de dossiers gouvernementaux, de documents publiés, d'enregistrements sonores, de films et de beaucoup d'autres éléments. Vous voyez certains de ces articles autour de vous ici, qui sont exposés, et il y en a aussi sur les pensionnats. Nous sommes très conscients ici que les documents que nous possédons sont une sorte de couche de glace très superficielle dissimulant un océan beaucoup plus profond. Et cet océan, c'est l'histoire réelle, l'histoire profonde du Nunavut, qui est beaucoup plus profonde, beaucoup plus riche, beaucoup plus vaste que nous ne le savons pour le moment. La mission de la Société géographique royale du Canada est de faire en sorte que les Canadiens connaissent mieux leur pays et elle fait cela en publiant des articles, des revues, des photographies etc. En plus de partager un intérêt commun à l'égard de l'environnement et de l'héritage documentaire du Nunavut, la revue et la bibliothèque reconnaissent que la création du territoire et son développement est une histoire politique, une histoire d'individus, de communautés, une histoire de droit civique, de gouvernance. Et nous sommes très fiers de collaborer aujourd'hui avec le Collège Arthur Kroeger d'Affaires publiques de l'Université de Carleton, qui encourage un dialogue sur les questions qui éclairent le développement du Nunavut. Je signale que Arthur Kroeger, un fonctionnaire de grand renom, qui est décédé l'an dernier, était très connu ici parce qu'il a passé beaucoup de temps à faire des recherches à la Bibliothèque du Canada. Il m'a aussi conseillé sur la manière de survivre dans la fonction publique du Canada. Je veux remercier le Canadian Geographic et le Collège donc, mais surtout je veux remercier les gens du Nunavut qui nous ont consultés, qui ont collaboré avec nous, pour nous assurer que leurs voix sont reconnues, sont prises en compte aujourd'hui, et pour nous assurer que les limites du Nunavut aujourd'hui englobent tous les gens, les lieux qui peuvent bénéficier d'une compréhension des langues, des cultures, de l'histoire, des expériences, du passé de ce territoire séculaire.
Je vous invite maintenant à entrer dans l'auditorium, où nous allons commencer cette célébration. Je sais que tout le monde aime bien s'asseoir au fond, mais s'il vous plaît, assoyez-vous dans les premiers rangs pour que tout le monde soit uni pour cette célébration. Merci.