Gisèle Jacob : Alors, nous allons maintenant passer du film à la photographie. Nous allons entendre Beth Greenhorn qui va nous parler du projet «Un visage, un nom ». Beth a une Maîtrise en Histoire de l'Art du Canada de l'Université Carleton. Elle a également été assistante-conservatrice au Musée des Beaux Arts du Canada. Elle a voyagé dans l'Arctique et a travaillé pendant plusieurs années avec les aînés et des étudiants au programme « Un visage, un nom ». Beth.
Beth Greenhorn : Bonjour tout le monde. Je suis ici pour vous parler du projet «Un visage, un nom ». C'est une exposition trilingue : anglais, français, inuktitut. Je voudrais parler brièvement du projet qui a déjà connu plusieurs phases depuis le lancement. On l'a lancé officiellement en 2004 et depuis ce temps-là, des étudiants et des anciens ont collaboré avec nous, et c'est ce qui a fait évoluer le projet. Alors, j'ai la page d'accueil du site, j'ai quelques photos que j'ai amenées. Je vais essayer de vous les présenter en Inuktitut, je vais faire mon possible. La bibliothèque a des milliers de photographies inuites qui émanent de collections publiques et privées ; et les institutions d'archives de ce pays ont reçu pour fonction d'acquérir des objets, des photographies, d'intérêt historique. Donc on a des cartes par exemple dont on a parlé tout à l'heure, des documents publiés et nous obtenons aussi des documents du gouvernement fédéral et beaucoup des documents que nous avons dans nos collections étaient créés par des fonctionnaires fédéraux qui sont allés dans le Grand Nord pour toutes sortes de raisons, pour des expéditions, des missions d'objectifs variables. Et donc, ils ont rapporté ces documents, ils ont rapporté aussi des photographies. Malheureusement, l'obstacle linguistique et pour d'autres raisons aussi, fait que les Inuits représentés sur ces photographies n'ont jamais été identifiés. Et donc, on a des milliers de photos de gens, mais qui ne sont pas nommés. Donc, le projet « Un visage, un nom » a donc pour but de nommer ces personnes, de trouver les noms de ces personnes. Deux exemples que j'ai, par exemple, sont très représentatifs des images qu'il y a dans notre collection, ce sont des personnes non identifiées. Les deux filles à gauche, à votre gauche donc sont de Chesterfield Inlet, photographie prise en 1926 ; et à droite l'homme, on ne connaît pas sa communauté d'origine, on n'a pas son nom. Et donc l'une des choses que je voulais faire aujourd'hui, et j'ai amené d'autres photos qui n'ont pas été identifiées, vous verrez qu'il y a des photos aussi dans le hall d'entrée. Certaines ont été identifiées grâce à ce projet, mais beaucoup d'autres ne l'ont pas encore été. En fait, même avant de venir ici dans cette salle pendant la pause, j'ai vu un monsieur, [Kutik] qui a vu sa photo. C'est une photo sur la gauche, à ce moment-là, il a 5 ou 6 ans et il va recevoir la fiche la semaine prochaine et j'ajouterai l'information donc le concernant. Il y a un autre petit garçon sur la photo et c'est son ami Louis. Donc, si quelqu'un d'autre a des informations comme ça sur les photos qui sont présentées, n'hésitez pas à nous les donner.
Alors, les trois objectifs du projet « Un visage, un nom », alors d'abord, c'est susciter une discussion parmi les jeunes Inuits pour leur permettre de mieux comprendre leur passé, de se partager des histoires sur les anciens, et sur la vie passée, ensuite, tirer partie des mémoires de ces gens, et aussi identifier les personnes qui figurent sur ces photographies et troisièmement, partager ce savoir avec des organismes du Nunavut et avec le reste du Canada pour mieux faire comprendre et connaître la culture inuite. Voici deux autres exemples de photographies qui ont été numérisées pour le projet. Alors, la jeune femme avec son bébé a été identifiée lorsque le projet a été mis en ligne. Son nom c'est [Damarus Ituktasuk Kadluksiak]et qui est ici avec son fils Mike et ça a été pris à Igloolik en 1965. L'autre photo, c'est un groupe d'enfants et j'en ai une autre version dans le hall d'entrée. Ça a été pris à Pangnitung en 1975 et ça c'est il n'y a pas très longtemps. Donc j'espère même qu'il y a quelqu'un ici dans cette salle qui pourra peut-être me donner des informations sur ce groupe d'enfants, ou reconnaître l'un des enfants. Comme je l'avais dit, le projet a déjà évolué. En 2001, on a établi un partenariat avec Nunavut Sivuniksavut, un programme collégial basé à Ottawa, avec le Ministère de la Culture, de la Langue, des Aînés, de la Jeunesse du gouvernement du Nunavut et aussi avec Bibliothèque et Archives Canada. Nous avons un instructeur de l'organisme du Nunavut qui est ici au fond de la salle et c'est lui qui a vraiment été l'âme de ce projet, qui l'a vraiment poussé, qui était à l'origine de ce projet en fait. Et je suis ravie de dire que nous avons beaucoup travaillé là-dessus, que nous avons avancé et donc nous avons lancé cela en 2001-2002. Les photos que vous voyez maintenant à l'écran, une photo de Sheba [Awwa], une travailleuse sociale, et elle montre à quelqu'un des images sur un ordinateur portable. Et donc c'est par exemple des jeunes du collège dont j'ai parlé, qui prennent des ordinateurs et qui vont dans les villages, dans les collectivités et qui montrent les photos aux gens pour essayer de les faire reconnaître. Après cela, nous remettons cela dans la base de données et mettons cela à la disposition des gens intéressés. La photographie de l'homme à droite, c'est le père [Ikoumak], cela a été pris à Igloolik en 1949 et ça fait partie des premières photographies qui ont été identifiées grâce à ce projet. Donc, depuis sa création, ce projet a connu plusieurs phases comme je l'ai dit. Maintenant, nous en sommes à l'étape pré-site web. C'est ce qu'on vous montre maintenant. Depuis ce temps-là, à peu près 500 photos ont été numérisées et pour 75 % d'entre elles, nous avons réussi à obtenir une identification. La plupart des photos de Harrington ont été prises à la fin des années 40 et au début des années 50 et donc la probabilité que des anciens ou d'autres, disons qu'il y a assez de gens qui y vivaient à cette époque et qui vivent encore aujourd'hui pour pouvoir nous donner pas mal d'identité des personnes qu'il y a sur ces photos. Dans le foyer, il y a une photo de trois femmes prise au début des années 1900 et là, il y a une personne qui est assise au deuxième rang ici et qui m'a dit que c'était sa grand-mère. Ça c'est une photo du début des années 1900, comme je l'ai dit. L'été 2003, pour moi, cela a été le début de ma participation au projet et nous nous sommes concentrés à ce moment-là sur la région de Baffin parce que la plupart des étudiants qui étudiaient venaient de la région de Baffin et donc certains faisaient partie de ce programme collégial dont j'ai parlé. À peu près 800 photos ont été numérisées cet été-là. Nous n'avons pas eu le même de taux de succès que nous avons eu avec les photos de Harrington. Disons qu'à peu près 200 des photos ont débouché sur des identifications. En octobre 2004, le projet a été officiellement lancé et donc, vous pouvez voir le site. En fait, il y a quatre ordinateurs dans le hall où il y a un lien avec la connexion et avec la base de données. Depuis ce temps-là, nous ajoutons des informations à la base de données. Il y a eu quelques modifications au site web, mais là, les informations de base sont restées les mêmes. L'automne suivant, le Ministère du gouvernement du Nunavut dont j'ai parlé a reconnu que c'était un projet urgent parce que les gens qui ont les connaissances, qui sont capables d'identifier les personnes sur les photos vieillissent, et donc, il est important d'aller vite. Alors, vous avez ici sur la photo deux personnes, une jeune fille et une ancienne et qui sont venues à Ottawa pour faire deux semaines de recherche. Vous pouvez les voir à l'extrême gauche. Je ne les ai pas fait travailler pendant tout leur séjour ici, mais elles ont réussi à identifier à peu près 50 photos pendant cette période où elles étaient ici. Et après, elles sont retournées dans leur région avec d'autres photos pour essayer de trouver, d'identifier les personnages, les sujets.
En août 2007, le projet a été considérablement élargi et on a ajouté beaucoup de contenu au site web et maintenant on a ajouté près de 3 500 photos à la collection. Il y a une affiche qui a été préparée, que j'ai envoyé à tous les contacts que nous avions faits pour diffuser le message parce que je pense qu'il y avait encore des gens au Nunavut qui n'avaient pas entendu parler de ce projet et qui pourraient nous aider. Donc, l'affiche a été largement distribuée dans la région, dans le territoire. La photo au deuxième rang de la femme qui a un bébé, une semaine après avoir amené cette photo du Nunavut, j'ai reçu un courriel de Betty Lyle Brewster. C'est une photo qui n'avait pas été identifiée jusqu'à ce moment-là et elle m'a dit que c'était sa sœur, Bella Lyle Wilcox, et immédiatement, elle m'a envoyé une photo de sa sœur, Janet Brewster, en demandant de la mettre sur le site web. Alors, je ne peux pas le faire, mais je me suis dit que j'allais la partager avec vous aujourd'hui. Donc, nous échangeons des courriels avec des gens du Nunavut qui peuvent nous aider dans la réalisation de ce projet. Tout cela est une expérience tout à fait personnelle et émouvante pour moi. Ça ici, je ne savais même pas que cela existait avant. C'est à Pangnirtung, un centre communautaire qui a téléchargé des photos de notre base de données. Voici deux exemples de photos qu'ils ont exposées dans leur centre communautaire, en demandant aux gens de la communauté d'identifier les personnes. Et j'ai apporté ces deux exemples. Ce sont des photos très anciennes. Elles datent des années 20 et ce qui est intéressant, c'est qu'il y a encore des gens vivants aujourd'hui, qui sont capables d'identifier les personnages qu'il y a sur ces photos. Il y a des numéros que vous voyez là, mais ils ne figurent pas sur la photo d'origine. Ça c'est sur une copie que nous avons fait ça. Lorsqu'on a ces groupes de gens, avant qu'on ait eu le Web2.0 pour faire du marquage social, on ne pouvait pas faire cela, donc c'est pour cela qu'on mettait des numéros sur les copies. Il y a deux autres anciens qui sont venus à Ottawa, et qui ont apporté des photos pour lesquelles ils avaient pu identifier des sujets. Depuis septembre 2007, après le lancement de la deuxième phase du projet, Northern News Services nous a contactés en proposant de publier une photo par jour pour demander aux gens d'identifier les sujets. Et ça, ça fait un an que ça se fait donc, et on a eu beaucoup de succès avec ça. Jusqu'à présent, nous avons reçu probablement 25 identifications et beaucoup d'informations complémentaires dans certains cas comme dans ce cas-ci. Margaret [Ulparkinuksak] et ça, ce qui était intéressant avec cette photo, c'est que ses petites-filles ont pu l'identifier. Elles épelaient leur nom de manière un peu différente, mais on a ajouté toutes les informations qu'on a obtenues et depuis lors, j'ai envoyé un agrandissement de cette photo qui est exposée maintenant au centre des visiteurs de Arviat, qui a été nommé d'après elle, d'après son nom. Ici, depuis l'automne 2006, je suis en contact courriel assez régulier, des conversations téléphoniques aussi, avec ces deux résidentes de Rankin Inlet, ce sont deux sœurs. Selma est décrite comme l'historienne de la famille. Elle va régulièrement sur le site web, elle imprime des photos et elle les présente aux membres de sa famille. L'autre femme qu'on voit ici, c'est Rhoda [Karaktak] et il y a sa tante, Arianne [Matuimi], qu'on voit sur l'autre photo, et c'était une jeune fille, ça a été pris à Coral Harbour. Une chose que Selma m'a dite qui était très intéressante je pense, c'est parce qu'on essayait de faire le lien entre les anciens et les jeunes, et Selma a remarqué que la génération intermédiaire aussi jouait un rôle clé pour faire le pont entre les deux générations. Donc, le projet en fait « Un visage, un nom » devient un projet touchant plusieurs générations, plusieurs langues. Récemment, en fait, en novembre passé, je suis allé à Rankin Inlet et à Iqaluit pour rencontrer des résidents à l'invitation de résidents locaux, et à Rankin Inlet, j'ai organisé deux séances de réunion pour identifier des personnages de photos, des sujets et on a eu des réunions avec des anciens et des anciennes, pas mal de gens se sont présentés pour participer au projet, et deux sœurs Lavinia Brown et sa sœur [Amatadi] tiennent des photographes entre les mains des photographes de leurs parents. Et Lavinia s'est retrouvée sur une photo qui avait été prise dans une école de jour à Chesterfield Inlet et je vais vous la montrer, elle est ici. La voilà. Donc, j'ai fait 500 tirages de cette photo, je l'ai présentée sur une table et on a pu enregistrer des noms des personnes figurant sur cette photo. C'était vraiment un projet très intéressant. En quittant Rankin, j'ai constaté qu'il y avait à peu près 225 personnes qui ont pu être identifiées sur 115 photos. Donc, c'était vraiment un succès extraordinaire. Très bien, on me fait signe que je dois arrêter, je pourrai continuer pendant des heures. Donc, j'arrête. Voilà. Et je présente simplement la diapo suivante. Voilà.
Gisèle Jacob : Merci beaucoup, ça c'est vraiment fascinant. Quel projet extraordinaire ! Je n'aime vraiment pas vous couper la parole, mais qu'est-ce que vous voulez ? C'est nécessaire. Maintenant, nous voudrions entendre l'ancienne Suzanne Singuuri, qui est mère, et grand-mère et arrière-grand-mère d'une très vaste famille. C'est une ancienne couturière. Pendant sa jeunesse, elle fabriquait des vêtements et des chaussures pour les membres de sa famille. Elle a appuyé des étudiants à Ottawa pour les aider à conserver leur culture et leur langue. Donc, je vais demander à Suzanne Singuuri de s'avancer pour nous parler de son expérience personnelle avec ce projet «Un visage, un nom ».
Suzanne Singuuri : Je remercie toutes les personnes qui travaillent aux archives, la personne à qui je parlais. J'avais passé une entente avec elle au sujet des archives. C'est-à-dire que s'il n'y avait pas eu les archives, nous aurions perdu beaucoup de choses importantes pour notre société. Je viens à l'origine du Cap Dorset. Mon père me disait qu'avant ma naissance, il y avait une personne blanche qui était venue. Je suis la personne la plus âgée de ma famille et on m'a dit que mon père s'occupait d'un blanc, et ils allaient chasser ensemble et ils chassaient, ils pêchaient ensemble. Ce blanc qui s'appelait [23 :25 nom Inuktitut], on lui a donné un nom inuit désignant en fait l'observateur de la faune, l'observateur des animaux. Je crois que c'était un taxidermiste aussi. Alors, il s'intéressait à tous les animaux, aux oiseaux, aux poissons, etc. Donc, avant ma naissance, mon père travaillait avec cet homme blanc. Ils voyageaient ensemble, ils avaient des traîneaux à chiens. J'ai vu leurs photos dans les archives ici. Ils passaient à Cap Dorset avec leurs traîneaux à chiens. J'ai vu ces photos grâce aux archives et lorsqu'on nous a transférés, on a perdu beaucoup de nos photographies. On n'a plus ces photos dans notre famille et probablement que beaucoup ne les ont jamais vues. Mon père travaillait avec ce blanc, ils cherchaient des animaux pour que l'homme blanc fasse ce qu'il fait avec c'est-à-dire les empailler. À Igloolik aussi, ils ont suivi des pistes on m'a dit, qu'ils avaient une équipe de chiens et qu'ils ont suivi les pistes d'un homme qui courait dans la neige et qu'ils pouvaient voir d'après ses empreintes de pied que c'était un blanc, à cause de sa façon de courir. Nous savons l'histoire orale n'est-ce pas et en fait, ces gens qui m'ont raconté avoir vu cela, c'était des gens qui ont vu les empreintes de mon père et de cet homme blanc. J'ai une photo là de mon grand-père et que j'ai vu, puis [26 :21 Peter Pitulak], un photographe fameux chez vous est venu prendre ces photos-là. Je vous remercie beaucoup.
Merci beaucoup.
Nancy Mike : Lorsqu'on est rentré chez nous pour les vacances de Noël de mon séjour à Ottawa pour le programme de formation, on nous a donné une photo de Bibliothèque et Archives Canada. J'ai pu avoir visité à Pang des anciens de Pangnirtung et de nos autres villages. Moi, je suis de Pangnirtung et mes consœurs ici viennent de d'autres collectivités. Mon expérience auprès de ces anciens a été une bonne expérience. Cela m'a donné l'occasion de parler à mon grand-père à qui je n'avais pas vraiment parlé de façon intime. J'ai pu lui parler du passé. C'est une bonne occasion pour nous de parler et d'apprendre de nouvelles choses au sujet de la vie à l'époque. Dans la photo que j'ai choisie, que vous voyez à l'écran, elle a été prise à Pangnirtung et l'un des anciens nous a informés que toutes les femmes portaient les [amotiks] confectionnés en blanc, mais aujourd'hui, ce ne sont que les femmes ayant des enfants qui les portent. À l'époque, toutes les femmes les portaient. J'ai trouvé cela très intéressant et cela me fait demander pourquoi toutes les femmes ne les portent plus ? Le projet « Un nom, un visage » a été une merveilleuse expérience et si on veut en apprendre plus long sur sa culture, et au sujet de ce que nos anciens ont vécu, c'est une très bonne façon d'interagir et de communiquer avec eux et elles. Lorsqu'ils examinent les photos, cela leur rappelle des souvenirs de leur jeunesse et du mode de vie d'alors. J'aime donc beaucoup ce projet « Un visage, un nom » et le fait d'avoir pu y participer dans le cadre de mes études. Merci.
Elizabeth Ryan: Bonjour tout le monde. Je m'appelle Élisabeth. Moi aussi, je suis avec Nancy et Natasha au programme NS. Voilà ma photo. Voilà la photo que j'ai choisie pour vous en parler aujourd'hui. Dans mes discussions avec les anciens, j'ai trouvé intéressant d'écouter leurs souvenirs. L'un des anciens s'est identifié elle-même sur la photo. Elle fait face vers la gauche et elle est à la droite quand on fait face à la photo. Elle était début vingtaine ou fin de l'adolescence lors de la prise de la photo. On voit l'homme là qui vient du navire du Baleinier. Elle a dit qu'il faisait un tour de magie et que tout le monde pensait qu'il était un chaman ou un magicien. Cela a été amusant de lui parler sur ce sujet et d'en apprendre plus long sur la vie dans ma collectivité à l'époque. Une bonne expérience donc. J'ai eu beaucoup de plaisir à apprendre plus long sur leur mode de vie et sur la vie communautaire à l'époque. Il y avait alors dans certaines photos, on ne voit que trois bâtiments, l'église, la maison du missionnaire, la maison du policier de la GRC. Donc, une très bonne expérience que j'ai beaucoup appréciée et voilà.
Natasha Mablik : Bonjour. Je suis dans le même cours que mes collègues. Je vais suivre mon petit document en anglais ici. Je viens de Pond Inlet et je suis dans le programme NS ici à Ottawa. La photo dont j'ai choisie de parler est une photo d'un homme qui regarde à travers un télescope. Il est à la chasse aux phoques. Cet homme a été identifié comme [Idlout], un homme bien connu dans la région de Pond Inlet ma collectivité. Cette photo a été l'objet de nombreuses discussions entre moi et les anciens. C'était le premier Inuk à être suivi par un Blanc avec une caméra. On a toute une série de photos de lui donc soit en chassant avec ses chiens et autres. Non seulement, était-il le premier à être photographié par un Blanc, il était aussi le premier à posséder une carabine chez nous, donc quelqu'un très populaire. Il était un chasseur et avec son fusil, il pouvait attraper beaucoup d'animaux. Lorsque j'ai reçu les photos, je n'étais pas très sûre de savoir à quoi m'attendre. Je ne savais pas quel genre de discussions j'aurai avec les anciens, mais en rentrant chez moi en avion, je me demandais à qui parler, qui aborder, mais quand je me suis assise finalement avec les anciens, je n'ai rien eu à dire. Les photos ont parlé. Lorsque les anciens regardaient les photos, ils savaient exactement quoi dire, ou bien ils reconnaissaient soit eux-mêmes des membres de leurs familles, ou se souvenaient d'histoires du passé. Cela a été bon pour moi d'avoir ces discussions avec les anciens car j'avais de la sorte une histoire visuelle des images que m'ont racontées soit mes grands-parents ou ma mère. Beaucoup de ces photos ont suscité des souvenirs émotionnels. Certains des anciens de Pond Inlet figuraient sur les photos que j'avais rapportées. Mais les photos ont aussi suscité plusieurs rires et les discussions ont dégénéré sur d'autres sujets, comme la chasse alors, la chasse aujourd'hui, les différences etc. et cela a été une expérience d'apprentissage pour moi et j'apprécie le fait d'avoir eu l'occasion d'y participer au projet « un visage, un nom ».
Gisèle Jacob : Merci Mesdemoiselles. Je vois que le projet a des avantages qui s'étendent au-delà de l'identification des personnes dans les photos, bien au-delà, elles touchent plusieurs générations. Félicitations, beau projet ! Oui, oui applaudissons ! Maintenant, nous terminons la séance de l'après-midi. Il est 18 heures et quart et nous vous invitons tous autant que vous êtes à déguster la nourriture traditionnelle du Nunavut. Il y aura aussi de la danse de tambours et du chant de gorge, des étudiants du programme SN. C'est ça NS? Oui, c'est ça, c'est plus facile de dire NS. Donc, ils vont dans le foyer faire la danse de gorge et le tambour. Et dans la salle d'exposition A, l'Association des anciens de l'Université Carleton présente « Vision du Canada, vu du Nord », une conférence de Peter Okalik, le premier Premier Ministre du Nunavut …. jusqu'à 19 h 30. Une session très intéressante intitulée « le Nunavut à 10 ans, les réussites, les problèmes et les défis à venir ». Le panel lors de cette séance comprendra des voix importantes que vous ne voudrez pas manquer. Donc, profitez de la nourriture et des expositions ; et nous voulons vous voir ici à…