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Jeunes filles inuites devant une tente, environs de Clyde River (Kangiqtugaapik), sans date

De gauche à droite : Utak Enookoolook, Uttuqak et Zipporah, environs de Clyde River (Kangiqtugaapik), sans date
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Forum de BAC sur la
démocratie canadienne

Le Nunavut a 10 ans : les réussites, les problèmes et les défis à venir

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Gisèle Jacob: Vous avez peut-être aussi entendu la présentation de l'ancien premier ministre Paul Okalik sur sa vision du nord. Je suis sûre que c'était très intéressant aussi. Nous avons droit à une discussion, une session très intéressante sur le Nunavut, sur les dix ans du Nunavut, sur ses réussites, ses problèmes et les défis à venir. Donc, on aura une discussion très intéressante pour conclure cette journée sur le Nunavut, qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne marche pas et à quoi il faut s'attendre. Alors, j'aimerais maintenant inviter Chris Dorman, doyen associé de la faculté des Affaires publiques de l'université Carleton à présenter les membres du panel.

Chris Dorman: Merci, merci beaucoup à tout le monde d'être ici, d'être venu participer à cette célébration. Je tiens d'abord à remercier nos partenaires Bibliothèque et Archives Canada, le Forum de la démocratie canadienne, la Société royale de géographie et surtout la Fondation Walter & Duncan Gordon et Canadian North Airlines qui ont contribué à l'organisation de tout cela. On n'aurait pas pu monter toute cette journée sans leur appui très généreux. Avant de présenter les membres du panel, je voudrais dire que toutes les personnes qui sont ici sont des personnes remarquables, mais je tiens à souligner Leona Aglukkaq, député du Nunavut qui nous arrive directement de la Colline parlementaire.

(applaudissement)

Notre panel ce soir sera animé par Rick Boychuk, rédacteur en chef du Magazine Canadian Geographic et ce sera l'un de ses derniers actes puisqu'il va quitter son poste après 14 ans comme rédacteur en chef de Canadian Geographic et qui a fait de cette revue l'une des revues les plus intéressantes du Canada d'ailleurs.

(applaudissement)

Alors, le panel, je vais les présenter par ordre alphabétique, d'abord Jim Bell, rédacteur en chef du Nunatsiaq News, un hebdomadaire d'Iqaluit. Il a passé 25 ans au journal et on l'a appelé la conscience du Nunavut et il est connu pour ses éditoriaux très durs. On a Nancy Karetak-Lindell qui a été députée du Nunavut de 1997 à 2008. Elle était députée libéral, elle était secrétaire parlementaire du ministre des Ressources naturelles en 2003 et a présidé le Comité permanent sur les affaires autochtones et développement du Grand Nord de 2004 à 2005.

(applaudissement)

Nous avons aussi Jose Kusugak, ex-président … pas Hosé, il n'est pas mexicain vous savez, Jose… Esquimo si vous voulez, si vous insistez. Donc ex-président de l'Inuit Tapiriit Kanatami, l'organisation nationale représentant les Inuits du Canada. Il a contribué à la normalisation de l'Inuktitut, la langue inuit et à la négociation de l'entente sur les revendications territoriales du Nunavut. Il a travaillé pour CBC, il a été président de Nunavut Tunngavik inc. et de ITK.

(applaudissement)

Et Ed Picco qui a été élu pour la première fois à l'Assemblée législative des Territoires du Northwest en 1995, a été membre de l'Assemblée législative du Nunavut de 1999 à 2008. Il a occupé plusieurs postes au Cabinet du Nunavut notamment ministre de la Santé et des Services sociaux et ministre de l'Éducation.

(applaudissement)

Alors maintenant je donne la parole à Rick Boychuk.

Rick Boychuk : Merci beaucoup Chris, bienvenue à tout le monde. D'abord, je dois vous dire que, même si les panélistes vont s'exprimer en anglais, vous pouvez poser vos questions dans la langue que vous souhaitez, Inuktitut, français ou anglais, il y a des interprètes. Nous allons demander à chaque panéliste de faire un très bref exposé et je leur ai demandé de répondre à la question suivante : quel est le défi le plus important pour le Nunavut dans les 10 prochaines années. Évidemment, on pourra parler aussi des accomplissements du Nunavut durant ses 10 premières années. Donc, on commence Jose.

Jose Kusugak : Merci Rick. En fait, ces lunettes ne m'appartiennent pas mais ça me fait paraître tellement cool que je ne résiste pas au plaisir de les porter. Moi aussi je veux remercier la Société royale de géographie, l'université Carleton et la Fondation Gordon. Je dois dire parce qu'il y a des gens ici de First Air, que Canadian North a fait un effort pour nous amener ici à l'heure, mais il y a eu certains problèmes mécaniques.

(applaudissement)

J'étais à Walmart comme le fait un bon Inuk quand il vient à Ottawa, j'étais à Walmart hier et j'ai vu un CD, c'était Zappa joue Zappa, donc c'était le fils de Zappa qui jouait la musique de son père. Et il a cité son père Frank Zappa qui disait « le progrès n'est pas possible si on ne s'écarte pas de la norme ». Ceux d'entre vous qui avaient entendu Frank Zappa et connu Frank Zappa savaient qu'il a vécu de cette manière-là, en s'écartant des normes. Et il disait aussi, il ne faut pas manger de neige jaune. Bon, ça c'est autre chose. Je m'excuse à l'avance aussi si je choque certains d'entre vous par ce que je vais dire. Parce que je sais que beaucoup d'entre vous avez fait partie du gouvernement du Nunavut, il y a d'ex-membres de l'Assemblée législative. Donc, écoutez, je tiens à être sincère et à exprimer les critiques que j'ai envie de formuler sans me préoccuper du fait que je choque un tel ou un tel.

Alors, si on compare le Nunavut avec les Territoires du Nord-Ouest, les TNO ont eu 30 années de vie comme territoires avant d'acquérir l'autonomie gouvernementale, d'avoir leur propre gouvernement. Donc, comparer le Nunavut aux Territoires du Nord-Ouest, ce n'est pas tout à fait juste. Il faut longtemps pour acquérir une tradition de fonction publique, l'exemple que j'utilise toujours, c'est l'université McGill qui avait commencé avec des séminaires de Jésuites, il y a plus de 130 ans. Et donc, ça lui a pris plus de 100 ans pour se faire reconnaître comme une université excellente ce qu'elle est aujourd'hui. Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, ses cadres étaient des gens du Nord qui avait commencé leur service dans des régions isolées, dans des petites communautés isolées et beaucoup avaient travaillé pour la compagnie de la Baie d'Hudson, parfois en occupant des emplois relativement mineurs et en montant dans la hiérarchie. Ils comprenaient leur rôle, ils comprenaient le rôle des politiciens et étaient très sensibles aux limites, aux frontières de chacun. Le Nunavut n'est pas encore là. Beaucoup de fonctionnaires n'ont pas servi dans les communautés, n'ont pas passé beaucoup de temps dans le Nord. Et c'est frustrant pour des employés qui ont passé leur vie dans l'Arctique et qui comprennent la première langue de la population locale et qui travaillent avec des collègues qui sont souvent leur patron qui ne connaissent pas cette langue et qui ne connaissent pas le Nunavut et qui parfois ne savent même pas qu'ils ne savent pas. Et il va falloir un certain temps pour régler ça.

Le Nunavut était censé donner aux Inuits et aux autres populations le contrôle des principaux programmes gouvernementaux pour qu'il puisse être adapté aux traditions et aux valeurs de l'Arctique. À cet égard, je crois que le gouvernement du Nunavut a fait une erreur fondamentale très tôt dans son mandat. Et il y a encore beaucoup de chemin à faire. Lorsque les TNO ont été divisés, ils ont acquis le contrôle de leurs services de santé et de leurs services sociaux par le truchement d'organismes d'administration régionaux et ils ont géré tous leurs budgets et les cadres supérieurs étaient recrutés par les conseils d'administration qui établissaient les priorités et qui prenaient les décisions difficiles. Ces conseils concernant l'éducation et la santé étaient censés respecter les Inuits et les gens du Nord qui donnaient des orientations très claires au directeur des deux programmes. Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest avait fait un bon travail pour faire comprendre aux membres des conseils que leur rôle était d'élaborer les politiques et de ne pas mettre leur nez dans le fonctionnement quotidien des organismes. Et ces conseils ont fait beaucoup de progrès dans beaucoup de secteurs. Les conseils de la santé ont formé des politiques qui étaient culturellement adaptées aux traditions locales, à la culture locale. Ils ont transféré des procédures médicales, des services médicaux du sud du Canada vers le nord à partir d'Ottawa ou de Montréal par exemple. Et ils ont contribué à l'organisation de services de santé adaptés aux besoins locaux. Dans la région de Baffin, le processus a mené à l'accréditation de l'hôpital de Baffin en fonction des normes nationales. Le conseil de la santé a réclamé des services culturellement adaptés aux populations locales. Sur le plan de l'éducation, le conseil de l'Éducation a promu le développement de programmes scolaires fondés sur l'histoire et la culture des populations locales. Il a contribué au recrutement d'enseignants et à leur formation. Ce qui était frappant au sujet des conseils scolaires et des conseils de la santé, c'était que ces conseils ont le contrôle réel des budgets et de l'établissement des priorités dans le cadre du mandat établi par la loi. Dans les deux ministères, on a recruté les P.D.G. des conseils en les forçant à rendre des comptes de leur travail. Ils établissent les politiques dans des domaines complexes. J'ai constaté ça de première main quand j'étais directeur régional pour CBC à l'époque. Et quand mes enfants grandissaient, je m'intéressais au conseil scolaire, je voulais faire partie du conseil scolaire et CBC ne l'autorisait pas. Donc, j'ai pris contact avec le président de CBC et il m'a donné une dispense. Mais les gens avec qui j'étais au conseil, c'était des gens de Rankin Inlet, des Inuits, des anciens qui ne parlaient que l'Inuit, l'Inuktitut, mais pour des raisons qui n'ont jamais été bien expliquées, se ce n'est que pour dire que ça ferait économiser de l'argent, le nouveau Cabinet a décidé que les conseils scolaires et les conseils de santé seraient dissous, décision prise très rapidement sans consultation sérieuse au mépris des intérêts et de l'opinion des anciens Inuits et on leur a dit que leur conseil, leur service n'était plus nécessaire. Ils devaient être remplacés par des ministres du Cabinet et par des membres de l'Assemblée législative qui allaient apparemment rendre plus de comptes sur la prestation des services. Avant leur dissolution, les conseils d'éducation et de santé faisaient la promotion vigoureuse des services de santé et d'éducation, ils exerçaient des pressions auprès des politiciens du ministère de la Santé et de l'Éducation et faisaient auprès de ces ministres pour avoir les fonds nécessaires pour fonctionner correctement. Mais je pense que le gouvernement s'est senti menacé par ces conseils régionaux et au lieu de comprendre leur talent, leur rôle, les ministres ont assumé le contrôle d'une bonne partie du budget du gouvernement et les nouveaux ministres et le gouvernement se sentaient menacés par les conseils qui étaient dirigés par des leaders communautaires respectés. Et finalement, ils ont pris le contrôle des conseils et ont eu le pouvoir de nomination des membres, ils ont remplacé les personnes responsables et ils ont pris le contrôle de la situation.

Je crois que la dissolution des conseils de santé et d'éducation sans contribution des Inuits, sans consultation en les remplaçant par des bureaucrates qui n'ont qu'une compréhension minime de la culture inuite et parfois des idées très fausses sur la culture et les valeurs inuites. Et de ce fait donc, le ministère a rapidement perdu de sa crédibilité et de son efficacité. Et c'est essentiellement pourquoi les services de santé et d'éducation ne sont pas considérés comme fonctionnant de manière efficace au Nunavut.

Je sais que le temps passe. Mais j'ai un livre à lire. Je sais qu'on n'a pas le temps, je n'aurai pas le temps de tout lire mais j'espère que ça fixe quand même certains paramètres c'est-à-dire que ça m'a permis de dire qu'il y avait certaines choses qui marchaient au Nunavut et dans les Territoites du Nord-Ouest. Et pour une raison qu'on comprend mal, ce pouvoir que détenaient les populations locales a été supprimé, a été accaparé par des bureaucrates, voilà. Je tenais à le dire.

Chris : Merci Jose. Alors ça, c'était donc un point de vue de l'extérieur du gouvernement. Maintenant Ed Picco va nous présenter un point de vue de l'intérieur du gouvernement.

Ed Picco : Merci. Écoutez, non très franchement, je ne touche pas à ça. D'abord, je tiens à vous remercier. Je vais très brièvement parler du Nunavut, du gouvernement du Nunavut. Il y a des choses dont on discute au Nunavut depuis une dizaine d'années et ce qui est important c'est de voir comment nous envisageons le Nunavut pour les dix prochaines années. Et donc, comme vous les savez tous et toutes ici, l'histoire des revendications territoriales du Nunavut remonte à bien avant 1999. Ça remonte aux années '70 lorsque Jose, M. Curley et beaucoup d'autres ont fait beaucoup d'efforts pour formuler la revendication territoriale des Inuits et elle a été signée à Iqaluit en 1993 par le premier ministre Mulroney. Et dans la période de six ans qui a amené à la création du Nunavut en 1999, je voudrais parler un petit peu de cette période de six ans parce que j'ai été impliqué dans ce processus. Nous avions bâti un cadre gouvernemental, nous nous étions penchés sur la logistique, sur le processus financier. Beaucoup de gens ont peut-être oublié ou ne savait pas ce qui c'était passé dans ce processus. On n'avait pas de capital. Donc une des premières choses, ça avait été de nous entendre sur un processus de plébiscite pour choisir une capital. On n'avait de drapeau, on n'avait pas d'emblème, on a dû adopter une loi habilitante pour créer les deux territoires. Il y a eu beaucoup de questions difficiles qui se sont reflétées dans la création du Nunavut. Mais ce que nous ne voulions pas c'était que le gouvernement du Nunavut soit un clone du gouvernement des TNO. Et dans ce contexte, en 1995-1996, quand je pense à ce qui s'est passé ces derniers mois ici au Canada, je pense qu'on doit prêter attention, grande attention à ce qui s'est passé en 1995-1996. Parce qu'en 1995-1996, ce qui est arrivé c'était l'élection du Parti libéral. Et tout le monde sait sans doute que j'ai été membre à long terme du Parti libéral et j'ai appuyé M.Paul Martin, même lorsqu'il avait été candidat contre M. Chrétien. Mais donc lorsqu'il a pris le pouvoir en 1995-1996, le gouvernement canadien avait un énorme déficit et politiquement et intérieurement, le Canada était dans une situation extrêmement difficile. Et vous savez, il était absolument indispensable de réduire notre déficit. Et donc 1996, arbitrairement, le gouvernement du Canada a coupé le budget des TNO de 100 $ millions, 60 $ millions la première année, 40 $ millions la deuxième année. L'impact sur les Territoires du Nord-Ouest a été spectaculaire. Et je dois vous dire qu'il a été catastrophique en fait. Nous avons perdu quasiment 14 % de notre budget total.

À ce moment-là, le gouvernement des TNO et le ministre des Finances était John Todd, un politicien averti, j'ai eu beaucoup de différents politiques avec lui mais M. Todd était chargé d'équilibrer notre budget. Et donc, nous avons réduit des salaires, nous avons coupé le secteur public et pour la première fois dans les TNO et dans le Grand Nord, des gens ont perdu leur emploi. À Iqaluit, 40 personnes, 40 membres du gouvernement ont été mis à pied. C'était traumatisant. Je représentais Iqaluit à ce moment-là, c'était la plus grande collectivité des TNO, à part Yellowknife et nous avons dû assumer notre juste part des coupures budgétaires et d'effectifs. Je me souviens à Iqaluit, nous avions organisé une réunion publique et beaucoup des gens qui y avaient participé en 1996 sont ici. Et des gens avaient lancé des œufs contre mon véhicule, contre M. Todd. C'était pas facile parce qu'on devait équilibrer notre budget. L'assemblée législative des TNO a dû dresser des plans pour créer le Nunavut et on a dû équilibrer notre budget avec un déficit de 100 $ millions. Et dans ce cas-là, en deux ans, on a dû créer le Nunavut. Donc, le Nunavut a démarré avec des handicaps énormes dès le départ sur les plans financier, logistique, de fonctions publiques, de services publics, etc. et les gens oublient ça. Bon imaginez maintenant ce qui va se passer. On a dû équilibrer le budget, on a dû assumer ces coupures, ces réductions d'emploi. M. Martin était ministre des Finances, une personne très gentille et il est venu à Iqaluit, il m'a dit à un moment, il m'a dit, vous savez quand vous recevez $0.95 de chaque dollar du gouvernement fédéral et bien vous n'avez pas de marge de manœuvre. Et c'était ça le scénario, c'était ça le contexte de la création du Nunavut. Nous avions un ministre des Affaires indiennes à l'époque, M. Irwin qui avait dit que les deux territoires ne coûteraient pas plus qu'un seul territoire. Vous vous souvenez de ça. On était à une réunion et il a dit, créer deux territoires ça coûtera pas plus cher qu'un seul territoire. Donc en fait, ce qu'a fait le gouvernement de l'époque, c'est qu'il a coupé le budget des territoires en deux, et il a donné au Nunavut 100 $ millions de plus pour l'infrastructure c'est-à-dire une nouvelle école, des logements, etc. mais c'était loin de répondre aux besoins qu'y existaient au Nunavut à l'époque. Et donc, on a été créé dans un contexte très négatif. Ensuite, le gouvernement fédéral n'a rien fait pour augmenter le budget et même à ma connaissance, et on me contredira si je me trompe, on n'a jamais fait d'études coût-bénéfice pour voir ce que ça coûterait de gérer deux territoires. Et donc en fait, on a reçu la moitié des deux territoires 100$ millions et on a dit débrouillez-vous. Voilà. 1 avril 1999, vous vous débrouillez.

Lorsque ce budget est arrivé, il n'était pas complet même parce que les 100 $ millions qu'on avait enlevés du budget de base en 1995-1996 n'avait pas été remplacés. Et donc, 15 % du budget total n'existait même pas. Et donc, en 1999, on a dû fonctionner avec la moitié du budget des TNO et 100 $ millions donc de financement d'infrastructure, comme j'ai dit.

Le Nunavut couvre trois fuseaux horaires. On devait fournir des services et quasiment 30% de notre budget de l'an dernier, 30% a été consacré à des subventions pour l'électricité,le pétrole et le gaz naturel. Le Nunavut est la seule juridiction qui doit acheter 100 % de son carburant un an à l'avance et le livrer à sa population. Et on devait subventionner ça. Bon, au Nunavut, dans les établissements sociaux, vous payez $0.06 pour un kilowatt-heure. Dans une maison privée, ils payent $0.37 au Nunavut. 60% de la population vit dans des logements sociaux, on a dû subventionner ça parce que les gens ne peuvent pas assumer les coûts réels. Donc, quel est le plus gros défi du Nunavut pour les dix prochaines années? Je laisse de côté les notes que j'avais préparées. Je dois vous dire qu'est-ce que je vois quand je réfléchis aux dix prochaines années. Je ne suis pas né au Nunavut, j'ai vécu au Nunavut pendant vingt ans, vingt-cinq ans, je suis fier d'avoir pu travailler avec le gouvernement, de pouvoir élever une famille au Nunavut. Je ne suis pas né au Nunavut mais le Nunavut, c'est mon foyer. Et quand je réfléchis aux dix prochaines années, je vois la situation budgétaire actuelle du Canada qui représente le défi le plus grave pour le Nunavut. Parce que l'an dernier par exemple, plus de 270 $ millions ont été dépensés par des compagnies minières pour le rétablissement de certaines régions, de certaines d'exploitations et toutes les communautés en bénéficiaient. Et les gens au Nunavut sont trop axés sur Iqaluit. On dit toujours qu'est-ce qui se passe à Iqaluit? Mais il faut regarder ailleurs qu'à Iqaluit. Il y a beaucoup d'autres communautés et le développement économique dans nos communautés, c'est important. Et la seule activité à part l'exploitation minière, c'est la construction, construire des écoles, construire des logements. C'est quasiment la seule possibilité de développement économique qui existe. Sauf depuis quelques années où l'industrie minière a pu investir. Mais maintenant, on voit que certaines possibilités économiques sont disparues, n'ont pas été utilisées, n'ont pas été exploitées et quand on voit le contexte et la conjoncture mondiale, ça nous fait peur. Donc ce qu'on doit faire maintenant comme gouvernement du Nunavut, c'est obtenir que l'accord de dévolution soit signé pour donner au Nunavut la possibilité de contrôler les redevances venant de l'exploration minière, du développement hydraulique, etc. Au Nunavut, à l'heure actuelle et on ne le sait pas, mais le Nunavut a à peu près 25 % des réserves connues de pétrole et de gaz naturel du Canada. On avait un puits à côté de Resolute Bay qui produisait du pétrole. Et ça a marché pendant trois ans. Et ce pétrole-là était tellement pur qu'il allait directement à l'usine de Resolute Bay, sans devoir être raffiné. Par contre, il avait un gros contenu en sédiment, donc on a dû apporter des changements. On a des diamants, on a de l'or, on a de l'uranium. À l'heure actuelle au Nord d'Avigulik et l'île de Baffin a le site de minerai de fer le plus pur au monde. Donc il y a toutes ces possibilités, toutes ces richesses qui existent et qu'il faut utiliser, qu'il faut exploiter. Et la plus grande ressource naturelle que nous avons au Nunavut, c'est notre population. Je termine.

C'est bon pour moi ce soir de voir tant d'étudiants du programme NS. J'ai rencontré un jeune d'Arviat qui est à Carleton qui fait un baccalauréat en Humanités. Nous avons plus de 300 étudiants qui étudient au sud à l'université, il y a dix ans, il y en avait 100. À titre de parent qui a élevé sa famille dans le nord, mon fils est à St John à l'université en informatique, j'ai une fille qui vient de diplômer. Bon à titre d'ancien ministre de l'Éducation oui, il y a encore des problèmes d'éducation au Nunavut. Mais, plutôt que de toujours avoir une attitude négative au sujet de ce qui se passe, parfois, il faut regarder les choses de façon positive dans le climat fiscal d'aujourd'hui et le climat politique qu'on a, je me dis que le verre est à moitié plein. Souhaitons de belles choses qui se sont perdues au cours des dix dernières années au Nunavut. On ne voyait jamais dans les Territoires du Nord-Ouest, j'étais membre de l'assemblée, le premier ministre ne venait jamais nous visiter. Nous ne voyions jamais le ministre des Finances ou de la Santé ou peut-être une fois de temps en temps on avait leur visite. On était la deuxième plus grande collectivité du territoire. Je sais que maintenant que les ministres de l'Éducation et de la Santé visitent les collectivités. On essaye de rapprocher le gouvernement du peuple. Ce n'est pas parfait, bien sûr que non. J'ai dit à M. Bell ici au panel qu'avant d'écrire mon petit discours, j'ai été voir ce que les journaux nationaux disaient au sujet du Nunavut il y a dix ans. Et ils disaient, bon, des gens pensaient que ce serait un échec dans les trois ans et que le gouvernement fédéral nous prendrait en main. D'autres ont dit qu'il y aurait de grandes erreurs, etc. Mais non, il n'y a pas eu d'insurrection, il n'y a pas eu de morts, il n'y a pas eu de coup d'État. Je pense qu'on s'est assez bien débrouillé. Avons-nous fait des erreurs? Certainement. En ferons-nous encore? Mais bien sûr. Mais pour la première fois, c'est le people du Nunavut qui a le contrôle de leur propre destin. Et avec de l'aide de nos partenaires au fédéral, le gouvernement du Canada, nous sommes fiers d'avoir Leona ici ce soir, notre député et nous pouvons aller de l'avant. Donc encore une fois, je répondrai à vos questions tout à l'heure en temps et lieu.

Rick : Merci Ed. Petite leçon d'histoire pour nous rappeler les choses. Jim Bell observe le Nunavut depuis 10 ans. Il a été à Iqaluit depuis avant mais il est un homme de la place et a pu observer le développement du territoire au cours de ses 10 premières années de vie. J'ai bien hâte d'entendre quelle est son opinion sur les plus grands défis auxquels le Nunavut fait face.

Jim Bell : Merci Rick et merci à Bibliothèque et Archives Canada, à la revue Canadian Geographic et à mes amis qui m'ont invité à être ici aujourd'hui. C'est flatteur et je l'accepte avec humilité. Depuis que j'ai reçu l'invitation il y a quelques mois, je songe au propos que je tiendrais et aussi au sujet du sens du 10e anniversaire du Nunavut. Jusqu'alors, j'étais trop occupé pour y réfléchir vraiment, ça a été pour moi quelque peu une surprise de me rendre compte que ça faisait déjà dix ans, le temps passe si vite. Depuis le 1er avril 1999, c'est la course folle. Une chose n'attend pas l'autre. J'aimerais aussi remercier Jose et Ed pour le rappel historique. J'aimerais parler un peu de l'avenir. La question c'est, quel est le plus grand défi auquel le Nunavut fait maintenant face pour les dix années à venir? Selon moi, la seule de façon de décrire ce plus grand défi, c'est de parler de développement humain. Au Nunavut, beaucoup de gens nous parlent d'éducation, de formation et le grand besoin qu'il y a de préparer les jeunes pour le travail au gouvernement, dans les industries dont les mines, etc. C'est un élément important du développement humain. Mais le développement humain est plus large que ça. Je crois que nous devons également faire preuve d'un effort novateur et très large sur d'autres domaines tel que la santé publique qu'on appelle maintenant le bien-être. Nous avons besoin de beaucoup plus en matière de santé publique y compris la santé mentale. Nous devons commencer à porter plus d'attention à ce qui se passe à l'intérieur du système pénal, le système de justice et de voir comment ce système fait face au taux de criminalité très élevé au Nunavut. Nous devons regarder toutes les toxicomanies et autres sujets de la sorte. Je vous donne des exemples de la raison pour laquelle j'accorde de l'importance à cela. Avant de venir ici, tout juste avant, j'ai examiné les derniers rapports sur l'emploi des Inuits. Ce rapport fait état du nombre d'employés au gouvernement, combien d'Inuits travaillent pour le gouvernement, combien de non Inuits travaillent pour le gouvernement, combien de postes sont comblés, combien sont vacants et toute cette sorte de choses. Ces chiffres donnent lieu à beaucoup d'argument et de débats au Nunavut en partie à cause de l'importance pratique croissante de l'emploi d'Inuits au sein du gouvernement du Nunavut. Les gens discutent des pourcentages, etc. Je pense que les gens sont un petit peu trop obsédés avec les chiffres, ais c'est comme ça au Nunavut en ce moment. Et à ce moment-ci, au sein du gouvernement du Nunavut, le plus grand employeur du Territoire, peut-être 1/3 de la force ouvrière et fonctionnaire, donc c'est le plus grand employeur de loin. C'est aussi une institution politique centrale donc bien entendu, alors il y a 3, 849 postes. De ces 3,849, 2,942 de ces postes sont comblés. 907 postes pour être précis sont vacants, 907 postes vacants dans un territoire où le taux de chômage dépasse les 12 %. Les plus petites communautés ont même des taux de chômage allant jusqu'à 23 ou 25%. Et même dans les dix collectivités les plus grandes, où se trouvent le plus grand nombre d'emplois, parce qu'il y a eu beaucoup de décentralisation des officiers du gouvernement alors le taux de chômage là est de 8 ou 9% ce qui est presqu'acceptable quoi. Et bien malgré tous ces chômeurs disponibles, il y a 907 postes vacants au sein du gouvernement du Nunavut. Si on examine les chiffres d'un peu plus près, on découvre que, par exemple, au ministère de la Santé et des Services sociaux, ministère d'une importance capitale bien entendu dans un territoire qui souffre de problèmes de santé et de problèmes sociaux très importants, comme c'est le cas chez nous, bien le travail de ce ministère est très important, mais seulement 59% des postes de l'organigramme sont comblés. Cela signifie que 4 postes sur 10 au ministère de la Santé et des Services sociaux sont vides. Je pense qu'on utilise des employés à contrat et des agences pour combler les postes de travailleur social et d'infirmier et infirmière. Mais si le ministère dont les travailleurs de première ligne sont ceux qui aident les gens, les travailleurs sociaux qui sont réfèrent au counselling, les infirmiers et infirmières qui donnent, pratiquent des soins de santé en cas de blessures, maladies des enfants, il s'agit donc d'une situation extrêmement sérieuse. Je crois que le problème prend racine partiellement dans les événements du milieu des années 1995 dont Ed a parlé. Le gouvernement du territoire du Nord-Ouest à l'époque dont le Nunavut en partie a été forcé à couper les salaires et le nombre de postes simplement pour en arriver à équilibrer son budget, amputé de 100 $ millions. Comme Ed l'a dit, le gouvernement du territoire du Nord-Ouest de l'époque a pu imposer une entente salariale sur la fonction publique territoriale qui comprenait une coupure de 6,5% du salaire, enlevait l'aide au déplacement pour fins de vacances et autres avantages, ils ont également vendu les logements utilisés pour loger le personnel. Tout cela a eu lieu vers 1995-1996, c'est à cette époque que la voiture d'Ed a été vandalisée et beaucoup de gens étaient très fâchés. Moi je l'ai vu à partir d'Iqaluit où beaucoup d'employés du gouvernement d'alors avaient perdu leurs emplois. Et ça, c'était seulement 2 ou 3 ans avant la création du nouveau territoire du Nunavut. En 1997, après qu'on ait monté le bureau du commissaire intérimaire en 1997 je pense, commencer à poser les bases d'un nouveau gouvernement du Nunavut, ils ont dû engager de nouveaux employés dans un environnement où il n'y avait pas de logements pour le personnel. Ils ne pouvaient pas fournir de l'aide au déplacement pour vacances. Donc vous savez cette aide de déplacement pour vacances, c'est très important. Si vous êtes à Ottawa, ça vous touche pas mais si vous êtes dans une petite collectivité bon, si vous êtes à Artic Bay, Pond Inlet ou Grise Fiord, Resolute Bay, Igulik ou une autre collectivité de la sorte, si vous n'avez pas l'aide pour vous déplacer, ça peut vous coûter des milliers de dollars chaque année simplement pour partir en vacances ou pour visiter vos parents dans une autre collectivité. J'estime que c'est un facteur désincitatif qui agit encore par rapport à ceux qui songeraient peut-être à travailler pour le gouvernement. Bien sûr, ça n'explique pas les carences qu'on a en ce moment mais c'est un facteur. Un des bons points, une des belles choses arrivées au Nunavut dans les trois à cinq dernières années, c'est que l'économie tourne bien, roule bien. L'ancien premier ministre, M. Okalik, dans son discours cet après-midi a vanté le taux de croissance du Nunavut à ce moment-là, qui a excédé celui de l'Alberta. Et c'est vrai, notamment en 2007, l'économie du Nunavut a augmenté de 10 ou 11 % et plusieurs centaines de nouveaux emplois ont été créés en construction, dans les mines et dans les emplois saisonniers mais aussi de façon générale pour la croissance du gouvernement. Ces éléments ont aidé à soutenir la croissance d'une classe moyenne inuite. Il y a toujours eu des Inuits de classe moyenne depuis longtemps, mais ces dernières années, cette classe moyenne a augmenté en nombre de façon importante et c'est très important cela car c'est cette classe-là de laquelle toute société tire ses dirigeants, la classe qui apporte de la stabilité et le leadership à une société en général. Ce fait donc une bonne chose mes amis, mes voisins, etc. et ce groupe a profité beaucoup de la création du Nunavut. Par contre, ceux qui n'ont pas pu participer dans la création du Nunavut par exemple par un emploi au gouvernement, que ce soit à cause de problèmes sociaux, à cause de manque d'éducation, de problèmes de santé ou pour d'autres raisons, ces gens-là, ça n'a pas été bon pour eux. Et ce que nous voyons maintenant, c'est une division de classe qui se dessine au Nunavut, qui produit quelques ressentiments. Quand vous entendez des gens dire que le Nunavut n'a rien fait pour nous, ça n'a fait aucune différence, souvent c'est une frustration économique qui s'exprime là. Il s'agit de personnes dont la vie matérielle ne s'est pas améliorée. Et je pense que c'est plus particulièrement dans les plus petites collectivités où les taux de chômage sont très élevés et où les gens se sentent délaissés par le gouvernement d'Iqaluit. C'est pour ça que j'estime le développement humain comme de prime importance, c'est de la sorte que nous allons surmonter ces problèmes.

Rick indique sa montre, ça ça veut dire que je déparle. En terminant donc. J'aimerais vous dire que le développement du capital humain comme on réfère en économie, on entend parler d'infrastructure et tout cela. Oui c'est important, le Nunavut a des besoins presqu'infinis en matière d'infrastructure mais, si le Nunavut doit se donner une priorité pour les dix prochaines années, ça doit être les gens. Merci.

Rick : Merci beaucoup. Jim. Nancy Katerak-Lindell a été élue à la Chambre des Communes en 1997 avant la création du Nunavut et a continué à servir comme député pour le territoire à la Chambre des Communes jusqu'à l'année passée. Donc, elle apporte un point de vue unique à l'attitude du fédéral envers le Nord et au Nunavut en particulier et j'ai bien hâte de l'entendre nous parler des défis qu'elle entrevoit pour l'avenir.

Nancy Katerak-Lindell: Merci beaucoup je suis enchantée d'être ici. Je suis honorée d'être ici et j'aimerais remercier les gens qui ont commandé cette célébration. Je suis honorée d'être une des panélistes et je remercie les commanditaires dont les noms ont été mentionnés. J'essaie de respecter le temps qui m'a été imparti. Donc je ne mentionne pas tous les commanditaires. Je ne les nomme pas. Quand on nous a demandé quel serait le plus grand défi pour l'avenir du Nunavut, comme les autres membres du panel, avons songé longtemps. On nous a donné beaucoup de temps pour nous préparer et trouver quelque chose à mentionner qui provoquerait la discussion et bien sûr nous allons répondre aux questions aussi. J'ai donc songé longuement au sujet à choisir, savoir le défi, le grand défi du Nunavut pour les dix prochaines années. Nous devons pour regarder l'avenir voir d'où nous venons. Je me souviens moi du 1er avril 1999, l'occasion était difficile pour moi. En effet, j'étais très heureuse d'être là mais malgré cela, c'était mon premier grand événement public depuis la mort de mon mari. Pour moi, ça a été le point qui a défini le reste de ma vie. On fait toujours face au défi dans la vie et dans nos gouvernements et dans nos pays mais comment persévérer, comment inspirer d'autres à poursuivre la marche de la vie. Et c'est quelque chose est propre à notre culture aussi. Pour le Nunavut donc ce serait entretenir l'espoir que nous ressentions alors au 1er avril 1999. Les gens étaient remplis d'espoir, alors les gens marchaient d'un pas plus léger, les gens se disaient qu'ils avaient un rôle comme Inuit de faire partie de ce pays du Nunavut, d'être impliqués dans la prise de décision politique, d'être impliqués dans les changements de façon de faire du territoire de sorte qu'il devienne notre territoire. Bon, les gens vont peut-être dire, c'est un peu trop idéaliste mais pour que nous réalisions des choses dans la vie, il nous faut avoir une attitude, la bonne attitude et la bonne détermination aussi. C'est pour cela que, ayant quatre fils, mon but comme mère est d'entretenir cet espoir, savoir qu'ils ont un rôle à jouer dans l'avenir du Nunavut. Chacun de nous jà chaque génération a un rôle à jouer en son temps dans ce monde et dans ce territoire qui change constamment. Jose a tout à fait raison de dire que, par rapport aux attentes élevées qu'on avait pour le Nunavut, les choses ne se placeront pas du jour au lendemain, ça a pris des centaines d'années pour en arriver où nous sommes. Mais les gens veulent des résultats hier. On ne nous permet pas de faire des erreurs, d'apprendre les leçons de nos erreurs et de poursuivre nos efforts. Alors je voudrais baser mes commentaires sur la culture Iqaluit, comment l'incorporer dans les politiques et la législation du Nunavut pour que ça ne soit pas de la frime, comment faire en sorte que les gens sentent qu'ils contribuent. Les gens parlent beaucoup du renforcement de la capacité. Quant à moi, c'est une question d'aller chercher une capacité des gens là. Vous savez nous n'en sommes pas où nous sommes en tant qu'Inuit en étant stupide, sans prendre de risques. Nous sommes là parce que nous voulions survivre. Nous avions un système de gouvernement entre nous qui nous a permis de survivre. Ce n'est pas comme si on partait de rien. C'est une question d'incorporer cela dans le système actuel. Il y a donc une occasion d'équilibrer les deux approches. Nous savons que nous ne retournerons pas aux façons anciennes d'il y a cinquante ans ou peut-être même d'il y a vingt ans. Nous ne le voulons même pas. Comment aller de l'avant? Les gens qui ont présidé à la création du Nunavut et ça, ça remonte à 20, 30, 35 ans ont produit à un moment donné un rapport qui avait comme titre « Empreintes dans la neige fraîche ». J'ai trouvé cela très joli, cela m'a semblé montrer qu'on allait trouver une nouvelle voix, chose que souvent les gens n'ont pas l'occasion de faire, les gens au Nunavut ont une occasion tout à fait unique de dessiner leur propre avenir.

Je crois qu'il nous faut aller chercher la capacité déjà là, apprendre à l'insérer dans la façon moderne de faire les choses. Nous sommes, je pense, le peuple le plus flexible qu'il y a. Nous avons vu des changements immenses au cours de notre histoire. Je suis ici à titre d'ancienne députée au Parlement d'Ottawa. Parfois, je dois prendre un peu de recul et me dire, j'ai grandi et mon père avait des chiens et un traîneau pour aller à la chasse. Et là, je suis à la Chambre des Communes d'Ottawa, quel changement, comment assimiler cela et continuer à fonctionner. Je vous dis pas cela pour me vanter mais c'est simplement pour vous montrer que j'ai vu d'autres gens le faire également et c'est parce que je les ai vu que j'ai pu moi-même le faire. Alors souvent, nous nous sous-estimons comme Inuit, nous sommes parfois notre pire ennemi en disant nous ne sommes pas capables de faire cela. Notre défi à titre de résident du territoire, c'est d'entretenir cet espoir de nous assurer que mon fils qui est au programme NS ici en ville, pense qu'il a aussi un bon avenir avec ses collègues étudiants, qu'il y a quelque chose qui les attend qu'ils auront un rôle important à décider du genre de gouvernement que nous aurons, des gens que nous allons élire. J'ai des parents très actifs qui l'ont été toute leur vie. Ils ont près de 75 ans. Si je faisais les choses à ma façon, bon moi, je leur donnerais des doctorats de vie, je crois que leur connaissance, leur savoir le vaut bien. Mais les gens appellent souvent mon père un chasseur. Bon on est accroché avec les titres dans notre société. Je pourrais l'appeler un climatologue, un spécialiste de la faune. Ma mère a été impliquée dans les gouvernements toute sa vie mais on l'appelle simplement ancienne parce qu'elle a 76 ans. Elle pourrait avoir 10 titres en ce qui me concerne ou juste un doctorat accroché au mur pour ce qu'elle vaut. Comment faire passer cette croyance à nos jeunes que nous sommes à la hauteur et que cette connaissance est là. Nous ne sommes pas où nous en sommes sans avoir cette connaissance que l'on s'imagine avoir que si on a été à l'école et qu'on a plusieurs lettres étalées derrière notre nom. Nous devons donc insérer la culture inuite et croire que nous avons la capacité de faire face aux défis qui seront toujours là. Et s'il y a un problème économique cette année, et bien l'année prochaine ce sera autre chose. Et l'année suivante autre chose. Il y aura toujours des défis. Comment y faire face et comment y faire face vigoureusement. Et bien, nous sommes un peuple flexible j'ai grande foi dans la capacité des gens autour de moi à l'effet qu'ils puissent le faire. Il faut leur confier cette responsabilité plutôt que de simplement comme le dit Jose, je ne veux offenser personne, plutôt que de juste engager un expert conseil qui va passer quelques années au sein de nous, ils n'achèteront pas de maison, ils n'achèteront pas la plupart de la nourriture, ils descendent au sud et ramènent leur nourriture avec eux, ils n'appuient pas donc l'économie locale, les magasins locaux et bon, c'est sûr qu'on a tous besoin de faire le plus avec notre argent et leurs enfants ne vont pas à l'école [53 :36 inaudible]. Donc ces gens, leur désir profond d'améliorer Nunavut n'est pas aussi fort que le mien, j'y vis, j'ai une maison là, j'ai élevé mes enfants là. Comment passer ce message à nos jeunes et même à des gens un peu moins jeunes de sorte qu'ils aient l'espoir qu'eux ont quelque chose à contribuer au territoire. Et avec cette capacité, nous pouvons faire face aux problèmes d'éducation avec les problèmes du système de soins de santé et les besoins d'infrastructure. Mais nous devons communiquer cette habilité aux gens pour qu'ils puissent faire face aux défis qui vont se présenter à eux. Je vous remercie.

Rick : Nancy, merci Nancy pour ce message d'espoir et le fait que sauvegarder cet espoir est un élément critique pour le Nunavut. Je me rappelle l'étonnement que nous avons senti lorsqu'on a annoncé la création du Nunavut, quel acte audacieux et quelle occasion merveilleuse pour ceux ici qui étaient impliqués dans ce processus. Nous allons maintenant recevoir vos questions. Vous pouvez les poser dans l'une ou l'autre des langues officielles. Je vois Graham Fraser, Commissaire aux langues officielles, sans doute aura-t-il des questions sur les lois linguistiques du Nunavut et aussi l'auteur de l'histoire, de la pièce de notre journal de notre numéro du mois de janvier sur le 10e anniversaire du Nunavut.

Membre de l'audience : Je suis [55:32 inaudible]. Je représente la table ronde Nord-Sud et nous avons des projets dans des pays en voix de développement. Ma question est la suivante : avec la baisse économique mondiale, les gouvernements, pour résoudre cela, appuient les dépenses d'infrastructure. Quelle serait la part du Nunavut dans le total canadien et est-ce qu'il y a des études de faisabilité que nous pourrons examiner touchant l'utilisation de l'infrastructure?

Rick: Bon, qui veut se tenter là-dessus? Oui Jim, vas-y.

Jim : Je voyageais pendant la moitié de la journée hier et moi non plus je n'ai pas lu tout ce que j'aurais dû lire au sujet du budget fédéral. C'est une question importante que vous soulevez là monsieur. Dans le présent budget qui a été déposé hier, le point le plus important pour le Nunavut a été l'annonce qu'il y aura poursuite d'un programme de construction de logements sociaux lancé en 2006. Le premier était à la hauteur de 200 $ millions et ces sommes sont utilisées pour construire 725 unités de logements sociaux. L'importance de cela vient du fait que le Nunavut manque au moins 3,000 unités de logements sociaux et peut-être même plus. Et aussi, à cause de la croissance de la population, la formation de nouvelles familles, etc.le Nunavut a donc besoin de 270 à 300 unités de logements sociaux à chaque année. Et jusqu'à 2006, nous avions quelques petits programmes par exemple, 40 unités une année, et 80 dans deux ans ou 100, ou je ne sais trop là. En 2000 et 2001, si je me souviens bien, pendant les années '90s et au début des années 2000, la construction de logements sociaux au Nunavut traînait par rapport à la croissance de la population. Cette annonce dans le budget d'hier était donc importante je crois bon j'aurais été plus encouragé si j'avais vu 200$ millions, 300 $ millions sur 3 à 5 ans, de même qu'une annonce que le programme aurait un phase III. Au moins avons-nous là une indication que le gouvernement actuel veut bien construire encore des logements sociaux au Nunavut, c'est très important, cela a une incidence sur la santé, la surpopulation des logements est la plus élevée partout au Canada.

Ed Picco : Très brièvement sur le logement. Jim a fait des remarques importantes. L'important ce n'est pas la construction des maisons mais c'est leur entretien après parce qu'il y a des coûts. Chaque fois qu'on construit une nouvelle unité de logements sociaux au Nunavut, le gouvernement assume 100% des frais d'entretien, le chauffage, etc. C'est à peu près 30 000 $ et en même la SCHL se retire de toutes les unités de logements sociaux au Canada et en fait retire ses subventions. Donc à l'heure actuelle au Nunavut, nous recevons à peu près 47% des coûts des unités de logements sociaux c'est-à-dire pour le chauffage, l'huile, le mazout, le pétrole, etc. Et ça, cette partie-là va disparaître progressivement, et pas seulement pour le Nunavut mais pour les provinces et les TNO. Et donc, le Nunavut va devoir assumer 100% des frais d'exploitation de ces unités de logements sociaux. Donc notre parc immobilier est vieux, il y a des logements qui ont été construits dans les années '70, 80, 90, donc qui vont avoir trente ans et il faut continuer à les entretenir et ça, c'est un coût supplémentaire. Donc c'est très bien de nous donner des nouveaux logements mais il faut aussi nous donner l'argent nécessaire pour les entretenir. Le pourcentage pour le Nunavut, chaque milliard de dollars qui vient de nos partenaires fédéraux, le Nunavut reçoit à peu près 5 $ millions parce que le processus des transferts fédéraux se fait par population. Donc quand vous entendez dire que le gouvernement fédéral a donné 1 milliard de dollars pour la santé et pour les logements sociaux, c'est par habitant et par habitant nous recevons très peu, c'est-à-dire à peu près 5 $ millions. Cependant, je suis très heureux de voir que le Nunavut est mentionné trois ou quatre fois dans le nouveau budget et quand on est politicien et qu'on voit le nom de sa province ou de son territoire dans un budget fédéral, on est très content. Cette fois-ci c'est important. Merci.

Membre de l'audience : À part le logement, la santé, l'éducation, nous de l'extérieur avons le sentiment qu'on accomplissait au Nunavut quelque chose que le Canada ne méritait pas, qu'il y avait une qualité au Nunavut, une différence, un plus qui était au-delà de ce que le pays accomplissait lui-même. Et c'était un plus pour le monde entier. Et nous nous demandons aujourd'hui si le Nunavut qui est proche du Groenland, dans d'autres pays du Danemark, qui a produit un film comme « Atanakjuak » qui est un succès mondial, nous pensions même que le Canada ne ferait pas partie du G8 sans le Nunavut. qui est perçu au Brésil, en Australie et ailleurs comme une figure identitaire. Alors, je ne sais pas de ce qu'on peut conclure de ce que vous dites. Le Nunavut projette le pays au-delà de lui-même et finalement qui se retrouve avec des problèmes qui dans le fond, sont vraiment inférieurs à la qualité, à la mémoire que le Nunavut véhicule pour le monde.

Rick : C'est une observation très intéressante, est-ce que vous avez une question? Non? OK. Merci. Oui madame.

Membre de l'audience: Je suis étudiante au programme Nunavut Sivuniksavut. Je reviens à ce que disait Nancy c'est-à-dire comment est-ce qu'on donne aux jeunes Inuits la fierté nécessaire, la fierté d'être l'avenir du Nunavut. Moi, comme jeune Inuk, je n'ai pas eu cette fierté avant d'arriver à l'école et d'avoir appris ce que nos leaders ont fait. Lorsque je suis retourné à l'école où est-ce que j'ai du faire un exposé, j'ai vu la même chose. Être un Inuk, ça n'intéressait personne, c'est un peu émotif pour moi de dire ça mais je veux entendre ce que Nancy et les autres ont à dire là-dessus, dire comment nous, jeunes Inuits qui avons appris ce que nos leaders ont fait pour nous, comment est-ce qu'on peut rendre la même chose pour nous assurer que les autres étudiants ceux qui vont nous suivre aussi tireront la même chose, le même bénéfice?

Nancy : Merci de cette question. Je pense qu'il faut retourner à la manière dont on intègre la culture inuit au programme scolaire. Au moins, inclure ça dans les programmes, célébrer les membres de notre communauté pour que les autres enfants voient que, être Inuit, c'est quelque chose dont on doit être fier. Ma mère me parle toujours des grandes choses que peuvent faire les Inuits, mon père aussi et même s'ils ne le disent pas, je le vois, je le vois chez les autres. Et donc nous devons chercher ça, essayer de voir ces choses qui sont peut-être dissimulées par d'autres éléments qu'on qualifie de succès parce qu'on apprend peut-être par la télévision on apprend à considérer que le succès, c'est peut-être un diplôme universitaire ou que le succès, c'est quelqu'un qui reçoit un prix pour quelque chose. Mais on ne voit pas ça dans la vie quotidienne des gens qui ont survécu dans nos communautés. On ne met pas en exergue les résultats, les choses qu'ont fait ces gens. Et donc, tout cela devrait figurer dans nos programmes d'études pour qu'on reflète qui nous sommes, ce que nous avons fait et ce qui nous a amené là où nous sommes aujourd'hui. Et je crois qu'il faut le faire d'une manière que les gens le comprennent, le comprennent aujourd'hui. Et faire du marketing. On fait bien du marketing de produit, de choses, pour les présenter d'une certaine manière, et je crois qu'il nous appartient d'apprendre à faire notre propre marketing, à nous vendre, en utilisant toutes les ressources possibles, Internet, YouTube, toutes les méthodes audio-visuelles. Je regarde ma petite fille de cinq ans qui regarde des émissions à la télévision comme Dora et d'autres. Et parfois elle parle plus d'espagnol que d'Inuktitut. Alors comment est-ce qu'on peut avoir l'argent nécessaire pour créer ce genre d'émissions, de choses pour que ma petite fille regarde [1 :05 :25 Inuktitut] ou des émissions en Inuktitut. Comment est-ce qu'on peut faire en sorte que ça devienne la norme dans la vie de nos enfants au lieu que ce soit quelque chose de complètement étranger. Je pense que c'est ça le défi. Voilà.

Jose: Oui, premier ministre (rire). Un instant s'il vous plaît Monsieur le premier ministre. Je me disais que ça vous ferait rire. Je pense qu'une des grandes choses sur le Nunavut, c'est que les jeunes qui viennent à Ottawa, apprennent à se voir de l'extérieur du Nunavut et apprennent à voir l'Arctique d'une manière complètement différente. Nous, on fait ça tout le temps. Je sais que dans vos bureaux, vous allez à des retraites pour réfléchir et je pense que ça marche. Un des problèmes que nous avons, c'est pas seulement pour les jeunes mais aussi pour les anciens, c'est l'histoire réelle, c'est la réalité du passé. Les Inuits, traditionnellement ont été des êtres beaucoup moins sociaux que d'autres peuples. On partage des choses bien sûr. Peter parlait tout à l'heure de réunions, d'assemblées et des gens n'étaient pas seuls bien sûr. Des gens étaient là pour chanter les [evacks] comme on dit. Les [evack] c'est comme si chacun de vous était associé à quelqu'un d'autre et votre rôle serait de prendre tous les péchés de votre partenaire et de les mettre en musique et de chanter cette chanson pour mettre cette personne dans l'embarras. Les Inuits, on leur a dit qu'il fallait être humble tout le temps. En fait, quand on était candidat pour quelque chose, quand on est candidat, on a beaucoup de mal à faire notre propre promotion, notre publicité, c'est quasiment illégal en Inuktitut. Mon fils au hockey à Toronto et c'est un très bon joueur. Et dans une de mes campagnes, j'ai mentionné ça à un ami, et il m'a dit, tu veux te faire élire, parles pas de ton fils comme ça. L'idée c'était qu'on doit faire son possible dans la vie et laisser les autres juger si c'était bien ou pas bien. C'est pour ça j'étais un peu surpris d'entendre Peter cet après-midi dire, on les meilleurs à ceci, on est les meilleurs à ça, parce que c'est illégal dans notre société. Même cette chanson qu'on chantait tout à l'heure, ça veut pas dire, bon ils l'ont présenté une chanson de passage à l'âge adulte mais ça veut dire aussi littéralement qu'on est un petit gars maudit. Mais disons que c'est toute une société qui fonctionne d'une certaine manière et qu'il faut apprendre. Ce que je veux dire en fait, c'est qu'il faut qu'on décide comment est-ce qu'on peut fonctionner dans la société d'aujourd'hui. Parce que si vous pensez que les Japonais sont humbles, croyez-moi les Inuits, c'est deux fois pire. Et c'est très difficile donc de se glorifier, de faire sa publicité comme je le disais quand c'est illégal, socialement quand la société l'interdit. Je parle de l'Inuit [1:11:36 Kuwesat Kasatami] qui a essayé d'obtenir que le Canada embrasse les Inuits parce que nous embrassons le Canada et le slogan c'est, « Nous sommes d'abord des Canadiens, mais nous sommes des Canadiens d'abord ».

Rick : Merci Josee. Allez-y monsieur.

Membre de l'audience: Lorne Bagnell, député du Yukon, collègue de Nancy et Leona, et critique des questions du Nord et du développement du Nord. Je vous remercie tous de vos exposés passionnés. Question très rapide sur l'infrastructure. L'argent dont on parle, ce sera 25 $ millions par an pendant les deux premières années, mais il va y avoir aussi accélération des sommes disponibles et peut-être qu'il y aura des budgets d'infrastructure pour la restructure verte, la restructure rurale, les collèges communautaires et donc ma question très courte, et je la pose à chacun d'entre vous, si vous deviez fixer une priorité, pouvez-vous me dire quelle devrait être la priorité pour le gouvernement fédéral pour vous aider pour l'avenir? La deuxième, qui est peut-être pas sérieuse, pouvez-vous, si vous pouviez faire preuve de créativité, me donner une question que je pourrais poser à Leona demain en Chambre?

(rire)

Nancy : Et bien moi je dirais d'abord l'éducation parce que si vous pouvez donner aux gens l'éducation, la possibilité d'apprendre et de s'épanouir, et bien après ils seront capables de résoudre les autres problèmes. Qu'il s'agisse de problèmes sociaux, de réclamer de l'argent pour les logements sociaux, de réclamer de l'argent pour la santé. Mais je crois qu'il faut vraiment trouver le moyen de tirer partie des connaissances des gens. Si cela veut dire qu'il faut enseigner d'une manière complètement différente, pourquoi pas parce qu'il faut admettre que la manière dont on fait l'éducation jusqu'à maintenant, ça ne marche pas pour nous. Donc, à nous de faire preuve de créativité. Et on a des gens très talentueux qui peuvent être très créatifs et je pense qu'une des manières tout à fait uniques des Inuits pour enseigner, c'est très subtil comme le dit Jose, c'est que, on ne réalise même pas qu'on est en train d'apprendre, que quelqu'un est en train de nous apprendre quelque chose, tant qu'on n'a pas réalisé qu'on a appris justement. Donc, on a des méthodes de transmission du savoir qui sont différentes et qui sont originales. Et à nous de les utiliser. Voilà. Et votre deuxième question, non je n'y réponds pas.

[Panéliste] : Pour l'infrastructure, je dirais que la première priorité, ça doit être le logement, suivi par l'infrastructure maritime, les ports, les quais, etc. Et pour le capital humain, ça doit être l'éducation suivie de près par la santé publique, plus de mesures de santé publique.

[Panéliste] : Merci, c'est fantastique, Larry, j'aimerais bien te poser une question. Si t'avais la possibilité de donner quelque chose au Nunavut, qu'est-ce que tu leur donnerais? Bon, ok, on connaît la réponse, c'est pas la peine de répondre. Donc très brièvement, j'ai eu la possibilité aussi de discuter avec le gouvernement fédéral mais j'aimerais bien que le gouvernement fédéral quelque soit le Parti au pouvoir ouvre les yeux, écoute, parce que nous avons des ressources naturelles, nous avons des ressources du Nord, au lieu de parler sans arrêt de la souveraineté. La meilleure souveraineté du Nord, et bien ce sera une souveraineté qui sera assurée par des populations locales qui travaillent et qui traite de l'économie. Pour votre autre question, j'étais assis à côté de Leona à l'Assemblée législative pendant quatre ans et donc, je dirais que, ma question ce serait, qui est le meilleur chanteur au Nunavut?

Jose : Il m'a demandé d'être bref, c'est quasiment impossible dans mon cas. Vous le savez bien. Je pense que notre organisation nationale qui a traversé le Canada, message que nous essayons de donner aux Canadiens, c'est que le Canada ne sera pas sain tant que tous les Canadiens ne le seront pas. (applaudissement). Il ne peut pas être prospère si tous les Canadiens ne le sont pas. Et donc, je pense qu'il faut essayer de transmettre ce message à tous les Canadiens. Au Nunavut, nous n'avons pas négocié pour nous séparer du Canada, nous voulons au contraire être plus Canadien, être plus unis au Canada. Mais en même temps, je voudrais répondre à la question d'origine de Madame Merit, c'est une question très importante. Ce matin, je regardais des chaînes de télévision, d'une chaîne à l'autre, donc on fait ça nous, les gars, et il y avait une émission avec des femmes, comment elle s'appelle, Yopi Golberg, The View, c'est ça, l'émission The View. Et à The View, il y avait Condoleezza Rice. Et c'est là que je me suis arrêté, pas à cause de The View mais parce qu'elle était là et on lui a posé une question. On lui a dit, ça a dû être vraiment très difficile de devenir qui vous êtes. Et elle a dit, non ça n'a pas d'importance d'où on vient, ce qui importe c'est où l'on va. Et je crois que c'est une bonne réponse que j'aimerais vous donner mademoiselle. Moi, je suis né dans un igloo et on n'avait rien. À un moment dans ma vie, on se battait pour quelques bouts de bannock à Rankin Inlet parce qu'on était tellement dans la misère, tellement désespérés et donc voilà. Mais ce qui importe c'est où l'on va et ce qu'on veut faire.

(applaudissement)

Rick : Mademoiselle.

Membre de l'audience : Je suis de Rankin Inlet et je suis au programme Nunavut Sivuniksavut et je suis Inuk, j'étais une Inuk fière de l'être … je suis très nerveuse, vous devez vous en rendre compte, parce que ça compte beaucoup pour moi.

Rick : Prenez votre temps.

Membre de l'audience : Allez-y vous, posez votre question, je reprendrai la parole après.

Rick : Vous voulez attendre un peu? Commissaire Fraser.

Fraser : Je n'avais pas l'intention de poser de questions jusqu'à ce que vous dévoiliez ma présence ici. Je suis commissaire aux langues officielles et il y a une loi sur les langues officielles qui fait l'objet d'une discussion à une conférence à Iqaluit dans un mois, j'irai et c'est la raison pour laquelle je suis venue ici ce soir pour faire un peu mes recherches. Et donc je voudrais demander aux panélistes et je voudrais dire entre parenthèses que chaque fois que je parle à des gens de l'extérieur du Canada des langues du Canada, j'ai le sentiment qu'ils ne s'intéressent pas tellement au français et à l'anglais, ce qui est ma responsabilité, mais ils me disent souvent, parlez-moi des langues autochtones. Et ce que je comprends c'est que même si l'Inuktitut n'est pas la plus grande langue autochtone, c'est la plus saine. Alors, je voudrais savoir, je voudrais vous demander, est-ce que c'est vrai et qu'est-ce que vous considérez comme étant les menaces qui existent pour l'Inuktitut comme langue, qu'est-ce que vous espérez pour l'avenir de votre langue, et comment est-ce que les gouvernements devraient appuyer votre langue?

Rick : Qui veut commencer, Jose?

Jose : C'est ma passion là, vous êtes tombé en plein dedans. Et vous êtes le commissaire aux langues du Canada? Wow, super. Je pense que l'Inuktitut, oui c'est la langue la plus forte, la plus saine, même si elle est menacée de toute part. Elle est parlée au Groenland, au Canada, en Alaska et dans certaines parties de la Russie. L'Inuktitut vient de l'Upit et l'Aleut et la combinaison des deux, c'est ce qu'on appelle le [1 :22 :11 Inuktitut] Inuktitut. Et cet après-midi, quelqu'un a dit merci en quatre langues Inuktitut. Ce ne sont pas des langues différentes, ce sont des dialectes, comme vous avez en anglais. Vous avez le Texan, le Terre-Neuvien, c'est la même chose. Mais la plupart des gens ont beaucoup de mal à enseigner cette langue à leurs enfants mais en fait, ce qui compte c'est de le faire. Dans notre famille, nous refusons de répondre à nos enfants en anglais quand ils nous posent des questions, surtout lorsqu'ils demandent de l'argent. Il faut qu'ils nous parlent Inuktitut, en fait nos neveux, nos nièces qui sont adultes maintenant prennent la peine de dire merci, on remercie l'oncle Jose et notre tante qui nous ont forcés à parler l'Inuktitut. Dans la région circumpolaire, on ne parle pas d'une version d'Inuktitut de la Reine, comme il y a l'anglais de la Reine, notre but n'est pas l'éliminer des dialectes, on parle simplement de réussir à communiquer les uns avec les autres, c'est tout. C'est un peu comme ça s'est fait avec l'Italien ou avec certaines langues européennes qui ont évolué vers un dialecte national à partir de plusieurs. Au fait, est-ce que je peux dire quelque chose parce que, comme on ne nous a jamais enseigné le français à l'école, on n'y était pas opposé, mais on ne nous la jamais appris. Et donc, quand nous cherchons des emplois du gouvernement, comprenez ça et donnez-nous une dispense parce que nous voulons apprendre, nous voulons travailler.

Fraser : Très brièvement, il y a beaucoup de menaces contre l'Inuktitut et ce sont les mêmes menaces auxquelles sont confrontées les autres langues minoritaires. Il y a deux lois, la loi sur les langues officielles et la loi sur la protection de la langue Inuktitut. Nous ne savons pas si ces lois seront efficaces ou non, bon il y a beaucoup d'optimisme à ce sujet mais pour l'instant, on peut faire que preuve d'attentisme. Et voir comment ça va évoluer. La loi sur la protection de la langue Inuktitut, c'est une loi qui n'a pas été proclamée et surtout l'aspect de la loi des signes, des panneaux. Mais bon, ces lois doivent permettre aux Inuits de se sentir plus sûrs d'eux-mêmes, plus sûrs dans leur culture, sur leur territoire, dans leur langue. Si ça n'arrive pas, ça aura été un échec. C'est ça l'objectif d'aider les gens à se sentir plus à l'aise dans leur identité, dans leur culture. Si vous n'arrivez pas à ça, vous allez perdre votre temps.

Nancy : Merci, merci de la question parce que c'est vraiment une partie essentielle de ce que je disais sur l'enseignement. Si on ne consacre pas les ressources voulues, la langue disparaîtra. On a une chance extraordinaire de préserver cette langue, on a les moyens de l'enregistrer et donc il faut y consacrer les ressources voulues pour que les gens aient la possibilité de rafraîchir leur connaissance de la langue ou réapprendre leur langue. Pour certains, leur première langue était l'Inuktitut mais parce qu'ils ne l'ont pas utilisée, ils l'ont perdue et ne se sentent plus à l'aise à l'utiliser maintenant. Moi, c'est un défi que je lance aux organisations inuites, qu'elles jouent leur rôle pour s'assurer que leur personnel est capable de desservir leurs bénéficiaires en Inuktitut et aussi au gouvernement qu'on dispense une formation en cours d'emploi, en service, en encourageant les gens. Parce que vous savez, les lois, c'est bien beau mais il faut que les gens les appuient. On ne peut pas obliger des gens à faire des choses qu'ils ne veulent pas faire, on devrait le savoir maintenant. Donc, il faut s'assurer que les parents assument personnellement la responsabilité de s'assurer que leurs enfants apprennent l'Inuktitut parce que parfois, si vous avez deux parents Inuits qui parlent en anglais à leurs enfants, ce n'est pas acceptable, il faut renverser ça. Voilà.

Ed Picco : Merci, je ne prétends pas être un expert en Inuktitut mais je sais que j'ai eu la chance chez nous, ma femme nous parle 80 % du temps en Inuktitut. Et ce que j'ai constaté à Iqaluit mais aussi dans d'autres communautés, c'est que beaucoup des enfants sont très passifs lorsqu'il s'agit de parler Inuktitut. Parfois c'est parce que leurs pairs se moquent d'eux, ou leurs parents se moquent d'eux. À Iqaluit essentiellement, et vous le saurez, on se moque parfois des gens parce que les gens d'Iqaluit ne prononcent pas les mots correctement, ils laissent tomber les finales. Et par exemple, c'est la même chose avec ma femme [1 :28 :27 Inuktitut] ça veut dire renverser, mais bon il y a une autre manière de le prononcer. Mais une fois qu'on comprend ça en Inuktitut, même si je dis, je ne suis pas un expert, c'est tellement une belle langue et je vais vous donner un exemple très bref. En anglais si j'ai peur de Jose, c'est un type très dominateur, vous voyez, j'ai peur de lui, il m'intimide, c'est toujours le même mot, le même adjectif qui va dire ça, qui va dire que Jose est un personnage qui fait peur. Mais en Inuktitut, si j'ai peur de Jose, ça peut être tous les mots que je prononce maintenant. Si j'ai peur du diable, j'ai peur d'un esprit, d'un fantôme, c'est ça que je dirai [1 :29 :17 Inuktitut]. En anglais, vous pouvez simplement dire, j'ai peur de Jose, j'ai peur du fantôme. En Inuktitut, il y a un mot qui décrit qu'on a peur d'un esprit, qu'on a peur de quelqu'un, qu'on a peur en avion, qu'on a peur en bateau, si je vais en bateau et je vais trop vite. Il y a un mot qui dit qu'elle a peur du mouvement en bateau. En anglais, on peut simplement dire j'ai peur d'être en bateau. En Inukitut, on peut dire tout ça. Et donc c'était seulement pour vous donner des exemples. Quand il y a du soleil, je dis c'est une belle journée, c'est un beau jour. En Inuktitut, je vais dire cela, mais on peut dire cela seulement si on est dehors et qu'on voit le soleil. Si Jose est un type très bien, je vais dire ce que je viens de dire, c'est un bel home. En anglais on dit beau, bel homme, joli etc. il y a tellement de mots différents. Et la langue est si belle. Étant un non autochtone qui est monté dans le nord il y a 25 ans, tant de gens qui viennent dans le nord ne s'efforcent pas d'apprendre la langue. Bon je vois le nom [McDermitt]. [Nole McDermitt], c'est une de ces personnes qui est montée il y a longtemps aussi qui a essayé d'apprendre la langue et il y a tant de gens comme Nole. Le problème, c'est que depuis 10 ans, 12 ans, les gens n'essayent pas d'apprendre la langue, ceux qui montent là. Mais les occasions sont là. Alors à titre de parent, la meilleure façon d'instiller les enfants, comme dit Nancy, c'est que nous l'employons dans le foyer, les enseignants n'ont les enfants que 5 heures par jour, 5 jours par semaine. Si nous voulons que l'Inuktitut se poursuive, faisons-le dans nos conversations entre nous et elle doit parler à ses enfants en Inuktitut plus souvent qu'il le fait déjà. Merci.

Rick : Bon, on y va Mademoiselle.

Membre de l'audience : Ce que j'essayais de dire tout à l'heure c'est que j'ai grandi à Rankin Inlet. Mes deux parents sont Inuits donc j'ai appris l'Inuktitut. Du côté de ma mère, les gens ont grandi à Churchill où on leur a enseigné à être honteux d'être Inuk. L'homme était là et l'Inuk était en dessous. Et un indien est encore plus bas sur l'échelle. Étant Inuk, il faut avoir honte, mais ma grand-mère du côté de mon père a enseigné à ma mère d'être fier d'être Inuk. Et quand j'étais au secondaire, si on prend toutes les années d'école, j'étais première de classe. Je voudrais dire que j'ai grandi de telle façon et d'aller à l'école, et réussir à l'école, c'était la première chose que je devais faire. Bon aller au secondaire, ensuite faire une éducation postsecondaire. Mes parents ne l'ont pas fait, mon père est électricien, il a fait un peu de formation postsecondaire, ma mère non. Mais elle est très très bonne dans tout ce qu'elle fait parce qu'elle l'a acquis sur le tas, et comme Nancy l'a dit, il faut donner crédit aux Inuits. Mais c'est pas toujours un document sur papier, un diplôme formel. Dans le sud, la bureaucratie, la paperasse, si t'as pas le papier, ça compte plus. Je me rappelle une histoire d'un ancien Rankin, qui il est descendu dans le sud pour la première fois pour parler aux gens, ils lui ont remis un chèque, son honoraire bien sûr. C'est Aliak. Donc, on lui a remis ce morceau de papier, ça ne signifiait rien pour lui, il l'a déchiré et il l'a jeté aux poubelles. Et son collègue de travail a dit, qu'est-ce que tu as fait du chèque? Il a dit, bien je l'ai jeté, c'est un papier.

Les choses se passent tellement vite au Nunavut et on essaie de se rattraper, mais j'aimerais pas employer le mot là, mais de rattraper la société canadienne, je veux pas employer le terme mais par exemple, on a des problèmes de chômage, on a nos statistiques et ça ne dépeint pas toujours un beau portrait. Mais les Inuits sont très [1 :32 Inuktitut] et on a tous ….casse-tête et comment cadrer …. ça ne cadre pas. C'est comme si on devait le découper un peu pour le faire entrer. Excusez-moi je babille. À titre de jeune Inuk, quand Jose a dit, comme il a dit, il faut sortir un peu du cadre et regarder à l'extérieur pour se rendre compte. C'est ce que j'ai dû faire à titre de jeune. Il y a tellement d'occasions pour les Inuits au Nunavut et ailleurs. Et pour les autres autochtones aussi, on a l'appui. Il y a longtemps, il n'y en avait pas. C'est comme si le gouvernement essayait de piétiner, piller au pied la culture et langue des autochtones. Mais, nous les Inuits, on a préservé notre culture et notre langue et maintenant que nous avons survécu, il nous faut trouver des façons de prospérer. Je crois que les Canadiens doivent être mieux éduqués au sujet du Nunavut, des Inuits, ce qui prend du temps. Les gens qui vont dans des réunions internationales et bien, vous parlez et moi je vous entends ici, je ne me rends pas compte de ce qui se passe autour de moi, on écoute parler double. Il y a tellement de choses pertinentes dans l'histoire de la culture Inuktitut mais cela doit être reconnu par d'autres comme étant légitime. Je suis une personne, nous sommes tous des personnes, nous avons tous des arrières-plans différents, des points de vue différents, mais il nous faut partager, communiquer et cela doit être vu comme étant correct. Parler d'eux parfois, je crois que les Inuits ne sont reconnus pour qui ils sont. Moi je suis une Inuk fière mais je parle plus l'anglais que l'Inuktitut et j'ai un peu honte de cela. Bon, mais je vais apprendre. Merci beaucoup. Une petite question, je voulais dire ceci. Ed et Jim, quand vous êtes allés dans le nord au Nunavut, bon c'est très différent maintenant mais que diriez-vous aux nouveaux qui viennent au Nunavut maintenant. Parce qu'il y a toujours des gens qui montent là, qu'est-ce que vous leur diriez? Je suis en Ontario mais je peux dire aux gens Nunavut. J'ai grandi là, mais de ce point là. Comment expliquer ce que c'est ce Grand Nord aux gens du sud qui penseraient y aller?

Jose : Est-ce que je peux rapidement pendant qu'on réfléchit là. Je crois que ta mère avait raison, les Blancs étaient supérieurs bon, quand j'étais un petit, ils savaient tous, n'est-ce pas? Mais ils ont détérioré depuis ce temps-là. Non non, c'est une farce.

Rick : Bon Ed, qu'est-ce que tu dirais aux nouveaux venus au Nunavut?

Ed Picco : Merci. Bonne question. Certains d'entre nous, Jose, avons détérioré mais j'ai été béni lors de mon arrivée au Nunavut il y a plus de 25 ans maintenant. Je suis allé dans une petite collectivité, j'aurais toujours de doux souvenirs de mon passage, et des gens très amicaux. À l'époque il n'y avait qu'un canal de télé, sporadique, on avait le pot de chambre, alors c'était une autre vie. C'est il y a 25 ans. J'ai rencontré beaucoup de gens qui venaient dans le nord pour la première fois. Et je leur parlais du Nunavut et notre amour du Nunavut et je leur disais, écoutez, si vous voulez aller au Nunavut, essayez d'apprendre la langue. Apprenez ce que c'est que de vivre dans de telle collectivité, ce que les gens font. Un des problèmes des non-autochtones qui montent dans le nord aujourd'hui, ceux qui s'enferment à l'hôtel, ils n'ont plus besoin de sortir comme il fallait. Ils peuvent regarder 75 canaux de télé avec l'antenne satellite, ils font leur petite jobine, 9 à 5, vont pas à la salle communautaire, ne jouent pas aux jeux communautaires, ne se promènent pas sur le territoire. Et beaucoup des non autochtones au Canada, quand ils voient des autochtones, ils les voient simplement parce qu'ils sont à l'hôpital ou dans d'autres situations qui émettent une image stéréotypée négative des autochtones. Et ils entendent même au Nunavut ce qui est méchant, parce que les gens qui parlent de la sorte, n'ont pas visité, n'ont pas exploré le territoire. Je peux vous dire une chose rapidement. J'ai eu la bonne fortune de peut-être avoir visité certaines des plus belles maisons du Nunavut et certains des pires et c'est honteux que beaucoup de gens qui viennent visiter le Nunavut n'ont pas l'expérience de tout ce que le Nunavut a à offrir, ils n'en voient qu'un petit bout. Alors ce que je dis aux gens qui viennent au Nunavut, c'est, sortez, visitez les gens, circulez, n'allez pas simplement à la Baie, allez chez eux, allez dans leurs lieux d'amusement, etc. Et à ce moment-là, quand ils seront comme moi et d'autres qui sont restés là longtemps et pour nous, c'est notre chez nous.

[Panéliste] : Je ne répondrai pas à ta question mais je voudrais quand même répondre à ton intervention. Ce que tu disais, peut-être résumé en un seul mot: identité. Qui suis-je, à quel groupe est-ce que j'appartiens, si je suis semblable à ceux qui appartiennent à d'autres groupes, et cet autre groupe, que pense-t-il de moi? Et c'est ce que tu demandais. Tu cherchais quelque chose qui réaffirmerait ton sentiment d'identité. Quand tu nous demandais comment nous décririons le Nunavut, tu cherchais à ce que nous donnions une identité au Nunavut que tu pourrais par la suite d'intégrer. La vraie réponse que j'ai pour toi c'est d'arrêter d'avoir peur d'être qui tu es. Tu as dit que tu avais honte un peu que tu parles plus l'anglais que l'Inuktitut. Bon, c'est tout à fait naturel. Ici, tu vis dans une communauté de langue anglaise, n'est pas honte de cela, sois fière de qui tu es. Tu es encore très jeune. Je sais que certaines des choses qui sont déjà importantes pour toi ou le sont maintenant, le seront moins plus tard. Mais que tu auras un fondement solide. Les gens au Nunavut parlent tout le temps des questions identitaires, les jeunes sont obsédés, qui suis-je, suis-je Inuk, suis-je à moitié moitié, c'est une expression, il y a des gens qui s'appellent des Métis, ils viennent de familles mixtes ou autres là, et les jeunes sont constamment obsédés par cette question identitaire. Mon conseil est le suivant, soit bravement qui tu es. Tu trouveras une définition éventuellement. La première chose au sujet de laquelle tu dois arrêter de t'inquiéter, c'est ce que les autres pensent de toi. Ce que moi je peux dire aux autres au sujet du Nunavut n'a aucune importance.

Rick : Vas-y.

Membre de l'audience : Bonjour. J'aimerais vous parler d'où je viens. Je suis né … mon école était ouverte en 1950, j'étais tout petit enfant et mon père alors vivait … on vivait dans un camp, mon père était chef du camp lorsque l'école a été ouverte en 1950. Ils ont commencé à nos camps répartis un peu partout, les gens de l'éducation venaient dans leur traîneau de chiens dans nos petits camps, nous encourageaient ou nous forçaient à aller dans les collectivités qu'ils avaient créées où il y avait une présence gouvernementale. J'ai demandé à un ancien qui était chef de camp comme mon père l'avait été, on avait notre propre système de gouvernance déjà dans nos camps. Un chef de camp était responsable, j'ai demandé aussi à un moment donné quelque chose, mais ils ont dû consulter le chef du camp parce qu'ils devaient planifier d'avance là où ils iraient chasser le lendemain. Donc, on avait un système de gouvernance dans nos camps familiaux et autres. Dans les années 60, quand on a été forcé à s'établir dans les collectivités, on a voyagé avec nos traîneaux de chiens, on avait des peaux de phoques, et au printemps on faisait un voyage et quand on est allé dans les collectivités établies par les gouvernements, le gouvernement fédéral, nos pères qui étaient nos protecteurs et qui étaient des chasseurs, on a détruit leurs chiens donc ils n'avaient plus, ne pouvaient plus vivent la vie qu'ils vivaient. Quand trop de gens s'assemblent dans une seule collectivité, il y a commencé à avoir de l'alcool et nous avions peur de cette nouvelle vie qu'on nous forçait à vivre. Les dirigeants traditionnels ont perdu leur voix parce qu'il y avait des agents du gouvernement qui dirigeaient la ville ainsi que les églises. Donc ils n'y avaient plus leur pouvoir de dirigeant. Et parce qu'il y avait trop de gens qui vivaient ensemble, il y avait beaucoup de chaos que nous n'avions pas vécu auparavant. J'ai déménagé à Ottawa au mois d'août de cette année. J'ai dû acheter un congélateur à un moment donné parce que j'ai besoin de mes aliments inuits, ça fait partie de mon âme, donc j'ai dû acheter un congélateur même si la nourriture de Blancs, on ne comprend pas… les Terre-Neuviens ont détruit notre style de vie à cause de leur façon de martyriser les jeunes phoques. Nous les Inuits avons besoin encore de viande de phoque et moi j'ai besoin d'un congélateur parce que je dois manger ma nourriture traditionnelle. J'ai vécu dans le Nord du Québec, Saluit dans le Nunavik. J'ai dû avoir des gants en peau de phoque à l'épreuve de l'eau et je les garde dans le congélateur parce que je ne peux pas m'en servir à Ottawa. Je les utiliserai quand je retournerai dans le nord, quand je reprendrai la chasse. Mais pour le moment, je les garde dans le congélateur.

Nous utilisons les jeunes phoques au printemps pour faire des vêtements à l'épreuve de l'eau. Nous mangeons également la viande et je peux vous dire que les Inuits sont très flexibles pour s'adapter. Nous avons aussi beaucoup de talent et de capacité. Oui, nous avons beaucoup de compétences et nous sommes fiers. Moi-même, nos leaders nous représentent, nous parlent de nous, sachant d'où nous venons et nous allons. Je sais que je suis très heureuse, je suis fière de Leona qui a été élue député et qui a été nommée ministre fédérale de la santé par le gouvernement. Merci.

Rick : Merci beaucoup. Alors, on a le temps pour une ou deux autres questions. Alors, une ou deux autres personnes au micro. Microphone numéro 2.

Membre de l'audience: J'ai une question touchant l'énergie, les sources d'approvisionnement d'énergie au Nunavut. J'ai quand même passé suffisamment de temps pour faire l'expérience de l'énergie éolienne, non rentable, ne fonctionne pas bien dans l'Arctique et aussi en ce moment, il y a un projet visant à fournir l'hydroélectricité à Iqaluit. Je me demandais quel progrès avait été fait par rapport à ce projet et quelles autres solutions de rechange sont explorées pour l'ensemble du territoire. Je me rends compte que la question est difficile et que les fonds qui sont dépensés là pourraient aller à d'autres programmes sociaux par exemple.

Rick: Ed, voilà une question pour toi.

Ed Picco : Merci beaucoup. La situation à Iqaluit, nous utilisons environ 10 mégawatts de puissance et brûlons plus de 100,000 litres de mazout annuellement pour fournir l'électricité à cette collectivité. Si nous pouvions mettre un barrage hydroélectrique de 5 ou 6 mégawatts, nous pourrions économiser 40 ou 50 millions de litres. En 2008, au mois de juillet, le baril d'huile coûtait plus de 135 $ ce qui a coûté très cher. Le gouvernement doit acheter son approvisionnement en carburant un an d'avance pour tous. Nous pouvons compenser l'utilisation du mazout et c'es ça le problème. Il faut chercher autre chose. Bon l'hydroélectrique au Nunavut, c'est mieux par exemple que ceux du Canada où il faut inonder des vallées, ou on a tous ces problèmes-là. Nous on n'a pas de problème avec la végétation, il n'y en a pas. Et à moins de 100 kilomètres d'Iqaluit, il y a 7 sites possible, avec puissance installée de 5 à 20 mégawatts, 2, le Janes Inlet et l'autre à Camply Baie sont les deux meilleurs choix, Camply Baie est à 50 miles, Janes Bay 60 miles d'Iqaluit. Mais le coût de construction de ces barrages, de ces installations est entre 350 $ et 500 $ millions. C'est pour ça que la question de Monsieur Bownell ce serait bien que le gouvernement fédéral nous dise pourquoi on brûle du pétrole. Est-ce que la collectivité peut faire autre chose? Est-ce qu'on peut installer des ressources hydroélectriques comme un barrage hydroélectrique? Si oui, i l faut le faire. Le budget total du budget n'est qu'un milliard de dollars par année.

Comment pouvons-nous investir 350 $ ou 500$ million dans ce barrage hydroélectrique dans le passé, par exemple Diefenbaker en 1960, ils en avaient des ressources, ils ont construit les infrastructures comme le chemin de Churchill au territoire [1 :51 :29 Kuwaton]. Ce que nous n'avons plus maintenant c'est des politiciens qui regardent vers l'avenir lointain. Alors, il faut tirer une patte au fédéral à la table, écoutez, plutôt que de brûler 100 millions de litres de mazout, pourquoi pas installer une ressource renouvelable comme l'hydroélectricité. Il y a peut-être d'autres sites aussi, par exemple dans le [1 :51 :48 Kuwaton] d'où vient Jose, à moins de 100 miles de la frontière du Manitoba, on a 12 sites hydroélectriques qui sont possibles. On ne peut pas les développer seul, ça nous prend le gouvernement fédéral à la table pour nous aider à aller de l'avant. En ce moment, la réponse c'est que ces projets ont été examinés, il nous faut regarder l'hydrologie, donc le flux d'eau etc, ça prend 5 ans d'observation ce qui devrait se terminer l'année prochaine. Et nous espérons être en position de pouvoir construire ces barrages d'ici 10 ans. Et évidemment, qui va venir les construire. Bon le gouvernement, on n'a pas les revenus nécessaires, ça prendrait une garantie d'emprunt d'un partenaire fédéral et c'est pour ça qu'il faut que Larry pose la question mardi prochain. Où est le plan du gouvernement fédéral pour l'énergie dans le Grand Nord. Je peux vous dire quelque chose de très sérieux. C'est que le Parti Conservateur fédéral a pris une position très forte sur les questions du Nord, par exemple pour les forces armées et la souveraineté, il faut aller un peu plus loin, parler comment développer le nord avec les gens du nord, pour l'ensemble des Canadiens, d'abord ceux du nord.

Jose : Bon je traversais le Canada avec ce jeune monsieur qui vient d'avoir 48 ans, hier, c'est ça, bonne fête mon ami, bon anniversaire, en faisant la promotion des génératrices éoliennes. L'Alberta qui a des champs pétrolifères les plus grands du Canada a plus de 200 génératrices éoliennes d'électricité. Le Québec, l'hydro-Québec en a plus de 150 et dans le Nunavut entier, il y en a 3, dont 2 ne fonctionnent pas. Il nous faut utiliser le pouvoir disponible et le pouvoir éolien est là, il y en a. Il faut réfléchir à tout ça.

Ed Picco : Bon, je ne veux pas avoir un débat avec Jose là-dessus et ces autres experts sur l'éolien mais le problème avec l'énergie éolienne dans le nord c'est pas qu'il y a du vent, oui, on en a du vent, c'est synchroniser le vent et les génératrices diesel. Il n'y a pas de système éolien en place où que ce soit d'ailleurs dans le monde où on peut compenser le mazout à 100%. Donc quand il n'y a plus de vent, bon par exemple, où il produit seulement 3 mégawatts, mais qu'on en a besoin de 5, alors il faut du diesel, il faut du mazout. En Alaska, Terre-Neuve, l'Islande, le Nouveau Brunswick, la Nouvelle Écosse, ils ont construit plus de génératrices pour synchroniser. L'autre problème, c'est quand le vent baisse, l'énergie à Edmonton, Winnipeg voyage dans le sud, il s'en va dans une grille électrique, donc si on n'a pas besoin de pouvoir à Winnipeg, ou à St Boniface ou à l'autre bout du pays, le courant peut circuler dans le réseau électrique. Mais nous, nos collectivités sont isolées. Si j'ai besoin de 12 mégawatts et que le vent ne m'en donne que 3, alors j'ai besoin d'en tirer 9 des génératrices, c'est ça le problème. C'est pas qu'on n'a pas essayé Jose, c'est vrai on a 3 éoliennes au Nunavut et 2 ne fonctionnent pas. Et le problème c'est de synchroniser. On a dépensé beaucoup d'argent. L'été passé, entre parenthèses, je suis allé à la société Skypower, il y a des gens ici qui connaissent ce producteur, le plus grand, d'éolienne dans le monde qui appartient aux frères Lehmann qui viennent de faire patate, bon ils sont propriétaires de Skypower. Ils viendraient disaient-ils au Nunavut, ils monteraient les éoliennes. Mais eux-mêmes ne pouvaient pas garantir 40, 60 ou 80 ou 100 de capacité à cause de ces facteurs, le vent, il arrête quand il veut. On aimerait pouvoir l'utiliser mais il faut regarder autre chose comme l'hydroélectricité parce que l'hydroélectricité est accessible, on n'a qu'à construire une ligne de Arviat à Rankin ou autre et voilà. Mais il nous faut le partenaire fédéral pour nous aider avec les coûts.

Rick : Une dernière question monsieur là-bas, micro 2.

Membre de l'audience : J'ai une question. Bon vous parliez antérieurement pendant vos topos au sujet des emplois dans le gouvernement. J'ai passé l'été à Iqaluit, j'ai joué au soccer à côté de l'école et j'ai joué avec les jeunes et je leur parlais d'emplois. Bon, les gens ne savent peut-être pas qu'Iqaluit a beaucoup de jeunes, plus de 50 % des gens ont moins de 15 ans. Alors, je leur demandais s'ils voulaient travailler pour le gouvernement et plusieurs disent ne pas vouloir travailler pour le gouvernement, ça ne les intéressait pas. Bien sûr ils ne sont pas encore décidés là mais ils ne veulent pas non plus quitter Iqaluit. Alors, je suis content qu'ils aient dit ça, ils ne veulent pas partir de chez eux. Puisque vous représentez un peu le leadership du Nunavut, quelles autres occasions ou possibilités y a-t-il pour satisfaire les besoins et les désirs de cette jeunesse qui ne désire pas s'engager comme fonctionnaire?

Jose : Il y a 29 diplômés en sciences infirmières récemment. Le programme que suivent les jeunes ici là, et aussi à Iqaluit, on produit beaucoup de gens et dans ce programme, mon épouse a été diplômée de cette école et mon fils aussi. Et quand ils sont venus enseignés à Rankin donc c'est une école des maîtres, on voyait même l'amélioration du concert de Noël. Les attentes qu'avaient mon épouse et mon fils par rapport aux étudiants étaient plus élevées que les attentes qu'avaient d'eux nos anciens enseignants, les Blancs. Je ne veux pas les critiquer mais on a tous nos préjudices. Et on tend parfois à sous-estimer les autres. Et maintenant avec les enseignants autochtones, on a un peu réglé le bobo là. Donc le Collège Arctique fait un excellent travail d'essayer de s'écarter de la mentalité à l'effet que l'on ne travaille que pour la compagnie de la Baie d'Hudson. Non, ils préparent les gens à penser médecin, infirmière, enseignant, avocat, etc. Mais malheureusement, on n'a jamais eu une main-d'oeuvre bon et tous ces postes dont parle Jim Bell, il n'y a rien qui prépare les gens pour rentrer dans ces postes de bureaucrates jusqu'à ce que le système scolaire comprenne qu'il doit y avoir une meilleure préparation à la main-d'œuvre.

Rick : Ed, vous voulez dire quelque chose?

Ed Picco : Non pas vraiment, parce que Jose a très bien dit ce qu'il voulait dire. Au Nunavut, il y a tellement d'opportunités, d'occasions autres que le gouvernement. Mais c'est pour ça qu'il est important dans notre système scolaire d'avancer. En 1987, on avait 20 diplômés pour tout le territoire. Cette année, on en a plus de 40 rien qu'à Iqaluit. Donc, les jeunes font des études, ont du succès, mais ils veulent trouver d'autres emplois. Il n'y a aucune juridiction au monde où 100 % des employés viennent totalement de cette juridiction, de cette communauté. Regardez à Don Mills en Ontario, combien de gens sont des médecins, des docteurs, des dentistes, qui sont de Don Mills, non, ils viennent de partout. Donc ce qu'il faut faire nous, c'est un peu la même chose, arriver au point où nos étudiants lorsqu'ils ont fini comme dans le programme d'études infirmières, une infirmière obtient son diplôme de Nunavut, elle peut aller à Winnipeg, à Edmonton si elle veut travailler ou rester à Iqaluit si elle le veut. C'est ça qu'il faut. L'éducation, ça donne des choix. Si vous voulez rester au Nunavut parfait, si vous voulez partir à Ottawa, parfait aussi. C'est ça que doit nous offrir notre système d'enseignement. Et comme dit Nancy, ce qu'il faut c'est qu'on rende notre programme plus adapté à la réalité du Nunavut. Mais on voit des succès et je pense qu'on doit les célébrer. Les enfants que vous avez vu tout à l'heure, il y a 20 ans, c'était pas financé par le gouvernement, c'était pas financé par le programme d'aide aux étudiants, c'était pas célèbre, je le sais parce que j'étais éducateur. Aujourd'hui ce n'est pas le cas. Aujourd'hui, c'est reconnu internationalement même. C'est un programme qui est financé, mais ça prend du temps ces choses-là. Et j'ai vu beaucoup de choses se faire. On a fait beaucoup de progrès mais on a encore beaucoup de chemin è faire. Mais il faut quand même célébrer nos succès. Ces emplois dont parlait Jo tout à l'heure, ces 900 postes libres ou vacants, c'est mauvais, c'est une très mauvaise chose mais parce que, c'est des postes pour lesquels on n'a pas de gens qui ont été formés, des postes d'architecte ou d'épidémiologue, des choses comme ça. Il faut que les gens puissent acquérir les compétences nécessaires et trouver des emplois correspondants à leur compétence. Il faut qu'on puisse assurer la bonne concordance entre les compétences et les emplois disponibles. Il y a des gens qui ne veulent pas aller travailler dans les mines, travailler pour le gouvernement et aller se faire tuer en Afghanistan pour l'armée, bon. Mais parfois donc, je pense qu'il faut avoir une perspective un peu plus large. Je suis fier du travail qui s'est fait pendant 10 ans. Mais il y a encore beaucoup à faire. Voilà.

Rick : Merci. Brièvement.

Jim : Très brièvement. Ce que vous venez d'entendre me dit que le Nunavut a besoin comme priorité justement de développer une économie du secteur privé très solide, très dynamique. Moi, je n'ai pas travaillé le secteur public, il y a beaucoup de jeunes qui ne veulent pas travailler pour le secteur public pour la fonction publique. Pour beaucoup de jeunes, et surtout beaucoup de jeunes homes qui prennent du retard par rapport aux jeunes filles sur le plan de l'éducation, de l'emploi, une majorité écrasante des gens qui travaillent pour la fonction publique du Nunavut sont des femmes. Mais quoi qu'il en soit, pour la santé du Nunavut, on a besoin de développer un secteur privé très solide et notamment avec les mines et la pêche.

Rick : Nancy.

Nancy : Merci. En parlant aux jeunes, j'étais surprise de voir combien d'entre eux veulent être indépendants. C'est très différent de la situation qui prévalait lors de ma jeunesse. Les jeunes aujourd'hui veulent avoir leur propre entreprise, créer leur emploi, et c'est une très bonne chose et si ce qui permettra aux jeunes de voir que tout leur est ouvert, tout est possible. Et qu'ils n'ont pas à se limiter à occuper le même type d'emploi que leurs parents par exemple. J'aime bien voir des agents de police inuit, des infirmières inuites, parce que, quand on était jeune nous, on ne voyait pas ça, on ne pensait jamais qu'on pourrait occuper un emploi comme ça. Aujourd'hui on voit ça et c'est très bien. C'est une très bonne chose. Et je tiens à remercier les gens qui on été assez braves pour venir au nord dans les régions du nord dans les années 50 et 60 lorsqu'on n'avait de télévision, on n'avait pas de médecin, on n'a toujours pas de médecin dans ma région mais bon. Et qu'ils ont eu des difficultés, c'était comme s'ils étaient partis dans un pays étranger en fait. Ils sont partis très loin de chez eux. Mais c'est encore aussi question de perception, de dire aux gens que tout est possible et qu'il faut faire de grands rêves. Voilà. Il fait rêver grand et large.

Rick : Très bien. Merci à tous et toutes, merci de vos questions qui nous ont permis d'avoir un débat très animé (applause). Je veux remercier tous les panélistes qui ont fait le voyage du sud pour venir participer à cela et je conclue en remerciant deux de mes collègues qui ont participé à notre numéro de janvier-février, Lisa Graywar qui a fourni l'article central sur le Nunavut de ce numéro de Canadian Geographic de janvier-février 2009 et merci et donc maintenant, madame je vous laisse la parole.

Gisèle Jacob : Merci Rick. Je remercie moi aussi les panélistes, c'était un débat très intéressant. Tous les gens qui ont participé aussi à la journée. Les présentateurs ce matin, les artistes qui sont venus nous parler, les aînés qu'on a rencontrés. Et vous, le public, vous avez été un public extraordinaire, vous avez participé, vous étiez dynamiques, intéressés et donc vous avez beaucoup contribué, totalement contribué au succès de cette célébration. Donc voilà, le dialogue est lancé, il a commencé, j'espère qu'il va continuer parce que nous allons continuer à célébrer ce 10e anniversaire. Merci d'être ici et on m'a dit de vous mentionner qu'il a des bus à l'extérieur pour ramener certains d'entre vous à Vanier, si je comprends bien. Donc ceux qui sont venus en bus, il y a des bus pour votre retour. À nouveau merci beaucoup et bonne soirée.