La résistance aux antimicrobiens (RA) est un problème qui préoccupe de plus en plus la population. En plus de réduire notre capacité à traiter efficacement les infections bactériennes chez les humains et les animaux, la RA présente un défi économique de taille. Même si on ignore la valeur exacte du fardeau financier qu’elle représente, on estime que la RA multiplie au moins par deux les coûts du traitement d’une infection bactérienne, en plus d’entraîner des coûts annuels directs et indirects de l’ordre de 40 à 52 millions de dollars en soins de santé au Canada (CCRA, 2002).
La résistance aux antimicrobiens en médecine humaine est essentiellement liée à l’emploi des antimicrobiens pour le traitement des infections chez l’humain (OMS, 2000; SC, 2002). Cependant, des quantités considérables d’antimicrobiens sont également employées par le secteur agroalimentaire, et la contamination des animaux et des produits d’origine animale par des bactéries résistantes aux antimicrobiens a été identifiée comme source d’infection possible des humains par des micro-organismes résistants (JETACAR, 1999; Poppe et coll., 1998; Wall et coll., 1994; Molbak et coll., 1999, Fone et Barker, 1994).
Cette figure décrit la façon dont les antimicrobiens utilisés dans de nombreux secteurs (cercles) contribuent à l’émergence et à la propagation de micro‑organismes résistants dans divers contextes (carrés). Tous ces contextes sont interreliés par des voies directes et indirectes (ex. : animaux domestiques en contact direct avec l’humain, ou contact indirect par la consommation d’eau ou d’aliments).
Les organismes internationaux de santé publique exhortent les pays à mettre en place des systèmes intégrés de surveillance de la résistance aux antimicrobiens. Ces systèmes sont indispensables pour permettre des interventions adéquates de santé publique et pour instaurer des pratiques d’emploi prudentes en médecine humaine et vétérinaire. La surveillance est par ailleurs nécessaire pour appuyer l’élaboration de normes internationales en matière de salubrité alimentaire. Plusieurs comités représentant conjointement l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Commission du Codex Alimentarius examinent actuellement la question de la résistance aux antimicrobiens. Par ailleurs, les producteurs d’aliments d’origine animale subissent des pressions croissantes visant à limiter l’emploi des antimicrobiens pour répondre aux demandes des marchés local et international.
Au Canada, la nécessité d’établir un système national pour surveiller la résistance aux antimicrobiens et l’emploi de ces derniers dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, ainsi que l’impact de la résistance sur la santé humaine, ont officiellement été soulignés en 1997, lors de la conférence consensuelle nationale intitulée : Le contrôle de la résistance aux antimicrobiens : plan d’action intégré pour la population canadienne; cette conférence avait été organisée par Santé Canada et la Société canadienne des maladies infectieuses. Ainsi, plusieurs comités consultatifs de Santé Canada, notamment le Comité directeur de surveillance des maladies entériques (SME), le Comité canadien sur la résistance aux antibiotiques (CCRA) et, dernièrement, le Comité consultatif sur l’emploi des antimicrobiens chez les animaux et sur leur impact sur la résistance et la santé des humains, ont fourni leur appui et leurs conseils. Ce comité consultatif affirmait, dans son rapport de 2002, qu’« au Canada, comme dans bien des pays, ces données [sur la surveillance] sont fragmentaires, souvent biaisées, centrées sur une plage étroite et variable de bactéries pathogènes, recueillies de manière non systématique et généralement non comparables entre les laboratoires ou les pays, parce que les méthodes employées pour tester la résistance n’ont pas été normalisées » (SC, 2002).
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