1. Qu’est-ce que le Programme intégré canadien de
surveillance de la résistance aux antimicrobiens
(PICRA)?
Le PICRA est un programme national intégré de
surveillance de la résistance aux antimicrobiens mis au
point par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC)
en collaboration avec des partenaires fédéral et
provinciaux. L’un des principaux objectifs du PICRA est de
surveiller les tendances actuelles relatives à
l’émergence d’une résistance aux antimicrobiens (RA) dans la chaîne alimentaire. En
mars 2004, le PICRA a publié son premier rapport
résumant les données recueillies en 2002 sur la
résistance aux antimicrobiens observée dans des
échantillons humains et animaux. Les rapports suivants ont
été publiés annuellement. Depuis 2005, le PICRA publie également un rapport provisoire sur le Web
présentant les données préliminaires sans les
accompagner de commentaires.
Le modèle du PICRA a été inspiré d’initiatives internationales telles que le NARMS (National Antimicrobial Resistance Monitoring System) (en anglais seulement) des États‑Unis et le DANMAP (Programme danois intégré de surveillance et de recherche sur la résistance aux antimicrobiens) pour faciliter la comparaison des données.
2.Que veulent
dire les termes « antimicrobiens »,
« antibactériens » et
« antibiotiques »?
Le terme antimicrobiens comprend toutes les substances
pouvant tuer ou inhiber la croissance de micro‑organismes
(ex. : antibactériens, antiviraux, antimycotiques,
désinfectants, etc.). Les antibactériens font référence aux substances naturelles ou
synthétiques qui tuent ou inhibent la croissance
bactérienne. Le terme antibiotiques devrait
être réservé aux substances naturelles tuant ou
inhibant la croissance des micro‑organismes. Cependant, les
termes antibiotiques et antimicrobiens sont
souvent utilisés pour désigner toutes les substances
chimiques (naturelles et non naturelles) pouvant tuer ou inhiber
les bactéries. Parmi tous les antimicrobiens, ce sont les
antibactériens qui sont étudiés actuellement
par le PICRA.
3. Comment une
résistance apparaît‑elle?
La RA apparaît lorsqu’une substance ou un agent
antimicrobien ne parvient plus à tuer ou à inhiber la
croissance d’un micro‑organisme en particulier. Les
mécanismes de résistance croisée ou de
résistance à plusieurs médicaments peuvent se
développer lorsque les bactéries deviennent
résistantes à un médicament ou qu’elles
développent une résistance à d’autres
médicaments de la même classe ou d’une classe
différente. À cause des mécanismes de
résistance croisée et de résistance à
plusieurs médicaments, l’utilisation d’un
antimicrobien, qui permet de sélectionner la
résistance bactérienne à cet agent, pourrait
sélectionner une résistance à d’autres
agents simultanément (cosélection).
4.
Qu’est-ce que la résistance
croisée?
La résistance aux antimicrobiens est un
phénomène complexe causé par un grand nombre
de déterminants génétiques. Différents
déterminants peuvent coder pour une résistance
à un même antimicrobien. Chose plus importante, un
seul déterminant peut coder simultanément pour une
résistance à plusieurs antimicrobiens
différents. Ce phénomène, appelé
« résistance croisée », est
très fréquent dans le cas des antimicrobiens
appartenant à une même classe et semble constituer la
règle plutôt que l’exception.
5.
Qu’est-ce que la résistance multiple ou à
plusieurs médicaments?
La résistance à plusieurs médicaments est un
autre phénomène important ayant d’importantes
implications pratiques. Dans ce cas, les gènes
conférant une résistance à plusieurs
antimicrobiens non apparentés se retrouvent dans la
même bactérie et lui confèrent une
résistance à plusieurs classes d’antimicrobiens
simultanément. Un profil bien connu de résistance
à plusieurs médicaments est celui de la
penta-résistance ACSSuT (ampicilline,
chloramphénicol, streptomycine, sulfonamides et
tétracycline) typique de S. Typhimurium
LT 104.
6. Pourquoi
les taux élevés de résistance aux
antimicrobiens sont-ils importants?
L’émergence d’une résistance supprime ou
diminue l’efficacité des antimicrobiens visant
à traiter les infections bactériennes survenant chez
l’humain et l’animal. La RA menace en effet notre
capacité à lutter contre ces maladies et
entraîne des conséquences économiques et de
santé publique considérables. Nous avons tous un
rôle à jouer pour prévenir la RA (voir
réponse à la question 7).
7.
Pourquoi le PICRA classifie-t-il les
médicaments?
Les médicaments sont regroupés en fonction de leur
importance en santé humaine conformément au
système de classification de la Direction
des médicaments vétérinaires (DMV) de Santé Canada. La
classification utilisée par la DMV est basée sur les
facteurs suivants : spectre d’activité des
antimicrobiens, mécanisme d’action, mécanisme
de résistance, disponibilité d’autres
antimicrobiens et probabilité de transfert de la
résistance. Cependant, cette classification ne
reflète pas encore l’ampleur de l’utilisation
des médicaments ou le degré auquel une
résistance se produit dans les pathogènes
bactériens humains.
8.
Pourquoi les antimicrobiens sont-ils utilisés chez les
animaux destinés à
l’alimentation?
Les antimicrobiens sont prescrits et utilisés pour le
traitement de maladies tant chez l’humain que chez
l’animal. Les antimicrobiens sont également
ajoutés à la nourriture des animaux destinés
à l’alimentation afin d’accélérer
leur croissance, d’augmenter le rendement de leur
alimentation et de prévenir les infections.
9. Pourquoi le PICRA se concentre-t-il sur le secteur agroalimentaire? Ce secteur
est‑il une source importante de RA?
Le PICRA a été mis au point afin d’obtenir des
données scientifiques permettant de mieux comprendre
l’importance relative de la contribution agroalimentaire
à cette question complexe. Il est à présent
reconnu que l’utilisation des antimicrobiens dans
l’industrie agroalimentaire est l’un des nombreux
facteurs contribuant au développement et à la
propagation d’une résistance dans les
pathogènes humains.
10. Pourquoi
le PICRA étudie‑t‑il uniquement les bovins, les
poulets et les porcs?
Les bovins, les poulets et les porcs représentent les
groupes d’animaux destinés à
l’alimentation les plus souvent consommés au Canada.
Cependant, d’autres espèces seront
éventuellement incluses dans le PICRA.
11. Pourquoi
les résultats des données sur la surveillance du
rapport portent-ils principalement sur E. coli et Salmonella?
Le PICRA se concentre sur les pathogènes importants
d’origine alimentaire chez l’humain tels que Salmonella, ainsi que sur d’autres agents non
pathogènes tels qu’E. coli générique qui peuvent servir de porteurs des
gènes de résistance. Le PICRA se concentre
également sur la surveillance des espèces comme Campylobacter dans la viande de poulet vendue au
détail et dans les échantillons de bovins en
abattoir, ainsi que sur les espèces Enterococcus présentes dans la viande de poulet vendue au détail
et dans les échantillons provenant de porcs à la
ferme. Avec le temps, le PICRA devrait inclure d’autres
espèces bactériennes dans sa surveillance.
12. Comment le
gouvernement fédéral acquiert-il des données
sur les types et les quantités d’antibiotiques
utilisés dans la production d’animaux destinés
à l’alimentation au Canada?
Il est possible de consulter les antimicrobiens utilisés
dans le secteur de la production d’animaux destinés
à l’alimentation par un réseau complexe de
canaux de vente et de distribution. Depuis 1999, Santé
Canada et l’ASPC enquêtent sur les sources possibles de
données fiables et valides quant à
l’utilisation des antimicrobiens chez les animaux
destinés à l’alimentation au Canada et sur les
moyens de les acquérir. Au niveau fédéral, il
n’existe actuellement aucun mécanisme
législatif permettant d’obtenir ces données. La
majorité du pouvoir et du mandat législatifs en la
matière relève de la compétence des
ministères provinciaux de l’Agriculture. La vente
d’antimicrobiens sans ordonnance (y compris ceux
destinés aux aliments pour animaux) et la pratique de la
médecine vétérinaire sont
réglementées par chaque province. Les données
à l’échelle industrielle auraient dû
être fournies en 2005 à partir d’un programme
dirigé par l’Institut canadien de la santé animale (ICSA), mais le programme a
été interrompu. Les données
préliminaires antérieures portant sur les
années 2001 à 2003 ont été
retirées. L’ICSA évoque des problèmes de
logistique et de méthodologie pour expliquer cette
interruption.
L’ASPC a collaboré avec des organismes universitaires pour obtenir des données sur l’utilisation des antimicrobiens à l’aide de projets menés dans les fermes. Ces projets visant à recueillir des données sur l’utilisation des antimicrobiens ont été menés dans les secteurs des produits laitiers, des porcs, des moutons, des bovins et de la volaille. Des recherches sont également en cours pour mettre au point des modèles d’estimation de l’utilisation des antimicrobiens en l’absence de collecte continue des données.
La composante du PICRA à la ferme qui a été amorcée en 2003 bénéficie d’un financement de cinq ans du Cadre stratégique pour l’agriculture d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Les porcs sont utilisés comme espèces initialement ciblées pour tester la faisabilité et la viabilité du programme de surveillance en cours à la ferme. Pour le moment, les projets du PICRA à la ferme et les projets de recherche ciblée demeurent notre seule source de données valides quant à l’utilisation des antimicrobiens dans les secteurs de la production animale.
13. Le PICRA a‑t‑il des projets d’expansion de son
programme?
Des projets de planification pour l’avenir sont en cours. Par
exemple, nous envisageons l’expansion du programme en termes
de partenariats, de lieux géographiques, de viande animale
destinée à l’alimentation et
d’espèces bactériennes à
étudier.
14. Que fait
l’ASPC pour étudier les effets de la RA sur
l’humain?
L’ASPC a constamment apporté son soutien financier au Comité canadien sur la résistance aux
antimicrobiens depuis sa
création en 1999 afin de centraliser ses efforts sur la
maîtrise de la résistance chez l’humain. Ces
efforts se poursuivront pour continuer à fournir ce soutien
non seulement pour la composante animale du PICRA, mais
également pour la composante humaine du programme de
surveillance.
15.
Santé Canada va‑t‑il interdire
l’utilisation des facteurs de croissance?
La Direction des médicaments vétérinaires de
Santé Canada est responsable de l’approbation des
antimicrobiens utilisés en médecine
vétérinaire au Canada et appuie les activités
de surveillance visant à évaluer les impacts
possibles sur la santé publique de l’utilisation des
antimicrobiens comme facteurs de croissance. Les résultats
obtenus à partir des données sur la surveillance
actuellement recueillies et analysées seront cruciaux pour
la mise au point de nouvelles politiques et approches en la
matière.
16.
L’alimentation provenant des animaux traités par des
antibiotiques est‑elle sans danger pour les
humains?
Le système alimentaire canadien est l’un des plus
sécuritaires au monde; tous les efforts sont faits pour
réduire le plus possible l’émergence et la
propagation d’une résistance dans des sources
agroalimentaires. Les résultats présentés dans
le cadre des rapports du PICRA seront très utiles pour
l’évaluation continue du risque lié aux
antimicrobiens. Cela fait partie d’une vaste initiative
visant à mettre au point des politiques canadiennes
exhaustives en matière de résistance aux
antimicrobiens et d’utilisation des antimicrobiens chez les
animaux destinés à l’alimentation.
17. Que
puis-je faire pour prévenir la RA et préserver
l’efficacité des antibiotiques actuellement
commercialisés pour le traitement des infections
humaines?
La RA est reconnue comme un problème de santé
publique dans le monde entier. Ce problème nécessite
la prise de mesures urgentes et concertées par les
individus, les gouvernements, les médecins, les
vétérinaires, les fermiers et l’industrie
pharmaceutique, ainsi qu’à l’échelle
nationale et internationale par les organismes de santé
publique. De votre côté, vous pouvez prendre les
précautions suivantes :
Veuillez consulter le site Web suivant pour en savoir plus sur
les pratiques de manipulation hygiénique des
aliments :
http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/securit/handl-manipul/index_f.html
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