[Indigenous People]

Les mammifères marins

L'économie de subsistance des Inuit est fondée sur l'exploitation des mammifères marins. La majorité de cette exploitation est effectuée sur la glace et dans la mer. Les Inuit ont établi des itinéraires qu'ils empruntent pour leurs déplacements sur la glace et reliant leurs collectivités avec les zones de chasse, les camps avant-postes et les autres collectivités. Ces itinéraires figurent sur les cartes de sensibilité de l'écosystème.

Traditionnellement, les Inuit ont acquis une parfaite connaissance de la dynamique des glaces et de son rôle dans la répartition et l'abondance des mammifères marins, notamment les phoques annelés. Les chasseurs ont appris à concentrer leurs efforts dans des zones de chenaux de séparation, les lisières de glaces et les crevasses de marée où les phoques sont le plus accessibles. Les camps traditionnels des Inuit sont souvent installés dans ces endroits où, à cause du vent, de la topographie côtière et des courants, ces caractéristiques glaciaires se manifestent de façon constante.

Le phoque annelé est le mammifère marin le plus important en ce qui a trait à l'économie de subsistance des Inuit. Largement répandue et abondante, cette espèce constitue une source alimentaire fiable, à l'année longue. Les chasseurs inuit tirent en outre d'importants revenus de la chasse de ce mammifère. Toutefois, les protestations contre la chasse aux phoques et l'interdiction de la Communauté économique européenne d'importer des peaux de phoques a radicalement réduit ce marché.

Les techniques et les modes de la chasse au phoque annelé varient selon les saisons. Lors des gels d'octobre et de novembre, la chasse au phoque annelé est restreinte aux rivages voisins des collectivités, où les trous pratiqués par le phoque pour respirer sont facilement repérables dans la glace mince. Pendant l'hiver, alors que la neige et la glace épaississent, la capture des phoques s'atténue. Au cours de cette période, la majorité des phoques sont capturés dans les crevasses de marée et dans les chenaux de séparation qui ont une plus mince couverture de glace et où on repère facilement les trous des phoques. À la fin de l'hiver, lorsque l'intensité lumineuse s'accroît, les Inuit étendent leur territoire de chasse car les zones locales sont surexploitées. Les chasseurs parcourent de longues distances à la recherche d'ours blancs et d'autres animaux sauvages. Du début d'avril jusqu'en juin, lorsque naissent les bébés phoques, la chasse est concentrée sur les jeunes phoques que l'on retrouve dans des repaires situés sur des banquises côtières constituées de « hummocks ». À la fin de mai et en juin, les phoques annelés s'installent sur la banquise côtière pour muer. La chasse est particulièrement productive car les chasseurs peuvent s'approcher en motoneige et tuer les phoques qui se prélassent au soleil. La chasse atteint son point culminant de juillet à octobre, pendant la période d'eaux libres. Pendant cette période, c'est dans des bateaux à moteur navigant sur les eaux côtières abritées, près des peuplements et des camps avant-postes, que les Inuit tuent la majorité des phoques.

Les Inuit chassent aussi le morse, le béluga et le narval. Le morse est à présent chassé pour ses défenses. Auparavant, il servait à nourrir les chiens avant que ces derniers ne soient remplacés par les motoneiges. On chasse le béluga pour sa peau, (muktuk ou maqtaq); dans le cas du narval, on recherche sa peau et ses précieuses défenses. La chair de ces baleines sert à nourrir les chiens.

La majorité des espèces migratrices, tels le phoque barbu, le phoque du Groenland, le morse, le narval et le béluga, sont capturées pendant la saison des eaux libres, de juillet à octobre. Mais pour de nombreuses collectivités, la chasse printanière sur la lisière des floes est très importante. En juillet, alors que glace disloquée de la banquise côtière dérive, les chasseurs utilisent leurs bateaux pour poursuivre les mammifères marins dans les eaux côtières abritées et parmi les blocs de glace à la dérive. Pendant cette période d'eaux libres, bien que souvent la chasse en bateau vise plusieurs espèces à la fois et a pour objet d'en tirer le meilleur parti possible, dans plusieurs régions les Inuit concentrent leurs efforts sur des espèces qui abondent sur place : le narval dans les fjords du nord de l'île de Baffin (Baffin Island), le morse dans le bassin Foxe (Foxe Basin), le phoque barbu dans le détroit d'Hudson (Hudson Strait) et le phoque du Groenland dans la baie Cumberland (Cumberland Sound).