Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
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Cantons de l'Est
Origine
de l'exploitation minière

Naissance d'un village
Milieu en formation
(1907-1918)

Exploitation minière
et urbanisation
(1919-1929)

Dépression
des années 1930
Vie ouvrière,
syndicalisation et grève

Conclusion
Filons d'histoire
Asbestos, Filons d'histoire (1899-1999)
La section « Filons d'histoire » est composée d'extraits condensés du livre « Asbestos, Filons d'histoire (1899-1999) » en vente à la Société d'histoire d'Asbestos. Cliquez ici pour plus de détails >>

Cantons de l'Est

À la conquête d'une identité
Le 10 février 1841, la loi de l'Union entre en vigueur. Le Haut-Canada et le Bas-Canada deviennent le Canada-Uni, administré par un seul gouvernement. Le Canada-Uni, surtout le Canada-Est, en proie à une crise agricole, est de surcroît aux prises avec un grave problème de surpeuplement rural accentué par l'arrivée massive des immigrants. Vers 1850, c'est à la révolution industrielle américaine de se faire sentir au Québec. Entre 1840 et 1850, beaucoup de Canadiens-français émigrent vers les États-Unis, ce qui fait en sorte d'inverser le problème de surpeuplement rural. Au printemps de 1848, à l'occasion d'une grande assemblée présidée par l'évêque de Montréal, on lance une campagne de mise en valeur des terres non défrichées. L'Église fonde des sociétés de colonisation et l'État l'épaule dans cette tâche pour endiguer cette véritable hémorragie démographique. On taxe les grandes propriétés foncières afin d'inciter les spéculateurs à vendre leurs terres. On offre même des lots gratuits aux colons et on entreprend la construction de grandes routes. Toutes ces exhortations ecclésiastiques et politiques amoindrissent le flot d'émigrants vers les États-Unis.

La Confédération de 1867 répartit le pouvoir politique entre une autorité centrale (Ottawa) et des autorités provinciales. Les pouvoirs de la province de Québec sont bien définis par la loi. Tout ce qui touche à l'organisation sociale, civile, familiale, scolaire et municipale relève de sa compétence. De plus, la province de Québec est bilingue: les documents officiels sont rédigés dans les deux langues.

Les routes de la colonisation
Les routes de la colonisation
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En 1867, la province de Québec est peu peuplée : « sa population au recensement de 1861 atteint à peine 1 100 000 d'habitants, dont 75 % sont francophones »1. Les villes sont petites et peu nombreuses. Les ruraux, qui représentent 85 % de la population, sont répartis le long de la vallée du Saint-Laurent et dans les Cantons de l'Est. Nombreuses sont les régions du Québec encore couvertes de forêts. L'habitant Canadien-français pratique une agriculture de subsistance qui pourvoit aux besoins essentiels de la famille. L'aîné hérite de la ferme et de la responsabilité d'assurer la subsistance de ses parents. Les autres enfants installés sur d'autres lots participent à la charge qui échoit à l'aîné. Les terres sont petites et les revenus modestes. L'habitant bénéficie « d'une activité d 'appoint importante, celle de la coupe du bois »2, suppléant ainsi au manque à gagner durant l'hiver par l'abattage du bois et, durant l'été, par le travail dans les scieries.

L'émigration québécoise vers les États-Unis est liée à la crise agricole qui débuta vers 1820. L'ère d'une production agricole limitée aux besoins familiaux n'est plus de mise, l'agriculteur doit fournir les marchés urbains s'il veut de l'argent essentiel à l'accès aux produits manufacturés. C'est ainsi qu'au dernier quart du XIXe siècle, on assiste à une réorientation de l'agriculture québécoise. De nombreux colons délaisseront définitivement la culture du blé au profit de la production laitière3.

Plusieurs industries s'implanteront dans le sud du Québec. Quant au secteur manufacturier, il progressera grâce à la hausse des prix amorcée en 1851. La majorité des manufactures seront de petite taille et disséminées dans la province, à peine plus importantes que la production artisanale. Les faibles ressources ne facilitent pas le développement de l'économie. Le krach de la Bourse de Vienne, en 1873, inaugurera une longue période de récession touchant le monde entier jusqu'en 1896, lorsque la croissance de l'économie américaine commence à influencer d'avantage le développement du Québec.

Dans ces conditions, il est naturel que l'Église et l'État tentent d'influencer les Québécois vers la colonisation et le défrichement des terres. C'est une solution simple au problème de l'explosion démographique. Poursuivant la politique des chemins de la colonisation commencée dans les années 1850, on se lance dans une grande politique de construction ferroviaire adaptée aux besoins des colons puisque « le principal chemin de fer qui parcourt les Cantons de l'Est est celui du Grand Tronc, terminé en 1854 »4, et qu'il est maintenant insuffisant. On décide donc en 1870, de construire un énorme réseau « reliant les principaux centres non seulement aux villes de la plaine mais aussi aux ports de mer canadiens et américains »5. Les résultats sont impressionnants : « en 1901, on compte 5600 km de voie ferrée, alors qu'il ne s'en trouvait que 910 en 1867 »6. Grâce à la construction massive des chemins de fer, les francophones trouvent des emplois. Avec l'argent épargné, ils achètent des terres. Dans les régions colonisées comme les Cantons de l'Est, la population augmente : si bien que vers 1871, les francophones deviendront majoritaires dans la plupart des Cantons.

Les chemins de fer au XIXe siècle
Les chemins de fer au XIXe siècle
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Difficilement définissables en terme de leur géographie et de leur population, les Cantons de l'Est deviennent éventuellement le théâtre de chambardements politiques et économiques. Les présences française et anglaise se livrent alors une compétition sourde, en vue de s'attirer l'amitié des amérindiens. Premiers habitants des Cantons de l'Est, les Abénaquis sympathisent avec les français. Cette collaboration franco-amérindienne sombrera avec la victoire coloniale anglaise. L'appellation Buckinghamshire changea pour Cantons de l'Est sous le régime anglais. Plusieurs tentatives d'assimilation des francophones par les anglophones échouent. La main-d'oeuvre bon marché que constitue la population canadienne-française profitera à l'essor économique américain. Les dirigeants politiques québécois et l'Église tenteront d'endiguer le flot d'émigrants par une politique de valorisation des terres. L'effort des institutions pour le développement des chemins de fer sera une source d'emploi pour les québécois. Ces derniers, ayant pour la première fois la possibilité d'épargner, achèteront des terres dans les Cantons. Voici jetées les bases de la formidable histoire des Cantons de l'Est.

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1 Jean Hamelin et Jean Provencher, op.cit., p. 73.
2 Paul-André Linteau, René Durocher et Jean-Claude Robert, op.cit., p. 26.
3 Ibid., p. 77-78.
4 Gilles Parent, op.cit., p. 113.
5 Robert Gagnon, Les Cantons de l'Est. Initiation à la géographie régionale, p. 14.
6 Jean Hamelin et Jean Provencher, op.cit., p. 77.



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