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Un choix de livres illustrés par des
artistes québécois entre
1916 et 1946
par Jean-René Ostiguy
English article
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L'histoire du livre illustré par des artistes canadiens pour la période
allant de la fin du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe a déjà
fait l'objet d'un certain nombre d'études. (1) Malgré leur aspect
rudimentaire, ces études ont certainement permis une accélération
marquée des acquisitions par diverses bibliothèques, dont
celles des musées. L'exemple le plus notable demeure celui de la
Galerie nationale du Canada qui commandait en 1966 un article intitulé:
Book Illustration and Design by Canadian Artists 1890-1940, (2) pour le septième
numéro de son bulletin de recherches. Son auteur, Sybille Pantazzi,
alors bibliothécaire à l'Art Gallery of Toronto, terminait
l'étude en ces mots: « Principalement, j'ai voulu montrer
le rôle important joué par la Toronto Art Students' League
et par le Groupe des Sept dans l'évolution de l'illustration et
de la conception du livre au Canada, mais il reste beaucoup à découvrir
et à étudier. » (3) Le voeu de Madame Pantazzi a sans
doute été exaucé en partie car la bibliothèque
de la Galerie nationale entreprit alors d'enrichir méthodiquement
ses collections en ce domaine. L'illustration du livre au Québec,
qui jusqu'alors y paraissait fort négligée, fut l'objet d'attentions
particulières. Pour la seule période de la première
moitié du XXe siècle, les collections de la Galerie se chiffrent
maintenant à plus de cinquante titres.
Cependant la richesse de cette collection ne peut être
mise en évidence qu'à l'aide d'études historiques
et esthétiques. En un certain sens, parler ici des richesses c'est
utiliser un bien grand mot. L'édition du livre illustré
au Québec, comme ailleurs au pays, fut somme toute fort limitée
en comparaison avec celle en Europe, en Angleterre, ou même en
Amérique qui lui servait de modèle. Cherchant à rassembler
les plus belles réussites des décorateurs québécois
du livre, on aura beaucoup de mal à trouver à l'époque
plus d'une vingtaine d'exemples. Mais l'aveu mérite d'être
qualifié. Tout au moins doit-on mentionner que cette situation s'explique
par la démographie et le cours très particulier des événements
de la vie culturelle au Canada.
Deux contextes différents
Il est possible, grâce à l'article de Sybille Pantazzi, de retracer
l'influence
de William Morris sur les illustrateurs torontois de la fin du XIXe siècle.
De plus, certains faits rapportés dans cet écrit, comme celui
des séjours de J. E. H. MacDonald et de quatre autres artistes en Angleterre
où ils travaillent pour la firme londonnienne Carlton Studio, établissent
les circonstances précises d'influences stylistiques entre 1902
et 1906. Or, on ne sait encore rien d'aussi pertinent au sujet de l'évolution
donnée des illustrateurs montréalais. Depuis la fin du XIXe siècle, l'influence britannique était omniprésente
au Canada. Elle est renforcée au début du XXe siècle
par une immigration qui permet la venue d'artistes spécialisés
dans le domaine des arts graphiques tels
Arthur Lismer, W. J. Phillips, A. J. Musgrove, J. W. G. Macdonald et autres.
Ceux-ci ont été à même d'évaluer, dans
leur pays d'origine ou ailleurs, le renouveau de la gravure d'illustration
avant leur établissement au Canada.
Si l'on cherche par ailleurs à comprendre comment les
musées ou les sociétés nationales ont pu encourager
les artistes graphiques dans diverses provinces au Canada, tous les coups
de sonde ne font que renforcer cette idée que les modèles
venaient très majoritairement du monde anglophone, de Toronto, de
Londres, de New York. Ainsi, l'introduction du catalogue (4) de la première
grande exposition de la Canadian Society of Graphic Art présentée
à l'Art Gallery of Toronto en 1924 rappelle que cette société
fut fondée à Toronto en 1904. D'ailleurs, sur les 144 membres
apparaissant sur la liste, 110 proviennent de l'Ontario, 19 du Québec,
10 du Manitoba, 1 de la Colombie-Britannique, 1 de la Nouvelle-Écosse
et 2 de l'extérieur du pays.
En 1928, au moment où à Toronto, à Montréal,
et à Winnipeg, des signes évidents d'un renouveau canadien
se manifestent, la Galerie nationale du Canada se fait un devoir d'organiser
une exposition intitulée Modern Woodcuts and Wood Engravings. (5)
La préface du catalogue précise comment le public canadien
se doit de connaître certaines des réussites britanniques
en ce domaine. Dix ans plus tard, la même institution organise une
autre exposition sous le titre Book Illustration and Fine Printing, (6)
profitant, tel que mentionné dans la préface du catalogue,
des progrès du beau livre au Canada. Elle a ainsi choisi de montrer
comment l'évolution de cette forme d'art s'est avérée progressive et constante en Angleterre. Plusieurs artistes québécois
profitent sans doute de cet enseignement, mais dans la majorité
des cas, ils désirent autre chose et sont forcés de glaner
au jour le jour les éléments propres à un enrichissement
conséquent avec les traditions de leur collectivité originale.
On sait bien peu de choses encore sur les modèles prévalant
au Québec au début du siècle, comme sur les goûts
des lecteurs et des bibliophiles. Un facteur dont on ne connaît pas
encore très bien l'influence sur les créateurs, apparaît
dès l'établissement des librairies Déom et Jules A.
Pony à Montréal avec lesquels la maison Hachette organise
la diffusion massive des collections de livres à prix modiques
de divers éditeurs parisiens. Il s'agit somme toute de livres très
bien illustrés que l'on considère aujourd'hui comme les ancêtres
du livre de poche. Un premier éditeur, Arthème Fayard, lance
sur le marché en 1904 sa collection dite La Modern-Bibliothèque.
Puis, en 1914, Flammarion donne le jour à la Sélect-Collection,
laquelle possède le désavantage de n'offrir d'illustrations
que sur la couverture. Fayard abandonne La Modern-Bibliothèque
en 1923 pour la remplacer par celle du Livre de demain dont
les illustrations sont conçues dans la technique du bois gravé.
Quelques années auparavant, soit en 1921, l'éditeur J. Ferenczi
et Fils avait commencé, lui aussi, à publier de semblables
ouvrages dans sa collection Le livre moderne illustré. Chacune de ces collections paraît avoir été largement
diffusée au Québec. Chose certaine, un très grand
nombre de bibliothèques personnelles au cours des années
trente et quarante (7) comportaient des Fayard et des Ferenczi. De plus, diverses
bibliothèques circulantes de l'est de Montréal offraient
à leurs abonnés cette attrayante littérature d'évasion. On pouvait trouver ces écrits d'imagination dans maints établissements originaux tels ces «
restaurants librairies » et
librairies dites « ventes-échanges » qui les estampillaient soigneusement.
(8) Une forte présence de modèles français
paraît donc évidente dans le domaine de l'illustration et
toute étude historique ou stylistique de la production canadienne
se doit d'en tenir compte. Par surcroît la série des Romans
historiques aux éditions de l'Action canadienne-française
et aussi plusieurs monographies des éditions Albert Lévesque rappellent par bien des aspects la collection française
Le livre
de demain. Une parenté existe au niveau du type de volume, de
son format, de son papier, de sa mise en page et des illustrations, sans
parler de son prix de revient.
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