JOURNAL DE BORD D'UN COLON
Nous étions le 14 mai 1912 et assis sur un banc de la gare Windsor, je regardais de loin ce père oblat s'affairer. Il s'occupait fébrilement des préparatifs et s'assurait que tout soit prêt pour le départ des hommes et femmes qui l'accompagnerait. Il me dit plus tard qu'il s'assurait que tous les colons seraient avec lui, tous réunis dans un même wagon. Nous n'étions pas les seuls à le suivre vers ces contrées D'autres colons devaient nous rejoindre dans le train tout au long de notre voyage entre Montréal et Winnipeg.
Puis les aventuriers apparurent les uns après les autres : Oliva Sabourin, Alfred Roy, Charles Dupuis et sa femme, Vézina Gamache, Pierre Arcand, les frères Hamelin et Misael Giroux. Je m'approchai du groupe pour faire connaissance avec mes futurs voisins. Le Père Giroux vint à notre rencontre et nous accueillit avec empressement et gaieté. Quel homme, il était! Toujours joyeux et prêt à nous rendre service. Il n'y a pas une fois où je l'ai vu s'emporter.
Le train quitta finalement la gare à 10 heures. Notre aventure commençait. Tout le monde était à la fois nerveux, craintif et émerveillé par les beautés qui se dessinaient devant nous tout au long de notre expédition.
À Winnipeg, un incident se produisit. Certains de nos compagnons de voyage devaient, selon les indications se trouvant sur leurs billets, quitter le train du Canadien Pacifique (C.P.R.) continuer leur voyage jusqu'à Edmonton avec le Canadien National (C.N.R.) Sans perdre son sang-froid et avec diplomatie, le Père Giroux discuta avec les autorités ferroviaires et obtint finalement l'autorisation de garder avec lui ses recrues. C'est donc tous ensemble que nous arrivèrent à Edmonton, le samedi 18 mai vers midi. Le Père Falher, un confrère du Père Giroux, nous attendait sur le quai de la gare.
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