Devant l'Association des universités et collèges du Canada (AUCC)
Le 5 mars 1997
Ottawa (Ontario)
J'ai eu l'occasion d'adresser la parole à votre association
il y a quelques années, au début de notre mandat.
Il s'est passé beaucoup de choses depuis lors.
Lorsqu'il est arrivé au pouvoir, notre gouvernement a dû
faire face à plusieurs défis importants, dont la
situation financière héritée de nos prédécesseurs
était de loin le plus considérable. La capacité
du gouvernement de relever les défis posés par un
monde en mutation était gravement limitée.
Le déficit était de 42 milliards de dollars et allait
en augmentant. Le Canada était sur le point de perdre sa
souveraineté économique. L'avenir de nos précieux
programmes sociaux était menacé.
Nous avons agi avec détermination -- mais aussi avec humanité
-- pour rétablir la santé des finances du pays. Et
nous pouvons maintenant apercevoir le bout du tunnel. Nous pouvons
maintenant nous permettre de faire certains investissements dans
une société forte. Des investissements dans notre
avenir. Des investissements que nous n'aurions pu faire il y a
à peine quelques années. Des investissements rendus
possibles grâce aux efforts consentis par les Canadiens
et les Canadiennes pour nous aider à redresser les finances
publiques.
Néanmoins, nous n'avons pas beaucoup d'argent à
affecter à de nouvelles dépenses. Nous devons sélectionner
nos priorités de façon très stratégique
pour préparer notre pays en vue du prochain siècle.
Dans notre budget d'il y a quelques semaines et dans un discours
que j'ai prononcé à Ottawa quelques jours auparavant,
nous avons énoncé trois priorités impérieuses
pour l'avenir immédiat et pour les années à
venir. L'une d'elles est la pauvreté des enfants. La consolidation
et la modernisation de notre régime de soins médicaux
en est une autre. Et la troisième, dont je vais vous entretenir
aujourd'hui, est la responsabilité que nous avons comme
société et comme gouvernement d'investir dans l'éducation,
dans le savoir et dans l'innovation.
L'une des choses les plus importantes que doit faire le gouvernement
du Canada pour préparer notre pays au XXIe siècle
consiste à appuyer l'effort national visant à donner
aux Canadiens les moyens de soutenir la concurrence dans un monde
qui se transforme. Cet effort doit constituer une priorité
nationale si nous voulons que le Canada continue à prospérer
au sein de la nouvelle économie mondiale.
En tant que gouvernement, il ne nous suffit pas de planifier en
vue de la semaine prochaine, ni du mois prochain, ni de l'année
prochaine. Nous devons préparer le Canada pour les dix,
vingt, trente prochaines années.
Nous devons donner à nos jeunes la possibilité d'être
productifs : c'est de cela que dépend l'avenir du Canada.
Les étudiants canadiens sont en concurrence non seulement
avec leurs voisins en classe, mais aussi avec les étudiants
de tous les autres pays du monde.
Une main-d'oeuvre très instruite et très qualifiée
va constituer la meilleure garantie de prospérité
pour le Canada au cours du prochain siècle.
Le gouvernement du Canada a la responsabilité de soutenir
les étudiants, d'aider à assurer l'accès
à l'instruction postsecondaire, de promouvoir notre communauté-scientifique, et d'appuyer la recherche et le développement.
Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons cherché
à nous acquitter de ces responsabilités de manières
nouvelles. Nous pensons stratégiquement, nous cherchons
à accroître l'effet de levier et nous créons
de nouvelles formes de masse critique. Par-dessus tout, nous formons
des partenariats. Notre gouvernement veut travailler en partenariat
avec vous pour aider nos étudiants à obtenir la
meilleure éducation possible.
Dans le budget de février, nous avons annoncé la
création de la Fondation canadienne pour l'innovation,
à laquelle nous avons affecté 800 millions de dollars.
Il s'agit d'un engagement majeur à travailler en partenariat
avec d'autres parties pour moderniser l'infrastructure de recherche
du Canada. C'est là, à mon avis, une des mesures
les plus importantes jamais prises par un gouvernement fédéral
pour aider à assurer la compétitivité internationale
des établissements d'enseignement postsecondaire du Canada.
Il s'agit de notre priorité en tant que gouvernement, et
il doit s'agir de notre priorité en tant que pays, de pouvoir
rivaliser avec les meilleurs éléments au monde en
matière d'innovation, d'idées, de recherche et de
développement. Ou bien nous progresserons avec conviction,
ou bien nous resterons en arrière et nous verrons nos meilleurs
talents fuir vers d'autres pays.
La création de la Fondation canadienne pour l'innovation
est le fruit d'une collaboration préalable au budget entre
l'Association des universités et collèges du Canada
et les ministres des Finances et de l'Industrie. Vous méritez
des félicitations pour l'excellent travail que vous avez
fait à cette occasion.
J'exhorte donc les établissements de recherche à
profiter au maximum de cette possibilité. Je pense que
les collèges, les universités et les hôpitaux
de recherche sont bien conscients de l'importance de la Fondation.
Nous devons nous assurer que c'est également le cas de
vos partenaires éventuels, car le partenariat sera la clé
du succès de la Fondation.
La Fondation a la capacité de susciter jusqu'à deux
milliards de dollars d'investissements dans l'infrastructure de
recherche de nos universités, de nos collèges et
de nos hôpitaux de recherche au cours des cinq à
sept prochaines années, grâce à des partenariats
entre les établissements de recherche, le monde des affaires,
le secteur bénévole, des particuliers et les gouvernements
provinciaux.
Une autre des importantes responsabilités du gouvernement
du Canada consiste à aider les étudiants et à
garantir l'accès à l'instruction postsecondaire.
Les emplois nouveaux et plus rémunérateurs créés
par l'innovation et la restructuration économique exigent
des compétences de plus en plus grandes. Sans une main-d'oeuvre
qualifiée, il est en effet difficile de créer une
technologie de pointe ou d'en utiliser les derniers perfectionnements.
Les Canadiens et les Canadiennes doivent donc absolument acquérir
des niveaux d'instruction plus élevés et des compétences
accrues s'ils veulent garantir leur avenir et celui du Canada.
Mais les coûts de l'instruction supérieure ne cessent
d'augmenter.
Le budget de 1997 propose d'enrichir considérablement l'aide
fédérale offerte à l'instruction supérieure
par le truchement du régime fiscal. Il prévoit de
nouveaux crédits destinés à aider les étudiants
et leurs familles à faire face à l'augmentation
de leurs dépenses, à aider les travailleurs à
améliorer leurs compétences, à aider les
étudiants aux prises avec des dettes plus élevées
après l'obtention de leur diplôme, et à encourager
les parents à épargner en vue des études
de leurs enfants.
Notre gouvernement a en outre consacré des crédits
supplémentaires de 2,5 milliards de dollars au Programme
canadien de prêts aux étudiants sur une période
de cinq ans.
Nous avons aussi annoncé dans le budget que le gouvernement
du Canada est prêt à instaurer, avec les provinces
intéressées, les prêteurs et d'autres parties,
une formule additionnelle de remboursement des prêts aux
étudiants. Ceux-ci auraient le choix entre les dispositions
de remboursement actuelles et un calendrier de remboursement lié
à leur revenu. Je sais que votre association préconise
cette formule depuis un certain temps. Je tiens à vous
remercier, tous et toutes, de votre contribution à la préparation
de cette partie du budget.
Notre gouvernement est profondément conscient de l'importance
des sciences et de la technologie dans la création d'une
économie innovatrice. Après notre arrivée
au pouvoir, en 1993, nous avons entrepris un examen majeur de
nos programmes de sciences et de technologie. Cet examen a débouché
sur une nouvelle stratégie fédérale, rendue
publique en mars 1996.
Nous canalisons plus soigneusement nos efforts et nous cherchons
à optimiser les résultats de nos investissements.
Nous mettons l'accent sur le partenariat, sur l'effet de levier
et sur la constitution de réseaux. Et nous avons établi
clairement que le gouvernement lui-même est très
désireux de jouer un rôle de partenaire actif.
Nous avons mis en train le programme dit Partenariat technologique
Canada afin d'aider à maintenir la compétitivité
du Canada dans les industries de pointe clés.
Nous avons établi le Réseau canadien de technologie
pour aider à améliorer l'accès des entreprises
aux compétences des universités, des collèges
et d'autres établissements de recherche.
Notre récent budget a affecté des crédits
à la poursuite du fructueux Programme d'aide à la
recherche industrielle, qui facilite le transfert de technologie
aux petites entreprises à l'échelle nationale.
Le budget prévoit en outre l'intégration en permanence
des réseaux de centres d'excellence à notre système
d'investissement dans la recherche. Quand une chose fonctionne
aussi bien, nous estimons devoir la conserver. Ces réseaux
relient les chercheurs du niveau postsecondaire, les gouvernements
et le secteur privé. Ils sont uniques au monde et prouvent
que, même dans un pays dont la population est si dispersée,
nous pouvons créer une masse critique dans certains domaines
de recherche importants.
Nous avons également investi dans le Réseau canadien
pour l'avancement de la recherche, de l'industrie et de l'enseignement,
ou CANARIE, qui regroupe les principaux agents du domaine de la
technologie de l'information. Cet investissement, d'un montant
de 80 millions de dollars, a suscité une mise de fonds
de près de 600 millions de dollars de la part des partenaires
de CANARIE. Voilà le genre d'effet multiplicateur et de
coopération que nous voulons encourager.
Tous ces faits stimulants traduisent l'engagement du Canada à
rester à la fine pointe de l'évolution technologique
et à s'assurer que les divers agents des domaines de la
recherche, de l'éducation et de la diffusion de la technologie
travaillent ensemble.
Une autre des priorités de notre gouvernement a consisté
à promouvoir les établissements d'enseignement et
les ressources pédagogiques du Canada à l'échelle
internationale.
J'ai eu le plaisir de voyager avec certains d'entre vous lors
de la récente mission d'Équipe Canada en Asie, qui
a représenté la plus importante mission commerciale
de toute l'histoire du Canada. Des représentants de 50
établissements d'enseignement canadiens se sont joints
à Équipe Canada, dont de nombreux présidents
d'universités et de collèges. En fait, l'éducation
a été le deuxième secteur le plus important
représenté au sein de la délégation.
Chose encore plus importante, sur mon insistance, nous avons emmené
un certain nombre d'étudiants avec nous.
L'exportation de biens et de services pédagogiques représente
un commerce considérable pour le Canada. C'est pourquoi
le gouvernement fédéral a ouvert sept centres d'information
sur les études canadiennes dans les principales capitales
de l'Asie pour aider à promouvoir les établissements
d'enseignement canadiens. Plus tard cette année, nous ouvrirons
de nouveaux centres à New Delhi, à Beijing et à
Mexico.
L'un des points saillants de notre tournée a été
la Foire canadienne de l'éducation, tenue à Bangkok.
Plus de 5 000 étudiants sont venus de partout en Asie du
Sud-Est en l'espace de trois jours pour se renseigner plus à
fond sur les établissements d'enseignement canadiens.
J'ai été heureux de constater que plus d'une douzaine
d'accords relatifs à l'éducation avaient été
signés au cours de notre voyage, dont divers genres d'ententes
d'échanges et de coopération. Cela signifie qu'un
plus grand nombre d'étudiants asiatiques apporteront une
contribution importante à l'économie canadienne.
Les étudiants des autres pays apportent également
de nouveaux points de vue aux discussions qui ont lieu en classe
et aident les étudiants canadiens à mieux comprendre
le monde. Et, lorsque les étudiants étrangers retournent
dans leur pays, ils deviennent d'excellents ambassadeurs pour
le Canada.
Nous savons tous que les écoles du Canada ont beaucoup
à offrir aux étudiants des autres pays : nos normes
pédagogiques sont élevées et nos frais de
scolarité sont relativement modiques. Mais nous devons
nous assurer que d'autres personnes savent cela également,
car nous faisons face à une vive concurrence de la part
de pays comme l'Australie, la Grande-Bretagne, la France et les
États-Unis. Je suis heureux de constater que le travail
de commercialisation efficace accompli par les Centres d'information
sur les études canadiennes a porté fruit.
Lors de la dernière mission d'Équipe Canada, un
certain nombre de premiers ministres provinciaux et d'éducateurs
m'ont fait part de leurs inquiétudes au sujet des problèmes
inhérents au processus canadien de délivrance de
visas d'étudiant. A leur avis, le Canada se trouve
dans une situation défavorable par rapport aux autres pays
à cause des obstacles que comporte le système, en
particulier la double vérification des examens médicaux
effectués dans les pays étrangers.
A la suite de notre voyage, nous avons pris des mesures
à ce sujet. J'ai le plaisir d'annoncer aujourd'hui que
nous modifierons les formalités médicales de manière
à rationaliser le processus de délivrance des visas
d'étudiant tout en protégeant la santé des
Canadiens et des Canadiennes. Nous allons mettre à l'essai
un processus rationalisé d'examen médical dans quatre
pays d'Asie, soit la Corée, Taïwan, la Thaïlande
et la Malaysia, ainsi qu'au Mexique. Dans le cadre de ce projet
pilote, les étudiants qui auront subi un examen médical
dans leur pays d'origine et satisferont aux exigences médicales
du Canada seront exemptés de la vérification par
un médecin canadien, sauf dans des circonstances exceptionnelles.
Nous devons continuer à collaborer pour réussir
à recruter des étudiants étrangers au Canada.
Notre gouvernement intensifie ses efforts. Et je sais que votre
détermination à cet égard est également
ferme. Tout comme le gouvernement doit rationaliser ses procédures
administratives, je vous exhorte à rationaliser vos politiques
d'admission de façon à pouvoir informer en temps
opportun les étudiants étrangers admis dans nos
établissements d'enseignement postsecondaire.
Bien sûr, l'éducation internationale suppose beaucoup
plus que le recrutement d'étudiants étrangers.
Le Canada est fier de sa tradition de partage du savoir, en particulier
dans le domaine du développement international. Qu'il s'agisse
de former des policiers à Haïti ou des juges en Chine,
nous partageons nos valeurs et nos compétences avec d'autres.
Le fait que la Banque mondiale tiendra sa toute première
conférence sur le savoir mondial à Toronto, au mois
de juin, n'est pas une coïncidence. C'est une façon
de reconnaître le rôle constructif joué par
le Canada en matière de partage des connaissances, par
l'entremise de ses écoles et d'une multitude d'organismes.
Le Canada a un avenir important au chapitre du partage des connaissances.
Et ses collèges et universités ont manifestement
un rôle capital à jouer à cet égard.
Le rôle du Canada dans le monde se fondera de plus en plus
sur la façon dont nous diffuserons notre culture, nos valeurs
et notre savoir sur la scène internationale.
Nous voulons voir les Canadiens et les Canadiennes exporter nos
biens et services pédagogiques le plus largement possible,
à l'aide de toutes les technologies dont nous disposons.
Nous voulons que les collèges et les universités
voient dans le gouvernement un partenaire dans cette importante
entreprise. Donnons-nous comme priorité de nous organiser,
et de nous mettre à l'oeuvre.
En travaillant en partenariat, faisons de notre mieux pour assurer
à tous les Canadiens l'instruction et les compétences
dont ils ont besoin pour s'engager dans le XXIe siècle
avec espoir et confiance en leur avenir.
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