BÂTIR UNE NOUVELLE RELATION
AVEC LE SECTEUR BÉNÉVOLE
Allocution de
Mel Cappe
Greffier du Conseil privé et Secrétaire du Cabinet
à loccasion du
Troisième forum des dirigeants canadiens
sur le secteur bénévole
Ottawa (Ontario)
Le 31 mai 1999
Le texte prononcé fait foi
Je vais aborder ces trois points : l'importance du secteur du point de vue du
gouvernement; j'exposerai ensuite certains des défis que nous devons relever pour nouer
des liens avec le secteur, et comment nous nous y prenons pour les relever; et
l'interdépendance entre les secteurs privé, public et bénévole, ainsi que la
nécessité de renforcer le dialogue entre ces trois secteurs.
L'importance du secteur du point de vue du gouvernement
Je voudrais commencer par vous décrire l'importance du secteur bénévole du point de
vue du gouvernement. D'abord le secteur bénévole du Canada existe parce que les
Canadiens l'ont créé : il n'est pas un prolongement de l'État; il n'est pas
subordonné au secteur privé; il existe parce que les Canadiens veulent qu'il existe; et,
il existe parce que les canadiens trouvent utiles son travail et les rôles qu'il joue.
Quels sont ces rôles? Au cours des dernières décennies, les rôles fondamentaux des
organisations bénévoles du Canada ont évolué de manière à inclure la prestation des
services, la participation au dialogue sur la politique publique et l'engagement des
citoyens. M'appuyant sur l'excellent travail de Susan Phillips, de l'Université Carleton,
je voudrais dire quelques mots sur chacun de ces rôles.
La prestation de services. L'un des éléments essentiels de
nombreuses organisations bénévoles est de faire « de bonnes uvres » en
offrant des services à la collectivité. La gamme des services est souvent énorme et
comprend parfois l'exécution de programmes au nom du gouvernement. Le Programme des
centres d'accueil autochtones en est un exemple.
Pourquoi le gouvernement fédéral s'y intéresse-t-il?
Parce que le secteur bénévole atteint des couches de la société que le gouvernement
ne peut pas atteindre aussi facilement ou aussi efficacement. L'une des meilleures façons
d'évaluer l'efficacité des services que nous offrons ou appuyons consiste à établir un
dialogue avec le secteur, puis à écouter et à apprendre. Qui en profite? Les canadiens,
grâce à des services qui correspondent mieux aux besoins.
La participation au dialogue sur la politique publique. Les
organisations bénévoles traduisent les intérêts et les préoccupations de leurs
membres ... et notamment leurs intérêts à l'égard de la politique publique.
L'action sociale en fait partie -- chercher à influencer la politique publique, à
sensibiliser la population et à modifier le comportement de la société en général.
Pourquoi le gouvernement fédéral s'y intéresse-t-il? Là encore, parce que le
secteur bénévole a des racines profondes dans la société et fournit aux canadiens un
autre moyen de se faire entendre. Parce qu'il est si près des citoyens, ce secteur peut
agir comme système d'alerte avancée pour signaler les questions de politique
émergentes. Qui en profite? Les canadiens, grâce à une connaissance plus approfondie et
à un débat public plus profond sur la politique publique.
L'engagement des citoyens. Le secteur bénévole crée et renforce la
citoyenneté en faisant participer les citoyens au développement de leurs collectivités.
Pourquoi le gouvernement fédéral s'y intéresse-t-il? Parce que le secteur bénévole
donne aux citoyens des moyens de s'engager à bâtir des collectivités plus fortes et
plus résistantes. J'ai évoqué les trois rôles que joue le secteur bénévole.
Permettez-moi de décrire maintenant les raisons plus profondes de l'intérêt du
gouvernement fédéral pour le secteur. Certains pourraient prétendre que le secteur
bénévole ne fait que combler le vide entre ce que le secteur privé ne veut pas faire et
ce que le gouvernement ne peut pas faire. D'un côté, c'est vrai. De l'autre, c'est
sous-estimer la contribution du secteur au mieux-être des canadiens. L'importance du
secteur et son importance pour le milieu des affaires, sont beaucoup plus profondes que
vous pouvez l'imaginer.
L'an dernier, j'ai parlé de Robert Putnam, des parties de quilles en solitaire et du
chant choral. Cette année, je veux parler de Francis Fukiyama. Certains d'entre vous se
souviendront peut-être de Fukiyama, qui a écrit un livre au titre provocateur de The
End of History. Le livre de Fukiyama traite du triomphe des sociétés libres et de
sa forme économique : le capitalisme. Fukiyama a également effectué des travaux
remarquables sur les fondements économiques des sociétés qui réussissent. Il a
découvert que les sociétés qui réussissent possèdent des réseaux d'appui social
développés, des réseaux qui correspondent exactement à ceux que le secteur bénévole
crée le secteur bénévole. Fukiyama n'est pas seul à faire cette observation. De plus
en plus, d'autres études révèlent que le secteur bénévole apporte une contribution au
bien-être social qui a été sous-estimée pendant beaucoup trop longtemps. Imaginons la
société comme un tabouret à trois pieds : les sociétés qui réussissent possèdent un
secteur privé dynamique, un secteur public habile ... et un secteur bénévole
souple, sensible et diversifié. Pour que le tabouret puisse supporter du poids, les pieds
doivent s'étayer et s'appuyer les uns les autres. Les trois secteurs doivent travailler
ensemble.
Voilà pourquoi le gouvernement fédéral veut resserrer ses liens avec le secteur
bénévole. Nous nous efforçons de renforcer l'un de ces étais. Et ce forum contribuera
peut-être à déclencher le renforcement de l'étai qui relie les entreprises et le
secteur bénévole.
Investir dans le développement des enfants, par exemple, n'est pas seulement un
objectif majeur de politique sociale, c'est aussi une façon de promouvoir la croissance
et le développement économique. Un enfant qui prend un bon départ dans la vie a plus de
chance de devenir un citoyen qui dépendra moins de la société et qui contribuera
davantage. Donc, comme l'ont fait observer Fukiyama et d'autres, le secteur privé a un
intérêt très profond dans la santé du secteur bénévole.
Les défis que présente le développement d'une relation avec le
secteur ... et comment nous relevons ce défi
Avant de vous décrire comment nous tentons de développer une nouvelle relation avec
le secteur, je voudrais vous exposer certains des défis auxquels nous faisons face.
L'enquête nationale de 1997 sur le don, le bénévolat et la participation nous a brossé
le premier portrait clair du secteur et de la façon dont il est appuyé.
Cette enquête a révélé que : Le Canada compte plus de
175 000 organisations bénévoles. De ce nombre, plus de 77 000 sont des
organismes de bienfaisance enregistrés. Environ 21 millions de canadiens ont fait un
don quelconque à des organismes de bienfaisance et à des organisations sans but
lucratif. L'appui financier direct aux organismes de bienfaisance et aux organisations
sans but lucratif a atteint un montant estimé de 4,51 milliards de dollars. Environ
7,5 millions de canadiens ont donné 1,11 milliard d'heures de leur temps. C'est
l'équivalent de 578 000 emplois à plein temps, plus que la population active
du Manitoba. Les organismes de bienfaisance enregistrés autres que les hôpitaux et les
établissements d'enseignement ont créé plus de 570 000 emplois rémunérés.
C'est l'équivalent de toute la population active du Manitoba.
Notre secteur bénévole est vigoureux et actif depuis longtemps et s'est d'ailleurs
construit grâce à une fructueuse alliance avec le gouvernement fédéral et les
gouvernements provinciaux. Vous vous demandez peut-être comment tout cela est appuyé
activement?
Permettez-moi de vous répondre du point de vue des organismes de bienfaisance. Je vais
également mettre à l'épreuve vos connaissances en mathématiques : Les organismes
de bienfaisance tirent environ 57 p. 100 de leurs revenus des gouvernements,
principalement les gouvernements provinciaux; 10 p. 100 proviennent des dons des
particuliers; 32 p. 100, des droits, des ventes, etc. Il manque encore 1 p. 100.
D'où provient-il ce 1 p. 100? La réponse : des entreprises.
Souvenez-vous de mon analogie avec les pieds du tabouret qui doivent s'étayer. Il y a
peut-être place à l'amélioration. Je ne veux pas donner l'impression que les liens
reposent exclusivement sur l'argent ni que bâtir une relation durable est une sinécure.
Songeons aux défis que présente un secteur qui mobilise les efforts de 17 millions
de Canadiens qui ne travaillent pas tous au sein des 175 000 organisations.
Je voudrais traiter de cinq défis : le financement, la diversité, la dépense des
droits, l'obligation de rendre des comptes et l'engagement fédéral-provincial.
Le financement. Les gouvernements jouent un grand rôle dans le
financement du secteur, mais des années de compressions ont laissé des séquelles. Au
niveau fédéral, nous devons mieux rendre compte du financement que nous accordons. Nous
devons également être conscients des conséquences qu'aura à long terme sur la
capacité du secteur notre préférence actuelle pour des projets plutôt que pour du
financement de base. Le financement de projets pousse parfois des organisations du secteur
bénévole à s'éloigner de leur mission principale. Donc, l'un des défis auxquels nous
faisons face consiste à réexaminer notre attitude face au financement.
La diversité. La force du secteur réside dans sa diversité. Il
appuie tout, depuis les beaux-arts jusqu'aux banques alimentaires. Il comprend aussi bien
le travail de particuliers que celui d'organismes de bienfaisance qui injectent des
milliards de dollars dans de nombreux secteurs de la société. Il n'est pas raisonnable
de s'attendre à ce qu'un secteur aussi diversifié s'exprime d'une seule voix, pas plus
que ce ne serait souhaitable.
Nous devons trouver des moyens d'écouter les nombreuses voix qui s'expriment dans le
secteur. Comme le confirmera Al Hatton, du Regroupement des organisations nationales
bénévoles, les dirigeants du secteur s'aperçoivent que leur plus grande difficulté
consistera à orchestrer ces voix. Alors, peu importe ce que fera le gouvernement
fédéral, nous savons déjà qu'il faudra tenir compte de la diversité du secteur ... et
y voir un atout! Nous sommes prêts à relever le défi.
La défense des droits. Le groupe Broadbent a abordé l'importance du
rôle du secteur eu matière de défense des droits et sa capacité d'éclairer le débat
de politique publique par ses recherches approfondies et ses compétences dans le domaine.
Nous convenons avec le groupe Broadbent que le secteur bénévole peut apporter une grande
contribution. Le défi consistera à trouver des façons de tenir compte systématiquement
des points de vue du secteur dans l'élaboration des politiques publiques.
L'obligation de rendre des comptes. Le gouvernement est maintenant
beaucoup plus sensible à la nécessité de faire participer le secteur bénévole au
dialogue sur la politique publique. Cependant, le défi est de taille, en partie parce que
les responsabilités diffèrent. Les politiciens doivent rendre compte de leurs efforts
sur de nombreux fronts directement à leurs électeurs et trouver un équilibre entre des
intérêts conflictuels pour faire avancer le bien public. Les organisations du secteur
bénévole, par contre, s'intéressent habituellement à un nombre plus restreint de
problèmes et doivent rendre des comptes à un nombre plus limité de partisans et de
clients. Concilier les intérêts du secteur bénévole avec les responsabilités plus
larges du gouvernement constituera toujours un défi.
L'engagement fédéral-provincial. Pour que la relation entre le
secteur public et le secteur bénévole s'épanouisse vraiment, nous devrons trouver des
façons de faire participer les autres paliers de gouvernement à un dialogue national
multilatéral. Le Cadre de l'union sociale est un moyen de susciter cet engagement, en
inscrivant dans les priorités nationales les efforts fédéraux et provinciaux visant à
améliorer nos rapports avec le secteur bénévole.
Je voudrais maintenant vous décrire en détail l'approche retenue par le gouvernement
fédéral pour établir cette nouvelle relation. D'abord, vous devez savoir que
l'engagement du gouvernement d'approfondir ses liens avec le secteur bénévole se trouve
dans le Livre rouge du Parti libéral.
L'allocution du premier ministre devant l'Association internationale pour l'effort
volontaire en août 1998 a reformulé cet engagement. Il affirmait : «. . . nous
pouvons accomplir beaucoup plus de choses en unissant nos efforts que si chacun reste de
son côté. . . L'époque où le secteur bénévole au Canada a été oublié et négligé
est bel et bien révolue. . . nous voulons bâtir un partenariat nouveau et durable. .
. ».
Depuis quelques années, nous comprenons mieux que nos objectifs économiques et
sociaux sont complémentaires. À l'origine de cette démarche réside une nouvelle
conception du rôle des gouvernements, à l'uvre non seulement ici au Canada mais
partout dans le monde. De toute évidence, le fruit est mûr. Les dirigeants du secteur
bénévole semblent croire eux aussi que le fruit est mûr. Mais je laisserai mon
collègue, Al Hatton, vous en dire plus long à ce sujet. Nous ne partons pas à zéro.
De nombreux ministères ont déjà noué des liens importants avec le secteur
bénévole : Un sondage récent a dénombré plus de 250 initiatives de ce genre
avec 32 ministères et organismes fédéraux. Nous savons que nous voulons nouer des
liens plus stratégiques qui s'appuient sur les réalisations antérieures et corrigent
les lacunes du passé.
Afin de lancer cette initiative, des ministres ont rencontré récemment des dirigeants
du secteur bénévole. Cette réunion a jeté les bases des entretiens exploratoires sur
les options stratégiques qui ont débuté en avril 1999 et mené à la création de trois
Tables conjointes. À chaque table, des dirigeants du secteur bénévole se sont unis à
des hauts fonctionnaires pour étudier les moyens d'établir cette nouvelle relation. Les
Tables elles-mêmes représentent une nouvelle façon - meilleure, nous
l'espérons - d'effectuer les premiers travaux exploratoires d'élaboration des
politiques. La participation des dirigeants du secteur aux premières étapes accroît les
chances que nos options stratégiques soient bien fondées et trouvent un écho dans
l'ensemble du secteur.
Les trois Tables tiendront compte des engagements du gouvernement dans le Livre rouge
Bâtir notre avenir ensemble, ainsi que du rapport du groupe Broadbent, qui demandait
également une intervention. Il nous faut donc trouver des réponses exactes aux questions
suivantes : quelle doit être cette nouvelle relation et comment pouvons-nous
l'entretenir?
La Table sur la relation. Les membres de la Table sur la relation sont
en train de définir les caractéristiques de la nouvelle relation dans un document cadre,
semblable à bien des égards au cadre britannique. Les participants explorent également
les types de structures, de mécanismes et de processus qui pourraient être mis en place,
au gouvernement et dans le secteur, afin que la relation puisse s'épanouir. Le plus grand
défi consistera peut-être à trouver des moyens permettant au gouvernement fédéral et
au secteur de se parler sur les questions d'intérêt commun.
Cette Table établit également un plan d'action pour définir ce qui pourrait arriver
lorsque les Tables auront terminé leur travail. Il y aurait notamment des consultations
en aval. Parce qu'il est clair que le travail des Tables ne fait que commencer, nous
devons nous assurer que le dialogue se poursuivra. Nous devons inclure les autres
intervenants, à savoir les provinces et le secteur privé.
La Table sur les moyens d'action. Les membres de la Table sur les
moyens d'action discutent des façons de renforcer la capacité du secteur de poursuivre
son bon travail. Sa liste de priorités comprend le financement, les ressources humaines,
la technologie et le savoir. Renforcer les moyens d'action du secteur pourrait comporter
du financement public, mais il faudra probablement aussi du financement provenant d'autres
sources. N'oublions pas que les gouvernements participent déjà beaucoup au financement
des organisations bénévoles. Le secteur privé l'est beaucoup moins.
La Table sur le cadre réglementaire. La Table sur le cadre
réglementaire cherche des façons d'améliorer la réglementation et l'obligation de
rendre compte des organismes de bienfaisance et des autres organisations sans but
lucratif. Elle examine des options pour une nouvelle démarche réglementaire, y compris
la possibilité de renforcer la section des organismes de bienfaisance de Revenu Canada.
Comment tirer la ligne entre l'éducation, la défense des droits et l'activité politique
est également un élément important du programme de cette table. La Table sur le cadre
réglementaire effectue également des recherches sur le soutien financier qu'apporte le
gouvernement fédéral au secteur : pourquoi, comment et à qui. Je tiens à
souligner que les travaux des Tables conjointes sont de nature exploratoire, puisqu'il
s'agit d'analyses préliminaires des politiques. Ce genre de travail a toujours été
l'apanage des « mordus de la politique », effectué en coulisses avec le
concours limité des intervenants. Les Tables conjointes sont une façon d'ouvrir ce
travail préliminaire. Mais il y a des risques. Les travaux eux-mêmes sont exploratoires,
et l'exploration est parfois une entreprise embrouillée et controversée. Pour le moment,
nous ne pouvons faire participer tous ceux que nous voudrions voir participer. Certains
pourraient craindre les résultats.
Je veux prendre une minute pour dissiper les craintes de ceux qui n'ont pas encore
participé jusqu'ici. Et je tiens à le faire pour deux raisons. Premièrement, les Tables
effectuent des études de politique préliminaires; des consultations plus larges
suivront. Deuxièmement, établir une relation plus solide et plus stratégique avec le
secteur bénévole suppose des efforts échelonnés sur de nombreuses années. Les Tables
conjointes ne sont que le début. Nous avançons une étape à la fois.
Les rapports des Tables conjointes seront présentés aux ministres et aux dirigeants
du secteur bénévole au début de l'été. Mais assez parlé des Tables conjointes,
examinons maintenant les résultats auxquels nous pouvons nous attendre. De la Table sur
les moyens d'action, nous attendons des propositions qui aboutiraient à un cadre de
financement plus stable. De la Table sur le cadre réglementaire, nous attendons des
propositions qui, nous l'espérons, aboutiraient à une réglementation plus juste et plus
uniforme.
De la Table sur la relation, nous attendons davantage. Nous nous attendons à ce
qu'elle fasse des propositions en vue de créer un espace pour un dialogue permanent entre
le gouvernement fédéral et le secteur bénévole. Nous prévoyons que ce dialogue
touchera notamment aux moyens d'action, au cadre réglementaire. Et nous comptons que
cette Table nous guidera pour mettre en place des mécanismes souples pouvant s'adapter à
mesure que la relation évolue.
Je voudrais maintenant brosser sur une toile beaucoup plus grande un tableau de ce à
quoi nous pouvons nous attendre de cette relation. Dans quinze ans, comment saurons-nous
si nous avons réussi? La participation du secteur bénévole au dialogue de politique
sera si profondément enracinée que personne n'y réfléchira deux fois.
Les gestionnaires de programme feront participer tout naturellement le secteur
bénévole à la conception et à la mise en uvre. Ce sera la façon reconnue de
faire affaire dans tous les ministères. Le dialogue entre le secteur bénévole et le
gouvernement fédéral se caractérisera par le respect. Appuyé par un cadre toujours
d'actualité qui aura évolué en même temps que la relation.
Le secteur sera en mesure de remplir ses obligations mais aussi de combler nos attentes
réciproques. Évidemment, il y a encore beaucoup de pain sur la planche.
Je voudrais vous laisser trois messages concernant la démarche du gouvernement pour
établir une relation avec le secteur bénévole : Les Tables conjointes sont la
première étape d'un long voyage; nous avancerons une étape à la fois; et nous sommes
déterminés à avancer ensemble.
La nécessité d'un dialogue entre trois secteurs interdépendants
Je voudrais conclure mon exposé en parlant de l'interdépendance entre les secteurs
privé, public, bénévole ainsi que de la nécessité de faire avancer le dialogue entre
ces trois secteurs. Certains d'entre vous se souviendront peut-être qu'à Banff l'an
dernier, j'ai parlé de mon premier contact avec le secteur bénévole en évoquant le
village de mon grand-père en Russie et le rôle joué par la société qui aidait les
malades. Récemment, nous avons vu les images des réfugiés du Kosovo arrivant à
Trenton. Le ministère de L'immigration et la Citoyenneté et les militaires se sont unis
à la Croix-rouge et à des organisations religieuses ... nous avons vu également
les contributions du secteur privé couler à flot.
Le secteur bénévole joue un peu le rôle des amortisseurs sur une voiture. Quand une
usine ferme ou qu'un gouvernement restructure ses services, le secteur bénévole se
trouve souvent en première ligne, pressé de répondre aux besoins. Il le fait en
atténuant les répercussions grâce aux services communautaires qu'il offre, en
amortissant les effets grâce aux réseaux de soutien qu'il a créés en engageant les
citoyens, et en rendant les gens plus conscients des conséquences de ces changements par
son rôle de défense des droits.
Le secteur bénévole au Canada est-il équipé pour amortir les chocs qu'on lui
demande de plus en plus d'amortir? Dans la négative, que peut-on faire pour corriger la
situation?
Revenons à l'analogie du tabouret à trois pieds. Il y a quelques années, le
gouvernement fédéral a collaboré avec le secteur privé pour établir une relation
imparfaite mais néanmoins viable. Le gouvernement fédéral collabore maintenant avec les
dirigeants du secteur bénévole pour étayer une autre partie de la relation sociale. Le
défi auquel font face les membres de cet auditoire consiste à étudier les façons
d'étayer la relation entre le secteur bénévole et le milieu des affaires. Et le milieu
des affaires pourrait souhaiter considérer le secteur bénévole non pas comme un objet
de charité mais comme un partenaire clé dans le développement d'une économie
florissante. Albert Einstein a fait observer un jour que «. . . les grands problèmes
auxquels nous faisons face ne peuvent être résolus au même niveau de réflexion où
nous étions lorsque nous les avons créés. . . ». Le Canada doit relever des
défis ... et pour y parvenir, le secteur public, le secteur privé et le secteur
bénévole doivent travailler ensemble.
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