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Allocution de M. Mel Cappe
devant le
Collège Arthur Kroeger des affaires publiques
Dîner de remise des prix et forum sur le leadership
6 février 2002


Introduction

  • Je vous remercie et suis heureux d’être ici ce soir pour participer à un événement aussi valable que celui-ci.
  • Je vois, dans la façon dont ils ont planifié ce dîner, que les organisateurs ont du flair pour la planification stratégique :
  • ils m’ont invité à prendre la parole entre l’entrée et le plat principal;
  • ce qui me porte à dire que nous voulons tous que je sois bref et que j’en vienne au fait le plus vite possible.
  • Pendant que je songeais à ce que j’allais dire ce soir, je me suis souvenu d’un de mes penseurs favoris, Yogi Berra, qui a dit un jour : « le futur n’est pas ce qu’il était », ou encore « c’est difficile de faire des prévisions, surtout quant il s’agit de l’avenir ».
  • Les réflexions de ce « grand philosophe » nous amènent au thème de cette conférence, soit parvenir à la compétitivité économique et à la cohésion sociale. En d’autres mots, avoir le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire avoir tout à la fois. Il n’y a pas longtemps, je suis tombé sur une caricature du New Yorker qui résumait assez bien comment étaient les choses avant le postmodernisme : de gros pachas se la coulaient douce dans un club sélect quand l’un d’eux s’est tourné vers les autres en déclarant « il y a un mur étanche entre riches et pauvres et l’argent ne traverse pas ce mur à moins qu’il soit complètement fissuré ».
  • Aujourd’hui, nous sommes tous à l’ère du postmodernisme. Nous sommes tous d’accord avec le principe qu’on peut tout avoir à la fois. Mais, qu’est-ce que cela implique et comment faire pour y arriver?
  • Cela dit, j’ai un message particulier à vous livrer ce soir :
  • nous devons promouvoir le leadership dans tous les secteurs de la société, qu’il s’agisse du secteur privé, du secteur public ou du secteur bénévole et communautaire, afin d’améliorer la qualité de vie au Canada.
  • Cela est un défi de taille, un défi qui était clairement illustré dans une autre caricature du New Yorker : un homme bien nanti écoutait un reportage financier à la télé en compagnie de sa famille; soudain, un de ses fils s’est exclamé « et dire que les enfants n’ont toujours pas le droit de jouer à la bourse, même après huit ans de croissance spectaculaire ».
  • Eh bien! Les dinosaures ont peut-être disparu, mais rappelez-vous qu’ils ont été là très longtemps.
  • En tant qu’adeptes du postmoderne, nous devons examiner l’aspect production de l’intégration des questions économiques et des questions sociales.
  • Pour illustrer ce point, j’aborderai trois sujets :
  • l’importance d’avoir des leaders qui voient plus loin que les frontières traditionnelles;
  • l’importance des secteur bénévole, privé et public dans la société canadienne;
  • les efforts du gouvernement du Canada pour renforcer la relation entre la fonction publique fédérale et le secteur bénévole et communautaire du Canada.

L’importance du leadership

  • Quand on jette un coup d’œil sur les hauts dirigeants d’aujourd’hui dans les trois grands secteurs du Canada, on s’aperçoit que les lignes de démarcation sont de moins en moins nettes :
  • on compte de plus en plus sur les entreprises pour faire preuve de responsabilité sociale;
  • petite anecdote en passant : l’autre jour, j’assistais à une conférence sur la responsabilité sociale des entreprises, où les sous-ministres et les gens d’affaires avaient huit minutes chacun pour décrire ce qu’ils font. Or, ce qui m’a frappé, c’est que près d’un cinquième des chefs d’entreprise ont parlé du travail bénévole qu’ils accomplissent dans leur communauté;
  • on reconnaît de plus en plus l’apport du secteur bénévole et communautaire à notre économie, son rôle clé dans l’élaboration des politiques publiques et son importance dans la création d’un pays fort et en bonne santé;
  • le jour même de la sortie du rapport intérimaire de la Commission Romanow, nous voyons que non seulement les Canadiens, mais aussi d’autres peuples, considèrent notre système de santé comme un élément essentiel de l’avantage concurrentiel de notre pays;
  • en entendant les chiffres que je m’apprête à vous donner, certains d’entre vous penseront peut-être à cette caricature où l’on voit un homme devant sa télé qui entend le présentateur de nouvelles annoncer « les statistiques intéressantes ont fait un bond de cinq pour cent ce mois-ci comparativement au mois dernier ». Moi, j’aime bien les chiffres qui veulent dire quelque chose;
  • l’Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation a révélé que durant l’année 2000, près de 91 pour cent de la population canadienne a fait des dons en argent ou en nature et près de 80 pour cent des gens ont donné de leur temps pour venir en aide aux autres. Les Canadiens ont donné près de 5 milliards de dollars et ont consacré plus de 1 milliard d’heures au bénévolat. Ces heures représentent 549 000 emplois à plein temps et sont l’équivalent de toute la main-d’œuvre du Manitoba;
  • plus tôt cette semaine, The National a présenté un long reportage sur le bénévolat et sur le fait qu’il fasse partie intégrante du filet de sécurité sociale;
  • l’an dernier, durant l’Année internationale des volontaires, j’ai discuté de l’AIV avec des gens de la GRC, qui m’ont avoué que jamais les Forces canadiennes ne pourraient faire tout ce qu’elles font sans l’aide de leurs 75 000 bénévoles;
  • je sais aussi que l’ADRC, l’ACDI, Santé Canada, DRHC et plusieurs autres ministères fédéraux ne pourraient pas fonctionner sans les organismes bénévoles qui mettent bon nombre de leurs programmes à exécution;
  • et ceci n’a rien à voir avec les « mille points de lumière » de l’ancien président George Bush. Les organismes ici travaillent sur le terrain pour implanter les programmes;
  • le gouvernement du Canada et le secteur bénévole et communautaire travaillent ensemble depuis très longtemps. Le Canada a été construit par des gens et des communautés qui ont uni leurs efforts pour bâtir des granges et des maisons, pour survivre aux hivers rigoureux et pour développer nos collectivités. Nous savons tous que les Canadiens sont des gens fiables quand vient le temps de donner un coup de main en période de crise – comme ils l’ont démontré lors des inondations, de la tempête de verglas ou des événements du 11 septembre. C’est leur capacité d’agir collectivement qui distingue vraiment les Canadiens.
  • J’ai parlé de l’importance du leadership à toutes sortes de groupes dans la fonction publique :
  • j’ai dit à mes collègues du gouvernement que nous devions valoriser « les fonctionnaires sans frontières », ces gens qui regardent les choses dans une perspective d’ensemble et qui ne s’arrêtent pas à leur propre travail, à leur propre division ou à leur propre ministère.
  • Cela est important pour les leaders dans tous les secteurs. Nous avons besoin de « leaders sans frontières ».
  • C’est-à-dire des personnes qui pensent grand, qui regardent vers l’avenir et qui privilégient l’élément humain :
  • cela veut dire être créatif, ne pas avoir peur d’être visionnaire et de partager sa vision avec les autres, et être capable de s’adapter aux changements;
  • cela s’applique aussi aux leaders qui cherchent des façons de collaborer pour en arriver à de bien meilleurs résultats que si chacun avait travaillé de son côté;
  • l’expérience m’a appris que les gens qui sont capables de voir les choses au-delà des limites de leur organisation et de leur secteur sont habituellement des gens qui ont toutes les qualités requises pour être de bons leaders.
  • Il serait négligent de ma part, alors que je suis au Collège Arthur Kroeger des affaires publiques, de ne pas parler du contexte dans lequel évolue la fonction publique fédérale.
  • Comme toutes les grandes organisations, nous sommes confrontés au besoin de faire plus et de le faire mieux.
  • Nous devons relever des défis pour lesquels il n’y a pas de solution toute faite :
  • tirer profit des retombées de la mondialisation, afin que le Canada soit bien positionné;
  • ou répondre au nouveau contexte de la sécurité internationale à la suite des événements du 11 septembre.
  • Comme bien d’autres organisations, nous faisons face à un changement générationnel massif dans notre main-d’œuvre :
  • nous devons remplacer la génération qui est entrée à la fonction publique dans les années 60 et 70 et pour qui la retraite approche à grands pas.
  • Le gouvernement se doit absolument de recruter et de maintenir en poste des jeunes comme plusieurs d’entre vous ici ce soir, qui permettront à la fonction publique fédérale d’être à l’image de la diversité canadienne.
  • Le gouvernement du Canada veut devenir un employeur de premier choix :
  • voilà pourquoi nous voulons promouvoir un style de leadership qui favorise à la fois un changement de culture et une culture qui incite au changement;

L’importance de la collaboration entre secteurs

  • Mon opinion sur la question du jour est que la cohésion sociale, au Canada, est un avantage concurrentiel :
  • je ne passerai pas en revue tous les arguments qui militent en faveur de cette affirmation, puisque vous l’avez sûrement déjà fait aujourd’hui.
  • Cependant :
  • quand nous formulons des politiques ou que nous concevons et dispensons des programmes et des services aux Canadiens, nous prenons pour acquis que les secteurs public, privé et bénévole doivent collaborer et qu’ils doivent être vigoureux, souples, diversifiés, réceptifs et bien informés;
  • les trois secteurs doivent travailler ensemble;
  • un événement comme celui-ci est un bon exemple d’une telle interaction. On n’a qu’à examiner la composition des différents comités consultatifs et des comités de sélection liés aux prix qui seront décernés ce soir pour se rendre compte que des entreprises comme Microsoft et EDS y participent au même titre que d’autres secteurs afin de discuter et de partager leurs points de vue;
  • le but de tout cela est de mieux se comprendre mutuellement et sensibiliser le plus de gens possible;
  • mettre toutes les idées, toutes les explications et toutes les inquiétudes sur la table.
  • Il est nécessaire de se parler mais aussi de se comprendre, afin d’en arriver à un dialogue soutenu et constructif qui nous permettra de prendre de meilleures décisions.

Moyens entrepris par le gouvernement du Canada et la fonction publique fédérale pour renforcer notre relation avec le secteur bénévole et communautaire du Canada

  • Le gouvernement du Canada et le secteur privé collaborent depuis longtemps d’une façon ou d’une autre :
  • cela démontre que le secteur privé est conscient de l’impact que les décisions du secteur public peuvent avoir sur lui, et vice versa.
  • Jusqu’à tout récemment, la relation entre le gouvernement du Canada et le secteur bénévole et communautaire était surtout basée sur la prestation des services. Cette relation se traduisait surtout par une gamme de rapports individuels entre les ministères et les organismes bénévoles.
  • Nous savons que les organismes du secteur bénévole et communautaire et les groupes d’intérêts sont les fondements de la société civile et qu’ils aident à faire connaître l’opinion des citoyens quand le gouvernement propose de nouvelles politiques. L’un de nos défis consiste à élargir cette base et à trouver de nouveaux moyens de consulter et de faire participer les groupes et les individus à l’élaboration des politiques. Les enquêtes ont démontré que les Canadiens sont d’avis que la population — mieux instruite et mieux informée que jamais et servie par une technologie qui favorise l’uniformisation et la démocratisation — doit avoir plus de poids dans ce processus.
  • De même, le gouvernement reconnaît que toutes ses activités et tous ses programmes et services doivent être « axés sur le citoyen » afin de trouver écho auprès de tous les Canadiens.
  • Le gouvernement s’est engagé à faire cela et à renforcer sa relation avec le secteur bénévole et communautaire, comme en témoigne l’Accord qui a été signé entre celui-ci et le gouvernement du Canada le 5 décembre dernier :
  • dans son message qui figure au commencement du document, le Premier ministre dit que « cet accord pose les jalons d’une relation solide et dynamique entre le secteur bénévole et communautaire et le gouvernement du Canada. Je crois qu’il nous inspirera à continuer d’unir nos efforts pour bâtir un pays encore meilleur »;
  • l’Accord énonce des valeurs, des principes et des engagements communs qui orienteront les pratiques futures.
  • L’Accord est le résultat de beaucoup de travail et du leadership de nombreux membres du secteur bénévole et du gouvernement. Sans les qualités de leader de la ministre Robillard et des participants de la première heure à la Table ronde sur la transparence et la saine gestion dans le secteur bénévole et communautaire, comme Ed Broadbent et Arthur Kroeger, cette nouvelle relation n’aurait jamais vu le jour.
  • Nous avons là un bel exemple de trois Canadiens ayant fait preuve de leadership à leur manière dans les trois secteurs de notre société.
  • L’Accord fait appel aux deux parties à l’entente pour changer les choses :
  • le gouvernement, d’une part, devra se pencher sérieusement sur sa façon de mener le dialogue sur les politiques, afin de donner au secteur bénévole et communautaire une chance réelle de se faire entendre. Nous devrons aussi analyser l’incidence des politiques, des programmes et des lois du gouvernement sur ce secteur;
  • le secteur, d’autre part, doit continuer à chercher des moyens de faire connaître les vues de l’ensemble des organismes bénévoles. Il doit aussi cerner les problèmes et les questions qui prennent de l’importance et les porter à l’attention du gouvernement.
  • Certains se sont demandés s’il était vraiment nécessaire de signer un accord. Pourquoi ne pas convenir tout simplement de s’efforcer de mieux interagir dans le futur? Mais comme l’a si bien dit Samuel Goldwyn, un des grands producteurs de cinéma et l’un des pionniers de l’industrie : « un contrat verbal ne vaut pas le papier sur lequel il est écrit ».
  • Nous devons et pouvons atteindre tous ces objectifs :
  • le jour viendra où les leaders de la fonction publique tiendront compte de l’opinion des gens du secteur pour concevoir des programmes et des politiques, et où cela deviendra chose courante partout au gouvernement;
  • où les processus encourageront le dialogue entre les différents secteurs et où ce sera la façon reconnue de faire affaire dans tous les ministères;
  • où les leaders reconnaîtront que les fonctionnaires ont tout intérêt à passer du secteur public aux secteurs privé et bénévole pour élargir leur propre expérience et pour le bien de leur organisation.
  • Comment réussir à instaurer une relation plus dynamique?
  • cela dépendra en grande partie de ce que feront les « leaders sans frontières ».

Conclusion

  • Je sais que les esprits vifs apprécient un bon repas :
  • et comme les esprits vifs sont nombreux ici ce soir, je crois qu’il serait temps de m’arrêter;
  • je vais donc conclure rapidement par quelques réflexions.
  • Les gens en général sont de plus en plus conscients qu’un Canada prospère nécessite une collaboration étroite entre les trois secteurs de la société. Dynamisme, force et efficacité sont requis dans tous les secteurs :
  • pour partager les opinions;
  • pour contribuer de plus en plus aux processus décisionnels;
  • pour relever avec succès les grands défis qui touchent tous les Canadiens et pour faire en sorte que leurs valeurs soient véhiculées partout sur la scène mondiale.
  • Cette réalité donne tout son sens à ce que je vous disais au tout début :
  • nous devons promouvoir le leadership dans tous les secteurs de la société afin d’améliorer la qualité de vie au Canada;
  • il nous faut des leaders capables de cerner les possibilités de collaboration;
  • des leaders capables d’articuler leur vision tout en étant ouverts à d’autres perspectives.
  • Je félicite les personnes et les organismes à qui l’on rend hommage ce soir pour souligner leur sens du leadership, leur contribution et leur dévouement. Ils sont des exemples concrets de leaders sans frontières.
  • Merci.

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Mise à jour : 2006-10-02 Haut de la page Avis importants