Lois et règlements : l’essentiel
Partie
2 - Élaboration des lois
Chapitre
2.1 -
Point de départ
Aperçu
Ce chapitre fournit l’information de base dont on peut avoir besoin
pour entreprendre un projet législatif. Il aborde dans un premier temps
la nature des lois, notamment les différents types de lois, puis passe en
revue les principaux intervenants au processus législatif.
Il traite ensuite de la planification et de la gestion de l’activité
législative prévues à la section 2 de la Directive du Cabinet sur l’activité
législative et de l’élaboration du programme législatif du
gouvernement qu’aborde la section 3 de cette directive. Il aborde la
planification et la gestion de l’activité législative suivant deux
perspectives. La première correspond au processus qu’administre le
Bureau du Conseil privé à l’échelle gouvernementale et qui est mis en
mouvement par l’appel de propositions législatives. La deuxième est
celle de la gestion interne de chaque ministère qui élabore des
propositions législatives. Il s’agit donc d’aider les ministères à
participer efficacement au processus gouvernemental et à gérer leurs
propres activités législatives.
Sommaire
- Qu’est-ce qu’une loi et qui participe à son élaboration?
- Établissement du programme législatif du gouvernement
- Planification et gestion de l’activité législative ministérielle
- Considérations stratégiques
- Modèles pour la planification de projet
- Schéma du processus législatif
Destinataires
- Les gestionnaires appelés à coordonner des projets législatifs;
- Les fonctionnaires chargés de conseiller le Bureau du Conseil privé
relativement aux projets législatifs de leur ministère.
Messages
clés
- L’appel de propositions législatives est l’un des principaux
outils de planification du gouvernement; il requiert des renseignements
exacts en temps opportun sur les projets en cours.
- L’élaboration des textes législatifs est un travail de gestion
complexe qui exige une planification soignée. Il convient d’aborder l’exercice
de cette activité comme un projet en soi, et d’observer de bonnes
méthodes de gestion à cet égard.
Qu’est-ce
qu’une loi et qui participe à son élaboration?
Qu'est-ce
qu'une loi?
La loi est l'expression, dans sa forme la plus solennelle, de la volonté
de l'État. Elle marque l'aboutissement d'un processus, appelé ici la
filière législative, par lequel un texte, le projet de loi, est soumis au
Parlement — constitué de la reine, du Sénat et de la Chambre des
communes — pour examen et adoption.
L’objet de la loi sera tantôt public (loi d’intérêt public),
tantôt privé (loi d’intérêt privé). La loi d’intérêt privé
accorde des pouvoirs ou des droits spéciaux, ou encore des dérogations, à
certains particuliers ou groupes. La vaste majorité des projets de loi
soumis par le gouvernement sont d’intérêt public.
Les projets de loi sont tantôt d’origine gouvernementale, c’est-à-dire
soumis au Parlement par les membres du Cabinet, tantôt d’origine
parlementaire, c’est-à-dire soumis par des sénateurs ou des députés
qui ne font pas partie du Cabinet.
Seuls les projets de loi d’origine gouvernementale et d’intérêt
public font l'objet de notre étude.
Les
lois nouvelles et les lois modificatives
Les lois se distinguent par ailleurs en fonction de leur effet sur le
corpus législatif : la loi nouvelle ajoute à celui-ci tandis que la
loi modificative apporte des changements à un texte existant. Il faut noter
qu'un projet de loi peut modifier une ou plusieurs lois. Et si un projet de
loi — création d’une nouvelle loi ou modification d’une loi
existante — rend nécessaire la modification d'autres lois, on
parlera, dans le corps du projet, de modifications corrélatives ou
connexes.
La
loi corrective
Le programme de correction des lois est une activité périodique ayant
pour objet de débarrasser les lois des anomalies, contradictions,
archaïsmes ou erreurs qu'elles peuvent contenir, et de leur apporter
certaines modifications mineures et non controversables sans qu’il faille
attendre la révision au fond. Il s'agit en fait d'une loi modificative
obéissant à un processus d'élaboration qui lui est propre.
La mise en œuvre du programme de correction des lois remonte à 1975. C’est
la Section de la législation du ministère de la Justice qui en a la
responsabilité.
En principe, n'importe qui peut proposer des modifications. En fait,
elles proviennent surtout de l’Administration publique fédérale. Pour
être retenue à l'étape de l'examen préliminaire de la Section de la
législation, une proposition de modification doit répondre aux critères
suivants :
- ne pas être controversable;
- ne pas comporter de dépense de fonds publics;
- ne pas porter atteinte aux droits de la personne;
- ne pas créer d'infraction ni étendre la portée d'un texte
d'incrimination existant.
C'est la Section de la législation qui est chargée d'inviter les
propositions, de les étudier et de rédiger un document intitulé :
Propositions visant à corriger des anomalies, contradictions ou
erreurs relevées dans les Lois du Canada et à y effectuer d'autres
modifications mineures et non controversables ainsi qu'à abroger
certaines dispositions ayant cessé d'avoir effet par caducité ou
autrement.
Le document est ensuite déposé à la Chambre des communes par le
ministre de la Justice, puis renvoyé au Comité permanent de la
justice et des droits de la personne. Il est également déposé au
Sénat et renvoyé au Comité permanent des affaires juridiques et
constitutionnelles.
Chacun des deux comités procède alors à une étude approfondie,
laquelle s'est toujours effectuée dans une perspective non partisane.
Ces comités étant maîtres de leur procédure, ils peuvent toujours
accepter ou refuser les demandes de retrait ou d’ajout de
propositions. Dans ce dernier cas, toutefois, il importe que les
nouvelles propositions répondent aux critères mentionnés plus haut.
L’une des principales caractéristiques de ce programme est qu’une
proposition est rejetée dès lors que l’un des comités estime qu’elle
prête à controverse.
Les rapports des comités donnent lieu à un projet de loi
corrective où ne figurent que les propositions approuvées par les
deux comités. Le projet franchit ensuite les mêmes étapes, en vue
de son adoption, que tout autre projet de loi. Voir, à titre
d'exemple, la Loi corrective de 1999, LC 1999,
ch. 31 : http://www.parl.gc.ca/36/1/parlbus/chambus/house/bills/government/C-84/C-84_4/C-84_cover-F.html.
Qui
participe à l'élaboration des lois?
Sources des propositions législatives
Si l’élaboration d’une loi exige l’intervention du gouvernement et
du Parlement, les orientations qui la sous-tendent n’émanent pas
nécessairement du gouvernement. Elles proviennent essentiellement de cinq
sources :
- le grand public;
- le Cabinet;
- la fonction publique;
- les parlementaires (sénateurs et députés);
- les tribunaux et les organismes administratifs.
Le discours du Trône constitue l’un des principaux énoncés du
programme législatif du gouvernement. Il est prononcé au début de
chaque session du Parlement par la reine ou, le plus souvent, par son
représentant, le gouverneur général. Il correspond généralement
au programme électoral du parti au pouvoir, en particulier lors d’une
nouvelle législature. Au cours du mandat du gouvernement, toutefois,
le programme législatif évolue en fonction des priorités établies
et approuvées par le Cabinet. L’exposé budgétaire présenté
chaque année constitue une autre source importante de mesures
législatives.
Les lois sont souvent l’aboutissement de mesures ou de décisions
politiques importantes prises par le gouvernement. Elles peuvent aussi
résulter des recommandations formulées dans le rapport d’un groupe
de travail ou d’une commission royale d’enquête. Elles peuvent
enfin avoir pour objet de mettre en œuvre des traités, des
conventions ou des accords, d’établir des mécanismes
administratifs comme l’attribution de licences ou de permis, ou de
faire face à des problèmes particuliers ou à des situations d’urgence.
Les événements peuvent influer sur le programme législatif du
gouvernement. Il est essentiel de savoir qu’il existe d’autres
moyens par lesquels celui-ci rend publiques ses intentions, comme les
documents de travail et les communiqués.
Qui sont les principaux intervenants?
Il est difficile de dresser une liste exhaustive des intervenants à
l'élaboration d'une mesure législative, cette liste pouvant varier, dans
chaque cas, en fonction de divers facteurs, dont la nature et l'origine de
la mesure. Voici les principaux intervenants dont la participation est
considérée comme indispensable à l’élaboration d'un projet de loi
d'origine ministérielle :
- le Cabinet;
- le ministre responsable du projet (le « ministre
parrain »);
- les fonctionnaires du ministère en cause, notamment ceux
responsables :
- des orientations et des programmes,
- des communications,
- des relations avec le Cabinet,
- des affaires parlementaires;
- les conseillers juridiques du ministère intéressé;
- le Bureau du Conseil privé;
- la Direction des services législatifs du ministère de la Justice.
Ces intervenants prennent également part au processus
parlementaire, dont les principaux acteurs sont les sénateurs, les
députés et le personnel parlementaire.
Établissement
du programme législatif du gouvernement
Qui participe à l’établissement du programme législatif?
Le leader du gouvernement à la Chambre des communes est responsable du
programme législatif du gouvernement aux Communes. Le Comité spécial du
Conseil (CSC) est un comité du Cabinet où est débattu le programme
législatif du gouvernement et où sont résolues des questions
particulières requérant une décision du Cabinet. Le leader du
gouvernement à la Chambre des communes et le leader du gouvernement au
Sénat font partie de ce comité. Le Secrétariat de la législation et de
la planification parlementaire/Conseiller (SL&PP/C) du Bureau du Conseil
privé a pour mission d’appuyer les deux leaders du gouvernement et le
comité dans l’exercice de leurs fonctions.
Lettre d’appel
Choix du moment
Après le discours du Trône, à l’ouverture de chaque session
parlementaire, le secrétaire adjoint du Cabinet (Législation et
planification parlementaire/Conseiller) écrit à tous les sous-ministres et
à certains dirigeants d’organismes pour leur demander de lui transmettre
la liste des mesures législatives que leur ministre compte soumettre à l’approbation
du Cabinet en vue du dépôt de projets de loi au cours de la session
suivante. La liste doit être acheminée dans les délais prévus dans cette
« lettre d’appel » (généralement un mois). La lettre d appel
est par la suite envoyée deux fois l’an, normalement en juin et en
novembre, pour permettre les ajustements qu’impose tout changement au
programme ou dans l’ordre des priorités.
Réponses
Chaque proposition doit, dans la mesure du possible, renfermer les
renseignements suivants :
- sommaire de ses principaux éléments;
- approbation par le Cabinet des orientations et objectifs de la
mesure et des dépenses afférentes, le cas échéant;
- statut de la proposition par rapport aux autres priorités et
initiatives du ministère et de gouvernement;
- type de mesure :
- loi nouvelle,
- abrogation d’une loi existante,
- révision majeure d’une loi existante,
- modification de peu d’ampleur sur le plan de la rédaction mais
controversable ou susceptible d’entraîner d’autres changements
majeurs,
- modifications de nature technique ou administrative
(« intendance »);
- justifications, dans le cas d’une loi nouvelle;
- position de la mesure dans l’ordre des priorités
gouvernementales, au regard des engagements politiques;
- incidence de la mesure sur les relations fédéro-provinciales;
- nécessité de créer de nouvelles charges sous l’autorité du
gouverneur en conseil et conditions de nomination;
- portée des pouvoirs réglementaires prévus par la mesure;
- date visée pour l’adoption, avec appréciation provisoire de son
importance, selon les catégories suivantes :
- URGENTE (pour les mesures assujetties à des contraintes de temps ou
dont les délais de mise en œuvre ont déjà été annoncés par le
gouvernement),
- ESSENTIELLE,
- AUTRE.
La liste des projets législatifs du ministre doit faire état des
lois existantes qu’il faut modifier pour les garder à jour.
Examen par le Cabinet
Le leader du gouvernement à la Chambre des communes établit un ordre de
priorité des propositions. Le Comité spécial du Conseil examine une
première ébauche du programme législatif pour la session suivante et l’ordre
de priorité des propositions.
Toutes les semaines pendant que le Parlement siège, le leader du
gouvernement tient le CSC régulièrement informé de l’évolution du
programme législatif et celui-ci contrôle le progrès des projets de loi
au Parlement et l’état d’avancement de ceux dont le dépôt est
imminent. Le programme législatif est mis à jour régulièrement pour
tenir compte de circonstances comme la modification des priorités ou la
charge de travail du Parlement.
Deux fois l’an, le leader du gouvernement informe le CSC et le Cabinet
des modifications apportées au programme législatif.
Planification
et gestion de l’activité législative ministérielle
Il incombe à chaque ministère de gérer les propositions
législatives qui relèvent de son champ de compétence. À cette fin,
il doit :
- planifier chacune des étapes du processus législatif – notamment
les consultations et l'élaboration des règlements éventuellement
nécessaires;
- veiller à affecter les crédits nécessaires à toutes les étapes;
- s’assurer qu’il est à même d’établir les orientations et
objectifs et fournir des instructions aux légistes dans les deux
langues officielles;
- planifier la mise en application de la loi après son adoption et
prévoir les ressources nécessaires à cette fin.
Le ministère doit planifier ses activités en fonction des
différentes mesures législatives et réglementaires. Il doit gérer
celles-ci comme s’il s’agissait d’autant de projets distincts,
chacun exigeant la détermination des besoins sur le plan des
ressources, la définition des tâches à accomplir et l’établissement
d’un échéancier.
Principes de planification et de gestion de projet
Les principes de la planification et de la gestion de projet s’appliquent
au processus législatif. Leur observation imprime au processus d’ensemble
une discipline qui favorise une meilleure orientation de la part de la haute
direction ainsi qu’une plus grande transparence, tout en assurant la
réalisation des objectifs visés dans les délais impartis. Les lignes qui
suivent se veulent un résumé très bref des principaux éléments qui
composent la gestion de projet. Le lecteur est encouragé à se reporter aux
nombreux ouvrages qui traitent de la gestion de projet ou à prendre part à
des activités de perfectionnement à cet égard. En outre, il y a lieu de
consulter la politique du gouvernement sur la gestion des projets : http://www.tbs-sct.gc.ca/pubs_pol/dcgpubs/tbm_122/chapt2-2_f.html.
L’administration fédérale consacre des ressources importantes à l’élaboration
des textes législatifs. On s’accorde généralement pour dire que les
méthodes actuellement en usage dans la plupart des ministères manquent d’efficacité.
Au cours des dernières années, certains organismes fédéraux ont obtenu
des résultats encourageants en ayant recours à des équipes indépendantes
– groupes d’étude ou de travail – relevant directement de
la haute direction dans le but d’améliorer l’efficacité du processus d’élaboration
des textes législatifs.
Ce processus est très complexe et très long. S’il est géré comme
les autres activités opérationnelles, il entre en concurrence avec les
douzaines d’autres priorités et situations d’urgence qui occupent la
haute direction. En revanche, s’il est soustrait au cadre des opérations
courantes, le projet législatif peut prendre l’importance qui lui
revient.
Les conceptions de la gestion de projet sont probablement aussi
nombreuses que les auteurs qui en traitent, mais il est néanmoins possible
d’affirmer qu’elle consiste dans la planification, la programmation
et le contrôle des activités nécessaires à l’atteinte des
objectifs fixés.
Planification
La planification d’un projet permet aux participants et aux autres
intéressés de partager une vision commune des objectifs du projet et des
efforts qu’il faudra déployer pour les atteindre. Comme on le verra plus
loin, il s’agit aussi d’un outil fort utile au gestionnaire du projet
pour contrôler l’avancement des travaux.
Établissement d’un plan de travail
Un plan de travail comporte un énoncé de la portée et des objectifs
du projet, de même que le détail des tâches à accomplir à chaque
étape importante du projet.
La portée d’un projet législatif consiste généralement dans la
mise en œuvre des orientations gouvernementales.
La définition des objectifs est, quant à elle, plus complexe et
permet de mieux comprendre le projet en cause. Il en est ainsi parce que
les objectifs doivent être décrits avec clarté et précision et être
le reflet fidèle des besoins que le projet vise à satisfaire. Ils
doivent être réalisables et mesurables, sans quoi il sera impossible de
vérifier s’ils ont été atteints.
Il peut être utile, pour aider à bien faire comprendre le contexte
politique de la mesure législative projetée, d'organiser des
« séminaires » pour permettre une discussion libre de ses
éléments et objectifs. Les discussions de ce genre favorisent une
meilleure compréhension des orientations, et stimulent le travail d’équipe
et le développement professionnel. Elles contribuent également à
clarifier les dimensions plus larges de la politique sous-jacente à la
responsabilité du gouvernement, son effet à long terme sur la société,
ses incidences sur les ressources humaines, les relations
interministérielles, les réformes législatives et les relations
fédéro-provinciales.
Une fois la portée et les objectifs du projet établis et bien compris
de tous les intervenants, il devient possible – et
nécessaire – de diviser le projet en phases distinctes. Chaque
phase est, à son tour, décomposée en tâches à accomplir, et ainsi de
suite jusqu’à ce que chaque tâche devienne indivisible, ou qu’il
soit plus long de planifier la tâche que de l’exécuter! Pour bien
distinguer les objectifs des tâches à accomplir, disons simplement que
les premiers s’expriment en noms, les secondes en verbes. Pour permettre
aux membres de l’équipe de bien comprendre l'agencement des tâches à
accomplir – et les points de repère dont nous parlerons plus
loin –, les gestionnaires de projet ont souvent recours à une
illustration graphique qu’on appelle un « organigramme
technique ».
Tout comme les objectifs du projet, les tâches doivent être
clairement définies, réalisables et mesurables afin de permettre le
contrôle ultérieur de l’atteinte des résultats.
Autres étapes
La planification du projet comporte aussi les étapes suivantes :
- Mise sur pied d’une équipe :
L’un des éléments les
plus importants de la réalisation d’un projet est la mise sur pied d’une
équipe compétente chargée de le mener à bien. Les membres de cette
équipe doivent, dans toute la mesure du possible, être libérés de
leurs tâches habituelles.
- Estimation des ressources financières nécessaires
: Selon
les responsabilités normalement exercées par le gestionnaire du
projet, celui-ci aura ou non la tâche d’estimer les ressources
financières nécessaires à la réalisation du projet législatif. On
peut songer, par exemple, au coût des consultations à mener, notamment
les frais de voyage, les honoraires des experts qu’il faudra engager,
etc.
- Approbation du plan par la haute direction
: Le
gestionnaire du projet doit, avant d’entreprendre quoi que ce soit,
obtenir l’aval de la haute direction du ministère non seulement quant
au plan original, mais aussi pour toute modification ultérieure.
- Définition des risques associés au projet
: Il est
important que les membres de l’équipe examinent ensemble, le plus
tôt possible, les risques auxquels le projet pourrait être exposé. Il
ne s’agit pas de céder au défaitisme, mais de prévoir des solutions
en cas de difficulté. Si des précautions peuvent être prises, on en
tiendra compte dans l’établissement du plan de travail. S'agissant de
risques incontournables, il faudra chercher des moyens pour en atténuer
les effets, le cas échéant. Enfin, il n’est pas nécessaire de
recenser tous les risques possibles; seuls les plus probables valent la
peine qu’on s’y attarde.
Programmation
Il s'agit de déterminer quand les tâches seront effectuées, dans quel
ordre et par qui. La programmation est fonction des délais impartis pour la
réalisation du projet, de la logique et des connaissances requises. À
chaque tâche définie dans l’organigramme technique correspond un
responsable et un délai d'exécution précis (début, durée, fin).
Échéanciers
La gestion de projet exige que l’on comprenne bien les délais qui
doivent être respectés à chaque étape du processus. Les échéances
ultimes peuvent venir de l’extérieur, par exemple du fait d’un
engagement pris par le gouvernement ou en raison des pressions de l’opinion
publique. D’autres échéances peuvent avoir un caractère moins
pressant, mais être aussi importantes du point de vue de la gestion du
projet.
Il est essentiel de fixer des échéances pour chaque étape du
processus de gestion du projet afin d’en contrôler l’avancement. Le
dépassement d’une échéance est un « signal d’alerte »
qui exige une attention immédiate pour résoudre les problèmes qui
pourraient compromettre la réussite du projet. L’examen des
échéanciers dressés dans le cadre d’autres projets législatifs est
souvent utile pour fixer des dates repères réalistes. Les échéances
trop optimistes ne favorisent pas la bonne gestion.
Chemin critique
La programmation du projet s’accompagne également de l’établissement
d’un chemin critique et de la recherche des points de repère du projet.
Le chemin critique est la succession des activités qui déterminent le
délai minimal de réalisation d’un projet. Le chemin est dit
« critique » parce que tout retard dans l'accomplissement d’une
des tâches entraînera un retard pour l’ensemble du projet. Le chemin
critique résulte de l'échelonnement des diverses tâches à accomplir
dans un ordre logique. Le plus souvent, on a recours à un graphique qui
représente le plan des étapes d’exécution du projet composé des
tâches particulières avec, pour chacune, les dates de début et de fin
et la marge de manœuvre disponible.
Les points de repère permettront au gestionnaire du projet et à toute
l’équipe d’apprécier leur rendement lors du franchissement de
chacune des étapes et de tirer les conclusions qui s’imposent.
Ressources humaines
Il incombe au gestionnaire du projet de déterminer les compétences et
les connaissances qui sont essentielles au succès du projet. Sur cette
base, il peut affecter les ressources humaines appropriées.
La précision des tâches assignées, leur acceptation par les membres
de l’équipe et la consultation régulière de ces derniers et des
autres intéressés susciteront un engagement commun à mener le projet à
bien. Il importe aussi de définir clairement les rapports hiérarchiques
et de responsabilité entre les membres de l’équipe.
Contrôle
Le contrôle est, du point de vue de la gestion de projet, l'aspect le
plus onéreux, tant sur le plan du temps que sur celui des efforts à
investir. Il constitue aussi la raison d’être de la planification et de
la programmation. Il s'apparente à l'examen régulier d'une carte
routière, pour vérifier que le projet avance dans la bonne direction.
L’activité de contrôle consiste, pour le gestionnaire de projet, à
rassembler l’information relative à l’avancement des travaux, à
analyser cette information et à prendre les mesures nécessaires pour
rectifier le tir au besoin.
Pour ce faire, il faut établir des mécanismes permettant de contrôler
l’exécution des tâches et le respect des délais. Il peut s’agir tout
simplement de réunions hebdomadaires ou de rapports d’étape réguliers.
Il est souvent nécessaire de réviser les plans de travail ou le contenu
de composantes du projet à la lumière de nouveaux renseignements. La
gestion de projet exige la mise en place de voies de communication de l’information
qui soient rapides, transparentes et fondées sur la collaboration des
intéressés, notamment celle de la haute direction et, par elle, celle du
cabinet du ministre, dont la perspective globale de la situation peut s’avérer
un atout essentiel au succès du projet.
Des mécanismes d’amélioration continue devraient faire partie
intégrante du projet. Aux diverses étapes et à la fin du processus, les
membres de l’équipe devraient prendre acte du franchissement d’une
étape, et être prêts à apprécier objectivement leur prestation. Les
gestionnaires devraient également jeter un regard rétrospectif sur leur
rendement et celui de l’équipe du point de vue de l’atteinte des
critères fondamentaux de planification et d’exécution du projet. Cet
examen peut faire ressortir des possibilités pour améliorer le processus
et communiquer cette information aux autres gestionnaires de projets
législatifs à titre de contribution au processus d’établissement des
orientations gouvernementales.
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