Chapitre 2.2 - Orientations
et objectifs : élaboration et approbation par le Cabinet
Aperçu
Ce chapitre complète la section 3 de la Directive du Cabinet sur
l’activité législative en énonçant les différentes
étapes de l’élaboration des orientations et objectifs et de leur
approbation par le Cabinet. Il énonce les lignes directrices sur le bon
gouvernement et prévoit la façon de rédiger le mémoire au Cabinet
(MC), l’outil par lequel le ministre parrain expose à ses collègues
les grandes lignes de la mesure législative et sollicite leur
approbation. Le mémoire au Cabinet donne le contexte des instructions
de rédaction qui y figurent.
Sommaire
- Sommaire du processus d’approbation des orientations et objectifs
- Lignes directrices sur le bon gouvernement
- Rédaction du mémoire au Cabinet
- Élaboration des instructions de rédaction pour le mémoire au
Cabinet
- Autres considérations d’ordre juridique et politique
- Activités et résultats liés à l’élaboration et à l’approbation
des orientations et objectifs
- Calendrier d’élaboration du MC
Également à consulter :
Destinataires
- Les fonctionnaires chargés d’élaborer les orientations et
objectifs législatifs et de les soumettre à l’approbation du
Cabinet, en particulier ceux qui participent à la rédaction des
mémoires au Cabinet.
Messages
clés
- La préparation d’une mesure législative comporte toujours des
questions complexes et de grande portée qu’il faut examiner à fond
avant de demander l’approbation du Cabinet.
- Les instructions de rédaction du projet de loi devant figurer dans
le mémoire au Cabinet doivent être suffisamment détaillées pour
permettre au Cabinet de comprendre clairement ce que ferait la loi
proposée et comment elle le ferait.
- En accordant une attention minutieuse aux instructions de
rédaction, on peut mettre au jour et régler un grand nombre de
difficultés juridiques et administratives éventuelles.
- Il importe de s’assurer de l’existence de fonds nécessaires, le
cas échéant, à la mise en œuvre de la mesure proposée par le
gouvernement.
Sommaire
du processus d’approbation des orientations et objectifs
Mémoire au Cabinet et instructions de rédaction
Une fois qu’une proposition législative a été inscrite au
programme législatif du gouvernement, il faut en faire approuver les
orientations et les objectifs par le Cabinet et obtenir l’autorisation
de faire rédiger le projet de loi. Cela se fait au moyen d’un
mémoire au Cabinet rédigé conformément aux instructions publiées
par le Bureau du Conseil privé. Les responsables devraient consulter le
document intitulé Mémoire au Cabinet : Guide du rédacteur
(http://www.pco-bcp.gc.ca/default.asp?Language=F&page=publications&sub=mc&doc=mc_f.htm),
les Lignes directrices sur le bon gouvernement et le Calendrier
d’élaboration du MC dans ce chapitre. Lorsque le mémoire au
Cabinet recommande l’élaboration d’un projet de loi, il comporte en
annexe des instructions qui délimitent le cadre de sa rédaction. Ces
instructions sont une composante très importante du mémoire au Cabinet
et leur élaboration nécessite temps et attention (voir Élaboration
des instructions de rédaction dans ce chapitre).
Principales étapes
Les principales étapes de l’élaboration du mémoire au Cabinet
sont les suivantes :
- Le ministère parrain rédige le mémoire au Cabinet, y compris les
instructions de rédaction, avec le concours du service juridique
ministériel; il devrait consulter au besoin les autres ministères et
organismes centraux intéressés. Le Bureau du Conseil privé (BCP)
devrait, quant à lui, être consulté dès le début du processus.
Comme l’indique le Calendrier d’élaboration du MC, le
ministère parrain doit aviser le BCP de la préparation du MC au
moins 6 semaines avant la date de la réunion du comité du Cabinet au
cours de laquelle on veut présenter la proposition.
- Au moins 3 semaines avant la date prévue pour la réunion du
comité du Cabinet, le ministère parrain tient une réunion
interministérielle pour discuter des répercussions possibles du
mémoire. Doivent être conviés à cette réunion les représentants
du BCP, ceux des autres agences centrales et des ministères dont le
ministre siège au comité d’orientation du Cabinet qui sera saisi
du mémoire, de même que les représentants de tout autre ministère
intéressé. Le ministère parrain révise le mémoire à la lumière
des commentaires formulés par les ministères et s’assure de l’appui
des organismes centraux et des autres ministères.
- Agence centrale et secrétariat du Cabinet et de ses comités, le
BCP s’assure que des consultations adéquates ont été menées en
rapport avec la mesure proposée et que les questions d’intérêt
public, notamment, ont été abordées. Il examine également le
niveau de l’intervention gouvernementale proposée, notamment son
efficacité et son caractère abordable, de même que les questions de
relations fédéro-provinciales et de partenariat qu’elle est
susceptible de soulever.
- Une fois le mémoire au point, il est signé par le ministre
parrain, puis transmis au BCP. Il incombe au BCP de le distribuer aux
ministres et aux sous-ministres, de porter la question à l’ordre du
jour du comité d’orientation du Cabinet compétent et de breffer le
président de ce comité.
- Le comité du Cabinet compétent étudie le mémoire.
- Si le mémoire est approuvé, le BCP produit un rapport de comité
du Cabinet (RC), qui est ensuite étudié par le Cabinet en séance
plénière.
- Si la proposition entraîne la dépense de fonds publics, il importe
de préciser la source de ces fonds avant que le Cabinet n’étudie
le RC. Sur ratification du mémoire par le Cabinet, le BCP produit un
rapport de décision (RD). Le RC et le RD se fondent tous deux sur les
recommandations et les instructions de rédaction contenues dans le
mémoire initial.
- Tant le comité d’orientation saisi que le Cabinet peut demander
que la proposition soit modifiée. En pareil cas, selon la nature et
la portée des modifications, le ministre parrain peut se voir
demander de présenter un mémoire révisé. De nouveaux RC et RD
peuvent également être dressés pour tenir compte des modifications.
- Une fois le RD rendu, il est transmis à tous les ministres et
sous-ministres (habituellement à la section ministérielle chargée
des affaires du Cabinet) ainsi qu’à la Section de la législation
du ministère de la Justice.
- À ce stade, on peut commencer à rédiger le projet de loi.
Exceptionnellement, lorsque cela est nécessaire pour répondre aux
priorités du gouvernement, la rédaction peut être entreprise avant
que le Cabinet ait donné officiellement son autorisation. La
décision est prise par le leader du gouvernement à la Chambre des
communes, après consultation du directeur de la Section de la législation, du secrétaire adjoint du Cabinet
(Législation et planification parlementaire/Conseiller) et du
secrétariat du BCP responsable du dossier.
Participants
Le Cabinet décide des orientations à retenir et de la façon dont
elles seront mises en œuvre par voie législative. Ces décisions sont
communiquées par le biais de l’approbation des instructions de
rédaction contenues dans le mémoire au Cabinet.
Il existe au sein de la plupart des ministères une unité dont le
mandat consiste à élaborer les grandes orientations, notamment
législatives. Les fonctionnaires qui en font partie se chargent de
faire le pont entre les diverses composantes du ministère en vue d’élaborer
des orientations qui répondent adéquatement aux préoccupations du
public et qui peuvent être mises en œuvre efficacement.
Comme la pratique varie grandement d’un ministère à l’autre,
nous nous contenterons ici d’illustrer le rôle de deux groupes d’intervenants,
au sein du ministère, dont la tâche est d’exposer dans le mémoire
au Cabinet les objectifs poursuivis par la mesure proposée : les
chargés de projet et les conseillers juridiques ministériels.
Par ailleurs, les agents de la Direction des opérations du Bureau du
Conseil privé doivent être associés au projet dès le départ.
Peuvent également prendre part à cette tâche, d’une façon ou d’une
autre, les légistes de la Section de la législation du ministère de
la Justice.
Les chargés de projet
Les chargés de projet ont pour fonction de coordonner les efforts
déployés par leur ministère en vue d’analyser et de recommander au
ministre les diverses solutions qui s’offrent pour réaliser les
objectifs poursuivis et, lorsque ce dernier a arrêté son choix, de
communiquer aux membres du Cabinet les grandes lignes du projet de loi
dont on sollicite l’autorisation. Les éléments du projet sont
exprimés en détail dans les instructions de rédaction.
Ils sont responsables de l'élaboration des instructions de
rédaction devant figurer dans le mémoire au Cabinet et de plusieurs
autres tâches du projet comme la communication d’instructions de
rédaction détaillées aux légistes lors de la phase rédactionnelle.
Un long travail de préparation s’impose pour en arriver là. Les
chargés de projet doivent s’assurer que les orientations retenues ont
été soigneusement analysées. On ne peut formuler des instructions de
rédaction claires et cohérentes sans d’abord procéder à un examen
poussé des questions susceptibles de se poser.
À cet égard, la Liste de contrôle pour l’élaboration des
instructions de rédaction illustre bien les éléments de la mesure
législative proposée qui doivent impérativement être portés à l’attention
du Cabinet.
Les chargés de projet à qui est confiée l’élaboration des
instructions figurant dans le mémoire au Cabinet devraient être ceux
qui rempliront la même fonction au cours de la rédaction du projet de
loi, non seulement dans l’intérêt de la continuité du processus,
mais aussi afin que les légistes puissent avoir accès à l’information
contextuelle dont ils auront besoin pour rédiger le projet de loi.
Il est impératif que les chargés de projet soient :
- bien au fait de l’objet de la proposition;
- en mesure de formuler les instructions dans les deux langues
officielles et de contrôler la concordance et la qualité
rédactionnelle des deux versions;
- en mesure de prendre des décisions concernant les orientations à
mesure que progresse la rédaction, ou d’avoir accès aux
décideurs.
Les conseillers juridiques ministériels
Le rôle du conseiller juridique ministériel consiste
essentiellement à contrôler la légalité de la mesure et de
conseiller le chargé de projet.
Premièrement, il lui incombe de confirmer la nécessité de la
mesure législative proposée pour réaliser les objectifs poursuivis
par le ministère.
Deuxièmement, dans l’affirmative, il a pour mission de contrôler
la légalité des instructions de rédaction énoncées dans le mémoire
au Cabinet. Il doit s’assurer qu'elle sont à tous égards conformes
aux normes juridiques applicables. Pour accomplir cette tâche, il peut
solliciter les services des conseillers juridiques spécialisés du
ministère de la Justice. Si les instructions proposées s’avèrent
déficientes sur le plan juridique, il doit proposer au chargé de
projet des solutions de rechange.
Troisièmement, il joue un rôle consultatif relativement à la
présentation du mémoire au Cabinet : contraintes de temps, marche
à suivre, éléments essentiels de la mesure législative à porter à
l’attention du Cabinet et effet de l’approbation par celui-ci de la
démarche proposée.
Quatrièmement, il conseille les intéressés au sujet des principes
et conventions qui peuvent infléchir l’élaboration de la
mesure : égalité des sexes, bijuridisme, accès à l’information.
Il arrive aussi que le conseiller juridique agisse en qualité de
chargé de projet.
Le Bureau du Conseil privé
L’intervention du BCP, au tout début de la préparation du
mémoire au Cabinet, est cruciale. À titre d’agence centrale et de
secrétariat du Cabinet et de ses comités d’orientation, le BCP, en
particulier sa Direction des opérations, examine les mesures proposées
et en dégage les éléments susceptibles de favoriser l’émergence d’un
consensus dans la formulation d’une recommandation au Cabinet. Elle
facilite également la prise de décisions stratégiques par les membres
du Cabinet à l’égard de la mesure proposée.
Ses agents exercent quatre types de fonctions :
- ils conseillent les fonctionnaires responsables sur le plan des
objectifs et des orientations et sur le système du Cabinet en vue d’assurer
l’intégration de la mesure proposée dans l’ensemble des
priorités et du cadre politique du gouvernement;
- ils s’assurent que les ministères donnent suite aux engagements
du gouvernement;
- ils s’assurent que le ministère parrain a suivi toutes les
étapes du processus, notamment en ce qui a trait aux consultations
avec les ministères et organismes concernés;
- ils posent des questions sur la mesure visée, notamment sa raison d’être;
- ils veillent à ce que les divers organes de contrôle intéressés
par la mesure proposée en soient informés, de façon que tous les
aspects importants de celle-ci aient fait l’objet d’une étude
approfondie avant que le Cabinet ne s’en saisisse.
Les légistes
Les légistes de la Section de la législation ne participent pas
systématiquement à l’élaboration du mémoire au Cabinet. Leur
responsabilité première est de rédiger le projet de loi une fois le
mémoire approuvé. Cela dit, de plus en plus de ministères sollicitent
leur aide – surtout en ce qui a trait à la formulation des
instructions de rédaction – afin d’éviter les imprévus à l’étape
de la rédaction.
Ayant à la fois à l'esprit la mécanique globale du processus
législatif et l’ensemble du corpus des lois, les légistes sont en
mesure de fournir de précieux conseils aux chargés de projet sur les
points suivants :
- le fondement, du point de vue des orientations, de la mesure
législative proposée;
- la forme que pourrait prendre cette mesure;
- son insertion dans l’ensemble du corpus législatif fédéral;
- le contenu des instructions de rédaction;
- l'insertion de certains types de dispositions dans la mesure
législative envisagée;
- le choix d'une solution globale ou ponctuelle pour résoudre tel ou
tel problème;
- le calcul des délais requis pour la rédaction et l'impression du
projet.
Ils peuvent épargner temps et soucis aux chargés de projet. Par
exemple, ils leur éviteront de s'adresser de nouveau au Cabinet pour
obtenir l'autorisation d'insérer dans le projet certaines
dispositions essentielles.
Ils peuvent en outre relever les points qui pourraient aller à l’encontre
de la politique législative du gouvernement ou des normes de
rédaction législative généralement reconnues, telles celles
contenues dans le protocole canadien de rédaction législative
publié par la Conférence pour l’harmonisation des lois au Canada.
Le protocole est accessible sur Internet à l’adresse
suivante : http://www.law.ualberta.ca/alri/ulc/acts/fdraft.htm.
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