le 29 mars 2001
Monsieur le Premier ministre,
En tant que chef de la fonction publique du Canada et
conformément à l’article 47.1 de la Loi sur l’emploi dans la
fonction publique, je suis très heureux de vous présenter ce nouveau
rapport sur l’état de la fonction publique du Canada. Vous y trouverez aussi
les orientations que nous entendons suivre cette année et par la suite.
Dans ce rapport, je fais part des défis qu’aura à relever
la fonction publique du Canada et des mesures que nous prenons à cette fin. Je
décris en outre l’amorce d’une réforme plus fondamentale qui nous
permettra de devenir une institution moderne, axée sur l’élément humain.
Elle saura répondre aux attentes des Canadiens, et ce, dans une économie et
une société du savoir.
Grâce à votre appui et à celui de vos ministres, ainsi qu’à
l’apport de tous les sous-ministres, chefs d’organisme et fonctionnaires au
pays, nous parviendrons à réaliser l’objectif que le gouvernement a fixé à
la fonction publique dans le dernier discours du Trône :
« Pour aider le gouvernement à s’acquitter de ses
responsabilités, le Canada doit pouvoir compter sur une fonction publique
dont l’excellence est reconnue et qui possède les compétences requises
dans une économie et une société fondées sur le savoir. C’est dans cette
optique que le gouvernement se mettra à la recherche de jeunes, hommes et
femmes, qui se distinguent déjà par leur talent et leur dynamisme et qui
sont prêts à relever le défi de servir leur pays au sein de la fonction
publique fédérale. Il est déterminé à aller au bout des réformes
nécessaires pour que la fonction publique du Canada continue d’évoluer et
de s’adapter. Innovation et dynamisme, tels seront les attributs d’une
fonction publique à l’image de la diversité canadienne. Elle sera ainsi en
mesure d’attirer et de développer les talents nécessaires pour servir les
Canadiens au XXIe siècle. »
Discours du Trône,
le 30 janvier 2001
Texte complet |
L’économie et la société du savoir
De plus en plus, le savoir constitue la base des économies et
des sociétés du monde entier. Le rythme et l’ampleur des changements qui
marquent la transition de l’ère industrielle à une économie du savoir, de
même que les défis et les possibilités, sont sans précédent.
Sous l’effet de la mondialisation, les personnes, les biens
et les services sont plus mobiles et interdépendants que jamais. Ainsi s’accroît
la concurrence entre les secteurs d’activité et au sein de ces secteurs,
surtout quand il s’agit de trouver les talents nécessaires. Attirer et
retenir les travailleurs du savoir est un défi constant.
Notre société ne cesse de se diversifier et les
gouvernements doivent faire davantage pour en tirer profit. Dans une économie
du savoir, la diversité des points de vue, des origines et des démarches nous
permet d’offrir des services plus efficaces et plus pertinents. Grâce à la
diversité, nous pouvons aussi dispenser de meilleurs conseils.
La technologie facilite la circulation de l’information et
permet de créer et de diffuser plus aisément le savoir. Les gouvernements y
recourent pour fournir de l’information et des services en ligne, répondant
ainsi à une demande sans cesse croissante de services personnalisés, rapides
et dynamiques.
Nous opérons en outre un virage stratégique vers le
cybergouvernement. L’objectif consiste à mieux exploiter les nouvelles
technologies de l’information et de la communication. La notion de
cybergouvernement débordant la technologie, nous visons à mieux
« outiller » le gouvernement afin de moderniser et d’améliorer
les programmes et les services offerts aux Canadiens.
Le cybergouvernement privilégie l’élément humain :
nouvelles compétences, mentalités et approches en matière de leadership.
Il révolutionnera la façon dont les fonctionnaires travaillent,
communiquent entre eux, font leurs affaires et font participer les citoyens et
les autres partenaires.
Une fonction publique moderne axée sur l’élément
humain
Monsieur le Premier ministre, nous assistons à l’émergence
d’une fonction publique plus moderne, qui est en mesure de répondre aux
défis que présente notre monde d’aujourd’hui caractérisé par la
rapidité des changements, l’interdépendance et l’importance du savoir.
Nous avons rompu avec le modèle traditionnel de la gestion
dans la fonction publique, basée sur la hiérarchie et l’exécution des
ordres. Nous n’en sommes plus à l’époque
où les emplois étaient essentiellement répétitifs, les
tâches parfaitement définies, les activités prévisibles et les
communications unidirectionnelles, « de haut en bas ».
Nous avons commencé à faire de la fonction publique du
Canada une institution moderne, axée sur l’élément humain, plus souple,
plus ouverte et plus créatrice. Toutefois, la transformation est trop lente.
Les lois, les règles et les structures qui régissent notre gestion des
ressources humaines manquent de souplesse et ne nous permettent pas de recruter
les talents recherchés dans une économie du savoir. En outre, les mentalités
et les attitudes de l’ère industrielle persistent dans beaucoup de secteurs
de la fonction publique actuelle.
Au fil de cette transformation, nous nous inspirerons de notre
fier héritage. Nous resterons une institution impartiale et bilingue, ayant une
envergure nationale et internationale. Nous nous guiderons encore sur les
valeurs communes, énoncées par le regretté sous-ministre John Tait, qui
sont au cœur de tout ce que nous faisons, c’est-à-dire :
- la démocratie, qui signifie qu’en vertu des lois et de
la Constitution, nous aiderons les ministres à servir l’intérêt public;
- le professionnalisme, qui témoigne de notre engagement
inébranlable envers le mérite, la compétence, l’excellence, l’amélioration
continue, l’objectivité et l’impartialité des conseils prodigués, et
le respect de la confiance du public à notre endroit. Innovation,
initiative, créativité, service aux citoyens, partenariat, réseautage et
travail d’équipe en sont d’autres exemples;
- l’éthique, qui guidera nos actions et nos décisions, et
qui garantira toujours la préséance du bien commun sur l’intérêt
personnel;
- la dimension humaine, qui nous amène à respecter les
besoins et les aspirations de nos collègues, ainsi que ceux des citoyens
que nous servons.
Au sein de la fonction publique du Canada, nous continuerons d’accomplir
un travail fascinant et exigeant, de côtoyer des collègues intéressants
et d’avoir la chance inouïe de contribuer au mieux-être des Canadiens et à
l’avenir du Canada.
Mais plus que tout, nous continuerons de prodiguer aux
ministres des conseils judicieux et impartiaux et d’assurer aux citoyens des
services de qualité.
Mettre l’accent sur nos ressources humaines
Bien gérer la transformation vers une fonction publique
moderne sera un défi nécessaire si nous voulons continuer de tirer notre
épingle du jeu dans l’économie et la société du savoir.
Les sous-ministres, les chefs d’organisme et moi-même
sommes résolus à améliorer la gestion des ressources humaines, car celles-ci
sont au cœur de cette transformation. Grâce à elles, nous pouvons conseiller
les ministres et servir les citoyens.
Nous constatons certains progrès. Par exemple, nous avons mis
en place et modernisé des programmes de perfectionnement destinés aux
employés de tous les niveaux et de plusieurs groupes
professionnels. Nous
investissons dans notre avenir en invitant les étudiants de niveau
postsecondaire à acquérir une expérience de travail et en offrant un emploi
aux diplômés qualifiés.
Nous créons des réseaux pour aider les fonctionnaires, en
particulier les gestionnaires, à faire la transition vers une économie et une
société du savoir. Nous avons également modernisé notre action en matière
de sélection et d’avancement de carrière chez les sous-ministres
adjoints.
Ces démarches sont l’embryon d’un changement
culturel : la gestion avisée des ressources humaines fait partie
intégrante d’une bonne gestion.
Par contre, les lois actuelles en matière de ressources
humaines ne nous permettent pas d’aller assez vite pour transformer la
fonction publique en une institution moderne, axée sur l’élément humain.
Comme je le souligne à la fin de ce rapport, des changements plus radicaux s’imposent.
Dans l’intervalle, la fonction publique doit continuer de
faire tout en son pouvoir. Dans la foulée de l’engagement énoncé dans le
discours du Trône de 1999, il faudra se concentrer sur le recrutement, le
bien-être en milieu de travail et le maintien de l’effectif, ainsi que sur l’apprentissage
et le perfectionnement.
Il faudra prendre les mesures permettant de recruter plus
rapidement et plus facilement la main-d’œuvre diversifiée dont nous avons
besoin, tout en respectant le principe du mérite dans un marché du travail de
plus en plus concurrentiel. Il faudra mettre en œuvre la réforme de la norme
de classification. De plus, il faudra appliquer des solutions innovatrices qui
favoriseront le transfert de la mémoire et du savoir collectifs avant le
départ à la retraite d’un grand nombre de nos effectifs. Enfin, nous sommes
résolus à faire de l’apprentissage un moyen d’investir dans nos gens, de
façon à édifier une fonction publique qui repose sur le savoir et l’innovation.
Monsieur le Premier ministre, j’invite les fonctionnaires de
tous les niveaux, et de toutes les régions, à donner suite aux recommandations
formulées par les comités de sous-ministres dans les domaines du recrutement,
du bien-être en milieu de travail et de l’apprentissage et du
développement.
Recrutement
Pour la première fois depuis plusieurs années, nous avons
entrepris d’accélérer nos efforts de recrutement.
Monsieur le Premier ministre, nous pressons les gestionnaires
de tout mettre en œuvre pour recruter les talents les plus prometteurs. Cela
veut dire, entre autres choses, cibler les meilleurs diplômés du Canada, ici
comme à l’étranger, et être présent sur les campus des collèges et
universités.
Cela implique aussi de confier aux étudiants du travail utile
et stimulant, car ceux-ci sont nos meilleurs ambassadeurs. Nous voulons que les
jeunes viennent chez nous prendre de l’expérience. Nous espérons aussi qu’ils
seront nombreux à rester pour y faire carrière.
À l’échelle de la fonction publique, administrations
centrales et bureaux régionaux échangent sur les stratégies et les programmes
de recrutement ainsi que sur les pratiques exemplaires, les démarches et les
outils novateurs. Les sous-ministres adjoints qui ont accepté le rôle de
« champions » du recrutement assument le leadership dans leurs
ministères.
La diversité est au cœur de nos efforts de recrutement. Au
cours de la prochaine année, nous nous emploierons notamment à améliorer la
représentation des minorités visibles. Des organismes tel le Conseil national
des minorités visibles nous aident à diversifier notre bassin de candidats
éventuels. Nous invitons aussi les nouveaux citoyens canadiens à envisager de
travailler pour la fonction publique.
On invite en outre les gestionnaires à donner suite aux
recommandations du Groupe de travail Perinbam sur l’embauche de membres des
minorités visibles dans la fonction publique et à celles du Groupe de travail
Smith sur une fonction publique inclusive. Cela implique que l’on devrait
respecter, voire dépasser les objectifs-repères du rapport Perinbam en
matière d’embauche des membres des minorités visibles dans la fonction
publique, objectifs que votre gouvernement a endossés.
Avec l’aide des organismes centraux, les ministères
veilleront au cours de la prochaine année à mieux intégrer la planification
des effectifs à leurs plans d’activités. Conformément à la Loi sur
les langues officielles, nous prenons des mesures pour permettre à la
fonction publique du Canada d’offrir un environnement dans lequel les deux
communautés linguistiques de langue officielle participent de façon équitable
et où les deux langues officielles ont leur juste place.
Bien-être en milieu de travail
Le bien-être en milieu de travail se crée au quotidien. La
somme de tous les efforts individuels et positifs concourt à faire de la
fonction publique du Canada un employeur de choix.
Au cours de la dernière année, les employés et les
gestionnaires dans les ministères et les organismes centraux ont poursuivi leur
action pour résoudre les problèmes soulevés dans le sondage de 1999 auprès
des fonctionnaires. Ainsi, ils ont entrepris de mettre au point et d’appliquer
des solutions originales à diverses questions, dont la charge de travail, le
perfectionnement professionnel et l’esprit d’équipe.
Les organismes centraux veillent à ce que gestionnaires et
employés puissent compter sur les politiques et les programmes nécessaires.
Par exemple, nous avons élaboré et sommes sur le point de mettre en œuvre une
politique moderne pour la prévention et la répression du harcèlement en
milieu de travail, problème majeur signalé dans le sondage.
Les possibilités de congés et les régimes de travail
assouplis s’inscrivent également dans ce sillage. Au cours de la prochaine
année, les organismes centraux rendront ces politiques et ces programmes plus
accessibles aux gestionnaires et aux employés. Ils trouveront aussi d’autres
moyens de favoriser le bien-être en milieu de travail.
Actuellement, on incite tous les gestionnaires et employés à
créer des milieux de travail sains et inclusifs, privilégiant la diversité,
et à éliminer les obstacles empêchant la participation de tous.
Apprentissage et développement
À l’instar du gouvernement du Canada qui se concentre sur l’amélioration
des compétences et l’innovation pour ses citoyens dans une économie du
savoir, la fonction publique mise sur l’apprentissage et le développement de
ses employés. Nos efforts à cet égard appuient ceux que nous déployons pour
le recrutement et le bien-être en milieu de travail.
Des séances de formation sur différents sujets —
amélioration des services, fonction moderne de contrôleur, valeurs et éthique
— sont offertes pour mieux appuyer les gestionnaires et les employés. On
donne aussi des cours sur les grands enjeux comme la diversité. Certains
ministères ont lancé des programmes de mentorat pouvant contribuer à retenir
et à perfectionner les employés. Tirant profit de la technologie, on met en
ligne des instruments pour soutenir les gestionnaires dans leur travail d’auto-évaluation
et de formulation de plans d’apprentissage personnalisés.
Or, il n’y a pas que les salles de cours pour apprendre et
se perfectionner : il y a aussi tous les enseignements que les
fonctionnaires tirent de leur travail quotidien dans des domaines très variés.
En effet, les choix de carrière dans la fonction publique du Canada ne manquent
pas : environnement, ressources naturelles et affaires du Nord, sciences et
technologie, questions autochtones, patrimoine et culture, maintien de l’ordre
et service correctionnel, etc.
Nous devons faire mieux encore pour nous assurer que les
employés possèdent les connaissances, les compétences et les outils leur
permettant d’élaborer des politiques judicieuses et d’offrir des services
de qualité supérieure dans le cadre d’une économie et d’une société du
savoir. Nous étudions divers programmes et politiques pour appuyer les
gestionnaires et les employés, notamment une politique pangouvernementale de l’apprentissage,
un fonds de stimulation de l’innovation par l’apprentissage et des comptes d’apprentissage
transférables.
Nous devons donner aux fonctionnaires les moyens, mais aussi
la responsabilité, de se perfectionner et de s’épanouir pour créer une
fonction publique ultraperformante qui réponde aux attentes des Canadiens. Les
employés ont la responsabilité d’établir leurs propres plans d’apprentissage,
et les gestionnaires ont celle de créer les conditions favorables à l’apprentissage
continu.
Accroître notre efficacité dans une économie
et une société du savoir
Monsieur le Premier ministre, nous nous appliquons non
seulement à améliorer nos méthodes de gestion, mais aussi nos façons d’aider
le gouvernement à remplir ses obligations dans l’économie et la société du
savoir. Sans perdre de vue les résultats à atteindre, nous cherchons sans
relâche des moyens innovateurs d’améliorer la prestation des services et des
programmes aux citoyens et de conseiller les ministres le plus judicieusement
possible.
Comme prévu dans le cadre de gestion dont s’est doté le
gouvernement, et qui s’intitule Des résultats pour les Canadiens et les
Canadiennes, il est impérieux d’améliorer les pratiques de gestion, le
processus décisionnel et l’établissement des priorités pour mieux répondre
aux besoins des citoyens. La gestion intégrée des risques nous permettra d’opérer
le changement culturel souhaité et de se doter d’une main-d’œuvre avertie,
apte à prendre des décisions judicieuses dans un environnement propice à la
gestion prudente.
Pour obtenir des résultats, il est important de briser la
hiérarchisation de l’appareil gouvernemental. Les technologies de l’information
nous aident à cet égard. De même, les conseils régionaux fédéraux
expérimentent différentes méthodes d’intégration et de gestion
horizontale.
Moderniser la prestation de nos services
Au cours des 12 derniers mois, les fonctionnaires des bureaux
centraux et régionaux ont travaillé à offrir aux citoyens un accès à l’information
et aux services gouvernementaux qui soit plus rapide, plus facile, plus pratique
et plus uniforme, et cela, dans les deux langues officielles. Nous avons
multiplié les centres Service Canada pour les gens qui préfèrent le contact
direct avec le gouvernement. Nous avons aussi encouragé les Canadiens à
utiliser la ligne sans frais 1-800-O-Canada pour obtenir des renseignements sur
1 000 programmes et services fédéraux. Nous avons atteint nos objectifs
de la première année dans le cadre de l’initiative du Gouvernement en
direct, nous rapprochant de notre but global : offrir les renseignements et
les services en direct d’ici 2004.
En janvier 2001, Monsieur le Premier ministre, vous nous
avez fait franchir un autre grand pas en ce sens en inaugurant le site Web
reconfiguré du gouvernement du Canada (www.canada.gc.ca). Le Site du Canada
permet d’accéder à des renseignements et à des services regroupés en trois
portails : Canadiens, Entreprises canadiennes et Non-Canadiens. Il s’agit
en fait de l’un des sites gouvernementaux les plus conviviaux du monde.
Nous allons poursuivre nos efforts pour moderniser et
améliorer les services dans l’économie et la société du savoir. Nous
allons continuer de faire avancer l’initiative du Gouvernement en direct et
nous assurer que les travailleurs du savoir disposent des outils, des moyens d’apprentissage
et de l’infrastructure nécessaires dans un monde branché.
Dans le but de mieux répondre aux attentes des citoyens, nous
chercherons à mieux intégrer les modes de prestation pour améliorer l’accessibilité,
la qualité et l’efficacité de nos services. Nous devrons également
améliorer la prestation de nos services dans les deux langues
officielles.
Améliorer nos conseils stratégiques
Nous avons également continué de renforcer la fonction
conseil à l’intention des ministres, couvrant tout le processus de la
formulation des politiques : de la recherche à la surveillance, en passant
par l’analyse, l’élaboration d’options et la mise en œuvre.
Aujourd’hui, notre capacité de recherche en matière de
politiques est nettement supérieure à ce qu’elle était il y a cinq ans.
Grâce au Projet de recherche sur les
politiques, nous avons établi des
réseaux avec les autres gouvernements, les milieux universitaires et divers
instituts d’analyse. En retour, ceux-ci nous ont aidés à cerner de plus
près les questions que le Canada doit aborder à moyen et à long terme.
Afin d’élargir nos horizons, nous avons continué d’aborder
les questions stratégiques sur une base thématique. Il arrive de plus en plus
souvent que les politiques soit élaborées dans un plan horizontal, qu’il s’agisse
des enfants et des jeunes, du développement durable ou des questions
autochtones. Nous avons examiné la possibilité d’appliquer les principes de
la gestion du risque à l’analyse et à la formulation des politiques. Nous
encourageons la tenue de consultations interministérielles poussées et
généralisées. Nous jugeons important de continuer à contrôler la mise en
œuvre des politiques et d’apporter les ajustements qui s’imposent.
Conscients que la prestation de conseils stratégiques
judicieux requiert que l’on puisse compter sur des chercheurs de haut niveau,
nous avons lancé en janvier 2001 le Programme de formation en recherche sur les
politiques. Conçu pour attirer les diplômés les plus prometteurs au
gouvernement du Canada, il complète ceux mis en œuvre au sein des ministères
et à l’échelle du gouvernement.
Bien que notre approche de l’élaboration des politiques ait
énormément évolué en dix ans, il reste encore beaucoup à faire. Les
ministères et les organismes centraux doivent collaborer en vue de formuler des
propositions stratégiques d’envergure pangouvernementale et tenant davantage
compte des divers points de vue. Ils doivent saisir toutes les corrélations et
s’assurer que les progrès réalisés dans un domaine profitent à d’autres
secteurs. Il faut également favoriser la consultation interministérielle en
matière d’analyse des politiques et des programmes, en intégrant et en
coordonnant mieux les conseils prodigués dans les ministères. Nous
encourageons les fonctionnaires à trouver des façons d’intégrer les
perspectives régionales et opérationnelles à tout le processus d’élaboration
des politiques : recherche, analyse, formulation et mise en œuvre.
Les prochaines étapes
Monsieur le Premier ministre, nous avons jeté les bases
nécessaires et sommes dans la bonne voie. Nous sommes collectivement
déterminés à faire de la fonction publique une institution moderne bien
insérée dans l’économie et la société du savoir. Parfois, les efforts
déployés ne nous permettent pas d’aller aussi vite ou de pousser aussi loin
que nous le voudrions, pour que la fonction publique soit avant-gardiste,
dynamique et à l’image de la diversité canadienne.
Nombreux sont ceux qui, à l’intérieur comme à l’extérieur
de la fonction publique, ont analysé les défis de cette institution en
matière de gestion des ressources humaines. C’est ce qu’ont fait le Comité
consultatif Strong sur le maintien en poste et la rémunération du personnel de
direction et, plus récemment, le vérificateur
général.
La gestion des ressources humaines a été examinée sous
différents angles. L’approche temporelle — recrutement, maintien en poste
et apprentissage — en est une. L’approche fonctionnelle, que propose le
Comité consultatif Strong, se fonde sur cinq éléments interconnectés d’une
stratégie à long terme, à savoir : planification, dotation,
récompenses, apprentissage et maintien en poste. Pour sa part, le Comité
consultatif Fryer se penche sur la question sous l’angle des relations
syndicales-patronales dans la fonction publique fédérale.
Quelle que soit la façon dont nous examinons cela, il est
clair que nous ne sommes pas en mesure de soutenir le rythme du changement,
parce que l’actuel régime de gestion du personnel est trop linéaire, rigide
et complexe.
Voici ce qu’affirme le Comité consultatif Strong :
« Selon le Comité, il faut de toute urgence établir
des responsabilités claires, apparier les pouvoirs et, d’une manière
générale, rationaliser les processus des ressources humaines pour que la
fonction publique puisse atteindre ses objectifs ambitieux. À cet égard,
nous appuyons la recommandation du vérificateur général selon laquelle le
gouvernement doit régler immédiatement les problèmes structurels et
systémiques qui traînent encore. »
Pour nous maintenir à niveau et mieux appuyer les efforts
déployés par les fonctionnaires à tous les échelons, nous devons rompre avec
l’approche « étapiste ». Nous devons enclencher une réforme plus
approfondie de la législation en matière de gestion des ressources humaines
dans la fonction publique.
Nous avons déjà pris certaines mesures pour moderniser la
fonction de contrôleur en confiant à nos gestionnaires la responsabilité de
la gestion financière qu’ils assumeront à l’intérieur d’un cadre clair.
Le moment est maintenant venu de moderniser notre gestion des ressources
humaines.
Nous croyons qu’un cadre législatif moderne en matière de
ressources humaines doit se fonder sur les principes directeurs suivants :
- d’abord et avant tout, sauvegarder le principe du
mérite, de l’impartialité, de la représentativité et de la
compétence;
- deuxièmement, assurer que tous les aspects afférents aux
ressources humaines relèvent de la gestion;
- troisièmement, déléguer les pouvoirs de gestion des
ressources humaines aux niveaux de gestion les plus bas possible de la
hiérarchie;
- enfin, responsabiliser les gestionnaires et les rendre
imputables de leur gestion.
Nous voulons que la fonction publique du Canada soit capable d’attirer,
de maintenir en poste et de développer les talents nécessaires pour servir les
Canadiens au 21e siècle.
Conclusion
Je suis convaincu que nous saurons moderniser la fonction
publique du Canada en fonction de l’avenir.
Monsieur le Premier ministre, la fonction publique de demain
privilégie l’élément humain et le milieu de travail. Elle est aussi
diversifiée que notre pays. Elle est inclusive. Les plus prometteurs et les
plus brillants veulent y faire carrière, et ils concrétisent leur rêve. Ils
mettent en commun un savoir et une expérience immenses.
Les gens et les idées circulent au sein des organisations et
entre celles-ci. Il y a les fonctionnaires de carrière et il y a ceux qui vont
et viennent, apportant avec eux compétences et connaissances. Nous apprécions
l’expertise extérieure et les perspectives diverses. Il y a des leaders à
tous les niveaux. Les gens travaillent en équipes et en réseaux. Ils
éliminent les obstacles.
Les décisions sont prises au bon niveau. Les gens sont
responsables de leurs actions. Ils ont à cœur de servir leur pays et leurs
concitoyens avec loyauté et dévouement. Ils préparent l’avenir tout en
relevant les défis de l’heure.
Nul autre milieu que la fonction publique de demain n’est
plus intéressant et plus stimulant. Nul autre n’offre autant d’occasions de
poursuivre son apprentissage, de se perfectionner et de s’épanouir.
Exploitant à fond la technologie, il procure à ses gens les outils et l’environnement
pour qu’ils accomplissent bien leur travail.
L’apprentissage continu et le perfectionnement
professionnel, dont les employés et les gestionnaires partagent la
responsabilité, sont la devise de ce milieu. C’est une organisation
apprenante dont les membres mettent en commun leur expérience, d’où ils
tirent un enseignement.
De plus, ce milieu est souple, ouvert, dynamique et créatif.
Il valorise et récompense l’excellence et l’innovation. Il privilégie l’équilibre
entre le travail et la vie personnelle.
La fonction publique fédérale de demain est un employeur de
choix qui aspire à mieux servir les Canadiens et à prodiguer aux ministres un
service-conseil plus intégré.
La modernisation de cette institution est une entreprise
délicate, mais les enjeux sont trop grands pour que nous y renoncions.
Monsieur le Premier ministre, je me sens honoré de diriger la
fonction publique du Canada à l’aube du XXIe siècle et de
travailler avec les sous-ministres, les chefs d’organisme et avec tous nos
fonctionnaires, d’un océan à l’autre. Nous voulons appuyer les efforts que
déploie le gouvernement afin de hisser le Canada au rang des chefs de file
mondiaux dans l’économie et la société du savoir.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression
de ma très haute considération.
Mel Cappe
Table des matières
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