Lignes directrices en matière de consultation à l'intention des gestionnaires de la fonction publique fédérale
Le 21 décembre 1992
Les Canadiens souhaitent et exigent qu'on les fasse participer
davantage aux
décisions politiques. Les institutions parlementaires assurent
la représentation
démocratique de tous les Canadiens, et la tradition de
démocratie politique du
Canada pourvoit à l'élaboration des grandes orientations et
priorités en matière de
politique. En
conséquence, le gouvernement du Canada a pour politique de
prôner et de promouvoir la consultation des Canadiens dans
l'élaboration de
ses politiques et la conception de ses programmes et services.
Le Parlement étudie les lois que proposent les ministres et les
adopte. En donnant
au public un service efficace, dans un esprit de consultation
ouverte et
continuelle, les ministères et les fonctionnaires appuient les
mesures législatives et
contribuent à la réalisation des objectifs prioritaires du
gouvernement.
La consultation des Canadiens étaye et renforce le rôle de
chaque ministre et les
responsabilités collectives du Cabinet dans le processus de
décision. En
reconnaissant le droit des Canadiens d'être écoutés et
d'avoir l'assurance que leurs
opinions seront sérieusement considérées, la consultation
fait également profiter
les ministres et leurs hauts fonctionnaires des idées, opinions
et suggestions mises
de l'avant par le public sur les façons dont le gouvernement
peut s'assurer de
prendre des décisions qui tiennent compte des préoccupations
des Canadiens pour
élaborer ses politiques et programmes et établir ses
priorités.
Consulter les Canadiens pour élaborer des programmes et des
politiques qui les
concernent directement ou indirectement est profitable au pays
et aux citoyens.
La consultation du public par les gouvernements profite aux uns
et aux autres de
différentes façons:
- elle crée un climat
propice à l'échange d'opinions, d'idées et d'information
entre le gouvernement et la population, ce qui fait que les
politiques et les
programmes répondent mieux aux priorités, aux besoins et aux
préoccupations
des Canadiens;
- elle élargit la sphère
de prise de décisions pour y inclure toutes les personnes
intéressées à chercher un consensus sur les objectifs des
politiques et des programmes;
- elle permet au public de
mieux comprendre les choix, les responsabilités et les
obligations du gouvernement quand vient le temps d'établir une
politique ou un programme;
- elle crée un
environnement plus favorable aux décisions, ce qui a pour effet
d'accroître les chances d'entente et de diminuer les risques de
conflit.
La consultation publique se fait de bien des façons, tant officielles
qu'informelles.
De façon informelle, elle se fait systématiquement tous les
jours, dans le cours
normal des activités des fonctionnaires et dans une foule
d'occasions et de
circonstances. Qu'il s'agisse d'une simple conversation
téléphonique, d'une
rencontre à la cafétéria, d'une conversation de guichet ou
d'une lettre personnelle,
les fonctionnaires devraient profiter de toutes les occasions
pour donner aux
clients et aux intervenants la conviction que leurs idées sont
importantes et que
leurs opinions sont les bienvenues. La consultation informelle
devrait faire
normalement partie du programme de consultation de chaque
organisation. Elle
constitue un moyen important et personnel d'entrer en contact
avec le public et de
le servir.
Il existe bien d'autres mécanismes de consultation publique
plus officiels et plus
structurés, comme les organes consultatifs ministériels, les
documents de
consultation publics, les journées d'accueil, les réunions de
groupes de discussion,
les rencontres avec les intervenants de tous horizons, les
discussions entre cadres,
les séances d'information "ciblées", les ateliers,
les questionnaires, les lignes
téléphoniques sans frais et les rencontres locales avec la
population. Ce sont les
organisations elles-mêmes qui sont le mieux placées pour
déterminer qui sont leurs
collaborateurs en matière de consultation et comment ils
peuvent être consultés.
Bien que les types d'activités de consultation officielle et
informelle soient très
variés, ils ont tous en commun certaines caractéristiques. On
trouvera à l'annexe
"A" une série
de principes dont une organisation doit tenir compte dans ses
activités de consultation. Ce qui importe, c'est que chaque
ministère et organisme
connaisse ses intervenants et ait une stratégie de consultation
permettant et
encourageant la participation du public.
Consultation ne veut pas dire consensus. C'est un processus qui
permet et
favorise l'échange d'idées et d'information entre tous les
secteurs de la société et
entre ceux-ci et le gouvernement. La consultation publique
garantit que les
Canadiens sont au courant des avenues ouvertes au gouvernement
devant une
décision qui influera sur leur vie, et qu'ils sont consultés.
Pour être efficace, la
consultation doit être basée avant tout sur l'ouverture, la
transparence, l'intégrité
et le respect mutuel. La consultation, comme la communication,
est une fonction
de gestion collective en ce sens qu'elle est la responsabilité
commune de tous les
gestionnaires de la fonction publique. De même que pour
n'importe quelle
responsabilité de gestion, il faut, pour obtenir des résultats
satisfaisants en consultation, prévoir une bonne base de planification, de
recherche, d'analyse, de
conseils et de rétroaction.
L'engagement qu'a pris le gouvernement du Canada de favoriser
une consultation
fructueuse, ouverte et constante exige des ministres, des
gestionnaires supérieurs,
des ministères d'exécution et des organismes centraux qu'ils
fassent tous preuve de
leadership dans l'implantation d'une culture de la consultation
axée sur le service
aux clients.
Les MINISTRES déterminent
les priorités du gouvernement en matière de
consultation et exercent un leadership sur ce plan dans leur
ministère ou
organisme. Ils veillent à ne pas mettre en jeu leur
responsabilité très claire
d'établir les politiques gouvernementales et veillent à ce que
les fonctionnaires
soient à l'abri de controverses teintées de partisanerie
politique. Il leur revient
aussi de définir les responsabilités et pouvoirs de leur
personnel en matière de
consultation et d'établir les mécanismes de liaison avec le
personnel du ministère
et les sous-ministres.
Les ADMINISTRATEURS
GÉNÉRAUX déterminent et mettent en
oeuvre des
moyens systématiques d'intégrer la consultation dans les
pratiques courantes de
leur ministère. Pour cela, ils élaborent les politiques de
consultation du ministère
ou d'autres mécanismes administratifs indiqués, conformes aux
lignes directrices
du gouvernement en matière de consultation. Ils doivent veiller
à ce que la
consultation fasse partie intégrante de la conception et de la
prestation des
programmes. Il leur incombe aussi de s'assurer qu'on tient
compte des
compétences en matière de consultation dans les décisions
d'embauche, de
formation et de perfectionnement du personnel.
Le BUREAU DU CONSEIL
PRIVÉ fournit des conseils et des avis
concernant
la conception et la mise en oeuvre de mécanismes de
consultation et il aide à en
assurer l'efficacité parmi les ministères en recueillant et en
échangeant de
l'information sur les politiques, stratégies, activités et
innovations des
organisations en matière de consultation et sur les pratiques
exemplaires de
consultation.
Le SECRÉTARIAT DU
CONSEIL DU TRÉSOR contribue à
l'implantation et
au maintien d'une culture de la consultation en concevant des
moyens qui
facilitent, au public l'accès aux renseignements sur les
services gouvernementaux.
Ce faisant, il suscite l'intérêt des Canadiens pour les
politiques, programmes et
services gouvernementaux. Le Secrétariat aide également les
organisations à
élaborer des politiques de consultation, à évaluer ces
politiques et à en tirer des
renseignements.
Le CENTRE CANADIEN DE
GESTION et la COMMISSION
DE LA
FONCTION PUBLIQUE (par
l'intermédiaire de son organisme de service
spécial dans le domaine de la formation et du perfectionnement)
mettent au point
- 4 -
des méthodes de formation propres à assurer à tous les
fonctionnaires, tant dans la
Région de la Capitale nationale qu'ailleurs au pays, des
possibilités de formation et
de perfectionnement en consultation.
L'implantation d'une culture de la consultation au sein de
l'administration fédérale
ne peut se faire sans une forme quelconque d'évaluation du
degré de satisfaction
des clients.
Le COMITÉ DES HAUTS
FONCTIONNAIRES évalue l'efficacité des
administrateurs généraux sur les plans de la consultation et
de l'amélioration des
services au public ainsi que leur degré d'engagement
relativement à ces objectifs,
tant à l'intérieur des ministères et organismes qu'auprès
des clients et des
intervenants.
On encourage les ministères et organismes à évaluer
régulièrement la qualité de
leurs méthodes de consultation interne et externe. Les
organismes centraux
effectueront périodiquement des enquêtes afin d'aider les
ministères et organismes
à surveiller et évaluer la façon dont s'effectue
l'implantation d'une culture de la
consultation au sein de leur organisation et dans leurs rapports
avec les clients et
les intervenants.
Ces données et d'autres informations concernant les activités
de consultation au
sein du gouvernement seront incluses dans le rapport annuel du
chef de la
fonction publique au Premier ministre sur la progression du
renouvellement de la
fonction publique canadienne.
Annexe A
Principes de consultation*
- La consultation des Canadiens est inhérente à
l'élaboration efficace d'une
politique d'intérêt et au service au public. La consultation
devrait se faire
au tout début et non pas après coup.
- Pour être efficace, la consultation doit être fondée sur
l'ouverture, la
confiance, l'intégrité, le respect du point de vue de tous les
participants,
ainsi que sur la clarté des buts et du processus.
- L'issue de la consultation ne doit pas être déterminée à
l'avance. La
consultation ne doit pas servir à communiquer des décisions
déjà prises.
- La décision de recourir à la consultation peut venir du
gouvernement
même, ou de l'extérieur : chaque partie doit réagir de façon
aussi
constructive que possible.
- Dans la mesure du possible, le processus de consultation
devrait réunir
tous les intervenants pouvant y apporter une contribution ou
appelés à en
sentir les effets.
- Les participants au processus de consultation devraient
avoir un mandat
explicite. Ils devraient pouvoir influencer le processus et
avoir intérêt à
mettre en oeuvre les mesures convenues.
- Certains participants peuvent ne pas avoir les ressources ou
l'expertise
voulues pour prendre part au processus de consultation. Il peut
donc être
nécessaire de leur accorder une aide financière ou une autre
forme de
soutien pour qu'ils puissent participer.
- La bonne consultation suppose une association. Elle
entraîne le partage de
la responsabilité du processus et de son résultat : il est
essentiel que toutes
les parties comprennent bien les questions à l'étude, les
objectifs et les
attentes mutuelles; le programme et les méthodes devraient
être
négociables; les contraintes devraient être établies dès le départ.
- Les participants devraient avoir une idée réaliste du
temps nécessaire à la
consultation et en tenir compte en élaborant son déroulement.
- Tous les participants doivent avoir accès, à temps, à
une information
pertinente et facile à comprendre, et s'engager à mettre en
commun
l'information dont ils disposent.
- Une bonne consultation n'aboutit pas toujours à un
consensus; cependant,
elle devrait permettre de mieux comprendre le point de vue de
chacun des
participants.
- Quand la consultation débouche sur un consensus, les
participants
devraient, dans la mesure du possible, assumer la
responsabilité de la mise
en application des recommandations qui en résultent.
- Une bonne consultation comprend un suivi. Les participants
ont le droit
de savoir ce qu'il advient des opinions et de l'information
fournies; ils
doivent être mis au courant du rôle que leurs idées et leur
participation ont
pu jouer dans les décisions du gouvernement.
- Une bonne consultation nécessite divers talents : savoir
écouter, savoir
communiquer, savoir négocier et savoir dégager un consensus.
Les
participants doivent recevoir la formation nécessaire pour
acquérir ces
compétences.
* Les Principes de
consultation sont fondés sur les seize
principes énoncés
en octobre 1990 dans le rapport du Groupe de travail sur le
service au
public, et ils ont été modifiés pour tenir compte des
commentaires
formulés par les administrateurs généraux sur le projet de
lignes directrices.
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