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OBLATS

50 ans au pays de la neige

Par Monseigneur Gabriel Breynat, O.M.I., 1945

Lac La Biche!... J'en ai entendu parler tant de fois! Je suis enfin arrivé : Quelle joie! C'était autrefois le point de départ pour les convois qui partaient dans le grand nord. Les réserves annuelles étaient transportées sur des chariots de bœufs et de chevaux à travers les prairies du rivière rouge (Red). Ces provisions étaient mises dans un hangar qui était encore là. Quand le printemps arrivait, elles étaient expédiées à leur destination via la rivière du Lac La Biche, tributaire de la rivière Athabasca dont les rapides étaient tellement redoutées.


L'impulsion du missionnaire

Comme la moitié du 19e siècle approchait, les missionnaires de confessions différentes sont devenus importants dans l'élargissement de la mosaïque culturelle dans le nord-ouest. Ces fanatiques ont construit leurs missions en suivant le chemin de la Compagnie de la Baie d'Hudson, car ils désiraient convertir et christianiser le peuple autochtone; de plus, ils croyaient qu'ainsi ils pourraient apprécier le salut éternel.

Comme une autorité a remarqué :

Les missionnaires dépendaient d'elle (la Compagnie de la Baie d'Hudson) pour leur transport et celui de leurs provisions, puisque leurs brigades étaient les seuls services programmés. Ils comptaient sur son hospitalité, car ses postes étaient les seules pensions convenables et confortables. De plus, elle offrait une multitude de services, puisque presque tous les charpentiers et autres marchands étaient employés par celle-ci. Sans elle, les missionnaires ne pouvaient pas faire beaucoup d'affaires, car elle détenait le monopole du commerce. Parfois ils pouvaient à peine survivre sans elle.

Au début, la Compagnie de la Baie d'Hudson faisait peu pour promouvoir les travaux des missionnaires dans le nord-ouest, car celle-ci il était offensée par toute activité qui n'intégrait pas les autochtones dans le commerce profitable. Avec le temps cependant, ces officiers de la compagnie qui étaient des fervents religieux ont voulu aider les efforts de missionnaire dans l'ouest intérieur. Puisque l'amélioration morale et religieuse des autochtones était une condition pour renouveler (et par conséquent, révoquer) le permis de commercer de la compagnie, la pensée de ces hommes a pris le dessus. Plus tard, la compagnie a aidé à contrecoeur les missions dans tout le nord ouest, une situation qui durerait aussi longtemps que la Compagnie de la Baie d'Hudson a détenu le monopole sur le commerce.

Les Pères de résidence à la mission de Notre-Dame des Victoires, au Lac La Biche, ont encore à desservir plusieurs postes : celui de Saint-Valentin où la Compagnie de la Baie d'Hudson a un établissement pour son commerce; un autre au Petit-Castor, station très importante et peu éloignée du Lac La Biche (c'est là que séjournent les Cris, tant chrétiens qu'infidèles, qui sont souvent visités par des ministres protestants et fort exposés à embrasser leurs erreurs); enfin celui de Saint-Jean Baptiste, au confluent de la petite et grande rivière Athabasca. C'est la mission du Lac La Biche qui fournit à ces divers postes ce dont ils ont besoin.

Au Lac La Biche, comme ailleurs dans le nord-ouest, les comptoirs commerciaux ont permis de concentrer la colonisation. Ceux-ci ont fourni aux missionnaires un auditoire intéressé, au moins quelques fois par année, quand le commerce et l'approvisionnement avaient lieu. En 1825, George Simpson, gouverneur de la Compagnie de la Baie d'Hudson a remarqué que la région du Lac La Biche était habitée non seulement par des Crees et des Chipewyans, mais également par des Métis et des commerçants libres autrefois engagés par la Compagnie du nord-ouest. En 1844, quand un premier colon, appelé Joseph Cardinal, a réussi à intéresser l'église catholique au Lac La Biche en tant que terrain missionnaire, la population avait considérablement augmenté. Père Jean-Baptiste Thibault qui avait voyagé à la demande du cardinal au Lac La Biche et au lac Cold a trouvé environ 40 familles qui l'attendaient. Par la suite, plusieurs familles métisses ont pris possession de la terre au bord du lac autour du poste jusqu'à ce qu'elles forment un village.

L'accueil enthousiaste du père Thibault aux visites pastorales du Lac La Biche a été répétée seulement par intermittence la décennie suivante. Ce n'est qu'en 1852 que l'évêque Taché de Saint-Boniface a informé le père Albert Lacombe de la possibilité de bâtir une mission permanente dans la région du Lac La Biche sur la base des attitudes locales par rapport aux missionnaires et des chances de succès. Taché avait un plan à long terme pour la mission.


Auto suffisance agricole et plus

Tissot et Maissoneuve ont permis à la mission du Lac La Biche d'acquérir une solide position. Ils ont tout de suite reconsidéré l'endroit proposé par père Remas : il était trop près du fort où les autochtones pourraient être soumis aux influences de corruption; il était mal situé pour la pêche, dont la mission dépendait comme moyen de subsistance; il n'avait aucun accès direct à l'avant du lac ce qui gênerait le voyage et le transport; de plus, il était entouré par la Compagnie de la Baie d'Hudson qui militait contre l'expansion de la ferme, ce qui aurait sûrement été exigé avec le temps.

En raison de ces handicaps, Maissoneuve et Tissot ont déplacé la mission de l'autre côté du lac à un emplacement moins susceptible d'être influencé par la Compagnie de la Baie d'Hudson, sur la baie de la mission d'aujourd'hui. Au début, les prêtres se sont abrités dans une tente dans la neige. Aussitôt que possible, ils ont construit une modeste cabine en rondins. Elle était habitable le 13 juin 1856. À peu près au même moment, ils ont déplacé la vieille maison du père Remas de l'autre côté du lac. Ce nouvel emplacement leur permettrait d'avoir plus d'espace pour leurs efforts.

Pour la majeure partie de la décennie suivante, les prêtres ont passé beaucoup de temps à rendre la mission autosuffisante dans le domaine agricole. C'était une tâche difficile; l'établissement de Notre-Dame des Victoires avait été conçu pour pouvoir, plus tard et au besoin, servir d'entrepôt pour l'approvisionnement de nos Missions du Nord.

Pour l'instant, cependant, ceci n'était qu'un plan. Le souci immédiat de Taché était l'activité de l'église méthodiste dans ce lieu, parce que le révérend Henry Steinhauer avait considéré établir la mission à l'emplacement du poste Lac La Biche de la Compagnie de la Baie d'Hudson. La mission que Lacombe a recommandée à son évêque et à laquelle il s'est plus tard consacré en raison de ce méthodiste convertissant s'est appelée Notre-Dame des Victoires.

En octobre 1853, père Remas, un membre des Oblats de Marie Immaculée, est arrivé à Notre-Dame des Victoires pour devenir le premier missionnaire résident. Il a construit une petite mission en rondins près du nouveau poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson sur le bord sud-est du lac. Ses ouailles consistaient principalement de Métis, de Crees et de Saulteaux (Ojibwa), bien qu'un petit groupe de Montagnais (Chipewyans) soit venu en visite annuellement. Comme un auteur a décrit les gens du pays :

La population était presque totalement Métisse franco-cris. Des sauvages plus ou moins fixés dans les environs, Cris du Lac Castor et Montagnais du Lac de Couer, fréquentaient le Poste (HBC) aux époques de la traite, au printemps et à l'automne.

En dépit d'un certain succès, le père Remas était continuellement harcelé par le Cree local. Ceci, ajouté à un manque de nourriture, à la maladie et à un manque de compétences administratives, a contribué à son remplacement par les pères Tissot et Maissoneuve en 1855. Ceux-ci n'avaient pas la plupart des outils, des animaux de trait et d'approvisionnement régulier en main d'œuvre. En automne 1856, ils avaient réussi à planter un champ modeste de pommes de terre, d'orge et de chou-rave, pourtant le père Tissot a écrit au père Vegreville que « les misères de tout genre ne manquent pas. La nourriture manquant nous attire bien des difficultés que nous met d'un jour a 1'autre à l'agonie ».

Bien que ces circonstances soient difficiles, l'agriculture était essentielle au succès de Notre-Dame des Victoires. Cette pensée découle en partie du fait évident que la mission avait besoin d'une source fiable en produits alimentaires si elle devait survivre et prospérer. Vaisemblablement, le poisson à chair blanche qui était un produit de base dans le régime alimentaire local des commerçants de fourrure avait ses détracteurs parmi les missionnaires. Mais, de manière plus importante, l'encouragement pour l'agriculture parmi les peuples semi-nomades avait longtemps été un élément central dans les efforts de missionnaires qui voulaient apporter leur civilisation afin de soutenir les vies quotidiennes des autochtones. Les fermes autochtones signifiaient une fin de la dépendance à l'égard de la chasse de plus en plus incertaine; elles signifiaient une plus grande stabilité de résidence, ce qui favorisait le travail des missionnaires; et elles signifiaient l'acquisition de qualifications mécaniques pratiques qui étaient commercialisables dans un monde principalement blanc : celui du nord-ouest le serait bientôt selon les missionnaires.

Peu est connu au sujet des fermes de la mission pendant les cinq années suivantes mais il est clair qu'en 1861 leurs champs produisaient tout ce qui était nécessaire pour rendre la mission autosuffisante. Le blé, les pommes de terre et l'orge devenaient abondants. En fait, la mission avait déjà plus de porcs qui n'étaient nécessaires et le père Maisonneuve en a donné aux membres de leur congrégation « dans l'espoir de fixer les familles sur un morceau de terre ». Évidemment, les efforts des missionnaires d'installer plus de personnes sur la terre n'avaient pas encore rencontré beaucoup de succès.

Malgré une année sèche de temps en temps, la ferme de la mission est devenue prospère. Quand le père Tissot a fait un inventaire détaillé de ses ressources après la récolte exceptionnelle de 1864, il a trouvé 32 bétails, 18 chevaux, 16 porcs et de nombreux outils. Vingt acres étaient utilisées pour la culture, principalement par l'utilisation des animaux de traits. Le grenier et le garde-manger de la mission étaient pleins « pour ce moment », a écrit un chroniqueur du Lac La Biche, « la Mission du Lac La Biche eut la réputation d'être extrêmement riche ».


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© 2003 Société culturelle Mamowapik et Société d'Histoire de Mission Lac La Biche (Tous droits réservés)

 

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