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Alexis Reynard | Évêque Vital Grandin, O.M.I. | Frère Alexandre Kowalczik, O.M.I. | Pères O.M.I | Petite vérole
20 ans de missions | 50 ans au pays de la neige | 50 ans - Partie II | 50 ans - Partie III

 

OBLATS

50 ans au pays de la neige – Partie III

Bien entendu, tout ce travail exigeait d'avoir plus de personnel à la mission. Tandis qu'au cours des années les personnalités changeaient, l'évêque Faraud était parfois aidé par un collègue et presque toujours par deux prêtres et plusieurs frères convers. À ces personnes doivent être ajoutées une main d'oeuvre composée d'hommes du coin, habituellement des Métis.

Tandis que la construction de bâtiments et l'entretien de la ferme prenaient beaucoup de temps, plus de personnel pouvait également mieux servir les besoins de la congrégation. La majeure partie de cette congrégation était composée de Métis du bord du lac, à mesure que le besoin en cargos et équipages de bateau augmentait. Mais la mission servait également les personnes les plus éloignées grâce à ces missions visitées de plus en plus régulièrement. Ces personnes incluaient les Crees du lac Beaver, les Chipewyans du lac Heart et les Métis du lac Egg. À partir de la fin des années 1870, le père Émile Grouard a poursuivi son travail en installant une petite presse à la mission sur laquelle il a publié des livres de prière, de catéchisme et d'autres volumes dans les langues cree et chipewyan.

Ces activités sans précédent à la mission, qui ont continué pendant les années 1880, ont permis à Notre-Dame des Victoires de devenir un endroit proéminent dans l'ouest. Son importance en tant qu'entrepôt de transport lui a incontestablement donné des avantages spécifiques. Un de ces comptes rendus, en 1879, explique :

« En effet, à Notre-Dame des Victoires, nos Pères peuvent manger du pain presque quotidiennement; ils peuvent recevoir plus facilement et plus souvent des produits de pays civilisées; tandis que leur Frères du nord n'ont cette possibilité qu'une fois chaque année, et ils ne peuvent recevoir l'objet attendu que trois ans après en avoir fait la demande ».

Le Lac La Biche est devenu, grâce à son rôle comme entrepôt, bien intégré dans le commerce émergeant et dans le réseau de communications de l'ouest. Ses aménagements étaient typiques des communautés qui étaient établies rapidement sur les prairies et les espaces verts du sud; à la différence des missions nordiques. Ironiquement, la confiance que plaçait la mission dans ces aménagements pour pouvoir se développer de manière durable entraînerait sa chute.


Le déclin de la mission

Après deux décennies de croissance régulière, Notre-Dame des Victoires a rapidement perdu de son importance. Deux causes principales peuvent expliquer cela. L'une était la croissance du trafic des bateaux à vapeur sur la rivière du nord de la Saskatchewan dans les années 1870. Dans ses efforts de bannir les commerçants libres des terres du nord (celles des fourrures), la Compagnie de la Baie d'Hudson a influencé financièrement ces bateaux comme étant des moyens plus efficaces de transporter des fourrures aux marchés de l'est. Cette démarche a rendu les couloirs de transport, qui étaient en activité, désuets. La deuxième raison était l'imposition par le gouvernement du Dominion du système de réserves indiennes qui libérait plus de terres agricoles tout en centralisant la population autochtones de la région. À la longue, cette pratique a nuit aux programmes éducatifs de la mission. Ensemble, ces développements étaient extrêmement nuisibles aux perspectives de la mission.

D'abord, l'impact du trafic des bateaux de vapeur s'est fait sentir. En 1875, la Compagnie de la Baie d'Hudson prépare une nouvelle piste de 90 milles du fort Edmonton, le terminus des bateaux de vapeur sur le fleuve Saskatchewan du nord, jusqu'à l'amerrissage d'Athabasca, où les chalands attendaient pour amener les marchandises du nord jusqu'à la rivière Athabasca. Au début, ce nouvel itinéraire a eu un impact modeste sur le Lac La Biche mais, après que les bateaux à vapeur aient été placés sur l'Athabasca en 1887, peu de frets se déplaçaient au nord via les portages et les pistes de chariot traditionnelles.

Comme la mission avait comme intérêt l'efficacité et le coût, elle s'est pliée à ce nouveau moyen de transport : les deux derniers chalands de Notre-Dame des Victoires se sont dirigés vers le nord au printemps 1889. Cette même année, l'évêque Faraud est parti pour Saint-Boniface, confiant que son travail comme organisateur des transports du nord était terminé. Il n'avait peut-être pas prévu l'impact direct et immédiat que le nouveau système d'expédition aurait sur Notre-Dame des Victoires. Les possibilités d'emploi sur les bateaux à vapeur étaient si importantes que les Métis du Lac La Biche se sont installés à Athabasca Landing. Dès 1890, le père Grandin a noté :

« La population catholique de la mission a beaucoup diminuée; il y a un exode de la plupart des familles métisses vers Athabasca Landing, où elles trouvent plus facilement du travail.

Avec les frets pour les missions du nord contournant le Lac La Biche, les pistes pour chariots défoncées sont rapidement tombées en désuétude et devenues infranchissables. »

La mission a essayé de compenser la perte d'une partie de sa congrégation en utilisant les fonds du gouvernement du Dominion pour bâtir l'école industrielle indienne, que les Sœurs Grises ont gérée. Cette école, qui était l'une des conséquences de la rébellion de 1885 entre Indiens et Métis, a été construite pour préparer les enfants autochtones étudiant le commerce industriel. L'école a été ouverte en 1893. Bien que les faits soient peu clairs, il semble que l'école ait été construite dans le vieux couvent; alors que les soeurs, les orphelins, et les pensionnaires occupaient l'ancienne résidence de l'évêque Faraud. C'est peut-être à ce moment-là que la résidence de Faraud a été considérablement transformée.

Malheureusement, peu d'écoles industrielles pouvaient survivre sans des fonds fédéraux. Quand, aux environs de 1896, les fonctionnaires du gouvernement ont découvert que le vieux couvent avait été dilapidé, ils ont informé les sœurs qu'ils souhaitaient voir les services d'école déménagés à la réserve indienne du lac Saddle. Cette décision a perturbé les personnes du coin qui ne voulaient pas voir les soeurs partir. Ces premières ont temporairement retiré leurs enfants des classes comme signe protestation envers l'église. Malgré cette action, l'évêque a ordonné que les sœurs déménagent.

Quelques années après que les classes aient recommencé, les résidents de la mission ont appris que les chemins de fer Great Waterways et Alberta avaient été incorporés afin de construire une ligne d'Edmonton jusqu'aux Waterways, près du confluent du Clearwater et d'Athabasca. Des études ont été effectués en 1909 et 1910, et dès l'automne 1914, la voie ferrée était posée aussi loin que Venise et Hylo. Le père LeGoff a écrit à Grandin :

« Vous n'ignorez pas que le Lac La Biche commence à sortir de sa torpeur – à peu près toutes les terres libres dans les environs du lac sont prises. Maintenant nous attendons le chemin de fer qui va un peu révolutionner le pays... »

Les colons se sont installés par centaines dans la région et en 1915, la mission était devenue le site du bureau du poste et une sous agence du bureau des terres du Dominion.

La confiance de LeGoff dans le chemin de fer, représentant le salut de la mission, s'est rapidement avérée être mal placée. En 1914, le chemin de fer avait créé une nouvelle ville appelée la station du Lac La Biche, sur la réserve de la Compagnie de la Baie d'Hudson, en face du bord du lac. Cette même année, l'évêque Legal d'Edmonton a décidé qu'une nouvelle paroisse catholique – Saint-Catherine – était nécessaire à la station du Lac La Biche pour servir les colons qui arrivaient. À nouveau « le centre des activités a été retiré de la mission de Notre-Dame des Victoires ». Elle resterait une mission pour la communauté locale des Métis et pour les établissements autochtones éloignés.

Notre-Dame des Victoires a été soumise à un autre à coup pendant l'été 1921, quand une tornade a endommagé le site. Même s'il n'a pas touché le couvent/pensionnat ni le presbytère, il a complètement détruit l'église gothique du frère Bowes, deux entrepôts, une grange et a brisé le toit d'une autre grange. En dépit du fait que la mission ne possédait pas d'assurances, le père LeGoff a immédiatement décidé de reconstruire l'église et, dans le processus, de construire un nouveau presbytère.

Grâce aux excellentes compétences de construction du frère Hayes, la mission a bâti la nouvelle église et le nouveau presbytère à bas prix, en utilisant le pin du coin et peu d'équipements commerciaux. Aucun titre justificatif concernant la disposition initiale de l'église n'est disponible mais, vraisemblablement, elle n'était pas très différente de la disposition actuelle. Nous en connaissons davantage sur le nouveau presbytère de deux étages et demi, qui incluait un parloir, une chapelle, un bureau et deux chambres à coucher sur au rez-de-chaussée; six chambres à coucher et une bibliothèque dans le grenier. Les travaux de construction sur les deux bâtiments ont eu lieu pendant les années 1923 et 1925.

En 1925, Notre-Dame des Victoires ressemblait à sa construction originale. En plus de l'école/pensionnat, du presbytère et de ses nouvelles structures, il y avait sur le site de la mission trois écuries, neuf hangars et une maison appartenant au frère Sylvèstre Bourque, située au bas de la présente église. En face de la route, au sud de la mission proprement dite, il y avait une autre maison appartenant à la famille de Langevin, trois écuries et à deux poulaillers.

L'école/pensionnat devenait la raison principale pour l'existence de la mission. À un moment, en 1923, probablement au début du trimestre, elle a logé 23 pensionnaires, cinq de plus que prévus. Pourtant elle était en assez piteux état. Selon le père LeGoff :

« …son défaut principal, qu'il traînait toujours, était d'avoir passé trop vite de l'état de résidence épiscopale à l'état de sa destine présente sans avoir subi les améliorations que nécessitait une école résidentielle : pas de salle recréation convenable, pas d'eau courante, pas d'égouts, pas de chauffage central, seulement quelques poêles d'où le danger continuel de feu... au début, on s'était contenté de prendre cette vielle résidence à peu près telle qu'elle était parce qu'on espérait que, sans trop tarder, elle serait mieux aménagée et rendue plus confortable. »

Il s'avère que la raison de cet état lamentable était un conflit entre l'ordre des Oblats et le diocèse. Bien que l'école/pensionnat était seulement utilisée pour répondre aux buts des Oblats, cette école était située sur la terre du diocèse. Ainsi, les Oblats étaient peu disposés à investir dans l'entretien d'une propriété qu'ils pouvaient perdre à tout moment. D'autre part, le diocèse prétendait manquer les fonds nécessaires pour des rénovations. Cette impasse a persisté jusqu'en 1939 quand le père provincial des Oblats a offert d'acheter du diocèse le bâtiment à un prix insignifiant. Tandis que le diocèse rejetait cette offre, il a bientôt entrepris les changements nécessaires à ses propres frais.

Dès 1941, l'école/pensionnat a été équipée d'une nouvelle base, d'un chauffage central, d'un porche extérieur qui donnait accès au nouveau four, de nouveaux planchers en bois, d'eau courante, d'un meilleur drainage, d'un réservoir d'eau et de toilettes d'intérieur. L'intérieur a aussi été peint et réarrangé. Nous pensons que la base du presbytère a été refaite en même temps. Seulement deux ou trois ans après, la mission a également acquis un générateur électrique à moteur diesel qui a été placé dans l'annexe de la boulangerie du bâtiment de blanchisserie de 1937.

Même à cette étape de la recherche, il est évident que de nombreux changements au site de la mission se sont produits dans les années 1940 et au-delà. Essentiellement, c'étaient des réponses individuelles et pragmatiques aux conditions changeantes de Notre-Dame des Victoires, telle que l'introduction des véhicules motorisés ou la détérioration du revêtement extérieur, et non pas dus à de grands plans pour la mission.

Les changements ont inclus l'addition des sorties de secours au couvent (diverses dates, c. 1941), la construction d'un nouveau toit brisé pour la grange (1946), un hangar pour machine (1947) et un garage pour véhicule/soudage (1948), relocalisation du toit du presbytère à la ferme au nord du couvent (les années 1950), l'installation d'un chauffage central dans le nouveau presbytère (1952), l'addition de d'un revêtement extérieur en asphalte sur l'église et le presbytère (1954), et la démolition d'un des couvents originaux (date inconnue) et de la maison de Bourque (date inconnue).

Tandis que la plupart des changements durant cette ère modernisaient certains aspects de la mission, l'un en particulier représentait l'effort de renforcer les valeurs traditionnelles de Notre-Dame des Victoires. C'était l'ajout de deux maisons à charpente de bois sur le site en 1960. Déplacer ces bâtiments à la mission a réaffirmé, de manière très certaine, l'importance qu'a continué à garder l'éducation dans la vie quotidienne de Notre-Dame des Victoires. Même à la fin des années 1960, il y avait 22 pensionnaires dans l'école de la mission. Enfin, seule la condamnation du capitaine des pompiers touchant le logement de l'école/pensionnat a amené une fin à l'enseignement centenaire qu'offrait le Lac La Biche.


Conclusion et évaluation thématique

Cette vue d'ensemble concernant l'histoire ne laisse aucun doute sur l'importance de la mission du Lac La Biche dans le développement de l'ouest du Canada. Notre-Dame des Victoires a été, dès ses débuts en 1853, inséparable des événements importants pour le développement de l'ouest du Canada. Cela s'est avéré particulièrement vrai au 19ème siècle, quand les missionnaires résidents ont été poussés par la foi et obligés par nécessité de poser des actes qui ont eu un impact décisif sur la maturation de la région. Cependant cela est moins vrai au 20ème siècle alors que la mission semblait être à la périphérie des événements, davantage étant influencée par eux que l'inverse.

Quatre principaux thèmes du 19ème siècle ressortent et méritent une attention spéciale dans l'histoire de l'emplacement de la mission :



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© 2003 Société culturelle Mamowapik et Société d'Histoire de Mission Lac La Biche (Tous droits réservés)

 

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