Introduction La Survivance Le Franco et le Franco-Albertain Historique
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Photo : Valéry Goulet

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L'oeuvre de la librairie française de l'A.C.F.A. et la lecture
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La Survivance contenait le août un fort pertinent article du R. P. P. E. Breton, directeur du journal. Le directeur abordait la question de la librairie inaugurée par l'A.C.F.A. il y a près de cinq ans. Nous avons dans le temps marqué notre haute appréciation de cette initiative Nos vieux amis de l'Alberta française se rappellent que nous étions aux premières heures de La Survivance. Nous croyions en la nécessité d'un périodique vivant pour ranimer la flamme française, pour porter les directives des dirigeants de l'Association canadienne française de I'Alberta. Nous avons, à cette fin, parcouru l'Alberta du nord au sud, de l'est à l'ouest et, Dieu merci, nous avons souvent rendu hommage à la générosité de nos amis de I'Alberta française.

Nous avons écrit et répété à la radio ou ailleurs, avec quelle spontanéité nos amis de la langue française de l'Alberta, de la Colombie canadienne, de l'Ontario, de la Californie, du Québec et même de France avaient adressé des abonnements de sympathie à la Survivance alors dans ses premiers vagissements. Cette énumération d'abonnés nous venant de diverses parties du Canada ou de l'étranger n'est pas une fiction.

Le spectacle d'un groupe français éloigné du Québec par plus de trois mille milles de distance, prenant les moyens d'assurer la pérennité de ses traditions, de ses coutumes, de son idéal, de sa foi, avait ému un certain nombre de personnes en France et une trentaine nous avaient adressé leur abonnement. Des abonnements nous étaient venus d'ex Albertains exilés en Californie ou d'autres ayant des parents en Ontario ou au pays de Québec. Quoi qu'il en soit, une immense vague de sympathie déferla sur l'Alberta française en novembre décembre 1928 et pendant les premiers six mois de l'année 1929.

Nos amis Paul Émile Poirier, les deux Normandeau, nos amis Boileau, Gariepy, Sylvestre, Primeau, Forget, savent de quels espoirs le petit groupe français de l'Alberta fut animé aux heures que nous évoquons. Dès ces années, le Révérend Père F. A. Auclair qui fut un ardent et un obscur au Patriote de l'Ouest établi tout d'abord à Duck Lake puis à Prince Albert, agita dès ce moment là la question de la radio française. Pour ma part, je croyais à ce moment là l'établissement d'un poste français comme prématuré et je n'étais pas pour ma part convaincu de la réalisation ultime du rêve du Père Auclair. La radio en était d'ailleurs à ses premiers balbutiements. Le courage de mes amis de l'Alberta, leur générosité m'ont donné tort heureusement.

Aujourd'hui, l'Alberta française a son journal, l'immeuble pour son hebdomadaire, son poste de radio et un service de librairie. Je suis de ceux qui se réjouissent de ce que les ondes qui pénètrent dans les foyers français y apportent des syllabes françaises, des chants français et je souhaite que les efforts des promoteurs du projet soient couronnés de succès et que le poste de Radio Edmonton connaisse des succès croissants au point de vue financier surtout car je suis persuadé que les Franco albertains assureront l'excellence des programmes par des exécutions locales ou par des transmissions du Québec. Revenons en cependant à l'Alberta. Ne nous faisons pas illusion. À côté de la langue parlée et qui reçoit en la radio un magnifique étui, il reste que la langue écrite doit pénétrer dans tous les foyers soit sous forme de revues, de journaux dont La Survivance en premier lieu bien entendu, de volumes donnant des directives nationales mais aussi sous la forme de romans, nouvelles qui agrémenteront les loisirs de nos gens, meubleront leur esprit, perfectionneront leur vocabulaire.

Nous sommes de ceux qui souhaitent que ce service de librairie de l'A.C.F.A. connaisse un développement intense. Il faut que votre service de librairie connaisse des succès croissants. Il faut que ceux qui ont à coeur la survie du français chez nous prennent la peine d'encourager votre service de librairie, d'acheter des volumes ou publications que vous avez en montre. Que chacun prenne l'habitude de multiplier les cadeaux en volumes à toutes les occasions possibles, que chacun passe occasionnellement au service de librairie pour acheter albums, livres de contes pour enfants, récits qui enchanteront même les moins jeunes et qui feront les délices des jeunes tout en contribuant à leur formation morale, intellectuelle et française. On s'attache à une langue en la connaissant et on la connaît en parlant, en la lisant et en l'entendant. Nos Franco albertains la liront dans La Survivance tout d'abord et dans les publications dont la librairie de l'Association est distributrice.

Le soussigné a une longue expérience de ces oeuvres et de ces mouvements nationaux. Il sait par expérience comme il est difficile de pousser quelqu'un à acheter des livres. Chacun remet tels achats au lendemain et ce lendemain ne vient jamais. Il faut donc que ceux qui dirigent effectivement le mouvement, c'est à dire les membres de l'exécutif de l'A.C.F.A. et les membres des conseils locaux ou paroissiaux fassent acheter de ces publications par les cercles qui ont quelques fonds, mais qu'eux mêmes, comme dirigeants, comme individus, ils aient le souci de prêcher d'exemple. Qui n'a pas l'occasion de passer par Edmonton à un moment donné? Je suggère à distance parce que je crois le problème important, que quelqu'un se rendant dans la capitale albertaine devrait se faire un devoir d'entrer au service de librairie et d'y acheter un volume ou quelques volumes pour soi ou pour distribution autour de lui, dans son milieu tout d'abord, à un filleul, à un élève qu'il veut encourager. Qu'il fasse don de ces publications à une institutrice ou à un instituteurs.

Voilà ce qu'un vieil ami de l'Alberta française pense de ce problème de la librairie, de son importance et du rôle qu'elle doit jouer. Cette oeuvre de la librairie fut tout d'abord fondée pour atteindre le but ultime de l'A.C.F.A. et du journal, c'est-à-dire prolonger son influence éducatrice. Il ne faut donc pas que ces publications dorment sur les tablettes ou sur les comptoirs. Il faut au contraire qu'elles circulent dans l'Alberta, dans la Colombie canadienne, partout où les lecteurs de La Survivance résident. Et ainsi conjuguées, force du journal, de la radio, de l'Association de Instituteurs bilingues, de l'A.C.F.A., des commissaires d'école, des maisons d'enseignement, des instituteurs et institutrices, tout cela, répétons-le, uni dans une même pensée, dans un même idéal, donnera des résultats et assurera à l'Alberta une jeunesse française d'esprit, catholique de coeur et d'âme, voulant continuer les traditions du passé. Ce ne sont pas là des mots que nous énonçons mais une conviction profonde que nous voulons transmettre à nos frères de l'Alberta pour lesquels nous avons lutté, besogné et dont nous voulons la survie et la vie française avec intensité, puissance et rayonnement.

En conclusion, visitons et encourageons la librairie de l'A.C.F.A. dont les locaux sont situés dans l'immeuble du journal La Survivance.

Rodolphe Laplante

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