Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 18, 1971

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L'ancienne chapelle des Récollets de Trois-Rivières

par John R. Porter et Léopold Désy

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La deuxième vue date de 1721 (fig. 5). Contrairement à la première, elle satisfait notre attente par sa vraisemblance et sa clarté. Il s'agit d'un dessin à la plume rehaussé d'aquarelle et conservé à la Bibliothèque nationale de Paris. (13) Dans un manuscrit déposé aux Archives de la chapelle anglicane St. James de Trois-Rivières, Benjamin Sulte a glissé le commentaire suivant à son sujet:

« 1721. voir dans mon Album de l'Histoire des Trois- Rivières (14) le plan de cette année. L'église de la paroisse y fait face au fleuve; elle a un haut clocher droit comme aussi la maison ou église des Récollets. » (15)

L'église paroissiale, desservie à l'époque par les Récollets, apparaît en « A » tandis que le clocher de leur chapelle conventuelle est voisiné par la lettre « B » (fig. 6).

Sauf quelques précisions relatives au décor intérieur dont nous parlerons plus loin, ce sont là les seuls renseignements dont on dispose au sujet de la première chapelle conventuelle des Récollets à Trois-Rivières. Cette construction exista pendant environ 50 ans, ce qui est fort appréciable pour un bâtiment en bois. Une telle durée ne peut s'expliquer autrement que par la facilité d'entretien inhérente à ses petites dimensions et laisse supposer qu'on y fit de nombreuses réparations avant son remplacement par une nouvelle chapelle en 1754. 

La chapelle de 1754

En 1741, les Récollets songèrent à renouveler leurs bâtiments conventuels à Trois-Rivières. En effet, à cette date les témoignages abondent à l'effet que ces derniers tombaient en ruines. (16) Ne disposant pas de fonds suffisants, les moines recoururent aux plus hautes autorités civiles pour tenter d'obtenir leur soutien financier en vue de la reconstruction de leur monastère. Malgré le refus qu'ils essuyèrent en 1742, ils persistèrent par nécessité dans leurs projets et, la même année, des travaux étaient amorcés, financés par les paroissiens de Trois-Rivières. Ce mode de financement n'a rien d'étonnant pour peu qu'on se rappelle que les Récollets étaient desservants de l'église paroissiale trifluvienne depuis 1693 et qu'ils le demeureront jusqu'à leur départ en 1776. (17)

En 1742, on ne reconstruisit que le couvent. L'édification d'une nouvelle chapelle ne fut amorcée qu'en 1753. De toute évidence, cette dernière fut construite parallèlement à l'emplacement de la précédente, du côté sud-ouest. Si l'on consulte à nouveau les plans de 1704 et de 1707, on constate, en effet, que l'encoignure de la rue St-François-Xavier et de la rue Notre-Dame, à l'époque, était occupée essentiellement par un jardin longeant l'église du début du XVIIIe siècle. C'est donc sur ce dernier emplacement que fut construite la nouvelle chapelle en 1754.

La vieille église fut démolie en 1753 et « de Père Augustin Quintal, supérieur et curé, fit creuser et bâtir les fondations du nouvel édifice ». (18) Chose curieuse, lorsque l'on entreprit la reconstruction proprement dite au printemps de 1754, le commissaire provincial des Récollets, le père Chrysologue Rabaron, chargé de la direction de l'entreprise, décida de ne pas utiliser les fondations mises en place à la demande du père Quintal. C'est notamment ce qui se dégage du contrat de maçonnerie passé le 9 mai 1754 « en la maison conventuelle des Pères Récollets » devant le notaire Leproust de Trois-Rivières.

L'entente relative à ces travaux impliquait d'une part le « Très Révérend Père Chrysologue Rabaron, Commissaire provincial des Révérends Pères Récollets de la Nouvelle-France, assisté de Monsieur Maître Joseph Godefroy, écuyer seigneur de Tonnancourt, conseiller du Roi, syndic des dits Révérends Pères Récollets de cette ville », et d'autre part « Toussaint Bertrand, maître-maçon demeurant en cette ville ». (19)

Dans ce contrat, le maçon Bertrand promet:

« de faire et parfaire tout le mur nécessaire pour la bâtisse d'une église au monastère des dits Révérends Pères, savoir le mur de deux pieds et demi d'épaisseur sortant de ses fondements. S'oblige et promet le dit Bertrand fournir avec lui et à ses frais quatre bons maçons et tous les manoeuvres pour ce nécessaires, de réparer les pierres de taille cassées ou offensées, faire le portail, moyennant qu'il lui soit fourni sur la place tous les matériaux utiles et nécessaires pour la dite bâtisse, à quoi les dits Révérends Pères s'obligent par ces présentes, et outre de payer au dit Bertrand la somme de seize livres pour chaque toise de mur courante, la dite toise tant plein que vide. »

S'oblige en outre le dit Bertrand continuer à la dite ouvrage jusqu'à ce qu'il manque de matériaux, auquel cas de non fourniture d'aucuns matériaux, pourra travailler où bon lui semblera jusqu'à ce qu'il y'en ait pour continuer et ne pourra au dit défaut prétendre aucun dédommagement, sera seulement payé à la dite raison de seize livres la toise courante et à mesure qu'il avancera la dite maçonnerie. (Dans) laquelle dite toise courante au dit prix ci-dessus est compris mur parfait, enduit et crépit; le cas arrivant qu'il manquât quelques pierres de taille pour la dite bâtisse, le dit Bertrand promet et s'oblige les fournir et par les dits Révérends Pères lui en payer le prix. S'oblige aussi faire le perron du portail de la dite église ». (20)

Relativement à la nouvelle chapelle, c'est le seul contrat que nous ayons pu retracer. D'autres documents (plans et contrats) de la plus haute importance furent probablement brûlés dans l'incendie du couvent des Récollets de Québec, le 6 septembre 1796. On se souvient sans doute que les Anglais chassèrent les Récollets de Trois-Rivières dans les années qui suivirent la Conquête (21) et que, selon toute évidence, le dernier d'entre eux à quitter le couvent, le père Isidore Marsolet,emporta à Québec les papiers concernant celui-ci. (22) 

Compte tenu de ce qui suit, nous ne saurions procéder immédiatement à une analyse formelle de la chapelle. En effet nos recherches nous ont mis au fait d'une série de modifications extérieures et intérieures la concernant, et ce n'est qu'après en avoir déterminé la teneur que nous serons en mesure de préciser ce qui reste de la chapelle de 1754 et d'en faire un examen sérieux. En conséquence, nous insisterons au préalable sur l'histoire de la chapelle depuis sa construction jusqu'à nos jours.

Les Anglais de religion protestante tinrent leurs offices religieux dans la chapelle des Récollets de Trois-Rivières après le départ de ces derniers en 1776. Quant au couvent, il fut d'abord transformé en hôpital. En 1779, la chapelle devint un dépôt pour le matériel nécessaire au soin des malades. En 1790, alors que le couvent devenait cour de justice et prison,

« l'église, toujours employée comme magasin fut divisée en deux parties: l'une, sur laquelle donnait l'entrée principale de l'édifice, resta affectée comme ci-devant; l'autre, comprenant le sanctuaire, servit de local pour le service protestant le dimanche. Cet état de choses subsista jusqu'en 1795, alors que la partie employée comme dépôt, fut affectée exclusivement au culte ». (23)

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