Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 30, 1977

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Deux moments dans la vie et 
l'oeuvre de James Wilson Morrice

par Lucie Dorais


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*Nouvelle pagination de l'auteur.

Les carnets de croquis de James Wilson Morrice (1865-1924) jusqu'ici n'ont été considérés qu'accessoire à l'étude de l'oeuvre de cet artiste. D. W. Buchanan et Jean-René Ostiguy leur ont consacré un article chacun; en plus de commenter quelques dessins, ils mettent l'accent sur les inscriptions les plus révélatrices des amitiés et des goûts du peintre. (1)

L'analyse détaillée des vingt-quatre carnets relativement complets qui sont conservés dans des collections publiques (2) a permis de les dater avec plus ou moins de précision (les premiers carnets contiennent très peu d'inscriptions); les tableaux, les voyages, les amitiés et les influences subies par l'artiste peuvent maintenant être réexaminés dans une perspective chronologique plus adéquate. Cette étude reste malheureusement incomplète, puisque les 24 carnets et les dessins détachés d'au moins deux autres carnets ne couvrent pas la carrière de Morrice en entier.

A titre d'exemple d'analyse, nous étudierons ici le Carnet 7420 et le Carnet 7419 qui font partie de la collection de la Galerie nationale du Canada depuis plus de 40 ans. Ils sont parmi les plus intéressants des carnets conservés, et serviront de point de départ pour l'étude de deux moments précis dans la vie et l'oeuvre de Morrice.

1896-1897: Paris, Québec, Beaupré (Carnet 7420)

Ce carnet, Morrice l'a utilisé lors d'un séjour effectué à Québec et à Beaupré au cours de l'hiver 1896-1987. (3) Quelques scènes de Paris, datant probablement de l'automne 1896 (elles sont au tout début du carnet), le complètent. La plupart des croquis sont faits au crayon, mais quelques-uns sont rehaussés d'encre bleue, une technique que Morrice n'a jamais employée dans les autres carnets.

Deux inscriptions du carnet nous ont permis de le dater avec précision: au f. 68* , la mention « arrived Sat / Nov 28 » [1896] et au (65 (fig. I), la mention « Sat Jan 23 Star / Bell Smiths ad » [1897]. (4) Deux lettres de Morrice, adressées à son ami le peintre torontois Edmund Morris (1871-1913), attestent de son séjour à Beaupré en janvier et février 1897. (5) Arrivé à New York (ou à Montréal) le 28 novembre 1896, Morrice a sans doute passé les fêtes de fin d'année dans sa famille. Sauf pour une visite à l'été 1894, Morrice n'était pas revenu au Canada depuis son départ pour l'Europe en 1890.

Le 12 janvier 1897, il est déjà installé à Beaupré depuis quelques semaines et se propose d'y rester encore un bon mois; puis il s'arrêtera quelques jours à New York, à l'invitation de William Glackens (1870-1938), (6) avant de rentrer à Paris en mars. (7) Un dimanche de février, il écrit à Edmund Morris qu'il souhaite prolonger son séjour à Beaupré parce qu'il travaille à une toile en vue du Salon et qu'il pense toujours visiter Toronto et New York. (8) On ne sait quand il retourne à Paris, mais il est encore à Montréal le 29 avril, alors que William Brymner (1855-1925) lui donne une aquarelle (Jeune fille à la main en abat jour, coll. Musée des beaux-arts de Montréal). Il a donc pu assister à l'ouverture du Salon du printemps de l'Art Association of Montreal (le futur Musée des beaux-arts), où il expose une scène de Paris la nuit (cat. no 94) et une toile ayant Sainte-Anne de Beaupré pour sujet cat. no 93). (9) Les critiques du Salon ne font que citer son nom; (10) il n'avait pourtant rien exposé à Montréal depuis 1893.

Dans la seconde lettre à Morris (février 1897), nous apprenons que Morrice a fait la connaissance, à Beaupré, de Maurice Cullen (1866-1934) ; il note son adresse postale sur une page de son carnet (f. 63v, « P. O. Box 1159 »); l'adresse de William Brymner à Montréal est aussi notée (f. 68v, « 67 St. James »), mais la correspondance ne mentionne pas leur rencontre. D'autres adresses nous révèlent qu'il a rencontré un avocat montréalais « Claxton / 107 St. James », (I) et un journaliste de l'Examiner de San Francisco (f. 67). D'une écriture qui n'est pas celle de Morrice, une adresse est inscrite sans nom (« 239 Richmond St. », f. 58v) et qui s'avère être celle d'une demoiselle M. Brady de Montréal. (11) Au f. 67, il a noté l'adresse d'un marchand général  (« Boisseau Bros ») où peut-être a-t-il acheté les tubes de couleur emportés à Beaupré (liste au f. 67), à moins que ce ne soit chez « Cottingham, Dickson », un marchand de blanc de plomb du Vieux Montréal (f. 65v). Toujours dans ce quartier, il a rendu visite aux marchands d'art « Scott & Sons » (f. 68), qu'il déconseille cependant à Morris: « He [Scott] doesn't bother himself about Canadian work...». (12) Scott deviendra pourtant son marchand attitré à Montréal et sera chargé de liquider l'atelier du peintre après son décès. Des adresses à Glasgow (f. 68) concernent l'envoi de deux toiles à l'exposition annuelle de l'Institute of Fine Arts. (13) Quant à la mention du f. 65 (fig. I) « Ths Lawrin Sons / Vicent Street », il nous a été impossible de la déchiffrer avec certitude.

Sur la même page, mais à Paris, Morrice a noté qu'il devrait voir les Degas du Docteur Camondo (qui léguera sa collection d'impressionnistes au Louvre en 1914). Au tout début du carnet (f. IV) on trouve le nom et l'adresse d'une demoiselle Adrienne Toulmonde, une amie ou un modèle dont on retrouve très souvent la mention dans les carnets de cette époque. (14) La note « Collona / 15 rue Nicole » (f. 68v) s'applique tout probablement à Eugène Colonna, qui avait redécoré la maison de Sir William van Horne (ami de la famille Morrice) en 1890. (15) Et c'est également dans le Carnet 7420 qu'on trouve une citation de l'écrivain Israel Zangwill, dont la seconde partie est souvent citée dans les ouvrages sur Morrice (f. 63v):

Art is a selection from and a re-combination of nature in symmetrical forms for the stimulation of the human soul.
Art is a spiritual stimulant administered through sensuous forms.


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