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Deux moments dans la vie et
l'oeuvre de James Wilson Morrice
par Lucie Dorais
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Certains croquis du Carnet
7419 sont trop rapides pour être intéressants, mais la plupart
sont complets et un certain nombre d'entre eux ont été utilisés
pour des tableaux, sans modification majeure. Le Port de
Saint-Servan (f. 28v) (fig. 9) et Paramé vu de la plage
(f. 29v) (47) entrent dans cette catégorie (Saint-Servan et Paramé
sont les villes-satellites de Saint-Malo; ce sont les seuls croquis
du carnet qui repésentent des motifs bretons). Ont-ils été faits
sur place, ou faut-il y voir une dernière version, préparatoire
aux tableaux? Nous n'avons pas retrouvé d'autres carnets de dessins
pour témoigner d'un séjour à Saint-Malo en 1901, non plus
d'ailleurs que du voyage au Canada l'hiver précédent.
Une très belle vue de Notre-Dame de Paris et de l'Île de la Cité,
depuis le pont Louis-Philippe, nous fait voir Morrice hésitant sur
des éléments de composition. Au f. 13, dans un croquis très
rapide, un homme en haut-de-forme nous fait face (il est à gauche,
devant un parapet) et au feuillet suivant la composition est
complète (fig. 10), mais c'est maintenant une femme qui s'avance
vers nous (on distingue un repentir). Dans la toile tirée de ces
croquis, (48) Morrice a repris le personnage masculin et changé la
couleur des vêtements de l'homme penché sur le parapet. Ce sont
les seules modifications; la neige qui, dans le tableau, recouvre
les toits et le sol, est indiquée dans le dessin par des zones
laissées en blanc. Une comparaison avec une photographie du même
lieu (fig. 11) montre que Morrice n'a pas beaucoup transformé le
sujet: c'est avec la couleur qu'il s'exprime et fait sien le motif
choisi.
Le Carnet 7419 contient quelques autres scénes de Paris,
dont des vues rapides du Quai des Grands-Augustins ne correspondant
à aucun tableau précis (f. 9, 16). Un bouquiniste et son étalage
(f. 18) et le détail d'un porte-revues (f. 67) ont cependant été
utilisés pour la toile intitulée Bouquinistes, Quai des
Grands-Augustins. (49) Une vue de la Seine et du Pont-Neuf (f. 3)
est à rapprocher d'un petit tableau de la collection de F. Eleanore
et David R. Morrice.
Certains dessins faits sur le motif à Venise sont des relevés
très précis des façades de palais sur le Grand Canal, tel celuidu
f. 24, qui Morrice a complété à gauche et à droite du feuillet
adjacent (fig. 12); de retour à Paris, l'artiste a placé ce décor
à l'arrière-plan de son tableau Le Grand Canal à Venise
(fig. 13), exposé à la Libre Esthétique en février 1902 (voir n.
45). Il a cependant simplifié certaines façades, en a contracté
d'autres - de manière à faire entrer tout le panorama dans sa
composition et éliminer des éléments moins intéressants - et il
a situé son sujet à l'heure dorée du soleil couchant. Une autre
étude de palais sur le Grand Canal (f. 31) a été combinée à une
étude de gondoles (f. 45) pour composer le tableau Venise la dorée.
(50)
Un seul véritable Nocturne représente une gondole (très
whistlérienne) sur la lagune (f. 20).
Les cafés attiraient Morrice; il s'y installait et laissait couler
les après-midi en brossant des esquisses sur des panneaux de bois
de format réduit ou en dessinant dans son carnet. Le croquis Café
dur la Piazzetta (f. 23) (fig. 14) et l'esquisse Le Palais
des Doges (fig. 15) en sont de bons exemples. De la terrasse du
Café Florian, il dessine les portails de Saint-Marc et le grand
drapeau sur la Piazza (f. 27); le Café Oriental et celui des
Jardins Publics, près du Palais de la Biennale (f. 7), lui
fournissent également des motifs. Morrice observe tout, quoique ses
sujets préférés ne sortent jamais des sentiers battus
touristiques, que ce soit la colonne Saint-Marc (fig. 11) ou la
Salute (f. 36), pour laquelle son coup de crayon se fait plus fleuri
que d'habitude. Le Marché à Venise (f. 46) (fig. 16), qui a
donné suite à un tableau peu connu dans la collection de la
Galerie nationale (fig. 17), est un bon exemple d'un style plus
concis. On remarquera que Morrice n'avait pas pris en note le
bâtiment, et le rendu qu'il en fait dans le tableau est imaginaire;
les points de fuite du marchéet du bâtiment ne correspondent pas,
et la composition en souffre.
Tous ces dessins sont dans un style plus descriptif
qu'impressioniste. Pourtant, la plupart des toiles inspirées par ce
voyage baignent dans la lumière du soleil couchant, que reflète
l'eau des canaux, et qui rend la ville si attachante. Mais jamais
Morrice n'a essayé de rendre cet effet dans ses dessins, puisqu'ils
ne lui servaient que de documentation. Il abandonne presque
totalement les effets nocturnes, comme il les avait abandonnés à
Québec quelques années plus tôt. Et comme seule la couleur lui
permet de vraiment s'exprimer, c'est sur ses petits panneaux de bois
qu'il notera les effets de lumière qui lui serviront plus tard, en
atelier, à peindre ses toiles en vue des Salons. (51)
Jusqu'à la fin de sa vie, Morrice continuera inlassablement
à parcourir le monde à la recherche d'éclairages
nouveaux, et chaque étape lui fournira l'occasion d'expérimenter
une nouvelle manière de rendre les paysages qui l'auront marqué.
C'est ainsi qu'on le retrouvera bientôt à Concarneau (novembre
1909 à la fin mai 1910) puis, plus au sud, à Tanger (1912
et 1913), Cuba (1915), Trinidad (1921) et Alger (1922). C'est sous le soleil
de Tunis que s'achèvera sa longue quête de la lumière,
en janvier 1924.
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