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Deux moments dans la vie et
l'oeuvre de James Wilson Morrice
par Lucie Dorais
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Les premiers feuillets du carnet sont consacrés
à des études de Paris: scènes de rues sous la pluie
le soir (f. 2, 3, 4), intérieurs de cafés (f. 6 et 5 / 24v)
(fig. 2). L'intérêt que Morrice a pour ce genre de scènes
va de pair avec son amitié pour le peintre américain Robert
Henri (1865-1928). Dans plusieurs des carnets de Morrice, on trouve des
scènes du même genre, (16) très proches des toiles d'Henri
qui ont Paris pour sujet. Mais un autre ami de Morrice, le bostonnais Maurice
Prendergast (1859-1924), prenait lui aussi pour motif les pavés
mouillés de Paris avec toute leur gamme de réflexions et ce, dès les premières années de leur amitié.
(17)
Si les carnets de Morrice comportent de nombreuses scènes nocturnes
de villes (le Carnet 7420 contient, en outre, des vues nocturnes
de Québec), peu de ses tableaux en revanche réunissent les
thèmes de la nuit et du pavé mouillé. L'omnibus
à chevaux, dans lequel l'affinité avec des oeuvres de
Robert Henri est évidente, en est un des rares exemples. (18)
La majeure partie des dessins du Carnet 7420 sont consacrés
à Québec et à Beaupré. Leur étude attentive,
et celle des quelques tableaux que Morrice en a tirés par la suite,
nous permet de déceler chez l'artiste un changement d'attitude et
de technique au cours de son séjour.
Quelques vues de Québec sont encore traitées dans
le même esprit que ses croquis de Paris: au f. 31, une scène
de nuit à Québec ou à Montréal. Une vue de
la vieille ville de Québec depuis la terrasse (f. 32) et une très
belle étude de la Citadelle au clair de lune (f. 20) (fig. 3) sont
également des scènes de nuit, mais plus douces et plus finies.
La toile La Citadelle au clair de lune (fig. 4) a été
faite d'après le dessin du même titre. La subtilité
des valeurs du dessin rappelle les plus beaux Nocturnes de Whistler, et
la technique du tableau, surtout pour le ciel, s'en rapproche. (19) Morrice,
même s'il a simplifié sa composition
(surtout le coin inférieur
gauche), reste cependant plus descriptif que Whistler: sa nuit est claire et
aucune brume ne dissout les formes. L'influence de ce peinture americain est
encore plus évidente dans le dessin: Morrice a adapté la technique
whistlerienne du Nocturne en recouvrant toute la surface de legers traits de
crayon. Dans son tableau, il n'a pas eu recours à ce procédé, car l'hiver
glace du Quebec ne se prête guère aux effets de brume londonienne.
D'autres croquis sont simplement descriptifs, et les tableaux qui
en découlent sont d'une technique très éloignée de celle
de Whistler. Le tableau Village en hiver (20) est la transcription fidèle
du croquis du f. 48, auquel Morrice a ajouté un arrière-plan.
La tonalité en est encore sombre et bien que la pâte soit riche et
onctueuse sur
toute la surface, la composition manque de fermeté. A partir d'un autre dessin
(f. 38) (fig. 5), Morrice peint Sainte-Anne-de-Beaupré (fig.
6), qui est probablement identique au tableau exposé à l'Art
Association of Montreal en avril 1897 (voir n. 9). Ici, le coloris est clair,
vif, et rend très bien l'atmosphère glaciale et ensoleilée de nos
hivers; les empâtements sont réservés aux tons clairs de la neige et des maisons, tandis
que l'ombre grise sur le sol et le bleu du ciel ont une surface plus régulière
et plus sèche. Peut-être faut-il y voir l'influence de Cullen, que Morrice a
rencontré cet hiver-là.
Cullen, revenu de Paris en 1895, s'efforçait d'appliquer les théories
impressionnistes du plein air et de l'étude de la lumière au paysage
québécois. (21) Son style est plus précis que celui de Morrice, mais sa pate
épaisse et ses couleurs claires ont pu l'influencer. Les esquisses que
Morrice a peintes sure le motif à Beaupré, alors qu'un froid de moins 30
degrés faisait figer la peinture, (22) sont aussi tout a fait
différentes des
toiles sombres printes jusque-là. Des tableaux de Paris des années 1898 à 1903 pourront
être aussi clairs de tons, mais leur technique sera différente
(pâte croutée et sèche, surface régulière, lumière plus
diffuse). Il semble donc que Morrice ait fait sienne la théorie de Cullen selon laquelle
à chaque climat doit correspondre et à une technique
particulière.
D'autres croquis descriptifs ont donné lieu à des esquisses
(f. 18, Scène d'hiver, chevaux et carrioles, que
Morrice a utilisé à deux reprises) (23) ou à des toiles (Sur la
route, f. 40, bien que le tableau semble postérieur
de quelques années, (24)
et Soirée à Ste-Anne-de-Beaupré, f. 58). (25) Le dessin du f. 22,
Pont de glace devant Québec
(fig. 7) est intéressant par une certaine stylisation et parce qu'il
préfigure une toile plus connue peinte une dizaine d'années
plus tard; (26) un détail du dessin a été
repris pour une esquisse. (27)
Plusieurs des nombreux dessins finis du Carnet 7420 n'ont
pas donné lieu à des tableaux. Certains croquis de villages
endormis sous la neige sont rehausées d'encre bleue, employée soit
comme lavis (f. 59), soit simplement pour souligner les lignes
générales d'une composition. On distingue des vues de Saint-Anne
ou des petits villages environnants, alors qu'à Québec même,
Morrice s'est intéressé à l'église Notre-Dame-des-Victoires (f.
25). (28) Une série de croquis décrit la traversée du fleuve sur
le traversier (f. 29, en Nocturne; f. 37, 45 et 50, le jour).
Ce long séjour au Québec, au cours duquel Morrice a noué de
nouvelles amitiés et expérimenté de nouvelles techniques, lui a
fait entrevoir les possibilités du paysage d'hiver québécois.
C'est en partie pour satisfaire son plaisir d'artiste qu'il
reviendra désormais au pays, le plus souvent en hiver ou au début
du printemps.
1901: Venise, Paris, Saint-Malo (Carnet 7419)
Le second carnet
de Morrice dans la collection de la n'ont pas donné lieu à
des tableaux. Certains croquis Galerie nationale (29) comporte de très
nombreux croquis de Venise, de Paris et deux paysages de la région
de Saint-Malo. Nous ne possédons
aucune preuve concernant un voyage à Saint-Malo vers 1901 mais,
à partir de 1896, l'artiste y retournait presque tous les
ans pour y pas set les mois d'août et septembre. (30)
Les documents concernant les séjours de Morrice à Venise sont tout aussi
incomplets. Buchanan mentionne un voyage en compagnie de Cullen vers
1896-1897 et un autre vers 1904 ou 1906. (31) L'examen des carnets nous a
permis de reconstituer le nombre et la séquence des séjours
vénitiens, sans toutefois nous permettre de les dater avec une certitude
absolue. Morrice passe brièvement par Venise lors d'un voyage à
Naples et à Capri, vers 1894 (M. B. A. M., Carnet no
12), et
s'y arrête de nouveau vers 1896-1897, en route pour Florence et Rome (M.
B. A. M., Carnet no 14). L'abondance des croquis de Venise dans
le Carnet 7419 indique que le troisième séjour fut
beaucoup plus long, et que Morrice ne visita aucune autre région
de l'Italie. Il retournera à Venise en 1904 (M. B. A.
M., Carnet
no 18) et une dernière fois en 1966 (M. B. A.
M., Carnet no 16).
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