Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 30, 1977

Accueil
English
Introduction
Histoire
Index annuel
Auteur et Sujet
Crédits
Contact

La chapelle de l'évêché de Sherbrooke:
quelques dessins préparatoires d'Ozias Leduc

par Laurier Lacroix


English Summary

Pages  1  |  2  |  3  |  4  |  5  |  6  |  7  |  8

La vie d'Ozias Leduc (1864-1955) est jalonnée de longues amitiés: amitiés littéraires, (1) artistiques, (2) ou plus simplement amitiés fondées sur des similarités de caractère. (3) Parmi ces rapports personnels, ceux qu'il a entretenus avec des architectes sont parmi les plus fructueux pour le développement de sa carrière. Non seulement pouvait-il compter sur la recommandation d'une firme comme Viau et Venne pour des travaux de décoration dans les églises que ces architectes construisaient ou rénovaient, (4) mais encore sur les architectes qui lui accordaient une très grande liberté d'action basée sur la confiance qu'ils plaçaient dans le métier de Leduc. A son tour, il pouvait s'appuyer sur les architectes pour soutenir une partie du dialogue qui ferait de la décoration un tout unifié correspondant à l'idéal qu'ils poursuivaient.

Une de ces longues amitiés est celle qui le lie à l'architecte Louis N. Audet (Lambton 1880- Sherbrooke 1971), rencontré pour la première fois en 1911 (Leduc a 47 ans), ainsi que l'explique rétrospectivement l'architecte Audet. (5) Ozias Leduc était à décorer la cathédrale de Saint-Hyacinthe quand il reçut la visite de l'architecte et de l'abbé F. N. Séguin, curé de Saint-Edmond-de-Coaticook. Le 6 mars 1911, Leduc accepte l'entreprise de la décoration de l'église de Saint-Edmond, à partir de devis préparés par Louis N. Audet. (6)

Au moment des travaux de rénovation de l'intérieur de l'église du Saint-Enfant-Jésus du Mile-End de Montréal, à l'automne 1916, il se voit confier, toujours par l'intermédiaire de l'architecte Audet, la décoration du choeur et de la coupole de la croisée. (7) Ces travaux terminés, il lui est assigné la décoration de la chapelle du Sacré-Coeur (ou baptistère) de la même église, partie de l'édifice qu'Audet avait réalisées. (8)

En même temps qu'il poursuit les travaux du Saint-Enfant-Jésus, qui se termineront en décembre 1919, (9) Leduc reçoit une commande de vitraux devant décorer la chapelle Pauline de la cathédrale de Sherbrooke. En 1914, Mgr Paul LaRocque (1846-1926) avait confié à Audet le soin d'établir les plans d'une nouvelle cathédrale et d'un palais épiscopal. Le sous-sol de la cathédrale, dénommé chapelle Pauline en l'honneur du saint patron de l'évêque, doit recevoir, dans le déambulatoire, trois vitraux décorés de scènes de la vie de saint Paul. Le 7 mars 1917, l'architecte sherbrookois demande à Leduc de préparer les cartons de ces vitraux que réalisera la firme Perdriau et O'Shea de Montréal. (10) Suivra un très long et fructueux échange de lettres entre le peintre et l'architecte, porte-parole des désirs de l'évêque, qui fixe le programme iconographique. Audet y joint ses suggestions et ses projets, en plus d'une foule de détails techniques concernant le contrat, la composition, la forme et les dimensions des fenêtres. (11)

Leduc mène de front ce projet et celui de la décoration du Mile-End, et se plaint amèrement qu'on ne lui laisse pas le temps d'accomplir son travail. A quoi l'architecte répond:

Vous me conseillez du calme quand tout est en feu autour de nous. A notre époque il est impossible d'être calme, il faut que tout aille non pas à la vapeur, mais à l'électricité. Je pense comme vous qu'il est presque impossible de faire exécuter au Canada une oeuvre d'art considérable, pour le clergé canadien. Mais la faute en est-elle rien qu'à ce dernier? Beaucoup de grandes oeuvres ont été exécutées d'une manière très rapide et il faut admettre qu'une composition y gagne lorsqu'on sent que son auteur l'a exécutée en un coup d'oeil, tout possédé par l'inspiration, qui souvent ne dure pas longtemps. Le malheur est que l'inspiration ne vient pas souvent. (12)

De fait, Leduc ne remettra les cartons qu'au printemps 1919. Les trois scènes, qui représentent La conversion de Paul, Paul prêchant devant l'Aréopage et Le martyre de Paul, seront en place pour les fêtes du 9 mai 1919 qui célébraient le jubilé de Mgr LaRocque. (13)

Entre-temps les travaux de la chapelle du Sacré-Coeur se terminent et Monsieur Olivier Maurault, p. s. s., conçoit le projet de la publication d'une brochure illustrée expliquant le symbolisme de ce décor. (14) Lors de sa parution, en février 1921, Leduc en fait parvenir un exemplaire à son ami Audet, qui le remercie en ajoutant:

Je viens aujourd'hui vous en demander un exemplaire extra, pour remettre à notre évêque. Ce dernier a une décoration à faire et on a pensé à vous. Pourriez-vous venir à Sherbrooke un de ces jours après Pâques pour le rencontrer. La chapelle à décorer est la chapelle particulière de l'évêque dans son palais. Perdriau est à faire les verrières. (15)

C'est donc pour un type de décor différent que l'on fait appel à Leduc. Alors qu'il a déjà décoré des chapelles comme celle du Sacré-Coeur au Saint-Enfant-Jésus du Mile-End, il ne s'agit plus, ici, d'une chapelle publique, mais d'un lieu de culte réservé aux offices privés d'un évêque et qui ne sera accessible qu'aux membres du clergé résidant à l'évêché.

Esquisse du décor

De dimensions réduites (longueur 10,1 x largeur 5,5 m), la chapelle s'élève à une hauteur de deux étages. Son choeur, en abside, est fermé par un arc triomphal et le mur droit est percé d'une porte communiquant avec la sacristie. Les murs sont interrompus par deux piliers formés d'un réseau de colonnettes et le plafond est à croisée d'ogives. Le mur arrière présente une porte jumelée donnant sur les appartements de l'évêque. Cette porte est surmontée d'une étroite tribune à laquelle on accède par deux autres portes qui donnent sur le corridor extérieur du deuxième étage.

Page Suivante | le 8 juin 1921

1
  |  2  |  3  |  4  |  5  |  6  |  7  |  8

Haut de la page


Accueil | English | Introduction | Histoire
Index annuel
| Auteur et Sujet | Crédits | Contact

Cette collection numérisée a été produite aux termes d'un contrat pour le compte du programme des Collections numérisées du Canada, Industrie Canada.

"Programme des Collections numérisées, droit d'auteur © Musée des beaux-arts du Canada 2001"