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La chapelle de l'évêché de Sherbrooke:
quelques dessins préparatoires d'Ozias Leduc
par Laurier Lacroix
English Summary
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La vie d'Ozias Leduc (1864-1955) est jalonnée de longues amitiés: amitiés
littéraires, (1) artistiques, (2) ou plus simplement amitiés fondées
sur des similarités de caractère. (3) Parmi ces rapports personnels,
ceux qu'il a entretenus avec des architectes sont parmi les plus fructueux
pour le développement de sa carrière. Non seulement pouvait-il
compter sur la recommandation d'une firme comme Viau et Venne pour des
travaux de décoration dans les églises que ces architectes construisaient ou rénovaient,
(4) mais encore sur les
architectes
qui lui accordaient une très grande liberté d'action basée
sur la confiance qu'ils plaçaient dans le métier de Leduc.
A son tour, il pouvait s'appuyer sur les architectes pour soutenir une
partie du dialogue qui ferait de la décoration un tout unifié
correspondant à l'idéal qu'ils poursuivaient.
Une de ces longues amitiés est celle qui le lie à
l'architecte Louis N. Audet (Lambton 1880- Sherbrooke 1971), rencontré
pour la première fois en 1911 (Leduc a 47 ans), ainsi que l'explique
rétrospectivement l'architecte Audet. (5) Ozias Leduc était
à décorer la cathédrale de Saint-Hyacinthe quand il
reçut la visite de l'architecte et de l'abbé F. N. Séguin,
curé de Saint-Edmond-de-Coaticook. Le 6 mars 1911, Leduc accepte
l'entreprise de la décoration de l'église de Saint-Edmond,
à partir de devis préparés par Louis N. Audet. (6)
Au moment des travaux de rénovation de l'intérieur
de l'église du Saint-Enfant-Jésus du Mile-End de Montréal,
à l'automne 1916, il se voit confier, toujours par l'intermédiaire
de l'architecte Audet, la décoration du choeur et de la coupole
de la croisée. (7) Ces travaux terminés, il lui est assigné
la décoration de la chapelle du Sacré-Coeur (ou baptistère)
de la même église, partie de l'édifice qu'Audet avait
réalisées. (8)
En même temps qu'il poursuit les travaux du Saint-Enfant-Jésus,
qui se termineront en décembre 1919, (9) Leduc reçoit une commande
de vitraux devant décorer la chapelle Pauline de la cathédrale
de Sherbrooke. En 1914, Mgr Paul LaRocque (1846-1926) avait confié
à Audet le soin d'établir les plans d'une nouvelle cathédrale
et d'un palais épiscopal. Le sous-sol de la cathédrale,
dénommé chapelle Pauline en l'honneur du saint patron de
l'évêque, doit recevoir, dans le déambulatoire, trois
vitraux décorés de scènes de la vie de saint Paul.
Le 7 mars 1917, l'architecte sherbrookois demande à Leduc de préparer
les cartons de ces vitraux que réalisera la firme Perdriau et O'Shea
de Montréal. (10) Suivra un très long et fructueux échange
de lettres entre le peintre et l'architecte, porte-parole des désirs
de l'évêque, qui fixe le programme iconographique. Audet y
joint ses suggestions et ses projets, en plus d'une foule de détails
techniques concernant le contrat, la composition, la forme et les dimensions
des fenêtres. (11)
Leduc mène de front ce projet et celui de la décoration du Mile-End, et se plaint amèrement qu'on ne lui laisse pas
le temps d'accomplir son travail. A quoi l'architecte répond:
Vous me conseillez du calme quand tout est en feu autour de nous.
A notre époque il est impossible d'être calme, il faut que
tout aille non pas à la vapeur, mais à l'électricité.
Je pense comme vous qu'il est presque impossible de faire exécuter
au Canada une oeuvre d'art considérable, pour le clergé
canadien. Mais la faute en est-elle rien qu'à ce dernier? Beaucoup
de grandes oeuvres ont été exécutées d'une
manière très rapide et il faut admettre qu'une composition
y gagne lorsqu'on sent que son auteur l'a exécutée en un
coup d'oeil, tout possédé par l'inspiration, qui souvent
ne dure pas longtemps. Le malheur est que l'inspiration ne vient pas souvent.
(12)
De fait, Leduc ne remettra les cartons qu'au printemps 1919. Les
trois scènes, qui représentent La conversion de Paul,
Paul prêchant devant l'Aréopage et Le martyre de Paul, seront en place pour les fêtes du 9 mai 1919 qui
célébraient le jubilé de Mgr LaRocque. (13)
Entre-temps les travaux de la chapelle du Sacré-Coeur se terminent
et Monsieur Olivier Maurault, p. s. s., conçoit le projet de la publication
d'une brochure illustrée expliquant le symbolisme de ce décor.
(14)
Lors de sa parution, en février 1921, Leduc en fait parvenir un
exemplaire à son ami Audet, qui le remercie en ajoutant:
Je viens aujourd'hui vous en demander un exemplaire extra, pour
remettre à notre évêque. Ce dernier a une décoration
à faire et on a pensé à vous. Pourriez-vous
venir à Sherbrooke un de ces jours après Pâques pour
le rencontrer. La chapelle à décorer est la chapelle particulière de l'évêque dans son palais. Perdriau est à
faire les verrières. (15)
C'est donc pour un type de décor différent que l'on fait
appel à Leduc. Alors qu'il a déjà décoré
des chapelles comme celle du Sacré-Coeur au Saint-Enfant-Jésus
du Mile-End, il ne s'agit plus, ici, d'une chapelle publique, mais d'un
lieu de culte réservé aux offices privés d'un évêque
et qui ne sera accessible qu'aux membres du clergé résidant
à l'évêché.
Esquisse du décor
De dimensions réduites (longueur 10,1 x largeur 5,5 m), la
chapelle s'élève à une hauteur de deux étages.
Son choeur, en abside, est fermé par un arc triomphal et le mur
droit est percé d'une porte communiquant avec la sacristie. Les
murs sont interrompus par deux piliers formés d'un réseau
de colonnettes et le plafond est à croisée d'ogives. Le mur
arrière présente une porte jumelée donnant sur les
appartements de l'évêque. Cette porte est surmontée
d'une étroite tribune à laquelle on accède par deux
autres portes qui donnent sur le corridor extérieur du deuxième
étage.
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8 juin 1921
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