Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 30, 1977

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La chapelle de l'évêché de Sherbrooke:
quelques dessins préparatoires d'Ozias Leduc

par Laurier Lacroix

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Ce à quoi Mgr LaRocque répond, en le rassurant:

Toutefois je m'en tiens à la parole donnée: « Prenez tout le temps que vous jugerez nécessaire pour donner à votre travail d'artiste religieux toute la perfection et le fini dont
vous êtes capable et que vous désirez [...] lui donner. »
(24)

La réalisation du décor

Leduc se rend à Sherbrooke le 3 avril 1922 et s'occupe jusqu'au mois de mai 1923 au travail de la décoration des surfaces des murs (sauf le mur arrière) et des colonnes préparant l'environnement dans lequel seront placées les quatre compositions. Les voûtes de la nef et du choeur, les nervures et les colonnes engagées, les murs entourant les tableaux sont tous ornés de motifs qui forment des bandes décoratives. Leduc crée vingt-six pochoirs différents, lesquels forment autant de détails qui enrichissent visuellement le décor de la chapelle. Ces motifs, parfois tirés de sujets figuratifs (constellations, plantes) sont basés, de façon prédominante, sur des formes géométriques superposées, doublées ou juxtaposées. Leur déroulement sur toutes les surfaces, le cinétisme des formes répétées, l'unification des couleurs contribuent à créer un écrin pour les tableaux.

Durant cette première année à Sherbrooke, Leduc a rédigé un journal qui nous permet de suivre, étape par étape, la progression des travaux. (25) Ce long et répétitif travail physique lui permet de s'imprégner de l'espace, de l'atmosphère colorée qu'il crée. Dès le 5 avril 1922, il relève les mesures exactes et les détails architecturaux des quatre panneaux où seront placés les tableaux. (26) « En imprimant mes murs, je cherche ma décoration défaisant et refaisant le projet soumis à l'évêque l'automne dernier. » (27) On peut lire à plusieurs reprises des remarques comme celle-ci: « Ai terminé un plan d'ensemble pour la décoration de ma chapelle ou s'allierait à la richesse, la simplicité. » (28)

Un dessin, daté du 11 avril 1922 précisément (fig. 6), reproduit les scènes de la Crucifixion et de l'Annonciation, cette dernière située, cette fois, dans le panneau au-dessus de la porte de la sacristie. Chaque scène est surmontée, dans la partie ogivale, de symboles allégoriques. Deux anges et un prophète entourent chaque allégorie, inversant ainsi le premier projet et la proposition de l'architecte Audet. La richesse et la simplicité que Leduc veut comme caractéristiques se retrouvent surtout dans le choix des coloris (dominantes bleu et or) et dans la répétition des motifs de fleurs de lys et de roses blanches. Une autre étude préparatoire pour l'Annonce de Marie Co-rédemptrice (fig. 4), placée également dans le panneau au-dessus de la porte de la sacristie, reprend elle aussi cette disposition. Le prophète est placé dans un cercle au-dessus d'un arc qui rappelle la forme de l'arc formeret, tandis que les deux anges encadrent la scène principale.

Pendant cette année, toutes les bandes décoratives, au symbolisme particulier relié à la décoration principale, s'élaborent. La voûte de la nef devait être peinte d'un:

Fond bleu profond, semé de croissants et ces étoiles de différentes grandeurs jetés confusément sur le bleu, apparence de voie lactée. Un chaos qui peu à peu progresse et s'ordonne en un semi régulièrement disposé. Symboliserait l'état de confusion et de trouble ou furent Adam et Eve apres leur chute. (29)

La voûte du choeur représente un rosier mystique, (30) l'arc triomphal reproduit « un rosier et un lis », (31) les vitraux sont bordés de motifs formés d'un lys sur lequel est posé un phylactère portant une des litanies de la Vierge. Lentement s'élabore la décoration du mur arrière: une « tige de Jessé » vient remplacer le projet d'y mettre un saint Michel. (32) Paul-Émile Borduas travaillera, du 19 juin 1922 jusqu'en mars 1923, à certains de ces travaux au pochoir. (33)

Au moment de quitter Sherbrooke, le 18 mai 1923, Leduc réalise encore des dessins portant les mesures exactes des murs à couvrir avec les particularités des panneaux. Il ne reviendra à l'évêché qu'en septembre 1931. Ces huit années verront la réalisation de plusieurs autres décorations religieuses et commandes de tableaux. (34) Mgr Osias Gagnon, successeur de Mgr LaRocque, l'architecte Audet ou le procureur Pillette, souhaitant voir se réaliser le projet, reviennent sans cesse à la charge. (35) Lorsque, en septembre 1931, Leduc retourne à Sherbrooke, il termine et maroufle les quatre grands tableaux. En août 1932, la décoration du mur arrière, orné de l'Arbre de Jessé, met fin aux travaux. (36) La série des travaux de Leduc à l'évêché de Sherbrooke se termine en mai 1933 avec la livraison du portrait de Mgr Gagnon. (37)

Études d'ensemble et esquisses définitives

Les dessins préparatoires des quatre scènes ornant les murs latéraux de la chapelle doivent être datés 1922-1923, moment du premier séjour à Sherbrooke. A l'été 1923, il soumet à l'abbé Maurault « une copie de [son] plan d'ensemble, pour cette décoration, qui, personne n'en doute, sera un pur chef-d'oeuvre. » (38) Parmi les études d'ensemble qui sont conservées, il en est une (fig. 5) qui reprend la disposition des anges situés au bas du tableau et des prophètes placés dans une lunette, dans la partie supérieure des allégories divines: l'Enfant-Jésus sur des ailes, que l'on retrouve dans la scène de l'Annonciation (voir fig. 2); deux colombes, le soleil et la lune, qu'il ne retiendra pas dans l'oeuvre finale. La main bénissante de Dieu le Père, intégrée ici au Recouvrement de Jésus, sera placée au-dessus de la Crucifixion dans la dernière version.

Malgré ses nombreux travaux, Leduc, en 1923 et 1924, prépare les esquisses définitives de ce décor. (39) En mai 1926, au moment où l'abbé Pillette se rend à l'atelier, Leduc a déjà commencé la Crucifixion. (40) Une feuille de présence pour la décoration du couvent de Saint-Hilaire (1926-1927), portant la mention « Eebauche Tableaux "La Promesse d'un Redempteur Chap. Evéché de Sherbrooke P. Q. Ozs. L." », (41) indique que le premier tableau du cycle serait, de fait, le second entrepris. En avril 1932, il est à terminer l'Annonciation, (42) dernier tableau du cycle à être complété.

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