Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 30, 1977

Accueil
English
Introduction
Histoire
Index annuel
Auteur et Sujet
Crédits
Contact


Cliquez figure 9 ici pour une image agrandie





Cliquez figure 10 ici pour une image agrandie





Cliquez figure 11 ici pour une image agrandie





Cliquez figure 12 ici pour une image agrandie





Cliquez figure 13 ici pour une image agrandie





Cliquez figure 14 ici pour une image agrandie





Cliquez figure 15 ici pour une image agrandie

La chapelle de l'évêché de Sherbrooke:
quelques dessins préparatoires d'Ozias Leduc

par Laurier Lacroix

Pages
  1  |  2  |  3  |  4  |  5  |  6  |  7  |  8

Pour chacun des tableaux, il existe un dessin en couleur portant, parfois, des traces d'une mise au carreau indiquant que cette version a servi de modèle pour la réalisation finale. La technique de ces dessins préparatoires vise à étudier le tableau dans les tonalités définitives, bien que les esquisses soient d'une plus forte saturation de couleurs. Sur un dessin au crayon noir, Leduc utilise un mélange d'huile, de cire et de solvant, ajouté au pigment coloré. (47) Le tout produit une sorte de pâte, épaisse ou claire selon la quantité de solvant utilisé, et ressemble à un pastel gras ou à un lavis. Leduc applique au pinceau cette texture très malléable, redessinant les contours de tons plus clairs et rétablissant le dessin avec le manche du pinceau par une technique de grattage. Adam et Eve (fig. 9), tout comme les attributs divins et le paysage, ne sont que suggérés et se détachent sur un fond contrasté. Dans la partie supérieure, Dieu le Père est représenté par un tourbillon retenu dans un cercle métallique, symbole de l'éternité de sa toute-puissance créatrice. L'épée et la balance viennent compléter cette image du Créateur juste.

Rare dans l'iconographie chrétienne, le thème de l'Annonce de Marie Co-rédemptrice n'est pas nouveau dans l'oeuvre de Leduc et se retrouve au moins une autre fois dans la peinture canadienne. En effet, c'est le sujet d'un des tableaux de la décoration de la Chapelle Notre-Dame du Sacré-Coeur à l'église Notre-Dame de Montréal, exécuté par Ludger Larose (1868-1915) en 1894. Leduc avait traité ce sujet à la chapelle du Sacré-Coeur de l'église du Saint-Enfant-Jésus du Mile-End et on le retrouve dans un dessin pour une commande non identifiée. (48)

Le dessin au crayon de plomb préparatoire au tableau de l'Annonciation utilise le même schéma de composirion (fig. 10). Marie agenouillée, un peu vers la gauche et vue de face, est au registre inférieur; l'ange Gabriel occupe le second registre et les anges adorateurs prosternés devant la Trinité, symbolisée par une colombe placée sur un cercle et une croix, remplissent la partie ogivale. Dans les phylactères, des inscriptions tirées de l'évangile selon saint Luc précisent le sens de l'annonce du messager et de l'acceptation de Marie. L'ange, placé dans la position centrale que Marie occupait dans la scène précédente, se retrouve cette fois dans un décor d'eau et de nuages. L'arbre maintenant est remplacé par quatre cours d'eau qui prennent leur source dans le registre supérieur. Leduc inscrit sur chacun des fleuves de la grâce les noms mentionnés dans la Genèse (2, 11-14): le Tigre, l'Euphrate, le Gihon et le Pison. Ils rejoignent Marie en prière dans le jardin clos, alors que se profile à l'arrière-plan la ville de Bethléem, construite sur un rocher triangulaire, que l'ange, placé sur un triangle inversé, rejoint.

La version colorée de ce dessin préparatoire (fig. 11) précise certains détails au moyen de couleurs différentes. Ainsi, les quatre fleuves ont, dans la partie supérieure de la composition, leur source commune qui prend la forme d'un arc de cercle. L'espace entre la Vierge et l'ange est matérialisé en courants sinueux dont l'influence stylistique renvoie au vocabulaire de l'Art Nouveau. (49) Ces lignes sinueuses font partie du vocabulaire pictural de Leduc depuis l'élaboration du décor de Saint-Hilaire. Leduc traite les ombres, enveloppe l'espace de ces réseaux de courbes qui donnent vie à l'atmosphère et, dans le cas des compositions religieuses, ajoutent un élément mystique: trait d'union entre le ciel et la terre.

La scène du Recouvrement de Jésus au temple est intégrée dans la partie du mur où se trouve la porte de la sacristie. L'étude à la mine de plomb (fig. 12) montre comment Leduc a inséré cette ouverture dans sa composition en introduisant un portillon immédiatement à côté. Au bas, à gauche du tableau, sont placés Joseph et Marie; celle-ci s'appuie sur une balustrade dont la partie de droite donne sur le portillon entrouvert. Un jardinet, où s'élève le jet d'une fontaine, sépare Jésus de ses parents. Derrière l'Enfant, les cinq docteurs, assis, sont placés dans les entrecolonnements de sept colonnes, placés en hémicycle et supportant un cul-de-four. Les anges vénèrent cette fois un triangle placé sur une croix formée de rayons lumineux et de nuages. Le nombre de colonnes renvoie aux piliers de la sagesse et c'est le temple qui jouera ce rôle unificateur entre les trois registres. La difficulté posée par la composition de ce panneau oblige Leduc à étudier l'espace d'une façon toute spéciale, lequel sera finalement formulé dans une composition moins rigoureuse que les autres. Deux dessins à la mine de plomb sont des études en plan et établissent l'espace qui sépare la balustrade du temple et la position de la fontaine par rapport aux personnages. (50)

Seule qui soit datée, l'étude en couleur (fig. 13) propose la datation de 1922 pour ce cycle d'études préparatoires. De même que dans les autres études en couleur, le personnage principal (Marie, l'ange Gabriel et, cette fois, Jésus) se détache en couleurs plus claires (blanc et jaune clair) sur un fond plus foncé (bleu ou vert), tandis que la partie supérieure est encore traitée dans des tons brun orangé. Dans les notes relatives à ce tableau, Leduc donne une valeur symbolique à ces couleurs plus claires: « [...] les docteurs dans le demi-jour du Temple = science incomplette Jésus en pleine lumière = La vraie sagesse ». (51) Ainsi, le personnage principal, qui reçoit plus de lumière, acquiert une qualité visuelle accrue, voire symbolique. Dans les murales, Leduc cependant rend ce contraste moins prononcé, de façon à ce qu'aucune des parties de la composition ne soit trop mise en évidence, respectant ainsi la bi-dimensionnalité de la surface.

Le cycle se termine par la Crucifixion, dont les deux études préparatoires offrent le plus de différence avec le résultat final (fig. 14 et 15). Au registre inférieur, Marie et Jean sont à la gauche, Marie Madeleine et le serpent, qui joue un rôle plus énergique que dans l'Annonce de Marie Co-rédemptrice, sont à la droite. Deux anges prosternés d'une main soutiennent une couronne de lauriers, laquelle contient la main bénissante de Dieu le Père qui donne son Fils pour le rachat de l'humanité. Une mandorle portant sept colombes (les sept dons du Saint-Esprit) unit les registres. Le triangle descendant, créé par la forme de la croix, est renforcé par sept lances pointées vers le sol (les sept douleurs de la Vierge), dont une se détache pour s'enfoncer dans la gueule du serpent qui s'enroule dans une forte ligne sinusoïdale. La douleur de Marie Madeleine et le geste de Jean, soutenant Marie, sont exprimés en quelques traits dans le premier dessin. A l'arrière-plan, au premier registre, Jérusalem se profile, hors de laquelle, sur le Golgotha (lieu du crâne) eut lieu la Crucifixion.

Page Suivante | l'élément plus insolite

1  |  2  |  3  |  4  |  5  |  6  |  7  |  8

Haut de la page


Accueil | English | Introduction | Histoire
Index annuel
| Auteur et Sujet | Crédits | Contact

Cette collection numérisée a été produite aux termes d'un contrat pour le compte du programme des Collections numérisées du Canada, Industrie Canada.

"Programme des Collections numérisées, droit d'auteur © Musée des beaux-arts du Canada 2001"