C'est en octobre 1863 que naît celui qui allait devenir l'homme le plus fort du monde, voire de tous les temps. Louis Cyr voit le jour dans le petit village de St-Cyprien de Napierville, aujourd'hui Napierville en Montérégie.

À la naissance, le petit Cyr s'appelle Noé-Cyprien. Nom qu'il changera en Louis, celui-ci étant plus facile à retenir et à prononcer pour les Américains.

Au cours de sa jeunesse, Louis est très influencé par son grand-père paternel, Pierre. C'est de lui qu'il tire son envie d'être fort. Il ne parlait que de ça.

Grand-père Cyr amenait fréquemment son petit-fils chez le forgeron du village, un dénommé Trudeau. Celui-ci est fait de muscle qu'il sait faire saillir au moment d'attaquer un morceau de fer chaud à l'aide son énorme marteau. De le voir manier marteau et soufflet, le jeune Louis est béat d'admiration. Devant une force si grande, Louis ne peut qu'envier le forgeron.

C'est de ce temps aussi que vient le principe que pour être fort, il faut manger et encore manger. Principe inculqué par le grand-père et auquel Louis ne dérogera pas toute sa vie durant. Malheureusement pour l'enfant, son grand-père, à qui il est très attaché, meurt alors qu'il rentre à l'école.

Les années d'études de Louis Cyr seront de très courte durée. La famille étant nombreuse avec un nouvel enfant chaque année, l'aîné doit se trouver un travail. Mais il n'a que douze ans. Ses parents voudraient bien le placer comme garçon de ferme, mais son jeune âge joue contre lui. De plus, il a déjà atteint une taille immense pour son âge, ce qui fait craindre la paresse aux fermiers. Notons également le scepticisme au sein de sa propre famille. Afin de vérifier sa force, l'oncle Gédéon invite Louis à tirer au poignet avec lui. Quelle ne fut pas la surprise de toute la famille en voyant Louis, douze ans, vaincre son oncle sans trop forcer. À partir de ce jour, Louis sut qu'il était plus fort que la normale et que ce don pourrait lui servir tout au long de sa vie.

C'est d'ailleurs grâce à sa force que Louis trouvera son tout premier travail. Alors qu'il errait à l'orée d'un bois, l'enfant entendit une voix d'homme.

Il alla dans sa direction et vit un homme assis sur une souche, la cheville foulée. L'homme, Irénée Gagnon, demanda à Louis de se rendre au village chercher de l'aide. Plutôt que d'obéir, Louis prit l'homme sur ses épaules et le transporta jusqu'à son cheval, mille pieds plus loin. Gagnon pesait plus de 160 livres. Voir un enfant si fort le stupéfia. Il prit donc Louis à son service. Le travail consistait à aider les bûcherons dans différentes tâches, transporter les haches et les scies, ébrancher les arbres abattus, etc. Durant l'été, Louis travaille à la ferme d'Irénée Gagnon.

Déjà, Louis démontre des signes de sa force grandissante. Le fait de travailler dans les bois et sur une ferme lui permette de "s'entraîner". Il prend toujours les troncs les plus lourds. S'il en a la chance, il en prend deux. Sur la ferme, il s'amuse à soulever une génisse et la déplace sur plusieurs mètres. La génisse grossissant, Louis devient apte à soulever des poids de plus en plus lourd. Ce travail durera environ deux ans. La famille Cyr décide de s'exiler aux États-Unis, comme bien d'autres Canadiens-français de l'époque, afin d'y gagner plus d'argent