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Louis Cyr et sa femme Mélina

Après son départ de la police et la naissance de sa fille, Louis Cyr entame une tournée aux États-Unis où sa renommée est déjà très grande grâce, entre autres, à ses exploits à Boston et à Lowell.

Pour cette tournée importante, Louis avait monté un spectacle d'environ deux heures au cours duquel il tenait littéralement son public en haleine. Mais il avait aussi lancé un défi à tous les hommes forts du monde, sans exception, en se prétendant lui-même champion du monde. Un certain Richard Pennell, prétendant au titre et gloire américaine de la force, releva ce défi. Pennell s'était rendu célèbre en exécutant un développé, d'un bras, de 201 livres 4 onces (91,3 kg).

La rencontre a lieu en 1886 et suscite un intérêt sans précédent. Pennell est dans la quarantaine, ce qui était considéré comme la force de l'âge, à l'époque, pour un homme fort. Louis Cyr, quant à lui, entrait dans sa vingt-troisième année. Une fois de plus, chacun des hommes choisit une série de levers et l'autre doit également les réussir. Louis choisit des levers particuliers: lever de plusieurs milliers de livres avec le dos, lever de masse avec un seul doigt, charger sur l'épaule un baril de sable, etc. Le public croit qu'il ne pourra réaliser les tours de force de Pennell à cause de son gabarit. Et pourtant!

Pennell s'avance vers les haltères et soulève, à une main, dans le style dévissé, 200 livres (91 kg), c'est-à-dire à une livre près du record du monde. Précisons ici le style: d'un coup de reins aidé d'une légère flexion des jambes, le poids est amené à l'épaule; puis la main qui exécute le mouvement maintient le poids immobile pendant que le corps se penche de côté, ce qui facilite le développement du bras. Lorsque le bras est détendu à moitié, l'effort pour le raidir tout à fait est plus facile, il ne reste plus qu'à se redresser en maintenant le bras tendu et le mouvement est complété.

Cyr s'approche de l'haltère et sans même fléchir les jambes, lève lentement l'haltère à l'épaule et sans mouvement latéral pour faciliter l'effort, le soulève à bout de bras. L'assistance est stupéfaite.

Deuxième lever: développé, à deux bras, style militaire (sans plier les genoux) de 220 livres (100 kg). Performance étonnante, mais Louis Cyr fait 250 livres (113,5 kg).

photo de l'homme fort soulevant plusieurs personnes avec son dos

Dernière chance: flexion d'un bras de 102 livres (46,3 kg), première mondiale. Louis Cyr réussit le même mouvement mais avec un poids de 127 livres (58 kg).

La rencontre est terminée et aura des conséquences imparables sur la carrière de Louis Cyr. Non seulement a-t-il écrasé Pennell, ce qui lui fait toute une réputation, mais tous les autres hommes forts ont peur de se mesurer à lui. Trop fort!

Louis Cyr poursuit sa tournée et établit une marque impressionnante à Berthierville, le premier octobre 1888: il soulève, avec son dos, une plate-forme de 3536 livres (1604kg). À St-Henri, en 1889 il soulève, d'un seul bras, au-dessus de sa tête 265 livres. Finalement, le 5 décembre 1890, 490 livres (222,5 kg) d'un seul doigt.

Louis Cyr à son apogée

Suite à cette tournée et à sa victoire écrasante contre Pennell, Louis Cyr est consacré l'homme le plus fort du monde et sa réputation se rend jusqu'en Europe.

C'est à peu près à ce moment que certains hommes forts européens, attirés par les richesses de l'Amérique, arrivent à New York. L'un d'entre eux, l'Allemand Sébastien Miller, lance un défi à Louis Cyr. Ce qui a pour résultat un match entre les deux hommes, à Montréal.

Miller est le premier à s'exécuter. Il lève à bout de bras, à la verticale, 232 livres (105,5 kg). Cyr s'installe et développe le même poids quatre fois comme s'il s'agissait d'un simple jouet. Ensuite, Miller effectue un lever du dos de 2400 livres (1088,6 kg). Louis Cyr, à son premier essai, soulève 3100 livres (1406 kg). Miller n'a d'autre choix que de concéder la victoire à son adversaire.

Louis Cyr est une fois de plus la vedette des hommes forts et repart en tournée en Nouvelle-Angleterre. Mais pendant sa tournée, deux hommes forts venus d'Europe arrivent à Montréal: Cyclope et Sandowe, "les hommes les plus forts du monde". Du moins, c'est ce qu'affirme leur publicité qu'ils utilisent pour affirmer que Louis Cyr, ayant eu vent de leur arrivée, se serait enfui. Ce qui a pour effet d'insulter Louis au plus haut point. Aussitôt, il rentre à Montréal et, durant un spectacle des deux hommes, il monte sur l'estrade et les humilie carrément en soulevant un de leurs haltère, non seulement sans plier les genoux, mais il le tient à bout de bras avec une seule main en plus d'exécuter tous les tours du Cyclope.

Le lendemain, Louis Cyr fait de nouveau irruption dans la salle et invite le Cyclope à effectuer ses propres mouvements. Sans même essayer, Cyclope concède la victoire.

Suite aux pressions de son entourage, Louis Cyr part à la conquête de l'Angleterre. Il y passera quelques mois dans l'espoir d'affronter les hommes forts du pays, mais aucun n'osera l'affronter. Notons l'exploit qu'il accomplit juste avant son départ, le 20 décembre 1891: il résiste à la traction de quatre chevaux de 1200 livres (544 kg) chacun attachés à ses bras.  Exploit qu'il répètera en Angleterre... avec deux chevaux en moins.

Louis Cyr retenant deux chevaux à la force de ses bras

Pour sa première londonienne, au Royal Aquarium le 19 janvier 1892,
Louis Cyr ne rate pas son entrée:

- il bat le record du dévissé (Sandow, 269 lbs): 273 1/4 lbs (124 kg)
- développé à deux bras: 350 lbs (117 kg)
- bras tendu à l'horizontale: 104 1/2 lbs (47,4 kg)
- lever d'un baril de ciment sur l'épaule, une seule main: 314 lbs (142,4 kg)
- lever à un doigt: 551 lbs (250 kg)
- lever d'une plate-forme, avec le dos: 3635 lbs (1649 kg)

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