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Historique des missionnaires-colonisateurs



Mise en situation

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L'abbé P.A. Langevin (Archives de la Saskatchewan) 13.4 Kb

La tâche première des missionnaires-colonisateurs était de travailler au rapatriement des «Franco-Américains» établis dans les centres manufacturiers de la Nouvelle-Angleterre, dans les villes industrielles et commerciales des états formant un vaste arc de cercle allant de New-York jusqu'au Wisconsin, et dans les régions boisées ou agricoles du Mid-West.

Le gouvernement d'Ottawa s'inquiétait de l'exode de dizaines de milliers de Canadiens de souche ou d'immigrants européens de fraîche date qui, bon an mal an, partaient s'installer aux États-Unis. Il chercha donc à détourner vers le Manitoba une partie de ce courant migratoire, en même temps qu'il tenta de convaincre une partie des émigrants, dont les familles d'origine canadienne française, de repasser la frontière pour venir s'établir sur des terres au Nord-Ouest et ailleurs.

De 1874 jusque vers 1888, des agents fédéraux en poste dans plusieurs régions des États-Unis, surtout en Nouvelle-Angleterre, collaboraient, avec la Société de Colonisation du Manitoba et quelques missionnaires-colonisateurs, dont le Père Albert Lacombe, o.m.i. Les résultats furent, somme toute, plutôt décevants, mais il était clair que les prêtres obtenaient de bien meilleurs résultats, auprès des franco-catholiques, que les recruteurs laïcs. De 1887 jusque vers 1900, le gouvernement confia à des missionnaires-colonisateurs l'entière responsabilité du recrutement des Franco-Américains. Les missionnaires étaient rénumérés par l'État, qui se chargeait aussi de leurs dépenses de voyage et de séjour. Les résultats se révélèrent plus encourageants, mais il devenait de plus en plus clair qu'un retour à la vie rurale ne tentait qu'une infime minorité des familles déjà habituées à la vie citadine, même si les grèves et les fermetures d'usine frappaient souvent durement les classes besogneuses.

Puis, sans abandonner le système des missionnaires-colonisateurs, le gouvernement d'Ottawa ouvrit à nouveau des bureaux de recrutement dans plusieurs états et il multiplia les activités de recrutement dans le Mid-West. Plusieurs centaines de familles franco-américaines – dont plusieurs vivaient dans la République depuis une génération – se joignirent au courant d'immigration massive vers les Prairies et s'établirent un peu partout en Saskatchewan. Enfin, après l'arrivée au pouvoir des Conservateurs sous la direction de Robert Laird Borden en 1911, les efforts de rapatriement connurent un net ralentissement, d'autant plus qu'avec la crise économique en 1913 et le déclenchement de la Grande Guerre l'année suivante, le courant d'immigration n'allait pas tarder à se tarir.

Les missionnaires-colonisateurs faisaient face à l'opposition plus ou moins ouverte des élites franco-américaines: le clergé et les membres des profession libérales savaient que chaque famille en moins affaiblissait d'autant l'une des paroisses où la vie française était en butte à de puissantes forces assimilatrices. Par ailleurs, les missionnaires-colonisateurs avaient très tôt appris que le recrutement des familles avant leur départ "pour les États" donnait de bien meilleurs résultats que le rebutant travail outre-frontières. Ils s'attirèrent là aussi les foudres de tous les ecclésiastiques et les laïcs qui craignaient que les efforts des missionnaires-colonisateurs de l'Ouest ne servent, tout compte fait, qu'à dépeupler le Québec.

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