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Les services de garde deviennent un enjeu électoral
12 décembre 2005

Vancouver Sun
Michael Campbell


**Extrait**

Les Conservateurs veulent donner de l’argent aux parents pour les aider à payer les services de garde. Les Libéraux préfèrent leur donner une bureaucratie.

C’est tellement limpide.

Le chef du Parti conservateur, Stephen Harper, propose de verser 1 200 $ par année aux parents qui ont des enfants de moins de six ans pour qu’ils consacrent ce montant aux services de garde de leur choix. Et ces services comprennent la garde au foyer par l’un des conjoints ou un autre membre de la famille. M. Harper promet en même temps qu’un gouvernement conservateur débloquera un quart de milliard de dollars pour aider les provinces à offrir 125 000 nouvelles places en garderie.

En moins de 24 heures, le centre des opérations des Libéraux a riposté par la surenchère : « Mon premier ministre peut dépenser plus d’argent que le vôtre. » La promesse antérieure de 5 milliards de dollars pour les services de garde est passée à 11 milliards. Comment M. Martin en est-il arrivé à ce chiffre magique de 11 milliards? Bien malin qui pourra le dire. Après tout, le ministre responsable, Ken Dryden, a déclaré (d’après Andrew Coyne, du National Post) que les autorités fédérales n’ont pas la moindre idée de ce que pourra coûter un programme universel de garderies.

Pour ceux qui souhaitent une campagne qui mettra en évidence des distinctions significatives entre les partis, les services de garde sont un exemple classique de l’opposition entre l’individu et l’État.

La position des Conservateurs est franche. Ils tiennent à ce que l’État finance un plus grand nombre de places en garderie, mais ils veulent aussi qu’on laisse aux parents la possibilité de choisir les services de garde qui conviennent le mieux.

Les Libéraux financeront également les services de garde, mais, comme M. Dryden l’a dit clairement dans un article paru en juin dans un autre quotidien de Toronto, ils ne croient pas que, en ce qui concerne le « développement » des enfants, les parents sont aussi compétents que les spécialistes approuvés par l’État. Ils croient donc que l’État doit intervenir lourdement dans la réglementation des services de garde.

Comme on le signale dans cet article, aux termes de la proposition libérale, les parents et les grands-parents auraient beaucoup de mal à respecter les normes fédérales en matière de garde, étant donné que ces normes précisent le nombre de salles de toilette par enfant, le nombre d’enfants par préposé, et la quantité et la nature des aliments à proposer aux enfants.

Seuls les parents qui font appel aux services approuvés par l’État auraient droit aux subventions des Libéraux. Les parents qui restent à la maison pour s’occuper des enfants seraient exclus. Je dois avouer que, lorsque ma femme et moi avons décidé d’avoir des enfants, nous avions cette idée surannée que la responsabilité d’éduquer les enfants était indissociable du choix de mettre des enfants au monde. Vous me pardonnerez donc, mais, à la lecture des propos de Dryden, je me demande si les Libéraux ne sont pas sur le point d’annoncer qu’ils ne connaîtront aucun répit tant qu’il ne restera plus au Canada aucun enfant confié aux soins de ses parents.

La proposition libérale est une illustration parfaite de la façon de créer un appareil gouvernemental lourd : on déclare qu’il y a une crise, on se rallie l’appui de ceux qui ont des intérêts acquis et on garantit ensuite à tout le monde que seul le gouvernement peut offrir une solution.

La proposition de Harper évite de créer une bureaucratie, et elle promet de remettre l’argent directement aux parents.

Comme Martin l’a signalé à juste titre, il y a là deux approches idéologiques fort différentes. Comme la proposition des Libéraux marque un tournant décisif qui réduit nettement la responsabilité des parents à l’égard du développement de leurs jeunes enfants, vous voudrez peut-être réfléchir et vous demander sérieusement à quelle approche vous souscrivez.

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