Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans Asbestos en photos Filons d'histoire Johns-Manville Photo Société d'histoire d'Asbestos
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Accueil Accueil Bibliographie Bibliographie Plan du site Plan du site Pour nous joindre Pour nous joindre
Cantons de l'Est
Origine
de l'exploitation minière

Naissance d'un village
Milieu en formation
(1907-1918)

Exploitation minière
et urbanisation
(1919-1929)
Dépression
des années 1930
Vie ouvrière,
syndicalisation et grève

Conclusion
Filons d'histoire
Pages : 1-2-3

Exploitation minière et urbanisation (1919-1929) – Page 2

Les établissements financiers
Vue générale d'Asbestos vers 1922
Vue générale d'Asbestos vers 1922
Cliquez sur la photo pour l'agrandir
Depuis le début du siècle, on assistait à un vaste mouvement de fusion des banques, poussant plus loin la concentration du capitalisme industriel québécois. La Eastern Townships Bank, (ETB) seule institution financière présente à Asbestos depuis quelques années, passe dans le giron de la Canadian Bank of Commerce en 1912. En perdant le contrôle sur le capital régional que représentait la ETB, la moyenne bourgeoisie régionale anglophone perd peu à peu sa mainmise sur toute l'industrie minière et le secteur des affaires des Cantons de l'est149.

Bien que l'élite francophone d'Asbestos soit relativement active dans le secteur des affaires, côté commercial, elle était exclue du monde financier. Malgré tout, cette élite réussissait à s'autosuffire en capitaux locaux pour supporter ses petites entreprises locales. Une des solutions proposées à l'époque pour pallier aux difficultés des francophones à amasser du capital, est le coopératisme. Administrées comme des coopératives, les caisses populaires avaient la fonction de promouvoir l'épargne chez les cultivateurs et travailleurs francophones. Avec l'appui du clergé catholique, les caisses connurent une certaine expansion dans les années 1920. Toutefois, ce n'est qu'avec la crise de 1929 que le mouvement coopératif prendra vraiment forme au Québec150. Asbestos en est un exemple : la première implantation d'une caisse populaire à Asbestos eut lieu en avril 1924151 (caisse populaire Desjardins). Philippe Roy « avec le concours de l'abbé Napoléon Favreau, missionnaire colonisateur de Sherbrooke »152 et de l'abbé Luc-Napoléon Castonguay, curé d'Asbestos, mettent leur efforts en commun. Monsieur Gédéon Boisvert en est le gérant désigné.

Malgré la bonne volonté des autorités municipales et religieuses locales, la caisse fermera quelques mois plus tard. Entre autres prétextes, on mentionne que les employés de la mine recevaient un salaire insuffisant pour pouvoir économiser. Il faudra attendre en 1937, avant que les francophones ne se dotent d'un véritable établissement financier servant leurs intérêts153.

L'heure n'est pas à la diversification de l'économie locale qui aurait nécessité des outils financiers importants. On se satisfait de répondre aux besoins commerciaux et publics de la population et on n'envisage aucun virage industriel. Cette situation de ville mono-industrielle n'effraie personne dans un milieu en plein développement. Ce ne sera que beaucoup plus tard qu'on sera conscient des effets pernicieux d'une telle situation.


Empiètement du puits sur la ville
Mine à ciel ouvert Jeffrey vers 1927
Mine à ciel ouvert Jeffrey vers 1927
Cliquez sur la photo pour l'agrandir
Au début du siècle, aucun signe ne laissait présager l'empiètement des installations minières sur le village. L'emploi du système de grue de chevalement par câble dans l'exploitation minière laissait entrevoir une expansion territoriale peu problématique. Jusqu'à la fin des années 1910, les méthodes d'exploitation demeurent les mêmes. Toutefois, vers 1918, le successeur d'Asbestos and Asbestic Company, la Canadien Johns-Manville, modifie les méthodes d'exploitation. Afin d'être plus efficace, la compagnie minière remplace les grues de chevalement par câble par un système d'extraction employant le train sur des rails aménagés sous forme de bacs en spirales. En utilisant quatre pelles mues à la vapeur pour remplir les wagons de chargement, on augmente considérablement les capacités d'extraction.

Comme on peut le constater, cette conversion provoquera un agrandissement rapide du puits minier. Ainsi, Asbestos allait vivre la première disparition d'une partie de son territoire. En 1923, le plan de construction d'une manufacture sera l'occasion de la toute première négociation entre les autorités municipales et la compagnie minière : pour la première fois la compagnie va lier prospérité économique avec empiètement progressif sur la ville :

Train utilisé par la Canadian Johns-Manville pour le transport d'amiante en 1920
Train utilisé en 1920
Cliquez sur la photo pour l'agrandir
« [...] maintenant que la localisation du plan de la manufacture de la Canadian Johns-Manville Co Ltd est un fait accompli, et quoique n'étant pas encore actuellement entré dans la résolution originaire passée par ce conseil, l'établissement de cette manufacture pour Asbestos était une condition bien comprise et une partie de la dite proposition originaire qui formait pour cela une partie essentielle d'un seul et même projet; et en plus, comme la localisation de la rue proposée est dans l'intérêt du public comme une mesure de sûreté, la dite rue Asbestos étant présentement située trop près des puits ouverts de la mine d'amiante, où des explosions des mines et les opérations à vapeur, l'électricité et autres machines à pouvoir sont requises, qui offre un danger appréciable au trafic passant dans cette rue comme elle est située présentement, et reconnaissant en même temps, le fait de poursuivre les opérations minières, étant si essentiel à la vie et l'intérêt de la communauté locale [...] »154.

______________________

149 Thierry Nootens. Men of today in the Eastern Townships 1917 : « Les notables sherbrookois à la fin de la première guerre mondiale », Journal of Eastern Townships Studies, No 11, Fall 1997, p. 85-111; John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Québec, Septentrion, 1992, p. 236.
150 Paul-André Linteau et al. Histoire du Québec contemporain. Le Québec depuis 1930, Tome 2, Montréal, Boréal, 1989, p. 116-117; John A. Dickinson et Brian Young. Brève histoire socio-économique du Québec, Québec, Septentrion, 1992, p. 237.
151 Catherine Gélinas et Josée Perreault, Rapport de stage : La Caisse populaire et la Coopérative de consommation d'Asbestos : L'implantation de coopératives en milieu ouvrier minier, 1924-1965, (Travail produit dans le cadre du cours HST-651 : Activité de recherche, micro-stage en histoire), Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1998, p. 1.
152 Frère Fabien, op.cit., p. 83.
153 Frère Fabien, op.cit., p. 84.
154 Livre des procès-verbaux : Livre 3 : 1915-1924, Village d'Asbestos, 13 novembre 1923, p. 447



Accueil | Bibliographie | Conception et remerciements | Plan du site | Pour nous joindre
© 2002 Destination Canada Ouest et Centre culturel Marie-Anne-Gaboury (Tous droits réservés)