Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans Asbestos en photos Filons d'histoire Johns-Manville Photo Société d'histoire d'Asbestos
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Cantons de l'Est
Origine
de l'exploitation minière

Naissance d'un village
Milieu en formation
(1907-1918)

Exploitation minière
et urbanisation
(1919-1929)
Dépression
des années 1930
Vie ouvrière,
syndicalisation et grève

Conclusion
Filons d'histoire
Pages : 1-2-3

Exploitation minière et urbanisation (1919-1929) – Page 3

Le carré en 1924
Le carré en 1924
Le carré en 1924
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C'est Canadian Johns-Manville qui prévoit la relocalisation des rues et assume la planification des aménagements municipaux à la place de la municipalité :

« Que le maire et le secrétaire-trésorier soit par la présente autorisés de signer tous les documents en faveur de la municipalité du Village d'Asbestos, qui pourraient être nécessaires pour localiser ce chemin appelé "Rue Asbestos" du Carré à la traverse de la dite rue avec le chemin de fer Asbestos & Danville, et de transférer la propriété de la dite rue sous le contrôle de la Compagnie Canadian Johns-Manville Co; pour leur utilité personnelle et leurs successeurs et d'accepter en échange une nouvelle location pour la dite rue Asbestos, une lisière de terrain approximativement 66 pieds de large aussi proche que la propriété controlée par la Cie Canadian Johns-Manville Ltée peut le permettre. »155

Malgré l'apparente facilité avec laquelle les décisions municipales semblent se prendre afin de favoriser l'expansion de la compagnie minière, une opposition se manifeste à l'Hôtel de Ville :

« Veuillez prendre avis que, par la présente, Je proteste la proposition qui vient d'être faite et adoptée par ce conseil au sujet du changement du chemin (rue Asbestos), et je requiers que ce protêt soit enregistré dans les minutes de cette assemblée.

Jos P. Côté, Dame veuve Omer Bazin, Amédé Lavigne, Alfred Bédard, Georges Depuis, Joseph Rheault, Alfred Perrault, Jos Bazin. »156

La deuxième église Saint-Aimé
La deuxième église Saint-Aimé
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La Canadian Johns-Manville ayant reçu l'autorisation du gouvernement, la nouvelle rue serait aménagée et nommée rue Manville157. La municipalité ayant consenti aux changements, la compagnie minière acheta les propriétés le long de la route. Les édifices furent démolis et le puits s'agrandit rapidement. En 1928, toute la pointe Est formant le Carré du Village était complètement fermée. L'empiètement du puits serait le point de départ de toute une série d'agrandissements au cours des années 1930, sous le signe des déménagements pour les habitants d'Asbestos.158 L'acceptation de cette situation par les autorités municipales représentait une dure épreuve pour la communauté en faveur de la prospérité de l'unique industrie, de l'unique gagne pain de milliers d'ouvrier.

L'empiètement du puits n'a pas que des effets sur le réaménagement des rues, il représente tout un casse-tête d'urbanisme à une époque où les petites communautés étaient peu équipées pour faire face à ce genre de problème. La relocalisation des édifices publics représente le plus grand défi. La paroisse sera une des premières touchées. Asbestos, depuis ses débuts, n'est officiellement qu'une mission et « son érection canonique comme paroisse eut lieu en 1921, par décret. Le territoire subissait à cette occasion, quelques modifications »159. Jusqu'alors, le prêtre résidant à la mission d'Asbestos, le curé Castonguay, était désigné sous le nom de desservant.

Carillon de l'église Saint-Aimé en 1928
Carillon de l'église Saint-Aimé en 1928
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L'augmentation rapide de la population catholique rendait désuète la petite église de la mission du début; elle ne correspond plus aux besoins pour le service dominical. L'expansion des opérations minières, amorcée dans les années 1920, fournit l'occasion à la paroisse de se doter d'une nouvelle église.

Après avoir obtenu l'assurance de ne pas être seule dans l'aventure, de 1923 à 1925, la communauté d'Asbestos met en chantier la nouvelle église Saint-Aimé160. Une véritable cathédrale dont la bénédiction eut lieu le 5 juillet 1925, faite par Mgr Gagnon, évêque de Sherbrooke161. Trois ans plus tard, la population déboursera 9 270 $ pour la cloche et son système électrique162.


Structuration de la communauté
L'Harmonie d'Asbestos
L'Harmonie d'Asbestos
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La jeune population ouvrière, par son grand nombre, inquiète les autorités. L'Église prend en main la bonne conduite des habitants et se charge de leur inculquer une morale chrétienne. Il faut occuper la jeunesse et empêcher l'ouvrier de sombrer dans les vices de l'alcoolisme et du jeu. En 1912, Asbestos connut sa première fanfare, sous la direction d'un professeur de l'école des garçons, M. Guillaume Brière. La seconde fanfare naîtra, en 1925, par la volonté du curé Castonguay et ne vivra qu'une année, sous la direction de M. Donat Précourt. Il faudra attendre 1930, pour que l'Harmonie d'Asbestos, organisée par M. Philippe Roy, donne un souffle musical durable à la Ville puisqu'elle existe encore aujourd'hui163. En date du 3 décembre 1919, le Conseil municipal autorise la formation d'associations, cercles ou clubs pour les jeunes gens164. Le but est clair : instruction pour l'esprit et délassement pour le corps. Toutes ces activités sont regroupées sous le patronyme de « Cercle Saint-Aimé ». Le sport d'hiver intéresse beaucoup les habitants de la Ville et, en 1920, la première patinoire est installée à Asbestos près des rues Saint-Aimé et Saint-Georges165. Certains endroits, moins recommandables pour les bonnes moeurs, seront réglementés : ces lieux où l'alcool et les jeux « sévissent ». Un procès-verbal du 3 septembre 1925 indique qu'on essaie d'éviter les abus :

« Ordre aux constables :

1) De faire observer rigoureusement la loi concernant les blasphèmes et l'ivrognerie.

2) De visiter les salles de pool et de vues animées pour voir à ce que les enfants étants seuls, au-dessous de 16 ans, ne soient point admis.

3) De faire fermer les salles de pool à 11 heures, tous les soirs à minuit; quant au respect dû au jour du dimanche, que les restaurants soient fermés, au moins pendant les offices religieux.

4) De reconduire chez eux les enfants après 9 heures du soir et avertir les parents »166.

Cela montre bien, par l'énoncé des endroits à surveiller, que l'urbanisation grandissante amène toute une infrastructure particulière aux grandes villes : salles de pool, cinéma, salons de barbiers, restaurants.

Bien que la période 1919 à 1929 en soit une de hauts et de bas, la croissance générale se répercutera jusque dans les villes minières. Asbestos s'agrandit, de nouvelles rues voient le jour, la population s'accroît considérablement, plusieurs services publics font leur apparition. Cette modernité est prometteuse. Elle permet à Asbestos d'espérer en l'avenir. C'était sans compter sur la grave crise de 1929 qui balaiera bien des espoirs. Mais Asbestos est de son temps, fluctuant au gré des marchés de l'industrie. Le formidable développement antérieur à 1929 laissera des traces positives durant plusieurs années.

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155 Ibid., p. 447-448.
156 Ibid., p. 449.
157 Il fallait en effet l'autorisation du gouvernement pour relocaliser la rue puisque la rue Asbestos était à l'époque la voie d'accès entre Danville et les villages environnants au même titre qui la route 255 de nos jours.
158 W. Gillies Ross. « Encroachment of the Jeffrey Mine on the Town of Asbestos, Quebec », The Geographical Review, 1967, pp. 523-537.
159 Frère Fabien, Asbestos : son aspect, son industrie et ses activités, Sherbrooke, Éd. Paulines, 1977, p. 80-81.
160 « Les fondements commencèrent à l'automne de 1923 », Frères Fabien, op.cit., p. 82.
161 Ibid., p. 88.
162 Ibid.
163 Frère Fabien, op.cit., p. 91.
164 Livre des procès-verbaux : Livre 3 : 1915-1924, Village d'Asbestos, 3 décembre 1919, p. 13.
165 « Recul dans les années », Le Citoyen, Asbestos, Vol. XXIII, No 8, Jeudi 9 mai 1963, p. 14.
166 Livre des procès-verbaux : Livre 4 : 1925-1932, Village d'Asbestos, 3 septembre 1925.


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