Le Musée historique de Bonnyville
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Vers des jours meilleurs (1919 - 1928)
par Henri Bourgoin

Au temps où il n'y avait pas encore de salle publique ou communautaire, les danses et autres divertissements du genre avaient lieu dans une maison privée. La veille du jour de l'An, c'était la coutume des pionniers de sortir les chevaux et les traîneaux, d'aller ramasser du monde autour et de les amener chez une famille choisie pour danser et s'amuser.

Rue principale de Bonnyville, 1925
Rue principale de Bonnyville, 1925
Une année que Gérard Mercier courtisait la fille de Pierre Séguin, il arriva à la ferme avec son Ford Model A (une toile au dessus et pas de côtés); il y accrocha un traîneau à Pierre, surmonté d'une boîte double (appelée tank) normalement tiré par quatre chevaux. Dans ce temps là, il n'y avait pas d'antigel pour les radiateurs. Il n'y avait pas de pneus à neige; il fallait mettre des chaînes sur les roues. II n'y avait pas de charrue à neige comme celles d'aujourd'hui pour garder les chemins ouverts.

Cette année là, la veille du jour de l'An, il n'y avait pas encore beaucoup de neige. Cependant, Gérard avait pris la précaution de mettre deux chaînes sur chacune des roues arrières parce qu'il savait fort bien, en chauffeur expérimenté, que sa voiture aurait besoin de « traction » pour tirer toute cette charge. En tous les cas, vers huit heures du soir, cette équipée parcourait les chemins de campagne à la recherche de monde pour remplir la nuit de joie. Le narrateur fut invité et témoin avide de ce sain exercice.

Une fois la tournée complètée et que le dernier « fêteux » fut embarqué, il y avait encore deux milles à parcourir avant d'arriver à l'endroit prévu. Les voitures et leurs 28 passagers étaient sur un terrain neigeux et doucement incliné. Tous se demandaient comment cette Ford pourrait faire bouger ce poids. Eh bien, en chauffeur habile, Gérard ouvrit les gaz et embraya graduellement: les roues se mirent à patiner et à lancer du feux dans les airs lorsque les chaînes grattèrent le sol sous la neige. Mais bientôt il y eut une sensation de mouvement et voilà nos « fêteux » partis vers leur destination. La promenade se déroulait bien avec les passagers debout dans la boîte du traîneau, chantant et se tenant après les bords. Mais après un mine ainsi, ils aperçurent devant eux, sur la route, une courbe et à côté une parcelle de terre nue sous les rayons de la lune. Ils s'inquiétèrent un peu de ce qui arriverait là, car le chauffeur ne pouvait pas ralentir avant de traverser cette étendue de terre.

Tant qu'au narrateur, il était conscient que de l'autre côté de la boîte à grain se tenait une dame comblée d'une beauté certaine par Mère nature. Un moment plus tard, en entrant sur la route à bonne vitesse, les patins du traîneau opposés au narrateur quittèrent le sol et il parut évident que toute la charge renverserait. C'est à ce moment que la belle dame lâcha sa prise sur les bords de la boîte. Elle eut l'air de s'envoler et atterrit de tout son poids sur le narrateur, le clouant au fond de la boîte. Pour lui, pendant quelques instants, il n'y eut plus de rayons de lune. Cependant le traîneau ne renversa pas. Avec la vitesse il se raplomba. Bientôt les joyeux passagers arrivèrent à destination et c'est à bras ouverts qu'ils distribuèrent les becs du jour de l'An. Et la nuit continua, agrémentée d'un peu de « bagotte » (pour dire toute la vérité) puisque dans ce temps là, il n'y avait pas de « commission des liqueurs » à Bonnyville. Pour faire de la place dans la maison, les tables avaient été enlevées et le monde s'assoyait en cercle et d'autres dans l'escalier.

Alors Aldège Marcoux commença à faire le tour du groupe en chantant une « complainte » sur l'épouvantable mal de dent que lui causait son croc pendant que Pierre Séguin l'accompagnait dans sa tournée et le présentait avec des gestes théâtraux à chaque invité. Lucien Séguin égayait la soirée et se méritait l'admiration de tous par ses talents de gigueur au rythme du violon. Aldège entra dans la gigue : il était costaud mais agile comme une fée. Ses neveux Ernest et Anselme prenaient chacun leur tour au violon. Pierre chanta une chanson intitulée « Ma Lizette » pour sa femme. Le vieux gramophone tournait pendant que Casimir Chatel mangeait des arachides. Ce vieil instrument semble avoir joué le même disque toute la nuit, une valse intitluée « Mighty Lak' à Rose ». Au petit matin, l'aguille avait passé à travers les sillons du disque.

Parfois, les « fêteux » devaient se choisir une partenaire pour une danse, une valse, une polka ou une danse carrée. Pour cette dernière il fallait un bon « calleur ». Jos Séguin chanta une chanson sur les bûcherons qui passaient à Ottawa au printemps quand ils retournaient chez eux après un hiver dans les camps. Le refrain : « Laissez passer les "roughmen" - tous passés, Bang ! Bang! » Au petit lever du jour, les tables étaient ramenées et on préparait le déjeuner. Après ça, les « fêteux » retournèrent chez eux en Model A et en « tank », pour faire leur train, dormir un peu et réfléchir aux joyeux moments de cette nuit.

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