Historique des Hopitaux de la Péninsule Acadienne
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Lazaret - Biographies du Personnel Hospitalier

Mère Pagé - Sr Brault - Sr Viger - Sr Quesnel - Sr Reid - Sr Sicotte - Sr Clémence - Sr Fournier

Sr Brault

Soeur Delphine Brault

Une Acadienne du Québec au secours des Acadiens du Nouveau-Brunswick, sœur Delphine Brault, qui fut l'une des fondatrices de Lazaret de Tracadie, naquit le 20 mars 1839, à l'Acadie, province de Québec, village fondé vers 1768 par des Acadiens revenus de l'exil. Un plan des terres concédées en 1773, à l'Acadie, nous montre que sur les 47 propriétaires d'alors, 30 étaient des Acadiens. Et de ce nombre, huit portaient le nom de Brault.

L'arrière-grand-père de Sr Delphine, Amand Brault, était né en 1740, à Port-Royal, dans l'ancienne Acadie et s'était marié en exil, vers 1760, à Marie-Magdeleine Dupuy. Il était de la troisième génération de Brault, nés en Acadie, descendants de Vincent Brault, originaire de La Chaussé, au Poitou, arrivé en Acadie vers 1652. Un des fils d'Amand, Charles, épousa à l'Acadie, Marguerite Béchard, et de ce mariage naquit Narcisse, père de Sr Brault. Narcisse épousa, le 30 septembre 1834, Marie Toupin et le couple eut quatorze enfants, dont cinq embrassèrent la vie religieuse : deux filles à l'Hôtel-Dieu de Montréal; une troisième à la Congrégation Notre-Dame; un fils, Joseph, devint Jésuite; un autre Stanislas, fut Oblat de Marie-Immaculée. Un autre fils, Calixte, instituteur et notaire, épousa Marie-Louise Richard, dont la vie a été écrite par M. Louis Bouhier, p.s.s., sous le titre Une mystique canadienne : Vie extraordinaire de Madame Brault.

Delphine entra chez les Hospitalières de St-Joseph de Montréal à l'âge de 17 ans, le 5 juin 1856, et elle y fit profession le 18 septembre 1858. A l'Hôtel-Dieu, elle travailla comme aide à l'économe et comme responsable des orphelins, ce qui la prépara pour ses fonctions à Tracadie. Nommée avec les autres fondatrices, le 25 juillet 1868, elle arriva à Tracadie le 29 septembre de la même année. Le Lazaret fut le théâtre de son dévouement durant un quart de siècle. Elle y exerça la charge d'hospitalière-en-chef (nous dirions aujourd'hui, directrice de l'hôpital), de secrétaire de la communauté, de maîtresse des novices et de supérieure, et ce à deux reprises, de 1878 à 1881, puis de 1902 à 1908.

Un fait marquant de sa carrière fut son dévouement quasi-héroïque auprès des victimes de la picote. Cette terrible maladie éclata en 1874, à Pokemouche et Caraquet, et les gens étaient terrifiés. Personne n'osait approcher des maisons des " picotés " ni même à aider à la sépulture des morts. Le père Allard, curé de Pokemouche, qui visitait les " picotés ", contracta lui aussi la maladie qui, selon la secrétaire des Hospitalières, " est bien mauvaise pour les Acadiens, elle est presque toujours mortelle pour eux ". Il était en visite chez M. Pelletier, curé de Caraquet, lorsqu'il tomba malade. Ayant appris la nouvelle , les Hospitalières firent savoir à M.Pelletier qu'elles " voleraient avec bonheur au secours des malades de Caraquet ". Bien que cloîtrées, elle obtinrent de l'évêque la permission de sortir pour accomplir cette œuvre de charité et le 25 novembre, les Sœurs Brault et Sicotte arrivaient à Caraquet. Elles y demeurèrent vingt-quatre jours et y prodiguèrent leurs soins, non seulement à M. Allard, mais aussi à toutes les victimes de la picote. Quatre personnes seulement sur quinze, dont M. Allard, guérirent de cette maladie, à la grande peine de leurs infirmières, mais ces malheureux avaient au moins été soulagés et accompagnés jusqu'à leur dernier soupir.

Sr Brault revint à Montréal en 1886, où elle exerça la fonction d'économe durant six ans, puis de supérieure, de 1893 à 1899. Elle revint à Tracadie comme supérieure en 1902 et y demeura jusqu'en 1909, année où elle célébra son 50e anniversaire de profession religieuse. Elle eut le bonheur de fêter ses noces de diamant, en 1918, à Montréal, en même temps que sa sœur cadette y célébrait ses noces d'or. Mère Brault décéda quelques mois après, le 22 octobre 1918, à l'âge de 79 ans)

Sœur Louise Légère, (décédée en 1981) qui lui succéda comme supérieure en 1908, disait qu'elle était une femme austère, mais très droite et juste : elle ne demandait rien qu'elle ne fit elle-même.