L'histoire
de la culture francophone en Colombie-Britannique suit de près le développement
communautaire. La conception même de ce qu'elle implique, de la façon dont elle
est perçue, a fortement évolué depuis l'arrivée des premières familles canadiennes-françaises.
Plusieurs périodes sont toutefois discernables.
À leur arrivée dans l'Ouest canadien, les pionniers Canadiens français sont
d'abord préoccupés par la conquête du territoire et le travail pour assurer
leur survie. Autour de certains pôles se dessinent des villes dans lesquelles
la notion de communauté prend forme. Les prémisses de la culture francophone
en Colombie-Britannique apparaissent à Victoria, vers le milieu du
19e siècle. À la veille de la ruée vers l'or, la population francophone
y est très appréciée. Son dynamisme social, sa viabilité économique et l'inclinaison
artistique qu'elle témoigne en font une communauté attirante. Par exemple,
la Société philharmonique de Victoria crée une chorale de 30 à 40 personnes
appelée Société des Enfants de Paris en 1861.
Avec
la ruée vers l'or, les francophones de Victoria perdent leur prépondérance et
leurs activités culturelles se diluent. Victoria reste cependant un site important
de la culture francophone. Plus tard, différentes associations y seront créées.
Entre
1912 et 1945, plusieurs organisations sociales, récréatives, religieuses, théâtrales
sont fondées à Victoria, Port Alberni, Duncan, Maillardville et Vancouver. Vancouver,
plus particulièrement, dont le développement décolle avec l'arrivée de la ligne
de chemin de fer, accueille une communauté francophone croissante. Plus tardivement
que Victoria, mais avec un élan continu, la culture francophone s'y organise.
Des femmes
francophones
de Vancouver, inquiètes de voir disparaître la langue et la culture canadiennes-françaises
fondent le Cercle dramatique et musical en 1926. Elles organisent différents
spectacles en langue française. Trois années plus tard, le Cercle prendra l'appellation
de Société des Dames et Demoiselles de langue française, dédiée à la propagation
de la langue et des arts; essentiellement la musique, le théâtre et la littérature.
Au mandat artistique initial est ajoutée la double mission d'unir les francophones
et d'encourager le développement de paroisses canadiennes-françaises.
Après l'éphémère vie de l'Association canadienne-française, le Club Moncalm
est créé en 1935 par un groupe de Canadiens français désireux de partager
leurs intérêts intellectuels et artistiques. En compagnie des Dames et
Demoiselles,
le Club présente des soirées de variété et de théâtre. La St-Jean-Baptiste,
le Mardi Gras et le 14 juillet sont célébrés avec faste chaque année. Les activités
du Club Moncalm attirent en grande partie l'élite d'expression française de
la ville de Vancouver : diplomates, professionnels et gens de théâtre. En 1937,
l'organisme devient le Club dramatique et musical Moncalm, ciblant son action
autour
de différents points : la conversation, qui est considérée comme un moyen de
propagation de la langue française, le théâtre, la littérature et la musique.
Il offre des soirées théâtrales et de danse, des conférences, une bibliothèque,
et organise des soirées gala et des pique-niques. La deuxième guerre ralentit
les activités du Club jusqu'à sa disparition. Ironiquement, ses vestiges sont
repêchés par la seconde Association canadienne-française de Vancouver.
Vivant dans un milieu essentiellement anglophone et n'ayant aucune garantie
quant au respect de leur différence, les francophones associent étroitement
culture francophone avec identité et survie de la langue. Les différentes associations
à mandat culturel couplent bien souvent ce rôle avec une mission " identitaire".
L'expression de la culture francophone ne se limite pas à Victoria et Vancouver,
ni aux milieux relativement aisés qui en profitent dans ces villes. À Maillardville,
par exemple, vite après l'arrivée des Canadiens français engagés pour travailler
dans l'industrie du bois, sont créées fanfare, chorale, soirées dansantes
et musicales. Organisée au sein de la vie paroissiale, fortement identitaire
et folklorique, la culture offre alors des activités récréatives tout en
servant de lien communautaire.