Après
la longue traversée du pays entamée par de nombreuses familles francophones
à la recherche de nouvelles opportunités de commerce et de vie, des communautés
francophones s'installent à différents endroits de la Colombie-Britannique.
Avec leur établissement se développe une réelle vie communautaire et se
pose le problème de l'éducation.
Les premières écoles de la province, fondées entre 1848 et 1849 sont principalement
francophones et catholiques. Plusieurs religieux et religieuses de différentes
congrégations suivent l'élan de la migration vers l'Ouest. Ils établissent
paroisses et missions, dont les fonctions sont de desservir les communautés
de colons et d'évangéliser les autochtones. Prenant en charge la vie spirituelle
des communautés où ils s'établissent, ils fondent des écoles en français
pour les enfants francophones, les autochtones et les métis. Progressivement,
les villes de Victoria, Kelowna, Williams Lake, Kamloops, Vancouver et
Cranbrook sont, grâce à ces missionnaires, dotées d'écoles.
Ainsi sont apparues les premières écoles de Victoria. Tout d'abord, les
Canadiens français du Fort Victoria à la solde de la Compagnie de la Baie
d'Hudson réclament une église et une école. La Compagnie décide d'ouvrir
une école pour les enfants de ses employés. Située dans le fort et dirigée
par un couple d'enseignants français, cette école est ouverte en 1848.
Elle sera en fonction jusqu'en 1855. Au même moment, les autorités religieuses
désignent un Père Oblat missionnaire, le père Lempfrit, pour assurer le
service religieux et enseigner le français et le latin aux enfants francophones
du fort. Son école sera éphémère.
Le Père Herbomez et son adjoint le Père Durieu feront beaucoup pour les catholiques
de la région. Grâce à eux, le collège Saint-Louis de Victoria s'ouvre pour les
garçons en 1863. Le père Michaud en est l'architecte et le responsable. C'est
aussi aux Pères Oblats que l'on doit, plus tard en 1865, l'établissement du
collège Saint-Louis de New Westminster.
Ils encouragent, de plus, les Sœurs de Sainte-Anne, arrivées à Victoria
du Québec avec Mgr Demers, à établir une école pour jeunes filles. Celle-ci
ouvrira ses classes en 1858. L'enseignement y est de qualité et le nombre
d'élèves augmente à chaque année. Plusieurs anglophones aisés travaillant
pour la Compagnie désirent que leurs enfants suivent eux aussi
l'enseignement
des sœurs. Deux religieuses parlant anglais arrivent donc à Victoria et
une classe spéciale pour les élèves de langue anglaise est ouverte. Plus
tard, les sœurs fonderont une école pour les jeunes filles autochtones.
Au
moment de la ruée vers l'or, au début des années 1860, alors que la part des
francophones diminue et que le bilinguisme dans les écoles devient une nécessité,
un nouveau couvent est érigé pour les sœurs. Il sert de pensionnat, d'orphelinat,
et d'école à enseignement bilingue avant la construction de la célèbre Académie
Sainte-Anne, débutant onze années plus tard.
En 1871, la Colombie-Britannique entre dans la Confédération canadienne.
En conséquence, le système public est organisé dans la province, forçant
les habitants à payer
les impôts nécessaires au financement de ces écoles. Une ombre plane sur la
scène : les écoles publiques sont uniquement anglophones. Après dix années
de patience, le Père Durieu s'insurge contre cette injustice. Pour faire reconnaître
les écoles catholiques francophones, il envoie une pétition à la législature
provinciale. Son initiative reste sans réponse. Toutefois, son geste est le
premier d'une longue série d'actions entreprises par les francophones de la
province pour obtenir le droit à l'éducation publique en français.