L'adoption
de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982 conforte les francophones
de la province dans leur droit à l'instruction en français. Plus particulièrement,
l'article 23 de la Charte assure aux minorités linguistiques de langue officielle
le droit à l'enseignement dans leur langue, ainsi qu'à la gestion de cet enseignement.
En 1983, l'école Anne Hébert, la première école publique entièrement francophone
(appelée homogène par différenciation avec les écoles d'immersion) est ouverte.
En 1986, l'école Victor Brodeur établie sur la base des forces armées canadiennes
d'Esquimault, passe sous la juridiction du district scolaire de Victoria.
Elle devient ainsi la deuxième école homogène française. La troisième, André
Piolat, ouvrira ses portes à Vancouver Nord en 1987. Une quatrième école est
officialisée homogène en 1989. C'est l'école La Vérendrye, ouverte en 1974
sur la base des forces armées de Chilliwak.
Malgré l'apparition d'écoles homogènes, le gouvernement ne respecte pas l'entièreté
de l'article 23 de la Charte. L'Association des parents décide d'une action
en justice pour pouvoir obtenir la création d'une commission scolaire francophone
et, par là-même, la gestion de leurs écoles. Totalement
soutenue par la Fédération, elle établit le projet «Opération Loi
scolaire» visant à sensibiliser la communauté et les décideurs. L'action
est déposée devant les tribunaux au printemps 1989 et très vite, le droit
à l'éducation en français et le droit des parents francophones en matière
d'éducation sont inscrits dans la Loi scolaire provinciale.
Le
gouvernement négocie un accord et met sur pied un comité spécial pour l'éducation.
Ce comité, composé de représentants des différents acteurs du monde de l'éducation
(parents, professeurs), a comme mandat de faire des recommandations à la
province sur la meilleure façon de mettre en pratique le fameux article
23 de la Charte. Les actions judiciaires entamées par l'Association des
parents sont interrompues devant les démarches du gouvernement provincial.
Malgré le fait que le droit des parents francophones en matière d'éducation
soit inscrit dans la Loi scolaire depuis 1989, il faut attendre 1995 et la réactivation
de l'action en justice entamée six années auparavant pour qu'un Conseil scolaire
francophone soit établi par le gouvernement provincial. En effet, après
avoir annoncé en 1992 qu'il établirait un Conseil scolaire francophone,
le gouvernement provincial revint sur ses dires en 1993; il propose une gestion
partagée du système scolaire francophone, suggestion jugée inacceptable
par les parents francophones et l'ensemble de la communauté. Finalement rien
ne bouge. L'inaction du gouvernement pousse l'Association des parents à reprendre
ses actions en justice.
En novembre 1995, le gouvernement établit enfin le Conseil scolaire francophone
de la Colombie-Britannique, transférant à la communauté la gestion et le contrôle
des programmes et services d'éducation. Le C.S.F. a juridiction sur le Grand
Vancouver, la vallée du Fraser et le sud de l'île de Vancouver. Au mois d'août,
la décision du tribunal est rendue dans les dossier des parents contre le gouvernement.
Le juge Vickers donne la
victoire aux parents obligeant ainsi le gouvernement à inscrire la gestion dans
la Loi scolaire. Il signifie au ministre son obligation d'intervenir dans le
financement du programme. Le nouveau conseil devra recevoir des fonds pour l'achat
des écoles.
Enfin,
en juillet 1997, le Conseil scolaire obtient l'autonomie complète et permanente
de la gestion du système scolaire francophone. Puis vient l'étape ultime
: en mars 1998, il est décidé que le Conseil aurait juridiction sur la totalité
du territoire de la province à partir du premier juillet 1999.
Même si le domaine de l'éducation est principalement assimilable à l'école,
c'est l'ensemble de la communauté qui doit pouvoir trouver infrastructures
et services de formation répondant à ses besoins. Le secteur de la formation
est abordé en 1975 quand un volet éducatif est mis sur pied au Centre culturel
francophone de Vancouver. Son extrême popularité met en relief le grand
besoin de formation pour adultes en français.
Une dizaine d'années plus tard, en 1987, une association exclusivement consacrée
à la formation pour adultes voit le jour. Éducacentre adapte ses programmes
en fonction de la demande. Les adultes francophones ont la possibilité de
poursuivre leurs études de la première à la douzième année gratuitement.
Petit à petit, des formations dans différents domaines s'ajoutent aux services
de base offerts par Éducacentre. D'autres associations à buts sociaux spécifiques
sont fondées. Elles aussi proposent des formations aux publics ciblés qu'elles
desservent. Réseau-Femmes, dédiées aux besoins des femmes francophones et
la Boussole, dont le rôle est d'aider les francophones dans le besoin, s'inscrivent
dans cette logique.