La
position du gouvernement provincial sur l'éducation en français évolue
progressivement. En réalité, des messages contradictoires émanent des
instances provinciales. D'un côté, le ministre de l'Éducation de
l'époque assouplit la politique envers les écoles françaises. En 1966,
à l'occasion d'une rencontre avec les représentants de la communauté francophone,
il exprime son intention de faire modifier la Loi scolaire provinciale
dans le but d'établir un réseau d'écoles francophones. L'année suivante,
W. Bennett, alors Premier ministre de la Colombie-Britannique, affirme
qu'il n'y aura jamais d'écoles publiques françaises dans la province.
Il accepte toutefois le fait que les commissions scolaires offrent des
classes en français à leur discrétion. Loin d'être une grande nouvelle,
il s'agit plutôt d'une fausse concession puisqu'à l'époque, la Colombie-Britannique
compte plusieurs écoles bilingues et trois commissions scolaires bilingues
réunies, depuis 1964, en une association provinciale.
À cette époque aussi, le comité d'éducation de la Fédération répertorie
970 enfants dans les trois écoles paroissiales bilingues, les deux écoles
de Maillardville et celle de Vancouver. Ils sont répartis en 33 classes,
encadrés par 38 professeurs dont 10 sont laïcs.
La Fédération note aussi une véritable poussée francophone en Colombie-Britannique,
écho amplifié de ce qui se passe dans le pays entier. L'Alliance Française
de Vancouver et la paroisse St-Sacrement sont inondées de demandes de
cours de français pour adultes anglophones. Partout au Canada, de nombreuses
voix se font entendre pour que la Charte de la constitution de la confédération
soit revue. On prône l'égalité constitutionnelle provinciale et nationale
pour le français. Un article du Globe and Mail en date du 6 février
1968, confirme la tendance : le gouvernement fédéral et huit provinces
seraient proches d'un consensus offrant des garanties pour la langue et
la culture françaises au Canada. Seules l'Alberta et la Colombie-Britannique
s'y opposent.
Cependant,
suite aux nombreux mémoires et revendications de la Fédération et à la vague
francophile au sein de la population de la province, le ministère de l'Éducation
de la Colombie-Britannique autorise l'ouverture d'un secteur français à
l'école publique de Coquitlam, en 1968. Il accepte une expérience de quatre
ans. Si cette dernière est concluante, elle pourra déboucher sur la création
d'un programme officiel d'enseignement à travers la province. En
réalité, elle donnera naissance à un programme d'immersion en français visant
les enfants anglophones qui veulent apprendre le français comme langue seconde.
Avec l'adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969, les données
du dossier éducation changent. Le gouvernement fédéral amorce une politique
de subventions à l'éducation en langue officielle minoritaire. Mais le système
public en français n'existe toujours pas en Colombie-Britannique. La Fédération
continue son action de revendication jusqu'en 1977, date à laquelle le gouvernement
provincial accorde le droit à l'éducation publique en français aux franco-colombiens.
Le premier programme cadre d'enseignement en français est élaboré et officiellement
approuvé par le gouvernement l'année d'après alors qu'un service de langue
française est créé au sein du ministère de l'Éducation.
Dès 1979, différentes écoles offrent le programme cadre. La première année
de leur fonctionnement, elles accueillent quelque centaines d'élèves répartis
dans neuf districts scolaires. Dans la lignée, l'Association des parents
du programme-cadre de français voit le jour en 1980.