Une
fois installés, les groupes cherchent à se développer. Ces communautés locales
ont des besoins spécifiques, auxquels elles tentent de répondre. Le milieu
du 19e siècle voit apparaître les premiers signes d'une francophonie qui
s'organise localement.
Dès 1848, des écoles sont mises en place par les religieuses. Elles sont
destinées autant aux amérindiens et aux métis qu'aux enfants francophones,
suivant une double mission d'éducation et de christianisation. Par la suite,
après une intervention des autorités, ces écoles ouvrent leur porte aux
enfants
anglophones de la région. Le mouvement de création d'écoles par les religieux
et religieuses continue tout au long des années soixante dans l'ensemble de
la province.
À Victoria, la communauté
prend vie. La Compagnie de la Baie d'Hudson décide d'établir un programme
scolaire pour les enfants de ses employés. À cette période, la Compagnie
utilisait encore le français comme langue de communication. En 1848, elle
engage un couple français qui dirigera l'école du Fort pendant plusieurs
années.
En 1858, le
Frère Michaud arrive et met à profit ses talents d'architecte.
Écoles, couvent, cathédrale... autant d'édifices qui lui sont associés.
Il fonde le premier collège de la ville: le collège Saint-Louis. Deux
autres écoles voient le
jour
l'année suivante : l'une est instituée par Mgr Demers, l'autre est une école
pour filles. L'année se termine sur une note positive puisque le 30 décembre,
Mgr Demers consacre la cathédrale de Victoria.
Le besoin impératif d'instruction et de religion en français passablement
résolu, la communauté de Victoria s'attache à développer un lien qui puisse
toucher et unir les francophones de la région. Grâce à la presse ramenée
de France par Mgr Demers en 1856, le premier journal francophone de Colombie-Britannique,
Le Courrier de Nouvelle-Calédonie, voit le jour. Le premier numéro
sort le 11 septembre 1858. Véritable affirmation de l'identité Canadienne-française
au sein des possessions anglaises, le journal est publié trois fois par
semaine. Il ne durera cependant pas...
Au
seuil des années 1860, aux frémissements de la ruée vers l'or, la population
francophone de Victoria est très appréciée. Elle se mêle aux activités sociales
et culturelles de la ville, fleurit sur le plan économique et met en avant
ses talents artistiques.