Lors
des élections provinciales de 1976 au Québec, un nouveau parti arrive au
pouvoir : le Parti Québécois. Une onde de choc se propage à travers le pays
et un sentiment de colère vis-à-vis des francophones résonne dans les provinces.
La pensée générale énonce, à tort ou à raison, que malgré les efforts des
gouvernements à soutenir le fait français, le peuple québécois opte pour
l'élection d'un gouvernement séparatiste. Ce sentiment est encore plus présent
en Colombie-Britannique et la Fédération des Franco-Colombiens (la FCFCB
change de nom en 1971) éprouve d'énormes difficultés à faire reconnaître
ses démarches dans le dossier de l'éducation. Dans le même ordre d'idées,
les résultats du référendum de 1980 au Québec ont des conséquences mitigées
pour les communautés francophones. Après son échec, le gouvernement fédéral
se prépare à faire des changements d'ordre constitutionnel qui puissent
permettre aux communautés francophones de faire d'autres gains afin de donner
vie à l'engagement initial constitutionnel (1867) de traiter les peuples
fondateurs comme des égaux. De son côté, le gouvernement provincial de la
C.-B. s'éloigne encore plus des grands dossiers de la FFC. Les anglophones
de la province éprouvent de l'animosité envers les francophones. C'est une
des causes probables de la Crise de l'Okanagan, où plusieurs Canadiens français
sont attaqués gratuitement.
En 1982, une nouvelle ère s'ouvre aux francophones de la Colombie-Britannique.
Le rapatriement de la constitution et l'enchassement dans celle-ci de la
Charte canadienne des droits et libertés viennent changer le relief politique
des discussions entre la communauté francophone et le gouvernement provincial.
Ainsi, en vertu de l'article 23 de la nouvelle Charte, les provinces et
les territoires sont tenus de fournir à leur minorité de langue officielle
l'enseignement primaire et secondaire dans leur langue, là où le nombre
le justifie. Même dotées d'un cadre légal assurant leurs droits et modifiant
le rapport de force entre les minorités de langue officielle et leur gouvernement
provincial, les francophones obtiennent difficilement le respect de la Charte,
ce qui provoque des poursuites contre les gouvernements provinciaux. Cette
tendance, présente à travers le Canada, se retrouve en Colombie-Britannique.
Mais les efforts soutenus des francophones dans le dossier de l'éducation
connaissent un dénouement heureux alors que la Cours Suprême de la Colombie-Britannique
ordonne au gouvernement provincial, en 1995, de mettre en place un système
d'éducation francophone. Ce n'est qu'en 1997 que le gouvernement amende
la Loi scolaire pour satisfaire à ses obligations consitutionnelles.
Le fait d'être regroupés afin de faire valoir leur intérêt collectif annonce
une autre victoire pour les communautés francophones en 1988. Une nouvelle
Loi sur les langues officielles est adoptée par le Parlement fédéral (modifiant
celle de 1969). Elle reprend les propos de la Charte en matière d'utilisation
des deux langues officielles dans les services gouvernementaux et au sein
des institutions fédérales. Mais elle prévoit également l'engagement du
gouvernement à faire la promotion de la dualité linguistique au sein de
la société canadienne et rend exécutoire la Loi sur les langues officielles.
Ainsi, elle offre un cadre d'application concret à la Loi, prévoit l'implication
de l'ensemble des ministères au développement des communautés et renforce
le droit à l'utilisation du français devant les tribunaux lors de causes
relevant du cadre criminel.
Tous ces événements s'enchaînent en plein milieu des tentatives de réformes
de la constitution et du système politique même du Canada. L'échec des accords
du Lac Meech et de Charlottetown démontrent bien la différence d'opinion
entre les provinces, notamment par rapport à l'importance qu'il faut apporter
à la «société distincte» (le Québec) et aux communautés linguistiques
minoritaires. Cependant, les tendances nationales démontrent un certain
engagement fédéral et provincial à créer un cadre linguistique et institutionnel
qui assure la vitalité et l'épanouissement de la langue et du fait français.