L'île
Rouge était pour les pêcheurs français et saint-pierrais
un établissement d'importance. Face à la Grand Terre,
comme un navire ancré sur le Banc, l'île Rouge mettait
les pêcheurs directement sur les lieux de pêche et leur
permettait de mettre leur embarcation à l'eau les jours de
grand vent, en les abritant des vents dominants qui parfois causaient
un ressac important sur les établissements de la côte
et empêchaient les pêcheurs de la Grand Terre de prendre
la mer.
En contrepartie, il n'y avait pas de graves
à l'île Rouge et, comme les témoignages l'indiquent,
son banc de galets était même si étroit qu'il
fallait parfois monter les doris le long de la falaise pour les
abriter des vagues. Les cabanes de pêcheurs étaient
donc, pour cette raison, construites -accrochées même-
sur la falaise, hors de portée de la mer, comme l'explique
en détails le Comte de Gobineau.
Cageots
et échafauds occupaient le banc de galet. C'est là
qu'on s'occupait de nettoyer la morue, et de la saler. Le séchage
ne pouvait pas s'effectuer sur la grève par manque de place,
il fallait donc, en quelque sorte, monter le poisson à l'étage,
jusque sur le plateau herbeux et vallonné de l'île.
Monter les quintaux d'une morue encore dégoulinante
de saumure ne devait pas être une mince affaire mais, comme
l'explique le comte de Gobineau, les hommes avaient installé
un ingénieux système de rails de bois le long desquels
on pouvait monter et descendre les charges à l'aide d'un
cabestan.
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