Sur
le plateau se trouvait l'établissement proprement dit, c'est-à-dire
la cabane du gérant, celle du médecin, puis de l'autre
côté de la plaine, à flanc de coteau une boulangerie.
Sur le haut on trouvait également des jardins et une étable
pour le bétail qui servaient à nourrir les pêcheurs
dont le nombre, nous l'avons vu, dépassait souvent la centaine
de personnes. Les jardins se résumaient à quelques
salades, radis, persil, patates qui poussaient vite et sans beaucoup
de soins et à des choux qu'on apportait de France dans des
sacs de terre et qu'on replantait sur place. Tout cela servait à
préparer l'éternelle soupe de têtes de morue
ou de raquette qui constituait l'ordinaire du pêcheur.
Rien n'occupait le centre de la plaine puisque
c'est là qu'on séchait la morue. Faute de graves,
on y installait des vigneaux, orientables selon le vent, sur lesquels
on mettait la morue à sécher. Une fois sèche,
on la mettait en piles que l'on recouvrait d'un prélart les
jours de brume ou de pluie.
Il n'y a pas de ruisseau à l'île
Rouge et il ne reste aucune trace à l'heure actuelle de puits,
mais il est certain qu'un établissement d'une telle importance
jouissait d'un approvisionnement en eau douce.
On y mentionne aussi la présence
d'un cimetière - Certaines personnes âgées du
village de Grand Terre en connaissaient il n'y a pas si longtemps
encore l'emplacement général - mais un tel site n'a
jamais été découvert. Il est par contre très
probable que certains pêcheurs ou graviers sont morts à
l'île Rouge et qu'il a bien fallu les enterrer sur place.
Comment vivait-on sur cette île minuscule,
battue par les vents, sans forêt ni même un seul arbre,
isolé par une mer souvent revêche? Arthur de Gobineau
nous en donne un aperçu:
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