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Avant
l'avènement des chalutiers congélateurs et, plus
tard encore, des navires usines, il n'y avait que deux manières
de pêcher la morue et deux façons de la préserver.
La première était la pêche errante
qu'on pratiquait sur le Grand Banc, et la pêche
sédentaire qu'on pratiquait le long de la côte.
La
pêche errante donnait ce qu'on appelle la morue
verte, la seconde la morue sèche.
La
pêche errante et la morue verte
La
pêche errante se faisait à bord de navires
à voiles, trois-mâts, bricks-goélettes, goélettes
qui quittaient la France au printemps pour se rendre sur le Grand
Banc. Les capitaines et leurs patrons de pêche connaissaient
les fonds marins comme leurs poches et savaient où trouver
la morue, comme l'explique Jean-François Brière
dans son ouvrage «L'armement français pour la pêche
à Terre-Neuve» :
Les
capitaines les plus expérimentés se déplaçaient
sur le Grand Banc comme des paysans sur leur terroir. La possibilité
de sonder offrait des repères commodes sur cette immense
étendue d'eau; à la limite on ne naviguait plus,
on marchait.
Une
fois le lieu de pêche choisi, le navire mouillait,
c'est-à-dire qu'on jetait l'ancre. On mettait alors à
l'eau de petites embarcations - les doris - dans lesquels prenaient
place deux hommes, le patron et son matelot, communément
appelé «avant de doris». Dans de grands paniers d'osier
- les mannes - les pêcheurs avaient soigneusement
lové une grande ligne avec des milliers d'hameçons
garnis, selon les saisons, de hareng, de capelan
ou d'encornet et après 1890 de bulot,
coquillage que l'on pêchait directement sur le banc.