Lois et règlements : l’essentiel
Comment
les projets de loi sont-ils rédigés?
Quel est le rôle de chacun dans la rédaction des projets de loi?
Les fonctionnaires ministériels
Qui sont-ils?
Cette appellation regroupe une bonne variété de fonctionnaires
appartenant au ministère responsable du projet de loi. Ces fonctionnaires
sont chargés, dans tel ou tel secteur de leur ministère, de
l'élaboration des objectifs qui donneront lieu au projet de loi. On les
appelle le plus souvent les « responsables de programmes ».
Connaissance du sujet
Les responsables de programmes maîtrisent bien les différents aspects
– organisationnels et opérationnels – du sujet traité. En
outre, leur connaissance des rouages de leur administration leur permettra
de bien guider les chargés de projet et les légistes, et d'adresser aux
personnes compétentes les questions auxquelles il leur est difficile de
répondre.
Ils devraient avoir facilement accès aux instances supérieures du
ministère; cela leur permettra d'obtenir rapidement soit des réponses,
soit des décisions sur les orientations, les objectifs ou les priorités.
En effet, de nombreuses questions se posent immanquablement en cours de
rédaction, qui nécessitent une intervention rapide.
Les conseillers juridiques ministériels
Qui sont-ils?
Chaque ministère ou organisme fédéral est doté d'un service
juridique formé de conseillers juridiques relevant du Secteur des
activités juridiques du ministère de la Justice.
Quel est leur rôle?
Les conseillers juridiques expliqueront le fonctionnement et les
impératifs de la filière législative. Ils informeront les intéressés
des contraintes de temps inhérentes au processus rédactionnel et
veilleront à ce que les instructions de rédaction soient formulées le
plus soigneusement possible.
Ils expliquent aux responsables du dossier les effets éventuels de
certaines dispositions sur le plan juridique, et amènent les responsables
du dossier à réorienter ou à rectifier celles qui sont susceptibles de
poser problème sur le plan juridique, notamment au regard de la Charte
canadienne des droits et libertés.
Par exemple, lorsqu'une disposition du projet de loi risque de porter
atteinte à des droits fondamentaux, il appartient aux conseillers
juridiques ministériels de sensibiliser les fonctionnaires à la
nécessité, en cas de contestation judiciaire, de démontrer le
caractère nécessaire et raisonnable, aux termes de l'article premier de
la Charte, des limites ainsi posées, et de colliger les justifications
voulues. Ils les assistent aussi dans la mise en œuvre du système
d'appui au Cabinet (voir Questions d’ordre constitutionnel et
système d’appui au Cabinet au chapitre 2.2).
Enfin, les conseillers juridiques sont bien placés pour rappeler
l'importance de constituer une équipe de chargés de projet qui connaisse
bien tous les éléments de la filière législative; le succès de
l'entreprise en dépend. Ils insisteront également sur la situation de
bilinguisme et de bijuridisme propre au Canada et sur les aspects dont il
faut tenir compte à cet égard pour obtenir un produit de qualité (voir Qu'est-ce
que la corédaction? dans ce chapitre).
Les chargés de projet
Qui sont-ils?
Le plus souvent, les chargés de projet sont les conseillers juridiques
du ministère de la Justice détachés auprès du ministère responsable
du projet de loi. Comme il s'agit d'un document juridique complexe, le
ministère a avantage à confier à ses juristes, qui connaissent bien les
domaines visés de même que les difficultés juridiques qu'ils peuvent
receler, le soin de formuler les instructions devant guider la rédaction
du projet et de commenter les deux versions des avant-projets successifs.
Par ailleurs, lorsque ce sont des fonctionnaires ministériels qui
agissent à titre de chargés de projet, ils doivent communiquer avec le
directeur du service juridique ministériel le plus tôt possible. Faute
de pouvoir lui-même se joindre à l'équipe des chargés de projet, le
directeur désignera des conseillers juridiques d'expérience qui, outre
leur capacité de s'exprimer dans les deux langues officielles,
connaissent bien le sujet à traiter.
Combien devrait-il y en avoir?
Le nombre des chargés de projet varie en fonction de la portée et de
la complexité de la mesure législative envisagée, mais, de façon
générale, devrait être restreint. Leur rôle consistant à communiquer
aux légistes les décisions arrêtées par le ministère parrain, les
réunions risquent, s'ils sont trop nombreux, de prendre l'allure de
discussions sur les orientations.
Il arrive par ailleurs que, en raison du sujet traité, un projet
intéresse plusieurs ministères, auquel cas chacun d'eux peut vouloir
désigner son propre chargé de projet.
Pourquoi devraient-ils être bilingues?
Les chargés de projet doivent être en mesure de travailler dans les
deux langues officielles. La Directive du Cabinet exige que les
projets de loi soient élaborés dans les deux langues officielles. Elle
exige aussi que les ministères parrains possèdent les connaissances et
habiletés nécessaires pour :
- donner des instructions dans les deux langues officielles;
- répondre aux questions des légistes dans les deux langues
officielles et à celles relatives aux deux systèmes juridiques en
place;
- procéder à l’appréciation critique des deux textes.
Nous verrons qu'une bonne connaissance du français et de l'anglais
chez les principaux intervenants facilite le travail des légistes. Le
projet de loi sera de meilleure qualité et pourra probablement être
obtenu dans de meilleurs délais.
Les légistes
Le travail des légistes de la Section de la législation consiste à
rendre en forme et en style législatifs les orientations de l'exécutif.
Les légistes sont des partenaires actifs des chargés de projet, partageant
avec eux la responsabilité d’assurer la mise en œuvre de ces
orientations au moyen du projet de loi.
Ils ont aussi pour rôle de veiller à la cohérence et à l'uniformité
des lois fédérales, ainsi qu'à leur équité, et ils doivent faire en
sorte qu'elles ne portent pas atteinte à la réputation du système
juridique. Chargés de la mise en œuvre d’un certain nombre de politiques
publiques et de principes juridiques, ils jouent un rôle de conseil auprès
des chargés de projet (voir Autres considérations d’ordre juridique
et politique au chapitre 2.2).
De la sorte, ayant à l'esprit l'efficacité globale du processus, les
légistes fourniront de précieux conseils aux fonctionnaires ministériels
sur les points suivants :
- les délais nécessaires à la rédaction et à l'impression du
projet de loi;
- l’efficacité des dispositions proposées pour atteindre les
objectifs visés;
- le choix d'une solution globale ou ponctuelle pour résoudre tel ou
tel problème;
- la forme que pourrait prendre les dispositions;
- l'insertion de certains types de dispositions dans le projet de loi
envisagé.
Comme ils sont plus détachés face aux objectifs et orientations,
les légistes pourront aider à mettre les choses en perspective. En
effet, il leur est généralement plus facile de trouver une
formulation que comprendront les parlementaires, les magistrats et le
public. Leur formation les pousse à rechercher la clarté et la
certitude dans l'expression de la règle de droit. Pour cela, ils
s'appuient notamment sur des conventions de rédaction adaptées à la
législation et tiennent compte des règles et principes
d'interprétation reconnus par les tribunaux.
La filière législative exige souvent une réaction rapide face
aux problèmes qui surviennent. Vu l’influence déterminante que
peuvent avoir les légistes sur les orientations, il importe de les
consulter au plus tôt dans ces circonstances. Il est plus difficile
d'infléchir les orientations en aval qu’en amont!
Les jurilinguistes
Les jurilinguistes de la Direction des services législatifs du
ministère de la Justice sont des spécialistes de la langue juridique dont
la mission fondamentale consiste à aider les rédacteurs législatifs à
exprimer la règle de droit de la meilleure façon possible. Ils veillent à
la qualité linguistique des textes législatifs, notamment en ce qui a
trait au style, à la terminologie et à la phraséologie propres à la
rédaction législative et aux sujets traités, et assurent la concordance
des versions française et anglaise des textes.
Les services des premiers jurilinguistes ont été retenus dans la
foulée de la mise en œuvre de la corédaction, en raison de l'état de
dépendance dans lequel le français avait été relégué pendant des
décennies. En effet, malgré la règle constitutionnelle voulant que la
version française et la version anglaise d'un texte législatif fassent
également autorité, des traductions hâtives avaient émaillé les textes
législatifs d'anglicismes étranges et de tournures boiteuses difficiles à
extirper. Les jurilinguistes se sont donc vu confier la mission d’assurer,
pour l’avenir, le caractère authentique et idiomatique de la version
française. Plus récemment, toutefois, avec l’essor des mouvements en
faveur de la lisibilité, le besoin d’un appui analogue pour la version
anglaise s’est fait jour. C’est dans ce contexte qu’a été créé, en
1998, le Service de jurilinguistique, formé de jurilinguistes travaillant
sous la direction du jurilinguiste en chef et conseiller législatif, lequel
relève du premier conseiller législatif.
Les jurilinguistes se tiennent au courant de l'évolution de la langue à
l’égard tant des sujets traités que du droit et de la législation et,
à la faveur des recherches qui s’imposent, conseillent les rédacteurs
dans le cadre de la révision systématique des textes législatifs ou à l’occasion
de demandes ponctuelles. Certes, leurs recommandations n'ont pas force
obligatoire et les rédacteurs restent maîtres de leur dossier; il n’en
reste pas moins que ce sont la justesse de leurs interventions et leur très
haute compétence qui ont amené une amélioration considérable de la
qualité des textes fédéraux.
Les réviseurs législatifs et paralégistes
Les réviseurs législatifs, du Service de révision et de publication de
textes législatifs de la Direction des services législatifs du ministère
de la Justice, fournissent un appui aux rédacteurs législatifs en
révisant les projets de loi et de règlement. Le Service est aussi
responsable de l'impression des lois fédérales et de la mise à jour des
lois et règlements fédéraux.
Les réviseurs législatifs assurent un service de révision aux
rédacteurs. Cette révision a pour but, d'une part, de corriger la
grammaire, l'orthographe et la syntaxe et, d'autre part, de veiller à
l'uniformité du langage, à la clarté et au style du texte et à
l'expression logique des notions qu'il comporte. En outre, les réviseurs
vérifient les formules d'encadrement, les renvois internes, les citations
historiques et les notes explicatives, veillent à la conformité des textes
aux modèles, à l'application des normes et conventions en matière de
rédaction législative et à la correction de la présentation des textes
législatifs. En outre, ils révisent les motions d'amendement des projets
de loi et vérifient la réimpression des projets par suite du dépôt du
rapport des comités parlementaires.
En plus d’exercer ces fonctions de révision, les paralégistes du
Service appuient les légistes de diverses autres façons, notamment en
rédigeant les modifications connexes et les notes explicatives de projets
de loi d’envergure.
Le Service est également chargé de superviser l'impression des projets
de loi avant leur dépôt au Parlement et des lois après leur sanction
royale. Les lois fédérales sont publiées dans leur version
« sanctionnée », dans la Gazette du Canada et dans le
recueil annuel. S'ajoute à ces publications la codification administrative
des Lois constitutionnelles de 1867 à 1982 et le Tableau des lois
d'intérêt public et des ministres responsables, ouvrage de référence
indispensable.
Enfin, le Service tient à jour l'ensemble des lois et règlements
fédéraux, avec index historiques des modifications, à titre d'outil de
travail pour la rédaction des projets de loi.
Comment
les dossiers sont-ils attribués ?
Le directeur de la Section de la législation attribue les
dossiers une fois que les mesures proposées par un ministère ont reçu
l'aval du Cabinet.
Chaque dossier est attribué à deux légistes : l'un est
responsable de la version française et l'autre, de la version anglaise.
Exceptionnellement, il arrive que plusieurs équipes de légistes se voient
confier le soin de rédiger certains projets de loi de grande envergure.
Le choix est déterminé notamment par :
- la charge de travail et l'expérience des légistes;
- la complexité, la nature et l'urgence du projet en cause.
Rappelons que si la Section de la législation n'encourage pas la
spécialisation par domaine ou par portefeuille, un légiste pourra se
voir attribuer un projet en raison de son expérience dans le domaine
ou dans un domaine connexe.
Comment
prévoir les délais de rédaction?
Il est une constante que les légistes déplorent : le manque de
temps dont ils disposent pour rédiger le projet de loi. Les échéanciers
de rédaction sont fonction des priorités établies par le leader du
gouvernement à la Chambre des communes, et approuvées par le Cabinet.
On oublie trop souvent qu'un projet de loi est un peu comme un
livre : une fois les grandes lignes arrêtées, il faut encore
l'écrire et le publier! Le temps requis pour la rédaction d'un projet de
loi varie en fonction de la nature et de la complexité du sujet traité, de
la qualité des instructions de rédaction et des commentaires reçus des
chargés de projet, ainsi que des impératifs politiques propres à sa
genèse. Mais il faut, dans tous les cas, allouer suffisamment de temps à
la phase rédactionnelle pour qu’un travail acceptable puisse être
accompli, faute de quoi la qualité du texte et son efficacité risquent
d'en souffrir.
La phase rédactionnelle d’un projet de loi prend fin avec l’impression
des diverses épreuves. Chacune s’intercale avec les révisions
effectuées par les légistes, les jurilinguistes, les réviseurs
législatifs et, bien sûr, les chargés de projet. Il importe de prendre en
compte le temps nécessaire à cette étape cruciale du processus. Il s’agit
en effet du contrôle de la qualité. Du texte, bien sûr, mais aussi de la
substance véhiculée par le texte. Ce n’est très souvent qu’à cette
étape que les organismes centraux (le Bureau du Conseil privé, le
Secrétariat du Conseil du Trésor, le ministère des Finances) peuvent
apprécier les détails de la mesure proposée.
Il n’est donc pas exagéré de planifier une période pouvant aller
jusqu’à trois semaines pour la phase dite « d’impression »
du projet. La facture officielle du texte a souvent pour effet de susciter
un examen plus poussé des détails de la proposition.
Avant de faire projections et promesses, les chargés de projet devraient
discuter avec les légistes de l'échéancier envisagé. Une fois
sensibilisés aux exigences de la rédaction législative, ils seront en
mesure de traiter de la question avec leur ministère de façon plus
réaliste. Il importe de ne pas sous-estimer les délais nécessaires pour
obtenir un texte correct et efficace.
Parmi les éléments dont il faut tenir compte, on retiendra :
- les priorités législatives du gouvernement;
- le calendrier parlementaire : http://www.parl.gc.ca/information/about/process/house/calendar/calpre-f.htm;
- le calendrier du ministère responsable du projet;
- la charge de travail des légistes;
- le travail de rédaction, pour le légistes, et de relecture, pour
le ministère parrain et les organismes centraux;
- le travail de relecture et de comparaison des deux versions;
- l'impression;
- le nombre de ministères intéressés;
- si le Cabinet a autorisé la tenue de consultations sur le texte du
projet, le temps requis pour celles-ci.
Pour toute question sur la priorité à donner à un projet de loi,
on consultera le directeur de la Section de la législation et le secrétaire adjoint du Cabinet (Législation et planification
parlementaire/Conseiller) qui pourront, de concert, en décider à la
lumière des éléments qui précèdent. L’approbation du leader du
gouvernement à la Chambre des communes est sollicitée au besoin.
Quand
commence la rédaction?
Le mémoire au Cabinet, confirmé par le rapport de décision, a pour
effet d'autoriser la Section de la législation à rédiger un projet de
loi. On peut donc dire que l'obtention de cette décision constitue le
préalable à l'intervention des légistes.
Il faut préciser que les circonstances font parfois que les légistes
commenceront à rédiger avant cette étape. Le leader du gouvernement à la
Chambre des communes peut en effet autoriser l’affectation de légistes
avant l’approbation du mémoire au Cabinet. Le ministère parrain doit
contacter le Secrétaire adjoint du Cabinet (Législation et planification
parlementaire/Conseiller), qui consulte alors le directeur de la Section de
la législation.
Corédaction
Qu’est-ce que la
corédaction?
La technique de rédaction des projets de loi utilisée à la Section de
la législation est ainsi désignée car elle se caractérise par la
rédaction conjointe du projet de loi par une équipe de deux légistes,
l'un, généralement civiliste, étant responsable de la version française
et l'autre, généralement formé en common law, responsable de la version
anglaise. Cette technique vise à assurer la qualité rédactionnelle des
deux versions et la prise en compte des deux systèmes juridiques canadiens,
le droit civil et la common law.
Historique de la
corédaction
Suivant l'article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867, les
lois fédérales doivent, sous peine d'inconstitutionnalité, être
adoptées, publiées et imprimées simultanément en français et en
anglais.
Il faut par ailleurs se rappeler que, les deux versions étant d'égale
valeur, les tribunaux interpréteront et appliqueront chacune d'elles, d'où
l'importance de s'assurer que toutes deux sont le reflet fidèle des
intentions gouvernementales.
En 1976, en raison de critiques sévères formulées par le commissaire
aux langues officielles, le ministère a mis sur pied un groupe de travail
dont la tâche consistait à proposer une méthode propre à respecter
l'égalité du français et de l'anglais tout au long de la filière
législative afin de remettre au gouvernement des projets de loi de la plus
haute qualité possible. Après avoir constaté qu'il n'y avait pas de
solution magique, le comité a recommandé la corédaction, méthode
originale que d'autres pays ont adoptée depuis.
La corédaction est une technique de rédaction en contexte de
bilinguisme maintenant bien ancrée au fédéral et qui a depuis longtemps
fait preuve de son efficacité. Elle permet en effet de refléter le statut
d'égalité des deux langues officielles consacré par la Loi sur les
langues officielles, puis par la Charte canadienne des droits et
libertés (voir le chapitre 1.2 : Cadre juridique de l’intervention
législative).
But de la
corédaction
Le but de la corédaction est de permettre la production, moyennant une
étroite et constante collaboration entre les deux légistes, des projets de
loi en deux versions originales et autonomes. Chacune reflète
l'intégralité des instructions ministérielles, dans le plus grand respect
des règles propres au génie de la langue dans laquelle elle est rédigée,
ainsi que de la réalité bijuridique canadienne.
En corédaction, aucune des deux versions n'est la traduction de l'autre.
Le texte de départ n'est pas, contrairement à ce qui se passe en
traduction « classique », immuable : chaque corédacteur
amène son collègue à modifier et à améliorer son texte.
Les deux versions comportent les mêmes titres et rubriques, les mêmes
articles et les mêmes paragraphes. Bien qu’il ne soit pas nécessaire que
les alinéas et autres sous-divisions de chaque version soient parallèles,
on favorise l’équivalence structurelle des deux versions de façon à en
faciliter la lecture.
Fonctionnement de la
corédaction
Le principal atout de la corédaction est que chaque projet de loi est
soigneusement pensé et rédigé par deux légistes d'expérience au lieu
d'un seul. Les deux légistes doivent, du début à la fin du processus,
collaborer très étroitement, de sorte que le projet ne peut qu'y gagner en
qualité. L’un des légistes coordonne l'ensemble des activités liées à
la préparation du projet de loi, mais il n'est pas l'unique responsable du
dossier.
Quelle
est la portée de l'énoncé de décision sur la rédaction?
Les instructions rédactionnelles du mémoire au Cabinet constituent à
la fois le fondement et le cadre du projet de loi. Elles doivent donc être
assez larges pour que les légistes puissent donner suite aux objectifs
exprimés et fournir le détail de la mesure législative (voir
Élaboration des instructions de rédaction au chapitre 2.2).
Il arrive que surgissent, en cours de rédaction, des difficultés que le
Cabinet n'avait pas prévues au moment d’approuver les instructions de
rédaction. On doit alors consulter le Secrétariat à la législation et à
la planification parlementaire et tout autre secrétariat compétent du BCP
afin de vérifier si les changements qui pourraient en résulter doivent
être soumis à l'approbation du Cabinet.
S’agissant d’amendements qui ont des répercussions sur les
orientations et objectifs approuvés par le Cabinet ou qui soulèvent des
questions d’orientation générale dont celui-ci n’a pas été saisi, il
y a lieu de reprendre les étapes suivies pour le projet de loi
original : présentation d’un mémoire au Cabinet, étude par le
comité d’orientation initialement saisi, et agrément du Cabinet.
Les amendements importants peuvent toutefois, en cas d’urgence, être
directement soumis à l’approbation du premier ministre et du président
du comité d’orientation compétent du Cabinet, ainsi qu’à celle des
autres ministres concernés.
Comment
les instructions sont-elles données?
Qui donne les
instructions rédactionnelles détaillées aux légistes?
Il incombe aux chargés de projet de fournir aux légistes les
instructions dont ils auront besoin pour mettre au point, sur la base des
grandes lignes contenues dans la décision du Cabinet, un texte qui se
tienne juridiquement et qui permette de donner effet aux propositions que le
ministère parrain a fait approuver par le Cabinet.
Ces instructions sont d'autant plus importantes que celles annexées au
mémoire au Cabinet sont normalement, en dépit du soin qu'on a pu mettre à
les rédiger, trop générales pour suffire à la tâche (voir Élaboration
des instructions de rédaction au chapitre 2.2).
Quel est leur but?
Non seulement les instructions sont un outil indispensable pour le
légiste, mais elles fournissent au ministère parrain l'occasion de bien
réfléchir aux propositions qu'il souhaite mettre en place et de produire
un ensemble cohérent de mesures à prendre pour y parvenir.
Que
contiennent-elles?
Les instructions comportent des renseignements complets et détaillés,
avec documents à l'appui, portant notamment sur les points suivants :
- le contexte des mesures envisagées;
- les problèmes à régler et les solutions proposées;
- les objectifs précis du ministère responsable, ainsi que leurs
modalités de mise en œuvre;
- les mesures réglementaires envisagées;
- les modifications à apporter à d'autres lois;
- les modèles législatifs pertinents;
- les difficultés d'ordre juridique qui se posent;
- la façon de traiter les manquements à la loi;
- les mesures transitoires à prendre pour faciliter la mise en place
des nouveaux mécanismes envisagés.
La qualité des instructions de rédaction déterminera dans une
large mesure le respect de l'échéancier fixé pour la réalisation
du projet, ainsi que la qualité du texte de loi qui en résultera.
C'est pourquoi il est important de les assujettir à un certain nombre
de règles.
Les instructions seront le plus complètes possible. Elles feront
état des orientations et décisions ministérielles bien arrêtées,
à l'exclusion de toute forme de velléité ou de spéculation plus ou
moins définie. Elles n'ont pas à comporter tous les détails qui
pourraient s'avérer pertinents par la suite; ceux-ci pourront être
mis au point à l'occasion des échanges qui auront lieu dans le cadre
de l'examen des ébauches successives.
Comment les
présenter?
Sur le plan de la forme, pourvu qu'elles soient claires et concises, les
instructions ne sont assujetties à aucune règle de présentation
particulière.
Dans le cas d'un projet de loi long et complexe, les premières
instructions sont communiquées aux légistes par écrit. Par la suite,
elles peuvent leur être transmises de vive voix à l'occasion des
rencontres de travail destinées à mettre au point la teneur du texte de
loi envisagé.
Peuvent-elles prendre
la forme d'un avant-projet de loi?
En règle générale, il est à déconseiller de remettre aux légistes
des instructions de rédaction sous forme d'avant-projet de loi. Loin
d'accélérer le processus, cette façon de faire risque fort de l'alourdir.
En effet, les légistes devront d’abord interpréter le texte fourni pour
en extraire les orientations avant de commencer à concevoir leur propre
texte. Le rôle du chargé de projet consiste à communiquer clairement les
orientations et objectifs poursuivis aux légistes. La meilleure façon de
ce faire est de communiquer simplement, sans la forme législative.
À la demande des légistes, toutefois, le chargé de projet pourra à l’occasion
fournir des modèles législatifs tirés de lois existantes lorsqu'il
souhaite obtenir un effet juridique comparable. Dans la mesure où les
légistes sont clairement instruits des orientations proposées, le
repérage de ces modèles pourra contribuer à faciliter, en cours de
rédaction, l’arrimage du projet de loi à l’ensemble du corpus
législatif. Il faudra toutefois faire preuve de prudence. Rares sont les
modèles qu’on peut importer dans un nouveau cadre législatif sans
adaptation.
Qu'est-ce
que la navette rédactionnelle?
Les rencontres de
travail
Le premier légiste au dossier, après consultation de son collègue,
convoque les rencontres de travail.
Qui participe aux
rencontres de travail?
Les deux légistes participent à toutes les réunions. Y participent
aussi les chargés de projet et, au besoin, d'autres fonctionnaires du
ministère parrain.
Il est indispensable que les deux légistes participent aux discussions
au cours desquelles seront exposés et expliqués, avec tout le détail
voulu, les positions et points de vue du ministère parrain, de même que
les problèmes et situations auxquels le projet de loi est censé apporter
des solutions.
Préparation des
rencontres de travail
Avant chaque rencontre, les fonctionnaires ministériels et, en
particulier, les conseillers juridiques étudient les deux versions de
l'ébauche, pour s'assurer que toutes deux sont bien conformes aux
orientations arrêtées par leur ministère et avalisées par le Cabinet, et
pour repérer tout problème d'ordre juridique ou autre qu'elles pourraient
comporter. Ils prennent le temps de consulter leurs commettants à cet
égard.
Les fonctionnaires ministériels ne doivent surtout pas commettre
l'erreur de limiter leur examen à une seule version, en tenant pour acquis
que la seconde en sera nécessairement le reflet exact (voir Corédaction
au présent chapitre). Chacune doit donc être examinée soigneusement par
le ministère parrain, qui devra s'assurer que ses orientations et objectifs
sont bien rendus dans les deux langues.
Il est important de garder à l'esprit que, en cas de contestation
judiciaire, les tribunaux appliquent et interprètent également les deux
versions des textes de loi fédéraux. D'où l'importance de bien s'assurer
qu'elles sont toutes deux le reflet fidèle des intentions gouvernementales.
Les légistes encouragent les chargés de projet à être critiques dans
leur examen des ébauches qu'ils leur soumettent. Il s'agit de construire,
avec l'apport de chacun des intervenants, un texte qui répondra aux besoins
du gouvernement et correspondra aux orientations approuvées par le Cabinet.
Déroulement des
rencontres de
travail
Les légistes posent toutes les questions qu'ils estiment utiles à
leur bonne compréhension des principes et objectifs du projet de loi. Les
réponses des chargés de projet préciseront l'intention du ministère et
permettront aux légistes de proposer soit des solutions de rechange, soit
des solutions plus simples ou plus compatibles avec la législation
fédérale existante.
Les réunions se déroulent dans les deux langues officielles. Les
chargés de projet doivent donc fournir leurs instructions et
commentaires, ainsi que toute documentation pertinente, en français et en
anglais. De même, les légistes posent leurs questions ou formulent leurs
commentaires dans la langue de leur choix. Le caractère bilingue des
réunions ne pose d'ailleurs aucun problème lorsque le choix des
fonctionnaires ministériels a été fait sérieusement et judicieusement.
Préparation des
ébauches
Les deux légistes se consultent, après chaque réunion, pour se mettre
d'accord sur la meilleure façon de donner suite aux instructions. Ils
consultent les jurilinguistes de façon ponctuelle sur des questions
terminologiques, syntaxiques ou autres. Vers la fin du processus
rédactionnel, ils soumettent leur texte aux jurilinguistes, de même qu’aux
réviseurs législatifs, qui leur feront de nombreux commentaires et
suggestions visant à améliorer le texte sur les plans de la grammaire, de
la syntaxe, du style, de l'agencement des dispositions, de leur cohérence,
etc.
Les deux légistes pourront également consulter les autres sections et
secteurs du ministère de la Justice, afin de vérifier certains points de
droit qui peuvent survenir en cours de rédaction.
La navette
rédactionnelle
À la lumière du consensus dégagé à la réunion ou des observations
formulées sur la dernière ébauche, et sous réserve de leurs autres
priorités, les légistes préparent une ébauche.
Les deux versions de chaque ébauche sont expédiées simultanément aux
chargés de projet.
Puis, il y aura d'autres rencontres et d'autres ébauches, autant qu'il
en faudra pour permettre la production d'un texte qui satisfasse tous les
intervenants et en particulier le ministre responsable.
Quelles
sont les règles de confidentialité à respecter quant aux avant-projets?
L'avant-projet de loi est un document confidentiel du Conseil privé de
la reine pour le Canada et, à ce titre, il est protégé par l'article 69
de la Loi sur l'accès à l'information et l'article 39 de la Loi
sur la preuve au Canada. Il est généralement coté secret et doit en
conséquence faire l'objet des précautions qui s'imposent. Ainsi, il ne
peut être montré à une personne ne faisant pas partie de la fonction
publique fédérale sans l'autorisation préalable du Cabinet, laquelle
pourra être demandée dans le mémoire au Cabinet.
Sommaire
Le ministère parrain est tenu de préparer un sommaire du projet de loi,
qui vise à faciliter la compréhension du texte par les parlementaires et
le public. Le sommaire figurera en regard du texte de loi (page 1a), une
fois celui-ci adopté.
Il s’agit d’un résumé clair, factuel et impartial de l'objet du
projet de loi et de ses principales dispositions. Il ne doit contenir aucune
mention des décisions du Cabinet, des rapports de décision ou de quelque
autre renseignement confidentiel du Cabinet.
Rédigé en anglais et en français, sa longueur doit être
proportionnelle à la longueur du projet de loi et ne doit pas, en règle
générale, dépasser deux pages dactylographiées à simple interligne dans
chaque langue.
Le ministère parrain doit le faire parvenir aux légistes au moins une
semaine avant l’impression de la première épreuve du projet de loi (si
possible sur support électronique).
Comme il figurera dans les lois publiées, sa rédaction ne devrait pas
appeler de changements une fois le projet de loi adopté; on utilisera
l'indicatif présent et le terme « texte » sera préféré à
« projet » ou « loi ».
Notes
explicatives
Les notes explicatives, de nature plus technique que le sommaire, donnent
le détail des modifications apportées aux lois existantes par le projet de
loi. Ce sont les légistes qui les rédigent. Elles figurent à la suite du
sommaire, mais seulement pour la première lecture. Elles donnent notamment
le texte original des dispositions abrogées ou modifiées en regard du
texte du projet de loi.
Impression
et diffusion des avant-projets de loi
Introduction
Le texte qui suit traite de l'impression des avant-projets de loi dans
leur forme finale pour dépôt devant le Parlement. On y discute également
de la manière dont les imprimés sont diffusés et à qui ils sont
destinés. Ce processus, qui se distingue de la production et de la
diffusion des sorties imprimées d'ébauches par les légistes eux-mêmes,
intervient au moment où ceux-ci et les chargés de projet sont d'avis que
le texte ne demandera plus de modifications importantes. Les légistes font
alors donner des instructions à l’imprimeur, St-Joseph Ottawa-Hull, pour
que débute l'impression du projet de loi.
Demandes de diffusion
des projets de loi du gouvernement
Les avant-projets de loi émanant du gouvernement sont cotés
« SECRET ». C'est pourquoi le texte d'un avant-projet de loi ne
sera communiqué qu’à la Section de la législation, au Secrétariat de
la législation et de la planification parlementaire/Conseiller du Bureau du
Conseil privé, au chargé de projet du ministère ou de l'organisme
responsable, ou aux personnes que le chargé de projet désigne (voir Quelles
sont les règles de confidentialité à respecter quant aux avant-projet?).
Les demandes de renseignements provenant d'autres sources devraient être
transmises au chargé de projet pour qu'il en décide.
Processus
d'impression
Normalement, le projet de loi est imprimé à trois reprises avant
d'être soumis à l’examen du leader du gouvernement à la Chambre des
communes, qui décide s’il y a lieu d’en approuver le dépôt. Les
versions imprimées qui suivent la première épreuve sont appelées
épreuves révisées. L'épreuve qu'on fait parvenir au leader du
gouvernement à la Chambre des communes pour examen est appelée épreuve
pour examen. La version imprimée finale est appelée épreuve en bon à
tirer. Si le projet de loi est imprimé à nouveau avant le dépôt, il est
appelé épreuve en bon à tirer révisée.
L'épreuve pour examen doit parvenir au Secrétariat de la législation
et de la planification parlementaire/Conseiller au plus tard dix jours avant
la date prévue pour son examen par le leader du gouvernement à la Chambre
des communes. Des exceptions à cette règle seront faites dans des
circonstances exceptionnelles. Une fois que le leader du gouvernement a
examiné le projet de loi, celui-ci peut être imprimé en bon à tirer.
Aucune modification ne peut être apportée au texte, à l’exception de
celles requises par le leader du gouvernement.
St-Joseph Ottawa-Hull se charge de l'impression de tous les avant-projets
de loi. C'est le directeur de la Section de la législation qui
signe la demande d'impression quand les légistes du projet de loi estiment,
de concert avec le chargé de projet, qu'il est temps d'y procéder. Le
projet est imprimé à partir des données électroniques transmises par les
légistes au service informatique de la Direction des services législatifs.
Les données sont codées et vérifiées par le service informatique avant
d'être transmises à St-Joseph Ottawa-Hull aux fins de photocomposition et
d'impression des épreuves. Pour les impressions subséquentes, les
modifications aux données sont saisies par le service informatique à
partir d'une copie papier, préparée par les réviseurs législatifs
responsables du projet de loi d'après les instructions des légistes. Les
données sont ensuite retransmises à St-Joseph Ottawa-Hull pour impression.
Arrangements
particuliers
Si le ministère parrain désire obtenir des exemplaires supplémentaires
ou prendre ses exemplaires directement chez l'imprimeur – spécialement
dans le cas où un projet de loi est imprimé un vendredi soir et que le
ministère souhaite obtenir ses exemplaires le samedi matin – - il
doit en faire part aux légistes, qui voient à ce que les arrangements
nécessaires soient pris.
Modification des
épreuves
La copie de référence est conservée au Bureau du réviseur législatif
en chef qui veille à la relecture des épreuves modifiées. Elle fait foi
en cas de doute ou de désaccord quant aux changements apportés au projet
de loi.
Après l'impression, des modifications peuvent être faites à la main
sur un exemplaire du projet de loi ou, lorsque la modification consiste dans
un ajout assez long, au moyen de « béquets ». Un béquet est
une languette de papier portant le texte à ajouter et que l'on insère à
l'endroit voulu sur la copie de référence.
Les copies de référence successives sont versées dans les dossiers du
Bureau du réviseur législatif en chef et ne peuvent être empruntées
qu'avec la permission de ce dernier ou d'un membre de son personnel.
Une fois l'avant-projet de loi imprimé en bon à tirer, il est possible
d'y apporter des modifications mineures -
et essentielles - tant que
l'exemplaire qui sera déposé devant le Parlement n'a pas encore été
signé par le leader du gouvernement à la Chambre des communes. Elles sont
transmises par les réviseurs législatifs au Secrétariat de la
législation et de la planification parlementaire/Conseiller et au Service
législatif de la Chambre des communes, qui veilleront à ce que les
modifications apportées à l'exemplaire signé soient intégrées au texte
lors de l'impression qui suit la première lecture.
Quelles sont les
étapes normales à chaque impression?
Voici un aperçu des étapes de l'impression et des délais normalement
nécessaires pour chacune. Ceux-ci ne sont donnés qu'à titre indicatif et
sont souvent écourtés ou prolongés selon les circonstances.
Première épreuve et
épreuve révisée
Les instructions concernant la lettre de demande d'impression devraient
être transmises avant midi. Tous les documents (projet de loi, table
analytique, notes explicatives), sur support WordPerfect en français et
en anglais, doivent être transmis au service informatique au plus tard à
midi. Les épreuves seront imprimées au cours de la nuit et distribuées
le jour ouvrable suivant.
Épreuve pour examen
Cette impression devrait être considérée comme la dernière occasion
d'apporter des modifications avant le dépôt au Parlement, à l'exception
de celles qui font suite à l'examen du leader du gouvernement à la
Chambre des communes.
Les instructions concernant la lettre de demande d'impression devraient
être transmises avant midi. Toutes les corrections et autres
modifications, en français et en anglais, doivent parvenir aux réviseurs
législatifs le même jour avant 13 heures. Ces derniers apportent les
corrections et modifications et transmettent la copie de référence au
service informatique. Les nouvelles épreuves seront prêtes le jour
ouvrable qui suit la saisie des corrections. Cette étape doit avoir lieu
au plus tard le vendredi de la semaine avant celle qui précède la
réunion au cours de laquelle le Cabinet examinera le projet de loi. Le
Secrétariat de la législation et de la planification
parlementaire/Conseiller peut accepter de déroger à cette exigence dans
des circonstances exceptionnelles.
Épreuves en bon à
tirer et révisions éventuelles
Il s’agit de l’épreuve qui sera déposée au Parlement. Les
instructions concernant la lettre de demande d'impression devraient être
transmises avant midi. Toutes les corrections et autres modifications, en
français et en anglais, doivent parvenir aux réviseurs législatifs le
même jour avant 13 heures. Ces derniers apportent les corrections et
modifications et transmettent la copie de référence au service
informatique. Les nouvelles épreuves seront prêtes le jour ouvrable qui
suit la saisie des corrections.
Quels sont les
délais d'impression?
Il importe de tenir compte des délais nécessaires à l'impression d'un
projet de loi pour fixer le moment où celui-ci sera soumis à l'examen du
leader du gouvernement à la Chambre des communes en vue de la délégation
de pouvoir aux fins de dépôt.
Il est à noter que ces délais peuvent varier en fonction de divers
facteurs :
- Le calendrier est établi en fonction d'un projet de loi moyen (50
pages ou moins); un projet de loi plus long demandera
vraisemblablement plus de temps.
- Le temps nécessaire est proportionnel à l'importance des
modifications apportées au projet de loi entre les différentes
impressions.
- Un ordre de priorité doit être établi par le directeur de la Section de
la législation, en consultation avec le
Secrétariat de la législation et de la planification
parlementaire/Conseiller, si plusieurs projets de loi sont traités et
imprimés le même jour. Cela peut avoir pour effet de retarder
l'impression de quelques projets de loi de moindre priorité.
- Le projet de loi qui comporte des textes de format inhabituel
(annexes avec tableaux, formules mathématiques, etc.) nécessite
généralement davantage de temps.
Calendrier type
Voici un exemple du calendrier normal d'impression et de révision d'un
projet de loi. À chaque étape correspond une lettre, dont l'explication
se trouve sous le tableau.
DIM |
LUN |
MAR |
MER |
JEU |
VEN |
SAM |
1 |
2 |
3 |
4 |
5
A |
6
B |
7 |
8 |
9 |
10 |
11 |
12
C |
13
D |
14 |
15 |
16 |
17 |
18 |
19 |
20
E |
21 |
22 |
23
F |
24
G/H |
25 |
26
I |
27 |
28 |
A Première impression : Les légistes avisent le directeur de
la Section de la législation avant midi, et
transmettent tous les documents en français et en anglais au service
informatique pour midi.
B Les premières épreuves sont livrées au Service de révision
législative au début de la matinée du lendemain et distribuées à
la Section de la législation. Le ministère parrain, les légistes,
les réviseurs législatifs ainsi que les jurilinguistes disposent de
cinq jours ouvrables pour les examiner.
C Épreuves pour examen : Les légistes avisent le directeur
de la Section de la législation avant midi et
transmettent les corrections en français et en anglais au Service de
révision législative avant 13 heures. Les réviseurs législatifs
marquent la copie de référence au cours de l'après-midi. Le service
informatique procède à la saisie des corrections en soirée et
transmet les données électroniques à l'imprimeur.
D Les épreuves pour examen sont livrées en début de matinée le
lendemain au Bureau du Conseil privé et au Service de révision
législative en vue de sa distribution à la Section de la
législation.
E Impression en bon à tirer : Les légistes avisent le
directeur de la Section de la législation avant midi et
transmettent les corrections en français et en anglais aux réviseurs
législatifs avant 13 heures. Ceux-ci marquent la copie de référence
au cours de l'après-midi. Le service informatique procède à la
saisie des corrections en soirée et transmet les données
électroniques à l'imprimeur. Cette impression peut avoir lieu
jusqu'au lundi précédant la réunion du Cabinet. Tout dépendra du
moment auquel le projet de loi sera examiné par le leader du
gouvernement à la Chambre des communes.
F Les épreuves en bon à tirer sont livrées au début de la
matinée du lendemain au Bureau du Conseil privé et au Service de
révision législative en vue de sa distribution à la Section de la
législation.
G Réunion du Cabinet.
H Préavis de dépôt de quarante-huit heures publié dans le Feuilleton
des avis de la Chambre des communes (dépôt à la Chambre des
communes seulement).
I Dépôt du projet au Parlement.
Impression de
variantes
Sauf dans les cas d'extrême urgence (par exemple un projet de loi de
retour au travail), on ne devrait faire imprimer qu'une seule version d'un
projet de loi, rédigée conformément au rapport de la décision du
Cabinet. S'il y a lieu d'établir des variantes, celles-ci devraient être
présentées sous forme d'imprimé d'ordinateur seulement. Il importe en
effet d'éviter que la mauvaise ébauche soit déposée.
Nombre et diffusion
des exemplaires d'un projet de loi
Le Bureau du Conseil privé et le ministère de la Justice obtiennent un
nombre prédéterminé d’exemplaires. Le ministère parrain en obtient 10,
à moins d'avoir demandé au préalable des exemplaires supplémentaires. La
diffusion des exemplaires se fait généralement comme suit :
- 39 exemplaires des premières épreuves et des épreuves
révisées :
- 20 exemplaires pour le ministère de la Justice,
- 9 pour le Bureau du Conseil privé,
- 10 pour le ministère parrain;
- 48 exemplaires des épreuves pour examen :
- 20 exemplaires pour le ministère de la Justice,
- 18 pour le Bureau du Conseil privé,
- 10 pour le ministère parrain;
- 98 exemplaires des épreuves en bon à tirer et des épreuves en bon
à tirer révisées :
- 20 exemplaires pour le ministère de la Justice,
- 66 pour le Bureau du Conseil privé,
- 10 pour le ministère parrain,
- 2 pour le Bureau du légiste et conseiller parlementaire de la
Chambre des communes (même lorsque le projet de loi est déposé au
Sénat).
Les projets de loi sont imprimés et diffusés conformément aux
directives énoncées dans la lettre de demande d'impression pour
chaque impression.
Tous les exemplaires destinés au ministère de la Justice, ainsi
que ceux destinés au ministère parrain (à moins que la lettre de
demande d'impression ne précise que le ministère parrain viendra
prendre lui-même ses exemplaires), sont livrés au Bureau du
réviseur législatif en chef, qui se charge de la diffusion interne.
Il incombe au premier légiste de transmettre au ministère parrain
les exemplaires qui lui sont destinés.
Frais d'impression
Le ministère responsable du projet de loi assume les frais d'impression
jusqu'au dépôt au Parlement, ainsi que ceux des exemplaires qu'il peut
souhaiter obtenir postérieurement au dépôt.
St-Joseph Ottawa-Hull demande actuellement des frais de photocomposition
de 8,50 $ la page pour une première épreuve, une épreuve révisée
ou une épreuve pour examen, et 10,50 $ la page pour une épreuve en
bon à tirer. Les frais de reproduction sont de 0,06 $ la page. On
utilise la formule ci-après pour obtenir une estimation des frais
d'impression :
(frais de photocomposition) = 8,50 $* X (nombre de pages imprimées)
(frais de reproduction) = 0,06 $ X (nombre d'exemplaires) X (nombre
de pages imprimées)
* 10,50 $ pour une épreuve en bon à tirer ou une épreuve en
bon à tirer révisée.
TOTAL DES FRAIS = (frais de photocomposition) + (frais de reproduction)
Ainsi, voici le calcul des frais à payer pour obtenir 32 exemplaires
d'un projet de loi de 20 pages :
(8,50 $ x 20) + (20 x 0,06 $ x 32) = 208,40 $ (pour une
première épreuve, une épreuve révisée ou une épreuve pour examen)
(10,50 $ x 20) + (20 x 0,06 $ x 32) = 248,40 $ (pour une
épreuve en bon à tirer).
Impression et
réimpression des projets de loi déposés devant le Parlement
Une fois le projet de loi déposé au Sénat ou à la Chambre des
communes, les impressions successives sont faites à l’instigation du
Bureau du légiste et conseiller parlementaire de la Chambre des communes ou
du Sénat, selon le cas.
Comment se procurer
des exemplaires après dépôt?
Une fois qu'un projet de loi a été déposé au Parlement, un nombre
limité d’exemplaires du projet de loi parviennent aux sénateurs, aux
ministres et aux autres députés.
On peut le consulter sur Internet à http://www.parl.gc.ca/common/bills.asp?Language=F&Parl=37&Ses=1
ou en obtenir des exemplaires auprès des Éditions du gouvernement du
Canada (45, boulevard Sacré-Cœur, Hull (Québec) K1A 0S9, (613) 956-4800)
à condition de les avoir commandés à l'avance.
Des exemplaires peuvent également être obtenus de Lowe-Martin Group,
363, chemin Coventry, Ottawa (Ontario) K1K 2C5, (613) 741-0962, à condition
d'avoir été commandés avant l'impression du projet de loi.
Les projets de loi sont également en vente chez les distributeurs de
publications administratives.
Activités
et résultats liés à la rédaction et à l’approbation des projets de loi
Le tableau qui suit illustre les étapes que doit franchir l’équipe
responsable de la rédaction d’un projet de loi et de sa soumission à
l'approbation du Cabinet. En regard de chaque étape figurent les
activités et résultats correspondants.
Tout au long de ces étapes, les chargés de projet demeurent en
contact avec le personnel du Secrétariat de la législation et de la
planification parlementaire/Conseiller (SL&PP/C) du Bureau du
Conseil privé afin de les tenir informés des progrès de la rédaction
et du moment où le projet de loi sera prêt pour examen par le leader
du gouvernement à la Chambre des communes.
Étape |
Activités et résultats |
Affectation de légistes à la rédaction du projet de loi |
Une fois le mémoire au Cabinet approuvé, le directeur de la Section
de la législation désigne les légistes de la Section de
la législation du ministère de la Justice qui seront chargés de
rédiger le projet de loi dans chacune des langues officielles. Toutefois,
le leader du gouvernement à la Chambre des communes peut autoriser l’affectation
de légistes avant l’approbation du mémoire au Cabinet. Il ne donne
cette autorisation qu’après avoir consulté le secrétaire adjoint du
Cabinet (Législation et planification parlementaire/Conseiller), lequel
doit être contacté en tout premier lieu. Celui-ci consulte, à son tour,
le directeur de la Section de la législation. |
Établissement d’un échéancier pour la rédaction et le dépôt |
Suivant les paramètres fixés par le programme législatif du
gouvernement, les chargés de projet et les légistes, de concert avec le
Secrétariat de la législation et de la planification
parlementaire/Conseiller (SL&PP/C) du Bureau du Conseil privé (BCP),
établissent un échéancier pour la rédaction du projet de loi, ainsi qu’une
date cible pour la soumission de l’avant-projet de loi à l’approbation
du Cabinet. L’échéancier est révisé au besoin. |
Instructions de rédaction détaillées |
Les instructions de rédaction figurent dans le rapport de décision du
Cabinet autorisant la rédaction du projet de loi. Elles sont ensuite
complétées soit par écrit, soit verbalement, dans le cadre de réunions
des légistes et des chargés de projet. |
Aspects financiers |
Les aspects financiers du projet devraient être pris en compte au plus
tôt dans le processus rédactionnel afin de déterminer la nécessité de
la recommandation royale (dépenses publiques) ou d'une motion de voies et
moyens (mesures fiscales), de sorte que les légistes puissent en aviser
le SL&PP/C. Le ministère des Finances doit être consulté s’il
semble qu’une motion de voies et moyens est nécessaire. |
Examen et révision des ébauches successives |
Les légistes rédigent des ébauches qui sont examinées par les
chargés de projet et les autres fonctionnaires intéressés. Ils
informent le SL&PP/C de l’avancement des travaux au moyen du rapport
hebdomadaire que la Section de la législation dresse à son intention. Ce
rapport indique également, le cas échéant, la nécessité de la
recommandation royale. |
Révision jurilinguistique |
Une fois que les principaux éléments du texte ont été mis en place,
le projet est soumis à l'examen des jurilinguistes en ce qui a trait à
la terminologie, à la phraséologie, au style et à l'agencement des
idées. |
Révision rédactionnelle des avant-projets de loi |
Lorsque la rédaction de l’avant-projet de loi est presque achevée,
celui-ci est révisé par les réviseurs législatifs de la Direction des
services législatifs. |
Comparaison des deux versions de l’avant-projet de loi par le Service
de jurilinguistique |
Lorsque la rédaction de l’avant-projet de loi est presque achevée,
un jurilinguiste de la Direction des services législatifs contrôle la
concordance de sens et la qualité linguistique des deux versions. |
Consultations |
Il arrive que le ministère parrain veuille consulter d’autres
ministères intéressés au sujet de l’avant-projet de loi. Si le
Cabinet l’a autorisé, des consultations peuvent également être faites
auprès d'intervenants du secteur privé. |
Ébauche finale avant l’impression |
Sur l’avis des légistes, le directeur de la Section de la
législation détermine quand la rédaction du projet est suffisamment
avancée pour en ordonner l’impression. |
Envoi de l’ébauche finale au SL&PP/C |
Les chargés de projet sont responsables de faire parvenir cette
ébauche au SL&PP/C avant l’impression de la première épreuve. |
Impression de l’avant-projet de loi |
En règle générale, les avant-projets de loi sont imprimés à trois
reprises (première épreuve, épreuve pour examen et épreuve en bon à
tirer). St-Joseph Ottawa-Hull se charge de l’impression, qui s’effectue
généralement la nuit. Les épreuves sont revues par les chargés de
projet, les légistes, les réviseurs législatifs et le BCP. Les chargés
de projet apportent tout complément nécessaire au chapitre des
instructions. |
Sommaire du projet de loi |
Il incombe aux fonctionnaires responsables du programme visé de
rédiger un court texte bilingue résumant l’objet du projet de loi. Le
sommaire est revu par les légistes, puis ajouté au projet de loi à
réimprimer. |
Recommandation royale |
Lorsque le projet de loi est envoyé pour impression en bon à tirer,
le directeur de la Section de la législation fait parvenir une
lettre au SL&PP/C indiquant que le projet de loi exige (ou non) une
recommandation royale. Le cas échéant, il précise les dispositions du
projet de loi justifiant cette exigence. |
Approbation du projet de loi au sein du ministère |
Avant d’être soumis à l’approbation du Cabinet, l’avant-projet
de loi doit recevoir certaines autres approbations.
Le projet et le plan législatif, y compris la stratégie de
communication, sont soumis ensemble à l’approbation du ministre.
Le service des communications rédige aussi les discours, les
communiqués de presse et les notes documentaires.
Une fois l’approbation du ministre obtenue, les fonctionnaires de son
cabinet en informent le SL&PP/C. |
Préparation des trousses d’information |
L’équipe responsable du projet prépare une trousse d’information
à l’intention du ministre, du secrétaire parlementaire et du sénateur
qui parrainent le projet de loi. Des exemplaires sont aussi envoyés au
sous-ministre et aux sous-ministres délégués.
La trousse comporte normalement les éléments suivants :
- notes documentaires;
- notes explicatives article par article;
- questions et réponses;
- argumentaires (s’il y a lieu);
- sommaire du processus de consultation;
- aperçu des règlements éventuels;
- lettres d’appui et autres documents d’information tels que
communiqués de presse.
On prépare une autre version de la trousse d’information à l’intention
des députés, des sénateurs, des porte-parole des partis d’opposition
et des membres des comités. Ces trousses contiennent les mêmes
documents, à l’exclusion de ceux qui sont confidentiels. |
Préparation de discours et de communiqués de presse |
Ceux-ci sont normalement rédigés par le service des communications du
ministère, dans le cadre d’une rencontre entre la personne chargée de
les rédiger, les responsables du programme et des représentants du
service des communications, du service des relations parlementaires et du
cabinet du ministre. En règle générale, cette réunion a lieu après la
séance d'élaboration du plan législatif.
Les responsables du programme devraient apporter tout document d’information
pouvant faciliter le travail du légiste.
Le nombre et la longueur des discours requis sont établis par le
cabinet du ministre, en fonction des mesures législatives dont il est
question.
Un communiqué de presse est généralement nécessaire lors du dépôt
du projet de loi et de la sanction royale. |
Examen du projet de loi par le leader du gouvernement à la Chambre des
communes |
Le leader du gouvernement à la Chambre des communes examine le projet
de loi avant de demander au Cabinet de lui déléguer le pouvoir d’en
approuver le dépôt au Parlement.
L’épreuve pour examen du projet de loi doit lui parvenir, dans les
deux langues officielles, au moins 10 jours avant la date prévue pour l’examen.
Les responsables du programme doivent lui exposer le détail du projet,
article par article. Ils doivent par ailleurs être prêts à répondre à
toute question, notamment d’ordre technique ou rédactionnel. Ils
doivent aussi donner les raisons qui justifient la date limite
éventuellement établie pour l’adoption du projet de loi (raisons
financières, date de mise en œuvre, etc.). |
Approbation par le Cabinet (délégation de pouvoir) |
Selon les résultats de l’examen du projet de loi, le leader peut
demander au Cabinet de lui déléguer le pouvoir d’en approuver le
dépôt. |
Suivant
Table
des matières
|