Accueil
English
Introduction
Histoire
Index annuel
Auteur et Sujet
Crédits
Contact |
Portraits de Joseph Brant par William Berczy
par Gloria Lesser
Pages 1 |
2 | 3
| 4 | 5
| 6 | 7
| 8 | 9
L'archétype du bon sauvage égale l'homme
« à l'état de nature », appliqué à
l'Indien d'avant l'arrivée des Blancs, s'élargit petit à
petit jusqu'à comprendre des objets européens comme les vêtements
et les armes que les Indiens adoptèrent de plus en plus à
compter du début du XVIIIe siècle. Cette association d'objets
d'origine indienne et anglaise dans des tableaux come les Quatre rois
indiens témoigne de l'acculturation des Indiens consécutive
au contact entre les deux peuples. On peut trouver des documents relatifs
aux éléments destructeurs qui allaient finalement porter
le coup de grâce à la culture indienne. La flasque pour l'eau
de vie et le ceinturon, ainsi que le fusil à pierre en usage dans
l'armée britannique vers 1710, acquis grâce au troc, et à
la mode à l'époque, furent portés avec fierté.
Dans les portraits, les articles de troc représentés sont
des armes; on y voit aussi le manteau simple écarlate et sobre dont
la reine Anne avait fait cadeau à chaque chef indien pour la séance
de pose. L'orfèvrerie commémorative ne fit l'objet d'un
troc intense que de 1760 à 1821 environ. (8)
Les portraits commandés à l'époque et antérieurement
reflètent la manière dont le modèle voulait se voir
représenté et, dans le style de son oeuvre, les Quatre
rois indiens, le peintre a respecté les désirs des personnages.
Ces portraits sont caractéristiques des portraits réalistes
anglo-hollandais, (9) mais leur style a été modifié par
des rajouts d'éléments baroques, comme ceux imposés
à la cour de Grande-Bretagne par sir Peter Lely (1618-1680) et Sir
Godfrey Kneller (1646-1723) à la manière de sir Anthony van
Dyck (1599-1641). Les portraits anglo-hollandais typiques semblent plutôt
primitifs. Les traits du visage sont nettement marqués, des rehauts
font ressortir les pommettes et concourent à modeler les épaules,
les mains et les vêtements. Malgré les grands contrastes de
valeurs, les personnages demeurent rigides, sculpturaux et nettement linéaires.
Cette représentation froide et maniérée
rappelle les portraits réalisés par les peintres hollandais
des rives de l'Hudson, en amont de New York. Une « manière
américaine » est apparue au XVIIIe siècle, qui transparaît
dans les poses des personnages reprises d'un tableau à l'autre.
Le mezzo-tinto influença tout autant les artistes nord-américains
qu'européens. Au XVIIIe siècle, les artistes du Nouveau Monde
s'inspiraient de la manière anglaise pour représenter les
dignitaires autochtones qui posaient pour eux. Les artistes européens
et américains se servaient toujours de documents européens
pour réaliser le portrait d'Américains ou d'Indiens. Les
artistes américains ne voyaient pas encore d'un oeil neuf leurs
propres paysages et leurs modèles, étant donné que
la plupart d'entre eux se considéraient comme des Européens
demeurant en Amérique, ce qui était le cas.
À compter du XVIIIe siècle, les Européens
multiplièrent régulièrement leurs contacts avec les
Indiens. Les portraits de Joseph Brant datent de l'époque où
ces rapports étaient les plus nombreux (au dernier quart du XVIIIe).
L'intérêt manifesté pour ses portraits à partir
de 1776 reflète la volonté des artistes d'illustrer, grâce
à l'Indien, un nouveau thème: la naissance du pays. L'Indien
incarnait les nouveaux mythes visuels dont les artistes américains
avaient besoin pour faire miroiter les attraits de ce nouveau pays. Durant
cette période, on peut dire que le portrait anglais s'était,
grâce au portrait d'Indiens, enrichi d'un nouveau genre.
Ce fut au cours de l'époque de l'acculturation (à
partir du début du XIXe siècle) que William Berczy réalisa
des portraits de Joseph Brant, inspirés du style néoclassique.
L'Indépendance des États-Unis et la colonisation du Canada
modifièrent la situation politique. La nouvelle conjoncture n'était
pas sans rappeler les sociétés démocratiques grecque
et romaine. Les artistes imitaient délibérément la
forme et le fonds de l'art antique donnant aux moeurs anciennes un contexte
moderne. En même temps, l'Indien, race en voie de disparition, s'éteignait,
victime du repeuplement et de l'assimilation qui, inévitablement,
gagnaient du terrain.
Biographie de Joseph Brant
Pour comprendre la vie de Joseph Brant (également appelé
Thayendanegea), (10) il importe d'étudier son milieu et l'histoire
de son peuple.
L'histoire des Iroquois pendant et après la guerre de
l'Indépendance s'inscrit presque entièrement dans la vie
de Joseph Brant, Agnier appartenant à la Ligue des Iroquois. À
l'arrivée des explorateurs français au XVIe siècle,
les Iroquois étaient organisés en une Ligue de cinq tribus
établies dans les régions centrale et occidentale actuelles
de l'état de New York. On sait peu de choses de l'histoire des Iroquois
et de l'organisation des tribus dans la Ligue pendant les années
précédant la fin du XVIe siècle. Les tribus étaient,
de l'est à l'ouest, les Agniers, les Onéidas, les Onontaqués,
les Goyoguins et les Tsonnontouans, auxquelles vinrent s'ajouter vers 1720
les Tuscaroras, venus du sud pour s'établir dans le nord, à
proximité des Onéidas. De plus, des populations mixtes rassemblant
des éléments de ces tribus, les Mingos, ainsi que d'autres
groupes de souche algonquine s'étaient établis le long
du cours supérieur du Susquehanna et plus en aval jusqu'en Pennsylvanie
et en Ohio oriental.
Établis au sud du Saint-Laurent entre les routes de l'Ouest
et entre les établissements français et anglais, les Iroquois
étaient soumis à des pressions impérialistes venant
du nord et du sud. Les guerres entre la France et l'Angleterre influèrent
sur les Iroquois, poussant peu à peu les tribus de l'Est dans
le camp anglais et celles de l'Ouest vers les Français ou vers la
neutralité.
Pendant de nombreuses années, le troc avait constitué
le principal lien entre les Iroquois et les Anglais, mais à partir
du XVIIIe siècle, les contacts devinrent plus nombreux et plus diversifiés.
Le désir des Anglais de faire des Iroquois leurs alliés et
leurs clients se traduisit par des traités, des présents,
par la construction de forts, ainsi que par une tentative d'anglicisation, éléments qui jouèrent un rôle très
important dans la vie de Brant. Au milieu du XVIIIe siècle, les
Agniers s'étaient convertis au christianisme, au moins nominalement,
au terme d'un processus engagé en 1704 grâce aux efforts de
l'Incorporated Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts.
Durant l'enfance de Brant, les Iroquois étaient
répartis en trois établissements situés dans la vallée
de la Mohawk. En tout, ils étaient quelque deux mille, dont la moitié
appartenait à la tribu des Sénécas et environ cent
soixante à celle des Agniers.
Page Suivante | la colonie de New York
1 | 2
| 3 | 4
| 5 | 6
| 7 | 8
| 9
Haut de la page
Accueil
| English | Introduction
| Histoire
Index annuel |
Auteur
et Sujet | Crédits |
Contact
Cette
collection numérisée a été produite aux termes d'un contrat
pour le compte du programme des Collections numérisées du
Canada, Industrie Canada.
"Programme
des Collections numérisées, droit d'auteur © Musée
des beaux-arts du Canada 2001"
|