Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin Annuel 6, 1982-1983

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Portraits de Joseph Brant par William Berczy

par Gloria Lesser


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La colonie de New York était l'une des plus loyales à la Couronne. La ville d'Albany, dans la vallée de la Mohawk, se trouvait au centre du territoire commercial britannique. « C'est dans la vallée de la Mohawk que le système féodal, le commerce des fourrures et la diplomatie indienne furent les plus importants ». (11) Le spécialiste des questions indiennes fut, jusqu'à sa mort en 1774, le surintendant des Affaires indiennes, Sir William Johnson (1715-1774), qui s'était installé dans la vallée de la Mohawk. En devenant le beau-frère de Joseph Brant par son mariage avec sa soeur Molly (1735-1796), il contribua dans une large mesure à faire passer Brant du côté des Loyalistes. Après la mort de Sir William Johnson, son fils, Sir John Johnson (1742-1830) et son neveu, Sir Guy Johnson (vers 1730-1788), lui succédèrent. Lorsqu'éclata la guerre de l'Indépendance et que les Johnson échouèrent dans leur tentative de contrôler la vallée de la Mohawk (les Loyalistes durent se réfugier au Canada au début de 1776. A la fin des hostilités, les Indiens loyalistes des Six Nations n'avaient plus de territoire; il fallut attendre que la Couronne achetât les terres, qui constituent aujourd'hui le Sud de l'Ontario, appartenant aux Mississaugas (Haldimand Grant, 1784) à l'intention des Loyalistes, où elle créa des réserves pour les Indiens des Six Nations dans la baie de Quinté et dans la vallée de la Grande Rivière. C'est dans ce pays, théâtre des combats entre Français, Britanniques et Américains, de la rencontre entre les cultures indienne et européenne et de la réinstallation des populations, que Joseph Brant fit l'apprentissage de la vie. (12)

On possède très peu de données précises sur l'enfance de Joseph Brant. La tradition et les biographes s'accordent sur le fait que Brant est né à Canajoharie, dans la vallée de la Mohawk, mais selon d'autres sources il serait né sur les rives de la rivière Ohio, au cours d'une expédition de chasse des Agniers au sud du lac Érié. La tradition familiale voulait que la mère de Brant fût agnière et que son père fût Tehowaghwengaraghkin, Agnier pur sang du clan du Loup décédé pendant la tendre enfance de Joseph. (13) On a également prétendu gratuitement qu'il était le fils de Sir William Johnson. Sa mère se serait remariée à Canajoharie avec un Indien connu parmi les Blancs sous le nom de Brant.

On ne sait pas vraiment si Brant était un Indien pur sang. Dans les descriptions et les portraits il a le teint plutôt clair. Les témoignages sur la naissance de Brant et sur l'identité de ses parents étant contradictoires, on se contentera d'affirmer que sa vie fut marquée par la culture, la religion, la politique des Britanniques; ainsi que par leurs produits et les guerres qui les opposèrent aux Américains.

Une des étapes marquantes de sa formation furent ses années de scolarité. Grâce à l'appui de Sir William Johnson, Brant entra à l'âge de dix-neuf ans à la Moor's Protestant Charity School de Lebanon (Connecticut), le futur Dartmouth College. Les membres de sa tribu l'incitèrent à abandonner ses études à l'époque de la rébellion encouragée par Pontiac, en 1753. Les études lui avaient certes été profitables, (14) mais les Agniers attachaient plus d'importance aux valeurs guerrières qu'à l'éducation. Selon la tradition iroquoise, la guerre ouvrait l'accès à la gloire et au prestige. (15)

Après avoir pris part au soulèvement, Brant épousa en 1765 la fille d'un chef onéida dont on ignore le nom et qui lui donna deux enfants (de noms également inconnus), et s'installa à Canajoharie. Toujours très actif en matière religieuse, il se convertit à l'anglicanisme et collabora avec le révérend John Stuart à la traduction d'un précis de la Bible en agnier. (16) À titre d'interprète, il aida les missionnaires à prêcher le christianisme aux Indiens. En 1773, Brant épousa Susanna, la demi-soeur de sa première femme décédée en 1771, mais cette union demeura stérile.

C'est à cette époque que William Johnson fit appel à Brant pour traiter avec les Indiens. L'expérience que Brant avait acquise avant la guerre de l'Indépendance américaine lui permit d'accroître son influence ainsi que sa connaissance des dédales de la diplomatie et de la politique des contrées du front pionnier. Jusqu'au début de la guerre de l'Indépendance, la migration des Européens vers l'ouest s'était poursuivie librement. Coincés entre le Canada et les colonies américaines, les Indiens des Six Nations savaient qu'ils ne pouvaient rester neutres. Le respect qu'ils éprouvaient pour les talents de médiateur de Johnson et de Brant en matière d'affaires indiennes incitèrent les Iroquois à chosir Brant comme chef militaire, avant le début de la Révolution.

Après la mort de William Johnson en 1774, Brant devint secrétaire de Guy Johnson au département colonial des affaires indiennes de Grande-Bretagne. La situation s'était rapidement détériorée et les Iroquois furent soumis aux pressions des Loyalistes et des insurgés. Les Johnson et leurs partisans restaient fidèles au roi, tandis que certains colons de la vallée de la Mohawk étaient d'ardents patriotes. Jugeant insuffisante l'aide fournie par la Grande-Bretagne, Guy Johnson séjourna en Angleterre de 1775 à 1776, avec un groupe de personnes, dont Joseph Brant. Ce dernier reçut l'assurance qu'on viendrait en aide aux Indiens, en échange de quoi il s'engagea à prendre les armes pour le roi à la tête de 3 000 guerriers.

Joseph Brant servit comme capitaine, puis comme colonel dans la guerre de l'Indépendance américaine. Il combattit dans le corps des « Butler's Rangers » (John Butler, 1725-1796) formé d'éclaireurs et de fantassins, aux côtés des Indiens loyalistes des Six Nations désormais divisées. Brant participa aux affrontements de la vallée de Wyoming et de German Flats et prit une part active au massacre de Cherry Valley (1778), à la campagne de Sullivan (1779) et aux opérations contre Clark, le long de la rivière Ohio (1781). (17)

En 1784, la concession de Haldimand qui assurait la réinstallation des Indiens après la guerre procura aux Iroquois deux réserves. La première était située sur les bords de la baie de Quinté, l'autre, qui s'étendait sur une superficie d'environ 570 000 acres dans la vallée de la Grande Rivière, devait compenser la perte des terres ancestrales dont ils étaient propriétaires dans l'État de New York. En outre, Joseph Brant reçut du roi George III lui-même une concession individuelle de 3 450 acres de terres de choix dans la région de Burlington, donnant sur le lac Ontario.

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