UNE ÉGLISE ET DES CONSTRUCTIONS La première messe de la colonie Saint-Jean-Baptiste eu lieu le 11 août 1912 lors de l'arrivée d'un nouveau groupe de colons venus, cette fois-ci, de Montréal. Elle fut célébrée dans la maison de M. Forgues. Une fois les préparatifs terminés - la chapelle portative du Père Falher fut posée sur un lit de petits trembles - on laissa enfin les fidèles entrer. Malheureusement, l'espace étant restreint, les quelques douze habitants durent se serrer les uns contre les autres. Dans la petite cabane, il n'y avait également aucun banc, ni chaise, voire même de plancher de bois. Les colons durent s'asseoir à même le sol, sur une épaisse couche d'herbes. Puis le clergé demanda à un de leurs missionnaires de s'installer dans la colonie afin de servir la communauté à titre de prêtre. Le Père Dréau arriva en juillet 1913 à Saint-Jean-Baptiste pour y demeurer. Les premiers mois furent difficiles pour lui puisqu'il n'avait pour abri qu'une simple tente. De plus, n'étant pas habile à manier la hache, ni à construire une maison, il dut attendre que les récoltes soient terminées pour demander à ses paroissiens de lui bâtir un modeste logis. Ainsi il pourrait mieux les accueillir lors des offices du dimanche et les jours de fête. Les colons se firent un honneur d'aider le Père Dréau, mais leurs moyens étant très limités, il ne purent lui procurer qu'une toute petite cabane très rudimentaire faite en bois rond et avec un toit couvert de terre. À l'intérieur, il n'y avait qu'une seule et unique pièce où se trouvaient à la fois le poêle à bois, le lit du Père, l'autel de la chapelle et quelques bancs pour les fidèles. Malgré le manque flagrant d'espace, cette première église fut utilisée pendant une année entière. Puis en 1914, au retour du beau temps, les Oblats envoyèrent de Grouard quelques frères pour construire une nouvelle église. Parmi eux se trouvait le frère Auguste Dumas, le plus habile constructeur de maisons et d'églises de l'époque. Tout comme l'ancienne église, la nouvelle maison-chapelle mesurait 20 pieds par 25. Mais, cette fois-ci, on y avait bâti un étage supérieur, où le Père Dréau avait ses appartements, ainsi qu'un grenier. Le rez-de-chaussée, quant à lui, était réservé à l'église. Grâce à l'acharnement des ouvriers, la demeure fut, le 7 juin 1914, suffisamment achevée pour y recevoir les fidèles afin de célébrer le dimanche de la Trinité et y conserver le Saint-Sacrement. Mais une fois de plus, il fallut reconstruire l'église, le nombre de paroissiens s'accroissant sans arrêt. Les autorités furent prises de cours lorsque tous les fidèles se rassemblèrent à l'église le 26 juillet 1916, lors des premières célébrations solennelles de la Saint-Jean-Baptiste, pour accueillir Mgr Grouard qui entreprenait sa première visite paroissiale. Ce même jour, le clergé réalisa l'urgence de construire une église plus grande, mais préféra conserver l'actuelle église et ne lui ajouter qu'une annexe de 22 pieds par 60 ainsi qu'une sacristie. Ce projet de rénovation fut réalisé dans l'enthousiasme et l'énervement. Tous les habitants de la colonie participèrent à la corvée. M. Maisonneuve, propriétaire de la scierie, fournit gratuitement les planches de bois pour les nouveaux bâtiments. Des collectes furent organisées pour amasser l'argent nécessaire pour payer les ouvriers et les matériaux. La structure externe fut prête à temps pour la Noël. L'église, qui coûta à l'époque 887 dollars, fut achevée complètement au mois de juillet 1917. Mais le Père Dréau trouva qu'il manquait un élément à son église. Il fallait une cloche. Il organisa donc au cours des célébrations entourant la Saint-Jean-Baptiste (juillet 1918) une cueillette de fonds et acheta une cloche pesant 635 livres (950 avec la monture). Celle-ci fut installée le 21 décembre 1918. Pour remercier les colons de leur générosité et de leur dévouement envers leur église, Mgr Grouard décida d'élever la mission de Saint-Jean-Baptiste de Falher au rang de paroisse. Un seul problème se posait à lui puisque dans les limites du vicariat il existait, à McMurray, une autre mission portant le nom de Saint-Jean-Baptiste. Mgr Grouard appela donc la nouvelle paroisse Sainte-Anne et l'érigea par acte officiel le 14 juin 1917.